[Italie] Val d'Aoste - Parc du Grand Paradis
Mazette ! Le Grand Paradis porte bien son nom, il n'y a aucune hésitation à le dire... On y trouve tout ce qu'un randonneur en haute montagne comme moi (un peu aguerri quand même...) souhaite lorsqu'il a fait le choix de se délocaliser au coeur de cet écrin de nature : des paysages à couper le souffle (quelques montées aussi...), des pelouses alpines saturées par les myriades de fleurs multicolores qui poussent côte à côte, et nous enchantent les yeux..., des sentiers pour tous les niveaux (quelquefois un peu osés, surtout en début de saison lorsque des névés s'attardent dans des vallons aux pentes bien redressées d'où la classification applicable ponctuellement selon les années jusqu'à la mi-août...) mais qui mettent un peu de "sel" dans l'exécution du circuit procurant quelques émotions, sans oublier le chaleureux accueil de la part de nos "frères" valdôtains dans les refuges et gîtes d'étape très bien équipés dans lesquels on nous sert de la bonne chère bien revigorante.
Une seule déception toutefois en cette année 2024 : contrairement aux séjours réalisés lors des années précédentes en 2002, 2004 ou 2007, cette fois-ci, la faune ne s'est pas énormément manifestée. Juste quelques bouquetins, quelques chamois et bien peu de marmottes... Pas de quoi, quand même, faire la fine bouche ! Même si la plupart du temps les hébergements affichent complet (il est prudent de réserver bien à l'avance surtout si l'on est un groupe de taille conséquente...), la "foule" est loin d'être oppressante, voire quasi invisible.
Pour une fois, je me suis laissé porter par une organisation tierce à savoir en m'intégrant au circuit proposé au sein de mon club de randonnées Les Chamois Verts de Valence piloté par Marie-Claude Bouquet (et surtout réservé les refuges tout en gérant le quodidien, y compris la gestion du groupe de marcheurs, me laissant le temps d'être concentré sur l'environnement et la contemplation, les "pieds sous la table", quoi...). Merci à elle et aux 11 autres randonneurs qui m'ont accompagné durant cette petite semaine ! J'ai donc disposé de temps pour effectuer pas mal de répérages en prévision d'un futur opus dans le parc, peut-être sous la forme d'un tour du Grand Paradis, un peu plus long mais possiblement moins technique, encore que je pourrais y insérer quelques variantes qui pourraient venir corser un peu la donne, vous me connaissez...!
Et n'oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF).
Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Carte - Parc du Grand Paradis
LE TREK JOUR PAR JOUR
Jour 1 : Eaux-Rousses - Pont - Col du Nivolet (Refuge Savoia)
3h / +590m / -30m.
Si l'on vient en voiture, il convient de la laisser sur l'un des parkings d'Eaux-Rousses puis de prendre la navette bus pour les 8kms et les 300m de dénivelée à parcourir jusqu'à Pont, un hameau au fond de la vallée doté d'un immense parking (mais souvent plein dès la fin de la matinée...). On peut aussi décider d'utiliser en totalité l'offre locale de transports collectifs de la région du Val d'Aoste au départ de la gare ferroviaire d'Aoste ou de Courmayeur via Villeneuve mais c'est un peu chronophage du fait des plusieurs "changements de monture" à opérer. De France, le bon plan c'est de venir en train jusqu'à Chamonix puis de franchir la frontière par le tunnel du Mont-Blanc à bord d'un des cars de la ligne régulière Chamonix - Courmayeur. En voiture, passer par le col du Petit-Saint-Bernard permettra de s'immerger doucettement dans l'ambiance montagne avec la traversée de la Tarentaise Diaporama
Diaporama Depuis le parking de hameau du Pont tout au bout de la route carrossable qui dessert la vallée de Valsavarenche à 1970m d'altitude (bar, restaurant, camping), on emprunte au SW du parking le sentier qui s'élève à main D. Après une montée en lacets au coeur d'une forêt plantée de mélèzes, on rejoint une cascade devant laquelle le sentier oblique vers la G. Belle vue arrière de gauche à droite sur la pointe de l'Herbetet, le "peigne" du Petit Paradis, le sommet glaciaire du Grand Paradis, la Tresenta, le Ciarforon, le Bec de Monciar et la dent de Breuil.
Une fois le rognon morainique franchi, on trouve à partir de 2350m un enchaînement de cuvettes lacustres que l'on remonte une à une en RD du torrent. A l'arrière, le Grand Paradis petit à petit s'estompe au regard alors qu'apparaît au S devant nous la crête frontière franco-italienne que l'on peut franchir en mode alpinisme sur la droite au niveau du col de la Lose ou de la Vache vers le refuge de Prariond ou alors sur la gauche au niveau du col du Carro vers le refuge éponyme. Mais c'est une autre histoire... Comme des vigies plantées sur la calotte glaciaire, les sommets qui émergent se nomment Grand Cocor, Grande Aiguille Rousse et Cime d'Oin.
On vient dépasser un poteau directionnel (2h05, 2410m, abri en cas d'orage sous la voûte de la bergerie de Grand Collet) où l'on laisse partir à main gauche l'itinéraire de retour sur Pont via le col éponyme pour poursuivre en faux-plat montant en direction du SW. On traverse la Doire de Nivolet puis, au poteau indicateur suivant (50mn, 2535m, vue arrière sur la Grivola et le Grand Paradis), voici que l'on se rapproche de la piste caillouteuse qui arrive du col du Nivolet. On la rejoint. Encore 800m de marche quasiment étale et nous voici au niveau du refuge Savoia (1h, 2535m, C au niveau du passage du col du Nivolet, parking automobile, possibilité de venir en voiture ou en bus local depuis Turin grâce à la route stratégique goudronnée...). Ici, on domine les lacs de Nivolet et bientôt le calme va imprégner les lieux avec le reflux des touristes vers la vallée qui incidemment va vider le parking de ses voitures. Ouf ! Nuit au refuge (E, T, res : +39 016594141 ou site web).
Jour 2 : Col du Nivolet - Lac Rosset - Col Rosset - Refuge Benevolo
4h50 / +600m / -850m.
Diaporama De l'arrière du refuge Savoia à 2535m, on remonte le coteau vers l'W en direction du lac Rosset. Au croisement que l'on rencontre au pied de la bergerie de Rivaz, on peut partir sur la G (mal repéré mais c'est bien le sentier officiel d'accès au col Rosset que l'on convoite...). Mais il est conseillé, pour disposer d'une vue panoramique sur le lac, de poursuivre à main D et de passer en contrebas de la bergerie pour suivre momentanément le sentier qui permet de rejoindre le col Leymir. Sur le sentier-balcon duquel on surplombe le lac on poursuit encore 200m au-delà du fort virage à G puis on descend vers la rive S du lac pour aller en traverser l'exutoire et retrouver l'itinéraire officiel (45mn, 2705m).
Nous voici sur l'Alta Via n°4 et son balisage jaune. On le suit vers le NW pour venir buter sur la base d'un rognon morainique que l'on franchit à l'aide d'un sentier en zigzags serrés. On poursuit sur une longue portion plane à 2875m à hauteur et en RG du thalweg issu du col convoité. On contourne un petit lac d'altitude par sa G avant de s'orienter à main D dans les éboulis de schiste pour une série de lacets pentus qui se termine au col lui-même (1h25, 3025m). La table d'orientation désigne la direction de pas mal de sommets du Parc de la Vanoise comme la Grande Sassière, la Tsanteleina ou les Levanna.
Descente en zigzags sur un sentier en forte déclivité et extrêmement gravillonneux avant de prendre pied sur du petit schiste en RD d'une combe dans laquelle les névés s'attardent au delà du raisonnable... On domine le bassin d'alimentation du glacier fossile du Grand Vaudalaz. On retrouve des banquettes herbeuses (45mn, 2720m, source) sur lesquelles on va évoluer jusqu'à rejoindre la confluence de la vallée glaciaire que l'on suit avec celle, beaucoup plus imposante, creusée par le glacier du Fond au lieu-dit Grand Vaudalaz (40mn, 2335m, bergerie en hauteur à main droite si nécessité de se mettre à l'abri d'un orage).
On traverse la Doire de Rhêmes sur une passerelle de bois et on suit la rivière sur la RG. Alors qu'elle s'engage dans une chute, le sentier, lui, poursuit sa trace en descente progressive à flanc de coteau pour contourner l'arête N de la pointe de Lavassey (une petite grimpette quand même...) afin de rejoindre sans perdre trop d'altitude la piste qui arrive de Thumel et au-delà de Rhêmes-Notre-Dame (30mn, 2220m). On finit par une courte remontée sur la piste au-dessus de la bergerie de Lavassey pour atteindre par un petit bout de sentier coupe-lacet le sommet du monticule sur lequel est construit le refuge Benevolo dans lequel on va passer la nuit (10mn, 2285m, E, T, C intermittent sur le monticule au SW du refuge, res : +39 0165936143 et site web).
Jour 3 : Refuge Benevolo - Lac de Goletta - Col Bassac-Deré - Refuge Mario Bezzi
5h35 / +900m / -925m.
Diaporama Dos au refuge, on descend vers le SW pour aller traverser la rivière avant de s'engager en RG de la vallée sur le sentier 13D qui remonte jusqu'à la bergerie de Sauches (10mn, 2320). Ici, on laisse partir tout droit l'itinéraire en balcon vers Thumel et on poursuit au S sur l'Alta Via n°4 jusqu'à un croisement de chemins à 2410m : sur la gauche, l'itinéraire conduit vers la Granta Parei au pied de laquelle se trouve le lac de Tsanteleina, dominé par la langue du glacier éponyme (et même, au-delà du lac, il y a la possibilité en mode alpinisme de traverser la frontière en franchissant le col du Fond et ainsi rejoindre le refuge de Prariond au-delà des sources de l'Isère, mais c'est une autre histoire...). Comme la journée prévue risque d'être assez longue suspectant que dans la deuxième partie, après le franchissement du col, on a toutes les (mal)chances de rencontrer des névés, ce détour jusqu'au lac risquerait de nous faire perdre trop de temps. En effet, il est de plus en plus indispensable de prendre en compte, avec le réchauffement climatique, que la progression puisse être difficile dans la "soupe" (la neige réchauffée...) si l'on tarde trop en altitude.
On poursuit donc à main D toujours en suivant le balisage jaune commun aux itinéraires 13D et Alta Via 4 pour franchir par une série de zigzags serrés l'épaule d'un rognon morainique plutôt panoramique (50mn, 2600m) permettant de distinguer, au fond du vallon qui domine le large plateau caillouteux qui s'annonce, l'échancrure du col Bassac Deré. On suit quelque temps le fil de la crête pour enfin basculer à D et prendre pied sur un champ de cailloux grisâtres sur lequel est posé le lac de Goletta. Le glacier qui domine le lac est celui de Goletta et est encadré tout en haut de la Granta Parei à gauche, de la pointe Goletta au centre et de la Becca Traversière à droite.
On atteint l'exutoire du lac où le balisage invite à passer en RG pour continuer la progression en direction de l'entrée du petit vallon le plus à D. Le cirque glaciaire est de toute beauté et l'on se plaît à contempler, au fur et à mesure de l'ascension, le paysage qui s'offre au regard. Le lac, lui aussi, participe à l'enchantement des yeux en proposant de se parer de couleurs turquoises. En se retournant, ne voit-on pas le sommet du Grand Paradis sortir de l'arrière du col Rosset ? De plus en plus, la pointe de la Granta Parei occupe l'espace par sa beauté élancée dominant le glacier de Goletta.
On attaque à présent une grimpette "dré dans l'pentu" à flanc de moraine latérale. Heureusement que la trace est excellente et que le balisage est au top, sinon ce serait une "galère"... Vers 2960m, on se retrouve en contrebas du névé terminal qui défend l'accès au col convoité. Chausser une paire de crampons (au moins forestiers...) n'est pas une action superflue tant la pente finale semble assez redressée ! On s'élève en RD le long de la bande neigeuse avant d'obliquer tout droit pleine pente pour sortir au niveau du col de Bassac Deré (1h30 à 2h, 3082m).
Mais quelle vue ! Côté Valgrisenche, on domine le glacier de Glairetta dont le bassin d'alimentation est bordé en RG de l'envers des sommets de la Grande et de la Petite Sassière. Pour info, si vous n'en avez pas assez... rien ne vous empêche de vous lancer depuis le col à l'assaut du sommet de la Becca Traversière et ses 3334m pour un panorama encore plus large incluant la totalité du Parc de la Vanoise (compter 1h30 A/R en grande partie sur sentier...).
La descente s'initialise à flanc de pentes d'éboulis de petits schistes en RD et à hauteur du glacier de Glairetta face à la Grande Sassière suivie de la Petite Sassière et de la Plate des Chamois. On doit traverser pas mal de névés sur des espaces qui correspondent au glacier de Bassac Deré aujourd'hui disparu. La descente est relativement tranquille avec alternance de névés et d'éboulis jusqu'à rejoindre le sommet d'un rognon morainique (1h05, 2770m) duquel on domine le Plan de Vaudet sur lequel on distigue, déjà, le refuge Mario Bezzi. Au-delà de la Plate des Chamois, on se trouve face à la pointe Mines, aux pointes d'Ormelune, à la Becca du Lac et enfin au sommet du Ruitor reconnaissable à son immense glacier dôme.
Désescalade du rognon morainique pour rejoindre le refuge en suivant un sentier-balcon très fleuri en encorbellement au-dessus de la Doire de Valgrisenche. Toujours de belles vues arrière sur le glacier de Glairetta et ses pentes ponctuées de barres de séracs de couleur bleu turquoise. De banquette herbeuse en banquette herbeuse, on atteint le refuge Mario Bezzi où l'on passe la nuit (1h20, 2260m, CAI, E, T, C intermittent au N du bâtiment, WiFi dans la salle commune du refuge, res : +39 016597129 ou site web).
Jour 4 : Refuge Mario Bezzi - Lac de Saint Martin - Becca Refreita - Chalet de l'Epée
6h / +1040m / -930m.
Sur la carte, la journée paraît plutôt facile, "journée de repos" diraient certains, puisqu'il n'y a pas de "vrai" col à franchir. Détrompez-vous ! C'est une des étapes des plus longues avec pas mal de up / down mais, à mon avis, la plus belle en termes de panoramas. Le sentier-balcon que l'on va suivre fait la part belle à la contemplation de la crête frontière franco-italienne ainsi que le massif du Ruitor, intégralement situé en Italie. Et puis, que de fleurs ! Noter que par mauvais temps avéré, on peut rejoindre le refuge de l'Epée par le fond de la vallée via le village d'Usselières (compter 4h / +500m / -400m et la possibilité d'un restaurant pour couper la journée...).
Diaporama Dos au refuge Mario Bezzi, on descend vers le SE jusqu'au poteau indicateur planté en contrebas puis on s'oriente vers la G sur le sentier repéré n°11 pour égrener les lacets qui partent à l'assaut du coteau herbeux. A 2485m, on revoit avec plaisir le fond de la vallée de la Doire de Valgrisenche avec la quasi totalité du glacier de Glairetta qui s'inscrit entre Grande Sassière à droite et Becca Traversière à gauche.
On atteint bientôt un cairn monumental en rebord du plateau (50mn, 2545m) où on laisse partir à main droite le sentier d'accès au col de Bassac (pas Bassac Deré...) permettant de re-basculer côté Rhêmes-Notre-Dame. Notre itinéraire se poursuit toujours vers le N avec une vue imprenable sur le massif du Ruitor, la Becca du Lac, le col du Mont, la pointe Mines, la Plate des Chamois, la Petite et la Grande Sassière et jusqu'au bassin d'alimentation du glacier de Glairetta. Ouf ! Quel spectacle...
On descend légèrement traverser le torrent du Grand Revers pour atteindre un nouveau cairn à 2555m. En remontant du regard la combe au pied de laquelle on se trouve, on peut identifier, outre le passage du col de Bassac, sur la droite la Grande Traversière et la pointe de Bassac S. C'est maintenant l'occasion de rendre visite à un petit bijou, en l'occurrence le lac Saint-Martin. Pour cela, on laisse partir à main G le chemin-balcon en direction du refuge de l'Epée (c'est pour tout à l'heure...) afin de poursuivre en RD du torrent (balisage jaune). On s'élève de plateau herbeux en plateau herbeux pour déboucher en bordure de la cuvette au creux de laquelle le lac s'est créé (45mn, 2775m).
Il est recommandé de faire le tour du lac dans le sens inverse des aiguilles d'une montre pour bénéficier de beuax panoramas sur les montagnes environnantes et, pour nos amis photographes, disposer d'un splendide premier plan sur les chaînes de montagnes. Retour au point de départ en bord du lac Saint-Martin (20mn, 2775m) avant de redescendre jusqu'au cairn à 2555m pour s'engager cette fois-ci sur la D (noter quand même que l'on évolue face au Mont-Blanc, aux Grandes Jorasses qui se présentent au second plan derrière l'imposant glacier dôme du massif du Ruitor... Y'a pire !) et reprendre le cheminement vers le refuge de l'Epée (25mn, 2555m).
A 2600m, on va retrouver un sentier-balcon qui fait encore la part belle au massif du Ruitor avec, dans l'enfilade de la vallée de Valgrisenche, une belle perspective sur celui du Grand Combin, une belle masse rocheuse avec ses 4300 et quelques mètres... On franchit un peu plus loin à 2610m une épaule morainique avant de venir croiser le ruisseau exutoire du lac Saint-Martin (il doit d'ailleurs être possible de descendre du lac sans difficulté par ce vallon-là...) avant d'entamer une traversée à flanc pour contourner l'arête W de la Becca de Giasson. Vers 2430m, le sentier devient un peu plus chaotique lors de la traversée d'un large éboulis de rochers effondrés de belle taille sur lesquels il faut parfois poser les mains.
Au-delà, on retrouve un bon chemin qui devrait permettre de nous élever en lacets jusqu'au collet qui s'inscrit à la D de la crête orientale de la Becca Refreita. Las ! Une gigantesque avalanche issue de la langue du glacier de Giasson a explosé le lit du torrent de Tsalé et il est nécessaire à présent de faire un "petit" détour vers le bas pour trouver une passerelle en bois (2h, 2405m) permettant de rejoindre en sécurité la RD avant de devoir remonter, bien sûr...
Après ce bref intermède, on retrouve les banquettes herbeuses et un chemin de qualité. Celui-ci va nous permettre de remonter les pentes S de la Becca Refreita et rejoindre le collet (30mn, 2609m, C), un haut lieu panoramique qui s'étend de la Grande Sassière au SSW jusqu'au Ruitor au NW d'un côté alors que sur notre flanc E on a devant les yeux le cirque d'Inverniau, un lieu minéral et glaciaire qui souffre des changements climatiques descendant des deux Grandes Rousses N et S et de la pointe de Barmaverain. Et toujours à l'horizon septentrional, le Grand Combin... Noter qu'il est possible (et pas forcément souhaitable vue la conformation du terrain assez heurté de suivre l'arête rocheuse qui conduit sur la gauche du collet au sommet de la Becca Refreita (un A/R pas tenté...)).
Du collet, on descend au N. Sur les cartes anciennes (ex : AsF IGN 2000), le tracé du chemin filait tout droit mais il semblerait que des complications ont conduit les acteurs du tourisme local à mettre en place un itinéraire de substitution (éboulement sur le sentier historique ? ou tout simplement vouloir abouter un sentier de descente à la création du petit bijou de chemin-balcon entre la base du couloir du glacier d'Inverniau et les alpages de l'Epée ?). Donc, à présent, on incline très vite en direction de l'E pour traverser une zone de gros blocs (balisage jaune bien utile...) au coeur de laquelle il faut sinuer avant de se retrouver à traverser à gué plusieurs torrent sous le glacier d'Inverniau dont le dernier, le torrent de Fortchat, descend d'un vallon en haut duquel se trouve un hébergement bivouac, celui de Ravelli, sûrement bien pratique pour les amateurs de courses d'alpinisme engagé si bien vers la Grande Rousse N, le mont Fortchat ou la pointe de Rabuigne.
Pour les randonneurs, une fois le dernier torrent de la vallée glaciaire traversé sur une passerelle de bois (20mn, 2450m), on prend pied en RD sur la moraine alluviale et on s'engage à présent sur un itinéraire en balcon au-dessus de Valgrisenche. Tout de suite on est sous le charme : on sent que l'on foule des espaces nouvellement accessibles (le sentier a vraiment besoin d'être pratiqué pendant plusieurs années pour atteindre le niveau de ceux beaucoup plus courus car anciens...). En perpétuel up / down, on évolue au milieu d'un extraordinaire jardin alpestre aux myriades de fleurs, et cela va durer jusqu'à l'étape !
On laisse plusieurs embranchements descendre vers la vallée alors que l'on poursuit à niveau vers le N jusqu'à franchir par une série de zigzags serrés une épaule (1h, 2325m) qui donne accès aux alpages de l'Epée. Quelques mètres plus avant, on rejoint au niveau des chalets d'alpage la piste qui monte depuis Usselières (arrivée de la variante "mauvais temps, pas de chance"...). Au poteau indicateur, on tourne sur la D pour remonter en RG de la combe et rejoindre le refuge de l'Epée (15mn, 2370m, pas de réseau mobile, E, T, res : +39 016597215 et site web).
Jour 5 : Chalet de l'Epée - Col Fenêtre (ou Fenêtre de Torrent) - Torrent - Bruil - Entrelor (Refuge des Marmottes)
5h45 / +890m / -1120m.
Après avoir accompli hier la journée panoramique la plus belle, il faut convenir que l'étape qui est devant nous peut se révéler tranquille ou alors problématique selon la présence côté Val di Rhêmes du fameux névé qui barre sur plus d'une centaine de mètres de dénivelée le splendide chemin en zigzags serrés qui a été construit. A la fin juillet 2024, il était glacé et le parcours de descente en RG flirtait avec les pentes détritiques dont les cailloux en suspension n'attendaient qu'un geste (malheureux...) de notre part pour aller voir plus bas ce qu'il s'y passait... D'autres années, il est tout simplement absent... Il convient d'appeler préventivement d'appeler les gardiens du refuge de l'Epée pour connaître les conditions et la praticabilité de la descente du col Fenêtre. Selon leur réponse, je ne saurais que conseiller de disposer, même si la charge induite sur le sac à dos n'est pas négligeable, d'une corde de 20m, d'une sangle de 3m par personne pour réaliser un baudrier, de mousquetons à vis, d'au moins un piolet par cordée et de vrais crampons. Si, si ! Il en va de votre sécurité... Et pensez à celle des autres, ceux qui sont en aval : attention à ne pas faire partir une pierre, la pente du couloir varie entre 30 et 45° et "pierre qui roule n'amasse mousse", c'est connu... mais prend de la vitesse !
Diaporama Face à l'entrée du refuge de l'Epée, on part sur la D pour remonter en RG le vallon dans lequel coule le torrent de Bouc. On est sur l'Alta Via n°2 balisée en jaune. Après avoir négocié quelques lacets, on prend pied sur l'alpe de l'Epée pour une montée progressive en direction de l'échancrure du col Fenêtre (ou "Fenêtre de Torrent" sur certaines cartes...), l'évident passage entre la Becca Tey à gauche et la pointe de Rabuigne à droite.
A main droite, on est dominé par le mont Fortchat. On traverse plusieurs ruisseaux à gué avant de poursuivre à flanc en RD du large vallon afin d'éviter la moraine frontale de l'ancien glacier de Rabuigne. Quelques zigzags pour finir dans les éboulis et nous voici débouchant au niveau du col (1h30, 2840m). On découvre côté E le massif du Grand Paradis par delà la crête dominée par le Mont-Tout-Blanc et au milieu de laquelle on devine le col de l'Entrelor (ça, c'est pour demain...). En se retournant, on regarde une dernière fois la vallée de Valgrisenche et la série de sommets qui la bordent depuis les pointes d'Ormelune jusqu'à la Tête du Ruitor. Quelques raisons de débusquer au niveau du col, surtout si on se trouve à y poser le pied dans les premiers, quelques bébêtes qui s'agrippent aux raides parois et qui, à n'en pas douter, nous réserveront un chaleureux accueil, bien que prudent...
Tout à la droite du Ruitor, voici que (ré)apparaissent les sommets du Mont-Blanc vu côté Brenva (Mont-Blanc de Courmayeur et Mont-Blanc de Saint-Gervais...) suivis du Mont-Maudit et du Mont-Blanc du Tacul. Et encore plus à droite, ce sont bien la Dent du Géant et les arêtes de Rochefort qui se montrent mais malheureusement ça s'arrête là : pas de Grandes Jorasses !
On s'engage dans la descente du couloir sur un excellent sentier tracé dans les banquettes herbeuses entre les parois de granit plutôt rapprochées. Comme annoncé précédemment, en l'absence de neige c'est "du gâteau" car le sentier est d'une rare viabilité. Il s'inscrit en plein milieu du couloir et vient rejoindre la RD aux alentours des 2600m. Dans le cas contraire, il va falloir ne pas perdre sa concentration... Après quelques lacets, on laisse le sentier pour aller traverser le couloir pour rejoindre la RG à flanc des éboulis pour traverser le névé dans sa partie haute et commencer la descente entre pentes terreuses et neige (si l'on dispose du matériel de sécurité recommandé en introduction de la journée, pas de problème, il est vraiment préférable, car beaucoup plus sécuritaire, de rester sur la neige même glacée ! Vous aurez moins de (mal)chance de vous prendre une pierre...).
Attention aux ponts de neige qui se succèdent couvrant quelques bras du torrent qui prend sa source en haut des pentes RG ! Il sera nécessaire de désescalader jusqu'au gros rocher RG afin de trouver une pente de 15 à 20° qui permettra plus aisément de rejoindre en traversée la RD pour rejoindre la série de lacets un moment disparue (10mn sur sentier, 30mn sur la glace avec équipement, sinon compter 1h..., 2535m).
Au-delà, c'est cool car la déclivité du couloir s'attenue alors que les parois s'éloignent l'une de l'autre jusqu'à atteindre un alpage, certes encore pentu, face à la cime de Goillen. On peut même prendre le temps de chercher dans le coteau d'en face la localisation du hameau d'Entrelor dans lequel on va passer la nuit. Si, si ! On a bien une remontée à opérer cet après-midi...! A l'approche d'un rognon morainique, on contourne par la G la bergerie de Torrent (40mn, 2185m) avant de laisser le torrent de Torrent (ça ne s'invente pas...!) filer abruptement vers le fond de la vallée alors que l'on va suivre à main G un sentier-balcon en descente maîtrisée tracé sur les flancs méridionaux de la Becca Tey.
Pour rejoindre le fond de la vallée de Rhêmes-Notre-Dame, on négocie quelques dizaines de larges lacets jusqu'à atteindre une fourche de chemins assez mal marquée et surtout absolument pas renseignée : vers 1855m, l'Alta Via n°2 emprunte le sentier sur la D. Pourtant moins bien marqué au sol que celui de gauche, il permet de rejoindre le hameau de Bruil (sinon c'est un grand détour vers l'aval de la vallée et la nécessité de remonter par la route...). Par quelques lacets tracés dans une végétation d'herbes folles, on rejoint le pont de bois qui permet de franchir le torrent dont le cours a été aménagé en prévision de crues subites. Une fois en RD, on descend jusqu'à la route à quelques dizaines de mètres de l'entrée du hameau de Bruil qui ne peut pas renier son appartenance valdôtaine (55mn, 1720m, petite église baroque à visiter au passage, bars, restaurants, hôtels et un ATM du côté du parking amont, E, T, C).
On pourrait faire étape dans ce village mais... afin de s'éviter une grosse montée le lendemain matin, il est préférable de faire tranquillement une partie du chemin en milieu d'après-midi. Ca tombe bien car la quasi totalité de l'ascension jusqu'au hameau de l'Entrelor s'effectue en sous-bois. Et puis, c'est VRAIMENT l'occasion de faire étape dans le refuge des Marmottes qu'une association oeuvrant pour des actions humanitaires en Amérique du Sud a construit sur les ruines de bergeries des temps anciens, mais en respectant à la lettre les codes architecturaux du coin...
Au niveau de l'église se poursuit le sentier Alta Via n°2 qui va nous conduire jusqu'à Eaux-Rousses via le col de l'Entrelor. On traverse le village aux maisons anciennes recouvertes de lourdes plaques de lauze pour venir croiser la Doire de Rhêmes et trouver en RD le départ du chemin forestier. Montée en lacets serrés jusqu'au croisement de chemins d'où part sur la gauche celui qui même vers le hameau d'alpages Sort (25mn, 1850m). On continue sur la D en évoluant sur un petit sentier étale bordé d'un canal d'irrigation. 300m seulement... et voici la bifurcation à G pour poursuivre vers les alpages de l'Entrelor en laissant filer à droite le sentier d'accès au belvédère sur une cascade. Et c'est reparti au frais dans la pinède, un coup à droite, le suivant à gauche... Vers 2030m, on peut revoir partiellement à l'arrière le col Fenêtre franchi ce matin et le démoniaque couloir quasi vertical qui en est issu.
A 2100m, on sort à découvert pour contourner largement par la G les prés de l'alpage d'Entrelor sur lesquels paissent tranquillement les vaches de race valdôtaine qui deviendront bientôt les futures reines lors des batailles de la fin de l'été. D'ailleurs, elles ne cessent de s'entraîner à longueur de journée. On est loin de nos races de vaches paisibles en France qui regardent passer les trains ! De toutes les manières, ici, il n'y a pas de train, donc, elles passent le temps en se chicorant...
Le haut de la vallée se partage entre la cime de Goillen à gauche et celle d'Entrelor à droite. C'est entre ces deux pics que se trouvera demain matin la délivrance... Avant de rejoindre le hameau d'alpage dans lequel on va passer la nuit, il est encore temps de jeter un coup d'oeil vers la droite pour revoir la Granta Parei, le roc de Bassagne et autre Becca Traversière. Un panneau indicateur invite à incliner vers le S pour rejoindre le groupe de bergeries du refuge des Marmottes (1h25, 2140m, res : +39 3893488785 ou site web, E, T, C intermittent).
Jour 6 : Entrelor (Refuge des Marmottes) - Col de l'Entrelor - Orvieille - Eaux-Rousses
6h / +870m / -1350m.
Diaporama Au départ du hameau d'Entrelor, on monte derrière le refuge pour rejoindre au NE la RG du ruisseau avant de le traverser 200m plus loin et se positionner en RD du large vallon herbeux. On passe au travers de quelques bosquets d'arolles puis on se retrouve à découvert pour croiser une source à 2250m qui sourd de la gauche. On remonte jusqu'aux bergeries du Plan de Feyes (1h, 2393m, abri, bivouac possible, source) où on laisse partir à main gauche le sentier n°7 en direction du col Gollien, un autre passage pour rejoindre le hameau d'alpages de Sort.
On poursuit sur l'Alta Via n°2 balisée en jaune pour égrener les lacets qui permettent de franchir un rognon morainique et disposer à l'arrière d'une superbe vue sur les Aiguilles Rouges S et N ainsi que sur le col Fenêtre. Apparition au second plan de la Tête du Ruitor. Juste avant de basculer dans le vallon issu du col de l'Entrelor, on croise une nouvelle source (35mn, 2590m). On retrouve un peu de chemin étale et, en se retournant de nouveau, c'est bien le Mont-Blanc que l'on voit apparaître au troisième plan. On reprend la série de lacets pour terminer l'ascension du rognon et atteindre le sommet d'un mamelon herbeux (15mn, 2710m).
Côté W, on commence à voir dans la large échancrure du col de Bassac, entre Grande Traversière à gauche et pointe de Bassac N à droite, les sommets orientaux de la Vanoise. Vers 2830m, le sommet pointu de la Grande Sassière émerge de l'arrière de la pointe Bassac S. Mais revenons à notre chemin : ici, s'itinialise une courte portion chaotique caractérisée par la remontée d'un pierrier terminée dans sa partie haute par l'ascension d'une dalle de schiste relativement pentue (40mn, 2920m), un passage heureusement équipé de plusieurs mains courantes et de marches scellées. Mais, attention, le matin, ça glisse ! Et puis, comme toujours, veiller à bien rester en retrait de la dalle pour ne pas risquer de se prendre un pavé sur la tête...
L'obstacle franchi, on effectue une traversée vers la G pour franchir une épaule. Le sentier se fait à cet endroit un peu moins large, qui plus est en encorbellement au-dessus des pentes verticales du thalweg issu du col. Le col est en vue et on profite d'un petit répit pour jeter une dernière fois un regard vers les montagnes qui marquent la frontière franco-italienne entre les parcs du Grand-Paradis et de la Vanoise, montagnes au pied desquelles on a marché pendant les trois premiers jours. Et parmi elles on peut enfin contempler le sommet de la Tsanteleina !
On franchit le col de l'Entrelor (10mn, 3002m, C intermittent) d'où l'on retrouve de l'autre côté des connaissances du premier jour et aussi, vu l'altitude, on en découvre de nouvelles. Ces dernières ont pour nom : Dent d'Hérens, Cervin (une moitié seulement...), Grand Nomenon et, dans l'échancrure du col de Belleface, le Breithorn et Pollux (amputé de son Castor...). Plus proches de nous, les déjà connues qui vont nous accompagner tout au long de la descente : la Grivola, la pointe Blanche, le col Lauzon, la pointe de l'Herbetet, la Becca de Montandayné, les Petit et Grand Paradis. C'est tout pour l'instant ! Noter la possibilité d'accrocher à son tableau de chasse la cime de Pertcha à 3204m, un tas d'éboulis de schiste dont on rejoint le sommet en suivant sans difficulté un chemin tracé à flanc dans les éboulis puis sur le fil de la crête (compter 1h30 A/R).
Descente sur un bon sentier caillouteux mais pas trop... jusqu'au premier lac, le lac Noir (50mn, 2670m) pour une pause bien méritée tout en profitant d'un panorama d'enfer. On longe la cuvette lacustre sur la G pour descendre au niveau mais à distance des lacs Djouan. On laisse partir à droite l'itinéraire qui permet de revenir sur Pont en suivant un sentier-balcon où l'on doit s'élever un peu pour franchir le col Manteau avant de redescendre derrière. Notre itinéraire se poursuit droit devant au NE sur un large sentier à la pente modérée face à la Grivola. A la toute fin du plateau, on emprunte un sentier-balcon en RG et à hauteur du vallon qui se creuse avec de nouveau de belles vues qui enchantent le regard comme une apothéose de fin de randonnée !
Au détour du franchissement d'une épaule détritique d'une étrange couleur vert pâle, voici qu'apparaît en ligne de mire le Grand Combin. On dépasse une bergerie (50mn, 2300m) juste avant de rejoindre la ferme d'alpage de Djouan (vente de fromages). Juste après, on contourne le chalet d'Orvieille (20mn, 2190m) pour arriver à une bifurcation marquée d'un poteau indicateur. On laisse à main gauche la piste qui descend vers Diegoz alors que l'on pénètre sur la D dans le mélézin pour tomber sur une deuxième bifurcation (5mn, 2135m).
Il s'ensuit en poursuivant sur la D l'initialisation d'une très longue descente tout en larges lacets quasiment tracés en courbe de niveau, heureusement proposée dans la fraîcheur de la forêt. Juste avant de venir toucher le village historique d'Eaux-Rousses perché au-dessus de la route goudronnée, une dernière descente le long d'une prairie permet de déguster une dernière fois le panorama offert par le massif du Grand Paradis. On traverse le village (55mn, 1700m, bar, E, T C) pour descendre par la petite ruelle jusqu'à la route principale qui remonte la vallée de Valsavarenche où l'on a garé la voiture et où se trouve l'arrêt d'autobus (5mn, 1650m, C).
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