[France-Espagne] Pyrénées - HRP n°3
Ne cherchez pas sur le site le topo de la 1ère partie de la Haute Route Pyrénéenne (HRP) de l’océan à Bious-Artigues, ce n’est pas un oubli du webmaster, il n’existe pas ! Et pour cause, je n’ai pas parcouru cette portion (ce sera pour une prochaine année...) et j’ai commencé à l'été 2015 par la 2ème (topo entre Bious-Artigues et Gavarnie). Cette dernière, même si l'on avait commis quelques digressions d'itinéraire, se superposait sur de larges portions au GR10. Bien que caillouteux en diable, on disposait de gîtes ou de refuges à chaque étape... 7 ans plus tard me voici à poursuivre cette HRP là où je l'avais laissée, à Gavarnie, une 3ème partie à bonne distance du GR10 français et même du GR11 espagnol. Avec Isabelle, ma nouvelle compagne de randonnées engagées, nous avions décidé de nous tenir loin des GR et avions choisi de construire un parcours orienté crêtes se référant plutôt aux tracés des hautes routes espagnoles plus sauvages et empruntant des petits sentiers, voire uniquement des traces, référencées sur les seules cartes ibériques au 1/25.000ème (ed. Alpina). D'ailleurs, on trouve étonnamment sur ces cartes le tracé de nombreux chemins côté français, chemins qui ont disparu des fonds de plans IGN. Va comprendre, Charles...! Incidence directe de ne pas vouloir suivre les GR ou de descendre très bas dans les vallées pour trouver des gîtes, l'obligation d'être en autonomie avec ravitaillement pour 5 jours dans le sac et tente pour les bivouacs en altitude. Mais là, on est bien dans la veine des "treks hors des sentiers battus". Pour dire, on a créé un itinéraire tellement hors des sentiers battus que l'on a réalisé notre propre tracé de HRP entre Gavarnie et Luchon. Vous pourrez vous rendre compte que cette mouture est très différente de celle que l'on trouve dans les guides papier ou sur internet et même de celle du créateur Georges Véron, c'est dire...
En premier lieu quelques définitions (copier coller de l'intro de la HRP n°2 mais qui reste d'actualité...) :
Eau : masse liquide que l’on trouve partout dans les Pyrénées sous forme de lac, de ruisseau ou de torrent (le gave) et qui fait que le randonneur ne doit que très peu se soucier de sa réserve d’eau (avoir juste en réserve quelques pastilles d’Hydroclonazone dans le cas d’un doute sur la salubrité lors du remplissage).
Cailloux : On a enfin trouvé l’emplacement où Dieu a entreposé ce qu’il avait en trop lors de la création du Monde. Impressionnant !
Cairn : empilage du trop-plein de cailloux (voir définition ci-dessus) dont l'enchaînement donne une indication sur l’itinéraire à suivre. C’est le balisage du coin ! Quelques pancartes (indiquant des horaires fantaisistes...), quelques marques de peinture (souvent vieilles... à l’exception de celles du GR10 distillées avec parcimonie) mais rien d'autre que du caillou !
Neige : Matière qui à tendance à occuper des combes arides peu exposées aux rayons du soleil même si la saison est bien avancée. Un peu de vent glacial ou une chute de grêle lors d’un violent orage et on régénère le tapis glissant (avec peut-être en-dessous un pont de neige qui franchit un torrent).
Les préliminaires sont écrits : que celui qui ne supporte pas de marcher sur les cailloux, de traverser des éboulis, de remonter des couloirs pentus parfois encombrés de neige, de porter plus que de raison car la météo dans le coin étant versatile (et parfois imprévisible)... on est condamné à emporter avec soi les vêtements et le matériel technique idoines, je ne lui conseille VRAIMENT pas de se mesurer à la HRP. Certes, les paysages sont d’une beauté à couper le souffle (enfin, pas que les paysages...) mais si l’engagement sur cet itinéraire doit se résumer à « Marche ou crève... », il n’y a pas d’alternative autre que s’abstenir. Et cette portion de la HRP est loin d’être la plus difficile : même si le degré de difficulté est sans commune mesure avec celui de la 2ème, la traversée de l’Ariège entre autres qui trouvera place dans les HRP n°4 et n°5 saura vous rappeler les douleurs oubliées et vous en fera découvrir d’autres... En tronçonnant la traversée intégrale d’Hendaye à Banyuls (une soixantaine de jours de marche) en portions d’une dizaine ou d’une quinzaine de jours, on pourra oublier l’aspect performance et sport extrême qui fait vibrer les impétrants qui s’engagent sur ce parcours et goûter totalement à la quintessence de cet itinéraire d’exception tracé au milieu d’espaces naturels de tout premier ordre ! Allez, c’est parti...
Et n’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.
Téléchargez la carte du circuit en PDF : Circuit HRP n°3
LE TREK JOUR PAR JOUR
Jour 1 : Lourdes - Gavarnie - Hôtel du Cirque et de la Cascade - Refuge des Espuguettes
1h30 d'autocar (4€) puis 2h40 / 10kms / +750m / -100m. Attention ! A l'attention des automobilistes : il n'y a pas de parking gratuit à Gavarnie. Tout est payant et il est difficile d'envisager de laisser sa voiture pour la quinzaine de jours que va durer le périple jusqu'à Luchon. En saison estivale (1er juin au 30 septembre), il est préférable de se rendre à Lourdes, d'y passer une nuit dans un des petits hôtels à prix vraiment modérés qui jouxtent la gare SNCF puis faire la liaison par l'autocar 965 depuis la gare SNCF de Lourdes jusqu'à Gavarnie avec un départ à 9h15 (le reste de l'année l'autocar ne dépasse pas le village de Luz-Saint-Sauveur et il reste une quinzaine de kilomètres à faire en taxi).
Diaporama Arrivée à Gavarnie à 1375m vers 11h. Le trek commence dès la descente de l'autocar. On se dirige vers le SSE pour passer devant l'office du tourisme, la supérette Vival et le gîte d'étape Oxygène (tel : +33 562924823, adresse hautement recommandable mais malheureusement victime de son succès, il est souvent complet...). On descend la large rue bordée des « marchands du Temple » pour rejoindre les rives du gave de Gavarnie et commencer la lente ascension vers le Cirque de la cascade.
Soyez-en sûrs, vous ne serez pas seuls... ! Après avoir franchi la limite du P.N.P (Parc National des Pyrénées), le large sentier très emprunté par les touristes à la journée présente par moment de belles déclivités ascendantes. On alterne passages à découvert et en forêt. Par une dernière montée pavée on atteint la plateforme sur laquelle est construite l'Hôtel du Cirque et de la Cascade (1h, 1560m, bar, restauration, hébergement****, possibilité d'un A/R au pied de la cascade pour se retrouver à l'aplomb des falaises verticales, compter 1h / +150m / -150m).
Face à l'hôtel côté S, on s'engage sur le sentier à main D (pancarte directionnelle et balisage jaune) qui monte en écharpe et passe au-dessus du bâtiment. On s'élève progressivement dans un coteau recouvert de buissons ras et de quelques pins à crochets. Vers 1680m, on longe la base de falaises desquelles tombent de nombreuses cascatelles (possibilités d'abri sous les parois en dévers). Puis le sentier-balcon se fait étale et pénètre en forêt pour monter jusqu'à la clairière au milieu de laquelle trône le chalet de Pailha (45mn, 1735m, possibilités d'hébergement en 1/2P). On poursuit vers le N pour rejoindre le croisement avec le sentier qui arrive directement de Gavarnie (5mn, 1730m). A D pour remonter les alpages. Vers 1870m, au niveau d'un large virage à D du sentier, on poursuit par une grande traversée ascendante au SE sous les pentes occidentales du Piméné et face aux Astazou pour atteindre le refuge des Espuguettes posé sur le rebord d'un rognon glaciaire (55mn, 2027m, tel +33 562924063, C Bouygues et Orange intermittents).
Jour 2 : Refuge des Espuguettes - A/R Piméné
3h30 / 12,5kms / +800m / -800m.
Diaporama Au départ du refuge, on remonte les alpages vers le NE. On s'élève en larges lacets sur le plateau des Cardous jusqu'à atteindre le poteau indicateur qui marque un croisement de sentiers (35mn, 2255m) : à droite, c'est pour demain en direction de la Hourquette d'Alans pour passer au pied des Astazou et entrer dans le cirque d'Estaubé, aujourd'hui, ce sera à G dans les pentes occidentales du Petit Piméné. Du sentier, on dispose de belles vues sur la Brèche de Roland entourée du Casque du Marboré à gauche et du Rocher du Taillon à droite. Au loin un peu sur la droite, on reconnaît le sommet du Vignemale et son glacier d'Ossoue qui en quelques années s'est réduit « à peau de chagrin » (voir l'article de Ouest-France).
Les lacets se font un peu plus serrés jusqu'à rejoindre l'arête S du Petit Piméné (45mn, 2486m). On laisse à main gauche la trace de montée directe qui suit l'arête herbeuse jusqu'au sommet et on poursuit tout droit en très légère descente pour contourner le sommet par son flanc E. Après une portion en up / down, voici que le sentier monte à main G dans un large couloir (cairns) et atteint le large collet qui s'inscrit sur l'arête qui relie le Petit Piméné au Piméné 25mn, 2646m). Il ne reste plus qu'à suivre le fil de l'arête schisteuse vers la D pour s'élever progressivement jusqu'à la base des rochers sommitaux du Piméné. Une portion un petit peu plus chaotique s'ensuit avant que l'on ne retrouve le bel ordonnancement du sentier une fois que l'on a rejoint les banquettes d'herbes. Puis c'est à nouveau une arête perturbée où il faut parfois poser les mains qui conduit jusqu'au sommet (20mn, 2802m, C Orange). Belle vue à 360° où l'on domine côté E le cirque d'Estaubé alors qu'au S on peut détailler le profil de la crête qui relie la brèche de Tuquerouye aux Astazou. En arrière plan, c'est bien le Mont-Perdu qui se dévoile sur la gauche du Marboré et de la Brèche de Roland.
Descente par le chemin de l'aller (on peut aussi varier et décider de passer par le sommet du Petit Piméné pour suivre la crête jusqu'au collet à 2486m, moins confortable...) pour retrouver le refuge des Espuguettes (1h25, 2027m, C Bouygues et Orange intermittents).
Jour 3 : Refuge des Espuguettes - Cirque d'Estaubé - Auberge du Maillet
5h10 / 15,8kms / +720m / -930m.
Diaporama Depuis le refuge on reprend le chemin d'hier jusqu'à atteindre la bifurcation vers le Piméné (35mn, 2255m) puis on poursuit sur la D pour rejoindre la Hourquette d'Alans (35mn, 2430m), un étroit passage au pied du pic Rouge de Pailha et des Astazou. On descend les quelques lacets pour prendre pied dans le cirque d'Estaubé. Très vite, vers 2370m, on laisse à main droite une trace qui part vers l'E rejoindre la base du couloir qui mène à la brèche de Tuquerouye (le détour par ce « site enchanteur » a été un moment envisagé, nous en avons été dissuadé par des randonneurs qui en revenaient et qui évoquaient la remontée d'un couloir détritique mis à mal par les pluies, en considérant les 20kg du sac à dos..., ainsi qu'un bivouac aux abords du « refuge » plus que sommaire dans une ambiance peu amène regard aux conditions sanitaires du site... Dommage !).
La suite de la descente se poursuit en lacets vers la G jusqu'à traverser un torrent (30mn, 2190m). Juste après, on laisse à main droite le sentier d'accès « officiel » au Port Neuf de Pineta (et accessoirement à la Brèche de Tuquerouye...). On chemine avec bonheur au cœur du très verdoyant cirque d'Estaubé. Après avoir négocié la succession de lacets que présente le sentier dans une pente herbeuse « infestée » de marmottes, on vient franchir le ruisseau de Labassa (25mn, 2015m) pour poursuivre en RG, traverser l'alpage de la Hèche d'Or et atteindre le sentier qui remonte le fond du vallon du cirque d'Estaubé (50mn, 1722m). Dans cet écrin de verdure, on trouve à 5mn sur la droite la cabane d'Estaubé et si l'on poursuit le long du gave éponyme il est possible de rejoindre la cascade du Pla d'Ailhet, une des balades touristiques du coin au départ du parking du lac des Gloriettes.
C'est d'ailleurs en direction de ce lac que l'on poursuit en descente tranquille en RG du gave. On s'enfile un bref instant dans une gorge relativement large avant de déboucher sur le plateau gazonné qui précède le lac (le lac reste invisible...). Au poteau indicateur (30mn, 1681m), on traverse le gave sur le pont des Espuguettes pour suivre un sentier bien marqué qui va conduire jusqu'à l'entrée du cirque de Troumouse sans avoir à descendre jusqu'au vallon du gave d'Héas. On s'élève assez tranquillement au départ pour effacer un premier rognon morainique. Au poteau indicateur marquant une possibilité de descente vers le parking, on poursuit tout droit en montée plus affirmée afin de suivre le sillon du gave d'Héas, mais à belle hauteur... Au mitan de l'ascension (30mn, 1815m), on traverse une source bien fraîche avant d'incliner sur la D en laissant le lac des Gloriettes, que l'on peut contempler à présent..., derrière soi, sous la domination du pic de Larrue. Sur la gauche, le panorama dévoile l'enchaînement des pics de la réserve de Néouvielle, un massif encore pas mal secret du fait du très petit nombre d'itinéraires balisés qui la traversent.
On franchit une bosse pour venir contourner un thalweg dans lequel coule un ruisseau gentillet. Ensuite, c'est un large virage vers la G qui va permettre de retrouver le large sentier quasi étale qui contourne par sa base septentrionale le Turon de Pouey Bocou (si, si, c'est bien son nom...). Droit devant apparaissent les murailles, encore lointaines, du cirque de Troumouse. Sur le large chemin en balcon que l'on suit, on passe bien au-dessus de la Chapelle d'Héas, étape « officielle » de la H.R.P qui évite totalement le cirque de Troumouse... Eh bien, ce n'est pas le cas du tracé proposé (première incartade d'une longue série...) ! Il y a une auberge à l'entrée du cirque, qui plus est très accueillante pour un hébergement de bord de route, alors, profitons-en !
Le large sentier rejoint la route d'accès goudronnée au niveau de la cabane de la Groutte (1h, 1800m). On suit le goudron en montée vers l'auberge du Maillet (10mn, 1830m, 1/2P en dortoir, tel : +33 562924897, T uniquement). Un peu de monde en journée (doux euphémisme...) mais quel calme après 18h pour déguster tranquillement le coucher de soleil... Sur ce plateau à l'entrée du cirque de Troumouse, on est dominé par les 2785m du Mounherran alors qu'au fond, côté S, se profile un bel enchaînement des pics qui ont pour nom Estaubé, Gabiédou ou Bouneu. On en côtoiera davantage dès demain matin...
Jour 4 : Auberge du Maillet - Cirque de Troumouse - Col de la Sède - Vallon des Aguilous - A/R Pic de la Géla
5h45 / 13,3kms / +1170m / -450m.
Diaporama Du parking supérieur, on suit le chemin qui se dirige vers le fond de la vallée avant d'incliner à G et remonter sous les parois des pics de Gabiédou et de Bouneu pour venir tutoyer la route d'accès (interdite à la circulation automobile en saison estivale en journée à l'exception d'un petit train sur pneus (5€, 1er départ à 9h si vous étiez tenté...)). On la rejoint dans un lacet un peu plus haut (40mn, 2000m) pour la suivre sur la D avant de la quitter une centaine de mètres plus loin. On reprend le fil du sentier avant d'atteindre un petit emplacement de parking hors saison. Direction NE puis SE afin de rejoindre l'enclos à bestiaux. Ensuite, c'est à G en descente pour traverser sur un pont de pierres le ruisseau du Cot et poursuivre en remontée le long du ruisseau au SE en laissant bien à main gauche la butte sur laquelle est érigée la statue de la Vierge de Troumouse (poteau directionnel « Lacs des Aires »). On passe auprès de deux laquets et, après avoir franchi un collet, on descend dans une cuvette de galets où le sentier se disperse un peu (40mn, 2065m). On se trouve face au Petit pic Blanc, au pic Heid et au pic de Troumouse, une série que l'on retrouvera demain côté oriental depuis le plateau des lacs de Barroude. Noter sur la droite le pic de la Munia au pied duquel l'une des variantes « officielles » de la H.R.P franchit le col éponyme pour descendre directement côté espagnol à Parzan (évitant ainsi les lacs de Barroude, peut-être l'endroit le plus merveilleux de la première partie du périple... Dommage !).
On poursuit en face pour contourner un mamelon et traverser une tourbière à l'herbe verte couleur fluo. 300m au-delà, on laisse le sentier principal (il fait le tour du cirque de Troumouse pour finir à la Chapelle de Héas...) pour incliner la marche vers la D et suivre une trace qui permet de rejoindre la cabane des Aires (25mn, 2110m, ouverte, propre, 6 places sur des bas-flancs et eau à proximité en contrebas de la cabane). A l'arrière, belle vue d'ensemble sur les murailles rocheuses austères qui ferment le cirque.
Dos à la cabane, on monte plein E face à la paroi occidentale du pic de Gerbats. On suit peu ou prou le lit d'un torrent asséché jusqu'à rejoindre le pied d'un rognon glaciaire (25mn, 2235m) où l'on trouve un chemin qui part vers la G. D'ici, en se retournant, la vue est encore plus large sur l'ensemble du cirque de Troumouse et au-delà sur la proche région. Face à la pente, on trouve à main G une ligne de cairns que l'on suit en direction de la base de l'impressionnante dalle calcaire en haut de laquelle on devine que le col de la Sède doit s'y trouver... On s'élève « dré dans l'pentu » pour retrouver un sentier un peu plus large (20mn, 2325m) qui rejoint à main G une série de marches d'escalier que l'on gravit. Toujours en suivant les cairns, on s'élève à flanc de la gigantesque dalle de calcaire heureusement fragmentée dont l'extrémité des dalles empilées dessine de multiples vires sur lesquelles le pied accroche bien (attention tout de même par temps de pluie...!).
Après avoir traversé la série de dalles et profité de quelques banquettes herbeuses pour progresser vers le haut, on retrouve un bon sentier dans les schistes. Il incline vers la D pour gagner, en parcourant les flancs occidentaux du pic de la Sède, le col éponyme (1h10, 2650m). A l'horizon W, Mont-Perdu, Marboré, Brèche de Roland et Taillon. Côté E, on découvre un plateau d'altitude fermé par le Soum des Salettes, Penne Blanque et la crête des Aguilous. Bienvenue dans ce vallon des Aguilous très secret et bien peu parcouru ! Au col de la Sède, on se trouve pile poil sur l'arête N du pic de Gerbats avec, à la gauche de ce sommet rocailleux et assez inaccessible, le col et le pic de la Géla. Certains topos proposent de suivre depuis le col de la Sède cette arête N avant de passer sur la gauche en contrebas du pic de Gerbats pour atteindre le col et de là faire l'ascension jusqu'au sommet du pic de la Géla. Ce ne sera pas notre choix, une décision prise en rapport avec le poids du sac à dos...
Le vallon est enchanteur et il est bien agréable de s'octroyer une après-midi tranquille au niveau de la source du ruisseau des Aguilous, de se délester du sac et d'effectuer l'ascension du pic de la Géla sans cet encombrant bagage au départ du lieu de bivouac... Si fait ! On descend du col de la Sède par un petit sentier bien tracé dans les éboulis avant de traverser le vallon et aller se poser sur des banquettes gazonnées en plein milieu (15mn, 2550m, GPS : 42°44'58"N 00°07'50"E, eau à proximité).
Une fois le bivouac installé, montée directe au SSE jusqu'au col de la Géla pour, dans un deuxième temps en suivant l'arête à main G, finir au sommet du pic éponyme (1h, 2851m, C Orange) d'où l'on dispose d'une vue plongeante sur la cuvette des lacs de Barroude. Par contre, (très...) difficile d'envisager une descente directe, même si c'est tentant tant ils sont proches..., sur ces lacs car les pentes calcaires qui composent le versant méridional du col sont vraiment « raides pentues » et n'incitent VRAIMENT PAS à s'y engager... Retour au bivouac (45mn, 2550m) pour une nuit vraiment tranquille en attendant le lever du soleil demain matin et les cabrioles des isards qui seront sûrement au rendez-vous. Faites de beaux rêves...
Jour 5 : Vallon des Aguilous - Hourquette de Chermentas - Lacs de Barroude
3h / 11kms / +430m / -630m + 45mn / 2kms / +50m / -50m pour effectuer le tour du grand lac.
Diaporama Départ du camp rythmé par le tintinnabulement des cloches du troupeau de brebis et le gracieux ballet des isards qui virevoltent dans ce haut vallon des Aguilous ou se dessinent sur la crête du col de la Géla, on se dirige à flanc vers le NNW en faisant attention à ne pas perdre d'altitude en gardant comme points visés le Soum des Salettes et Penne Blanque pour rejoindre au mieux en RD du vallon la trace qui arrive du col de la Géla à destination de la Hourquette de Héas. Celle-ci parcourt en up / down le flanc occidental de la crête des Aguilous à une altitude moyenne de 2550m. Elle n'est pas entretenue et de ce fait subit des dégradations année après année. Quelques passages dans les éboulis schisteux nécessitent un tout petit peu d'attention.
A l'approche de la Hourquette de Héas, on vient se connecter au large sentier qui arrive de la Chapelle d'Héas après être passé en contrebas à proximité de la cabane des Aguilous (35mn, 2550m). Mieux viabilisé que le précédent car support du tracé de la H.R.P française, on l'emprunte sur la D. A l'horizon W, on retrouve au loin le Mont-Perdu, le Marboré, la Brèche de Roland et le Taillon. Plus à D, c'est le Vignemale très isolé et reconnaissable à son glacier à présent sommital « peau de chagrin ». Un lacet plus loin, on suit à main G une allée taillée dans le schiste et on atteint la Hourquette de Héas (10mn, 2608m, C Orange intermittent).
On bascule du côté du vallon de la Neste de Badet et on suit un sentier en lacets après avoir franchi une portion de dalles de schiste alors que l'on évoluait à flanc de falaise. On dépasse une source puis on enchaîne par une longue diagonale jusqu'à atteindre le croisement avec le sentier qui arrive de Piau Engaly après avoir contourné à hauteur une belle partie du cirque au pied du pic de la Géla (30mn, 2365m). A l'arrière, on domine le vallon de la Neste de Badet surplombé par le pic de Campbiel et Penne Blanque. Au poteau indicateur, on poursuit tout droit et on rejoint la Hourquette de Chermentas (15mn, 2439m), un passage qui s'inscrit entre le pic de la Géla à droite et le pic de Bassia de Nere à gauche. Du col, on découvre vers le SE l'enfilade des crêtes frontalières, celles de Port-Vieux et de Bataillence, que l'on parcourra partiellement demain. Elles paraissent quand même un peu moins perturbées que celle du jour. Mais qui sait ? Les impressions a priori sont quelques fois trompeuses...
En attendant, pour rejoindre le plateau des lacs de Barroude, on va descendre de quelques lacets côté E pour trouver en contrebas du col un croisement de sentiers (10mn, 2340m). On néglige celui qui part à gauche (il rejoint le fond du vallon et au-delà Piau Engaly...) et on poursuit tout droit au S pour passer à la base des falaises quasi verticales qui terminent l'arête orientale du pic de la Géla. Puis le sentier remonte dans un éboulis pour franchir un collet à 2380m. La suite se décline en un sentier-balcon en courbe de niveau tracé 300m en contrebas du col de la Géla. Comme on s'en doutait hier, l'accès au col par ces pentes redressées semble vraiment impossible... Au détour d'un virage, on retrouve le pic de Gerbats dressé dans le ciel d'azur comme un petit Cervin, vu de ce côté-là.
Fin du sentier-balcon avec l'arrivée par la gauche d'un 2ème sentier en provenance de Piau Engaly (40mn, 2345m). On poursuit tout droit au cœur d'un dédale de rochers effondrés pour pénétrer dans le cirque de Barroude. Mais avant de pouvoir contempler les lacs, on nous fait languir avec la remontée en faux-plat d'un plateau caillouteux incliné. On commence à distinguer un premier lac (20mn, 2380m) puis on passe au pied du mamelon derrière lequel se situe les ruines du refuge de Barroude (un incendie en 2015, abri très sommaire, 3 places...) avant de poursuivre sur la rive du grand lac pour en atteindre l'exutoire (15mn, 2350m) et le franchir sur une série de cailloux émergés et aménagés pour une traversée à sec.
La vue est exceptionnelle sur l'envers des falaises du cirque de Troumouse (de gauche à droite : pic Heid et Petit pic Blanc). Et toujours sur la droite l'envers du vallon des Aguilous avec les pics de Gerbats et de la Géla séparés par le large col de la Géla. On poursuit le long du lac pour trouver un espace plan à quelques mètres d'une source qui sourd de la partie basse des pentes détritiques du Port de Barroude (5mn, 2350m, GPS : 42°43'44"N 00°08'46"E). Quel lieu de quiétude pour un bivouac !
Prévoir, plutôt en fin d'après-midi, d'opérer un tour du lac (compter 45mn de balade) pour disposer de couleurs changeantes sur l'eau et les montagnes qui ceignent le plateau. Et toujours se tenir l'oreille aux aguets pour ne pas rater les dizaines d'isards qui dévalent les pentes d'éboulis côté S à tout moment de la journée. Avis aux photographes !
Jour 6 : Lacs de Barroude - Pic de Port-Vieux - Port de Bielsa - Saint-Lary-Soulan
4h45 / 16,7kms / +720m / -1250m.
Diaporama Réveil tout en délicatesse avec la contemplation, alors que l'on s'affaire à plier la tente, à faire chauffer l'eau pour le petit dej' et à tenter comme chaque matin que Dieu fait (et réussir...?) de faire rentrer tout le matériel dans l'espace réduit offert à l'intérieur du sac à dos. Cet après-midi, c'est descente en ville pour le ravitaillement.
L'opportunité de la présence de la route internationale qui passe par le tunnel d'Aragnouet-Bielsa et qui rejoint Saint-Lary-Soulan en est la raison... Ceci dit, si vous disposez de vivres pour les 5 jours qui suivent (c'est le temps qu'il vous faudra pour rejoindre le premier refuge, celui de la Soula, où vous pourrez disposer des repas et commander vos pique-niques pour les 3 jours qu'il restera à accomplir jusqu'à l'Hospice de France...), vous n'avez pas besoin de descendre jusqu'à la route lorsque vous commencerez la descente depuis le Port de Bielsa. A 2249m, vous inclinerez à D pour aller traverser le Port de Bataillence et ferez étape en bivouac sur les rives du lac de Héchempy situé dans le haut du vallon de Moudang. Le lendemain, vous rejoindrez par une transversale dans les alpages le Port de Moudang et retrouverez l'itinéraire décrit dans le topo au milieu du jour 8. Vous aurez ainsi économisé 1000m de descente et près de 2000m de montée. Ceci dit, les « petits » plaisirs de s'octroyer une bonne nuit de sommeil sur un matelas épais ainsi que de consommer fruits et laitages ne serait-ce que l'espace-temps d'une nuit peuvent quand même se révéler assez séduisants. Et que dire de la douche chaude, hein ?
Depuis le lieu de bivouac on revient jusqu'à l'exutoire du grand lac et on monte à D vers le S en suivant un chemin bien tracé pour rejoindre la crête au niveau du Port de Barroude (35mn, 2534m, C Orange Espagne). On se trouve sur la ligne de frontière franco-espagnole et de cette position on dispose d'une large vue sur les remparts méridionaux du cirque de Troumouse complétés du pic de la Munia qui restait caché tant que l'on était sur le plateau des lacs. On identifie aussi le large col de la Munia par lequel passe l'itinéraire de la H.R.P de Georges Véron (ce passage paraît un peu moins critique que l'impression que l'on pouvait en avoir côté Troumouse...).
En se retournant vers le N, on contemple le plateau des lacs de Barroude maintenant ensoleillé et qui fait toujours aussi bel effet présentant un écrin de verdure enchâssé au milieu des falaises qui tombent du Petit pic Blanc. On suit à main G la trace qui remonte vers le Soum de Barroude, sommet aplati duquel on dispose d'une vue quasi circulaire (25mn, 2657m). On poursuit à flanc d'éboulis et on rejoint la base de l'arête S du pic de Port-Vieux. Sans sac, on part à main D faire l'ascension en A/R du pic de Barroude, intégralement situé en Espagne qui émerge au beau milieu de deux profondes vallées, celles du rio Barrosa à droite et du rio Pinarra à gauche (25mn, 2738m). Retour à la base de l'arête S du pic de Port-Vieux pour débuter l'ascension. Par un beau sentier bien tracé, on atteint le sommet du pic de Port-Vieux (30mn, 2723m). D'en haut, on peut déguster une vue panoramique qui porte loin vers les horizons qu'ils soient français ou espagnols.
On poursuit au N sur l'arête avant de descendre à main D en zigzags jusqu'à 2530m avant d'opérer une traversée en diagonale pour rejoindre le Puerto Viello de Bielsa (35mn, 2369m, abri sommaire pour 3 personnes en cas de pluie, pas d'eau, côté N longue descente sur bon sentier pour rejoindre la RD173 un peu avant Aragnouet en cas d'orage sur la crête de Port-Vieux assez exposée). Du col, on poursuit sur le petit chemin de crête cairné vers le NNE pour rejoindre le sommet du pic de l'Aiguillette (20mn, 2517m) puis on continue vers l'E sur le sentier-balcon tracé un peu en contrebas de la crête côté espagnol.
Pas d'obligation de passer au sommet de chaque mamelon qui se présente ! On traverse la base du Pico Forqueta dans un petit éboulis de schistes avant de désescalader par une trace en zigzags serrés le béquet rocheux qui défend l'accès direct au Port de Bielsa (35mn, 2429m). Descente à G côté français sur un sentier bien tracé en grande partie sur des banquettes herbeuses. A 2249m, on laisse partir à droite le sentier du Port de Bataillence (départ de la variante par les crêtes...) avant de croiser une source à 2024m. Au-delà, c'est une descente assez cassante qui est proposée pour se défaire du rognon glaciaire avant de dépasser la cascade de Riou Nère et atteindre (avec bonheur pour les articulations...) le parking à l'entrée N du tunnel (50mn, 1820m, abris en cas de pluie).
Pour rejoindre Saint-Lary-Soulan et son gîte d'étape de Bourisp (tel : +33 623788487) à 21kms, stop ou alors taxi (réservation à l'avance auprès de Taxi d'Aure +33 671691529, prix estimatif 45€). Une fois au gîte, ravitaillement possible au Carrefour Market situé à 400m en direction de Saint-Lary-Soulan (ouvert le dimanche matin).
Jour 7 : Saint-Lary-Soulan - Tramezaïgues - Vallon du Moudang - Source de la Reine
5h25 / 19,2kms / +1130m / -345m.
Diaporama Depuis le gîte d'étape de Bourisp situé à 805m, on suit la RD929 pour rejoindre le centre-ville de Saint-Lary-Soulan. On dépasse le Carrefour Market et un peu plus loin deux boulangeries. Au rond-point qui marque l'entrée E de Saint-Lary-Soulan, on poursuit tout droit pour traverser le bourg (tous commerces, ATM, C Orange, Bouygues, Free, SFR), passer devant l'église et atteindre le rond-point de l'entrée W.
On continue tout droit une centaine de mètres sur la RD929 avant de monter à G pour suivre la route de Sailhan. 250m plus loin, on s'engage à main D pour emprunter le Chemin de Caneilles (balisage jaune) en direction de Tramezaïgues. A l'approche de Caneilles, on laisse partir en montée à gauche la piste qui remonte vers Sailhan et on poursuit tout droit pour traverser le camp de vacances ASPTT abandonné de Caneilles (55mn, 950m).
Au-delà, en retrouvant le goudron, on franchit un collet avant de basculer en descente jusqu'à rejoindre la RD929 (30mn, 910m). On laisse la voie à grande circulation pour s'engager à main G sur un chemin piétonnier protégé de la circulation et équipé d'une passerelle himalayenne pour franchir la Neste de Rioumajou. Puis on s'éloigne de la RD929 en poursuivant sur un chemin balisé en jaune qui aboutit au centre du village pyrénéen typique de Tramezaïgues (10mn, 970m, fontaine). Devant la mairie et dos à la fontaine, on emprunte la ruelle pour rejoindre du côté de l'église une calade qui descend traverser la RD929 en suivant brièvement le GR105 et ses marques blanches et rouges. En face, on poursuit par la traversée de la Neste d'Aure et on quitte le GR105 une cinquantaine de mètres plus loin en s'engageant à main G sur le sentier d'Eget-Village. Le début de la montée est plutôt abrupte bien que tracée en escaliers dans le coteau face au village de Tramezaïgues que l'on vient de quitter.
Il s'ensuit un sentier-balcon à hauteur et en RG de la vallée de la Neste d'Aure avec les maisons d'Eget-Village en point de mire. On croise la source de Hount Caudo (ou Aygue Caude, 35mn, 1060m, explications) et, par quelques petites montées, on entre dans Eget-Village (10mn, 1110m, visite de l'église Saint-Pierre-aux-Liens). On se dirige vers la fontaine pour descendre vers la vallée en suivant la RD118 jusqu'au lieu-dit Eget-Cité où l'on suit la RD929 vers l'W. On passe au pied de la centrale hydro-électrique de la S.H.E.M (Société Hydro-Electrique du Midi faisant partie aujourd'hui du groupe Engie) et 300m plus loin on s'échappe définitivement de cet axe de circulation en empruntant une petite route vers la G qui traverse la Neste d'Aure en empruntant le pont routier d'Eget situé à proximité des garages municipaux. En RD de la rivière, on suit la piste forestière de Bern pour atteindre l'entrée E du camping Le Moudang (45mn, 1040m, point d'eau). On le traverse dans le sens de la longueur pour passer devant le bâtiment de l'accueil situé à l'entrée principale W (5mn, 1045m, petite épicerie de dépannage, bar). Au-delà, on franchit la Neste du Moudang ici quasi à sec pour traverser le parking automobile à main G (aire de pique-nique) et trouver le départ de la piste qui va permettre de remonter la vallée du Moudang en direction du S.
La piste gravillonneuse se situe en RG d'une vallée plutôt resserrée. On dépasse un « accrobranches » créé dans cet espace sauvage et qui traverse plusieurs fois à belle hauteur la gorge dans laquelle s'engouffre le torrent (le complexe est doté d'une tyrolienne de 800m !). La première partie de la montée est soutenue et se déroule dans une forêt de feuillus. On dépasse une source qui s'écoule sur le mur lisse d'une falaise (30mn, 1205m). Un peu plus haut, on en croise une seconde (20mn, 1330m), plus conventionnelle... Après la traversée de l'impressionnant couloir d'avalanches du ruisseau de Cuneilles (25mn, 1450m), la rigueur de la pente s'apaise et on prend le temps d'apprécier la beauté de cet alpage d'altitude fermé à l'horizon par la crête du Moudang (c'est pour demain...!).
En contrebas, les eaux de la Neste du Moudang colorent les rochers de rouge, signe de leur composition ferrugineuse. A l'approche des Granges du Moudang, on laisse partir à droite le sentier qui mène vers le lac de Héchampy (25mn, 1500m) pour franchir sur un pont de pierres la rivière et rejoindre le groupe de maisons (5mn, 1520m, fontaine, WC, possibilité de camper à quelque distance du groupe de maisons sans trop s'éloigner de la fontaine...). Le site est composé de maisons d'alpage qui appartiennent aux descendants des propriétaires d'autrefois et ceux-ci sont en train de les restaurer, ce qui a pour conséquence que les bâtisses sont saines, murs et toitures. Pas d'hébergement proposé pour l'instant (projet à venir ?)
Dos aux granges, on poursuit vers le haut du vallon de la Neste du Moudang en restant RG du torrent en premier lieu sur une piste puis, lorsqu'elle va passer en RD, sur un chemin. Alors que l'on arrive presqu'au fond du vallon, on laisse partir à droite le sentier cairné du Port du Moudang (c'est là que démarre la montée du lendemain...) et on descend traverser le torrent pour poser le camp en RD sur les quelques banquettes planes qui se proposent (25mn, 1650m, GPS 42°44'11"N 00°15'23"E). Libéré du sac, on poursuit tout droit sur 200m pour atteindre la Source de la Reine de laquelle sourd une eau ferrugineuse en diable d'un rouge affirmé et dotée d'une senteur pregnante (10mn, 1670m, eau impropre à la consommation, C Orange intermittent sur le gros bloc de granit qui se trouve 50m au SE de la source et pas ailleurs...). De retour au bivouac, noter que l'on peut récupérer de l'eau non ferrugineuse dans le petit torrent qui descend des pentes RG.
Jour 8 : Source de la Reine - Port du Moudang - Pic d'Arriouère - Lac de Trigoniero
4h50 / 10kms / +1250m / -500m.
Diaporama Face au bivouac, une fois de retour sur la RG de la rivière, on suit la ligne de cairns qui monte en direction du S le long d'un thalweg au travers des buissons de rhododendrons. Si le sentier existe bien réellement, c'est quand même une belle grimpette « dré dans l'pentu » à laquelle on est confronté... Un peu plus haut, on efface une croupe recouverte de rhododendrons, certes, mais aussi de genévriers nains et de... myrtilles. Miam ! Ceci dit, l'inclinaison de la pente reste sérieuse et monter avec sur le dos le sac à dos rempli de victuailles pour les 7 jours à venir, ce n'est pas du gâteau ! Heureusement qu'en se retournant au moment des nécessaires reprises de souffle on peut contempler de superbes paysages avec dans l'enfilade du vallon du Moudang les pics du massif de Néouvielle. A partir de 2040m, la rigueur de la pente s'amenuise et on vient croiser sur la gauche du chemin une source qui sourd d'une anfractuosité d'un bloc granitique (1h10, 2105m). C'est le moment de compléter ses réserves d'eau car on n'en trouvera plus de potable jusqu'à l'étape (il y a bien plus haut quelques mares mais elles sont hyper polluées par les moutons et les bêtes sauvages qui viennent s'y alimenter, il n'y a qu'à regarder la couleur...).
A main droite, le pic de la Hount domine le vallon herbeux que l'on remonte et donne dès à présent une idée de ce qui nous attend d'ici une paire d'heures une fois que l'on foulera la crête. Détritique vous dis-je... En poursuivant la montée au-dessus de la source plein S, on voit apparaître à l'arrière du pic de la Hount celui de Cuneilles qui cache partiellement l'horizon N au milieu duquel on arrive à distinguer les bâtiments de l'observatoire qui coiffent le sommet du pic du Midi de Bigorre. Vers 2310m, c'en est fini avec la grosse grimpette alors que le sentier incline vers la G pour proposer une traversée en quasi courbe de niveau (noter que c'est dans ce virage du sentier que vous déboucherez en provenance du lac de Héchampy si vous aviez poursuivi vers l'E dans la descente du Port de Bielsa à la fin du jour 6...).
A l'approche du col, alors que l'on se trouve en contrebas de la crête du Moudang, commencent à apparaître vers l'W au deuxième plan l'envers des montagnes qui ceignent le cirque de Troumouse, Petit pic Blanc, un petit bout du Gerbats, le col de la Géla et Penne Blanque. On franchit le haut d'une barre rocheuse (1h, 2400m). C'est à ce moment qu'il va falloir quitter l'évident sentier qui descend rejoindre un laquet posé dans les alpages de la montagne de Lia pour tourner franchement sur la D et monter pleine pente en suivant le fil de l'épaule herbeuse jusqu'à rejoindre le Port du Moudang après être passé à proximité d'un laquet aux eaux de couleur rose (15mn, 2495m, C Orange, possibilité de camp 100m de dénivelée en contrebas côté espagnol avec source). On dispose d'un superbe panorama sur la chaîne des Pyrénées françaises avec de part et d'autre de la vallée du Moudang que l'on vient de remonter les pics de Garlitz et de Cuneilles sur la gauche et ceux de Sarrouès et de Bern sur la droite.
Du col, face à l'Espagne, le sentier principal se poursuit tout droit en descente vers le refuge de Trigoniero* mais c'est bien sur la G que l'itinéraire de notre H.R.P se poursuit pour remonter la large crête de petit éboulis schisteux en direction du collet qui s'inscrit entre les pics de Lia et d'Arriouère. Une fois ce collet atteint (50mn, 2757m, noter la présence du départ vers l'E d'un très vieux sentier à la viabilité plus qu'incertaine, dixit les bergers de Rioumajou...), on poursuit la remontée de l'arête N du pic d'Arriouère, plus ou moins en en suivant le fil, pour atteindre le sommet du pic (20mn, 2864m, appelé Pico del Ibonet côté espagnol...). On domine au S la cuvette du lac de Trigoniero, cuvette fermée au S par le pic de l'Espade et à l'E par le Port d'Arriouère et le pic de Castet.
C'est bien ici sur les rives de ce lac que l'on a prévu de passer la prochaine nuit. Alors on commence la désescalade de l'arête SSE jusqu'à atteindre le béquet rocailleux qui semble faire obstacle à la poursuite de la descente sur le fil de l'arête (il n'en est rien mais, d'en haut, difficile de se persuader que ça serait passé...). On incline à D dans la combe qui présente une alternance de banquettes gravillonneuses et de vires schisteuses. On évolue en larges lacets pour profiter au mieux des opportunités offertes par les banquettes horizontales (plus angoissant que réellement dangereux...). On y va mollo-mollo et on descend ainsi progressivement le rempart composé d'un empilage des plaques de schiste. On évite les barres terminales situées à droite et à gauche en rejoignant les pentes herbeuses en contrebas, pentes que l'on dévale droit devant pour atteindre le sentier transversal qui relie l'exutoire du lac au Port d'Arriouère (1h, 2500m).
On suit ce sentier très emprunté par les troupeaux de moutons sur la D pour continuer le contournement de la cuvette lacustre et rejoindre l'exutoire du lac que l'on franchit (c'est d'ailleurs ici que se situe l'arrivée du sentier qui monte de Parzan et que l'on empruntera demain, du moins dans sa première partie, pour poursuivre le périple...). Le lieu de bivouac choisi se situe à main G sur une prairie en bordure du lac juste derrière un plissement de terrain qui protégera le camp du vent de vallée parfois un tantinet frisquet (15mn, 2410m, eau prise à l'exutoire du lac avec filtration, GPS 42°42'12"N 00°15'23"E).
* Noter qu'il est possible depuis le port du Moudang de descendre directement sur le refuge de Trigoniero pour y passer la nuit mais ce raccourci "pépère" occultera la portion alpine très intéressante de l'étape qui comprend la traversée W-E du pic d'Arriouère et le bivouac dans la cuvette du lac de Trigoniero... Le lendemain, depuis le refuge, pas de problème pour reprendre le fil de la H.R.P en remontant le vallon plein S et rattraper le tracé au niveau du col de l'Espade... A vous de voir !
Jour 9 : Cirque du Trigoniero (Pic de l'Espade) - Col de l'Espade - Port d'Urdiceto - Cabane de Mommour
2h / 5kms / +300m / -300m et éventuellement 1h / 1km / +150m / -150m en cas d'escalade du pic de l'Espade.
Avant de se mettre en route pour la traversée vers les alpages de Rioumajou, on peut envisager d'effectuer le tour du cirque du lac de Trigoniero jusqu'au pied du pic de l'Espade voire même en faire l'escalade sans sac. On aurait pu envisager, plutôt que de contourner le pic de l'Espade par sa base en passant par les alpages de Sierra Plana comme cela sera décrit dans la seconde partie du topo, de poursuivre cette HRP en remontant l'arête N sur laquelle il faut quand même poser les mains. Bien que le niveau d'escalade reste très modéré (du II à mon avis vu d'en bas...), une fois là-haut, on trouve (c'est confirmé...!) une descente sur le versant E qui suit une crête débonnaire pour rejoindre le Port d'Urdiceto. Nous avons fait le choix, en considérant l'encombrement (et la lourdeur...) des sacs, de rester sur un modèle "trekking" sur trace ou sentier et ne pas nous engager dans une difficulté supplémentaire. Nous nous en tiendrons donc à une simple circumambulation découverte du cirque.
Diaporama Depuis l'exutoire du lac, on reprend le sentier par lequel on est arrivé lors de la descente de la combe SW du pic d'Arriouère. On s'élève jusqu'à proximité du Port d'Arriouère. La trace incline légèrement sur la D pour passer en contrebas de la crête. On évite ainsi le passage par le sommet du pic Castet pour rejoindre directement la brèche située au début de l'arête NNE du pic de l'Espade (1h10, 2678m). Ici, on peut laisser les sacs (on peut aussi les avoir laissés à côté du bivouac vu le peu de monde qui s'y rend à la journée et surtout aux alentours des 8 heures du matin...) et on s'engage sur l'arête rocheuse faite de gros blocs granitiques pour 150m d'ascension jusqu'à atteindre la cime cotée 2832m sur IGN (compter 1h A/R).
Depuis la brèche à 2678m, on descend directement dans les alpages en suivant une direction ENE au gré des ondulations du terrain en laissant bien à main D le lac de Castet. On retrouve l'exutoire du lac (2400m, 50mn).
4h20 / 11,6kms / +500m / -650m.
Diaporama Depuis l'exutoire du lac, on suit le sentier en descente sur 150m de dénivelée pour s'engager dans une traversée à flanc à la base des pentes NW et W du pic de l'Espade. Pour un sentier d'accès à un lac, il est quand même technique ! A présent (30mn, 2270m, C Vodaphone Espagne), il bifurque franchement vers la droite pour rejoindre le Plana del Cabo en contrebas là où l'on distingue le refuge de Trigoniero avec son toit rouge vif (placé sur le chemin de descente du Port du Moudang côté espagnol - noter d'ailleurs que le Port du Moudang se nomme Puerto do Trigoniero de ce côté-ci... - il a été restauré en 2021 et propose un bel abri nocturne si nécessaire...). Mais, négligeant la descente en zigzags vers la droite, c'est bien tout droit que l'on va poursuivre en faux-plat ascendant le contournement du pic de l'Espade en franchissant la base de l'éperon W à 2260m pour descendre légèrement ensuite, en ne perdant pas trop d'altitude, sur l'alpage de Sierra Plana où le sentier disparaît. On poursuit plein S pour venir buter sur la base de la crête qui relie les pics de l'Espade et de Mener. On retrouve quelques cairns qui aident à se faufiler entre les buissons de rhododendrons avant de grimper « dré dans l'pentu » pour atteindre le col (30mn, 2345m, sans nom officiel, nous l'avons nommé « col de l'Espade »).
Du col, on incline vers l'E toujours à flanc et l'on a le plaisir de découvrir le cairn qui marque le départ d'un bon sentier en balcon qui va longer les falaises qui terminent les parois S du pic de l'Espade. On croise une source (25mn, 2310m). Le sentier se poursuit en descente progressive en direction de la piste qui remonte la vallée d'Urdiceto. Puis la trace disparaît complètement et on poursuit à flanc en courbe de niveau en gardant, au mieux des possibilités offertes par le terrain, une altitude entre 2170 et 2200m pour rejoindre la piste entre deux lacets (50mn, 2170m). On la suit en montée sur 1,5km jusqu'à venir croiser le GR105 français qui descend du Port d'Urdiceto (25mn, 2260m).
C'est ce sentier historique que l'on va suivre à main G jusqu'au Port d'Urdiceto (35mn, 2403m). Une fois passé côté français, on suit les balises rouges et blanches du GR105 pour négocier deux lacets avant que l'on ne s'échappe à main D pour suivre un sentier-balcon non balisé qui va contourner à hauteur les alpages de Rioumajou. On croise une source et 200m plus loin (20mn, 2300m) on laisse le sentier se poursuivre vers le Port de Rioumajou alors que l'on se met descendre hors sentier en biais en direction du NE pour rejoindre la cabane de Mommour, notre lieu de bivouac d'un soir (20mn, 2250m, eau dans le petit torrent qui coule à l'arrière de la bâtisse, GPS 42°41'05"N 00°18'02"E, C Bouygues, C Orange intermittent). La cabane destinée exclusivement aux bergers de Rioumajou a été restaurée il y a peu. Cette restauration a permis de la doter d'un espace d'accès libre sur le côté du bâtiment doté de bas-flancs et d'une table avec possibilité de dormir au chaud pour 4 à 6 personnes. Les randonneurs remercient du fond du coeur les promoteurs du projet pour cette heureuse initiative !
Jour 10 : Cabane de Mommour - Port de Madera - Vado de Bachimala - Bivouac au pied du Puerto de la Pez
4h45 / 14kms / +800m / -880m.
Diaporama Au départ de la cabane de Mommour, on part vers le S pour longer la base des barres rocheuses en RD du vallon pour rapidement trouver une sente plutôt bien viabilisée (elle est pas mal utilisée par les bergers...) qui va permettre de rejoindre un plateau herbeux sur lequel on incline à D pour tomber au creux d'un thalweg sur le sentier de liaison entre l'Hospice de Rioumajou et le Port de Rioumajou, sentier qui présente à cet endroit-là un virage serré (20mn, 2215m).
On suit à présent ce sentier balisé en jaune en courbe de niveau (attention à ne pas s'engager sur la branche supérieure qui remonte dans le coteau conduisant au Port de Rioumajou et qui nous poserait un gros problème après pour retrouver le fil de cet itinéraire...!). On passe en-dessous d'un arbre solitaire. Juste derrière, à l'entrée de la combe du ruisseau de Caurère, on atteint un croisement de sentiers (15mn, 2190m, poteau indicateur). A gauche, on descendrait vers l'Hospice de Rioumajou alors que, comme on veut repasser en Espagne, c'est à D que l'on va suivre le chemin (balisage par cairns) qui remonte à hauteur et en RG du large vallon du ruisseau de Cauarère. A présent, le point visé est le collet qui s'inscrit sur la G de la canine détritique du Pène de Millarioux (c'est le nom côté France car en Espagne c'est la Pena de Castillon...). Le collet a pour nom Puerto de la Forqueta ou Puerto de Madera (c'est selon...). Comme on a pu déjà le constater, les appellations des pics et des cols divergent assez souvent entre les cartes françaises et espagnoles, voire même entre différentes cartes espagnoles aussi...
Le sentier, à présent balisé de points bleus en complément des cairns, remonte un plateau herbeux incliné. En se retournant, on retrouve la chaîne de montagnes du pic de Lia et du pic d'Arriouère qui forment la bordure W du vallon de Rioumajou. On croise une source (30mn, 2360m, bivouac possible) avant de poursuivre un peu sur la D. Puis le sentier tourne franchement sur la G pour traverser un torrent donnant accès à une moraine d'éboulis que l'on remonte jusqu'à rejoindre le collet convoité (40mn, 2555m). Sur la G en suivant du regard le fil de la crête au-delà du Port de Cauarère, on trouve le Pic de Cauarère qui avec ses 2901m est une destination très prisée des randonneurs espagnols qui font l'A/R dans la journée depuis Bachimala.
On descend côté Espagne pour retrouver le large sentier qui arrive du Port de Cauarère (on l'imagine avoir été beaucoup emprunté dans les temps anciens pour le commerce et/ou les transhumances car il présente de belles portions pavées...). On le suit en descente vers la D. La conformation du sentier pourrait rester la même jusqu'en bas mais la philosophie des acteurs de la montagne espagnole diffère un peu de celle des Français car ils ont tendance à laisser la montagne dans l'état « sauvage » et ne tentent pas de modeler les sentiers pour assurer une meilleure sécurité (on s'en apercevra à plusieurs occasions dans les jours qui suivront...). C'est pourquoi, vers 2220m, on va se trouver confrontés à devoir désescalader une dalle de schiste d'une dizaine de mètres de haut qui barre le chemin sans possibilité de contournement, une dalle un peu glissante après les orages de la nuit, sans qu'il n'y ait à disposition de main courante ou de barreau d'échelle pour sécuriser le passage... Une fois cet écueil surmonté, on poursuit comme si de rien n'était la marche tranquille vers le vallon de Bachimala sur le bon sentier retrouvé permettant d'admirer alors que l'on chemine les montagnes qui ceignent le vallon de Bachimala. Après une belle descente en larges lacets, on pénètre dans la forêt pour venir côtoyer le barranco de Madera dans un virage serré à D (20mn, 2050m). La suite se déroule au cœur du mélézin. Ceci dit, il est super plaisant de fouler un tapis d'aiguilles après les grandes bambées dans le minéral ! On débouche en bas à découvert dans une prairie d'herbes folles à proximité du rio Cinqueta de la Pez (20mn, 1788m, poteau indicateur, lieu-dit "Vado de Bachimala").
A G donc en direction du puerto de la Pez (balisage blanc-jaune). On traverse successivement le barranco de Madera puis le rio Cinqueta de la Pez, ce dernier sur un pont de bois. Puis, on passe à proximité du pluviomètre. Pour info, il marque le départ d'une variante de l'itinéraire décrit en permettant de rejoindre, tout en restant côté espagnol, le refuge de la Soula en franchissant les deux cols suivants : paso du Senal de Viados et puerto de Bachimala (port d'Aygues Tortes en français) avec un bivouac juste avant le Senal de Viados à la cabane de Bachimala. On laisse le pluviomètre à main droite pour poursuivre avec le balisage blanc-jaune en direction du N et on débute sur « les chapeaux de roues » avec une montée en forêt « dré dans l'pentu » en RG du torrent pour contourner un rognon glaciaire par le haut. Vers 1920m, voici un peu de répit avec un profil quasiment plan (attention toutefois à la traversée d'un torrent, « sauvage » vous dis-je...) pour se retrouver un petit peu plus loin à hauteur du rio Cinqueta de la Pez (20mn, 1910m, cabane en RD). On laisse la passerelle à main gauche pour poursuivre tout droit sur la RG à découvert en toute bordure de l'eau bouillonnante.
Encore un peu de faux-plat sous les falaises détritiques qui terminent les pentes occidentales du Gran Bachimala (ou pic Schrader, qui avec ses 3173m est le sommet du coin dont on peut faire l'ascension par le S au départ de la cabane de Bachimala...) avant de devoir effacer un 2ème rognon glaciaire en préalable à la traversée de la rivière (35mn, 1910m). On poursuit maintenant sur la RD du vallon de la Pez par la traversée d'un pla (le plana del Puerto) situé entre le pic de la Pez et les pics de Culfreda (25mn, 2170m, source, GPS 42°43'44"N 00°21'51"E).
Le chemin étant encore long pour atteindre le refuge de la Soula qu'il est préférable de bivouaquer de ce côté-ci du Puerto de Pez afin de profiter d'une journée entière le lendemain pour ne pas voir à se presser pour descendre la vallée de la Pez côté français un peu technique (pour la petite histoire, lors de l'exécution de ce périple nous avons enchaîné les jours 10 et 11 pour relier la cabane de Mommour au refuge de la Soula car nous avions une journée de retard ; quand même 11 heures de marche pour 27kms et +1500m / - 2000m et plus de 20kgs sur le dos, c'est la raison pour laquelle je propose un bivouac au mitan de l'étape, mais vous faites ce que vous voulez...).
Jour 11 : Bivouac au pied du Puerto de la Pez - Puerto de la Pez - Vallée de la Pez - Refuge de la Soula
5h / 13,3kms / +700m / -1150m.
Diaporama De l'emplacement du bivouac sur le plana del puerto de la Pez, on poursuit sur le chemin en direction de N qui commence à présenter une pente qui s'affermit au fur et à mesure que l'on se rapproche des barres rocheuses terminales qui défendent l'accès au puerto de la Pez. Une fois dans les barres, on s'aperçoit que la progression est plus aisée que ce que l'on redoutait et qu'un bon chemin, certes avec quelques marches un peu hautes, a été tracé.
Encore quelques zigzags dans les pentes herbeuses et nous voici au puerto de la Pez (1h, 2460m). Belle vue en enfilade du vallon de la Pez. On poursuit tout droit sur l'arête rocheuse pour rejoindre le passage au niveau duquel s'initialise le sentier de descente côté français (10mn, 2450m).
On est de suite happé par la sévère déclivité qui se présente avec un sentier bien marqué au sol, heureusement, car très étroit... La descente est vraiment technique et se conçoit beaucoup mieux en utilisant des bâtons de randonnée afin de se stabiliser. De part et d'autre, ce ne sont que buissons de rhododendrons. On se demande ce qui a traversé l'esprit de ceux qui ont élu ce sentier « chemin de Compostelle »... ? Pour de non-initiés à la randonnée pyrénéenne, il y a de quoi s'effrayer ! On est vraiment loin des standards usuels sur ce type d'itinéraire... Après en avoir terminé avec la série des zigzags serrés, voici la directissime pleine pente toujours au milieu des rhododendrons ! On rejoint un immense pierrier de couleur rouge bordeaux (1h05, 1875m) où l'on découvre une fourche de chemins, les 2 cairnés... On choisit celui de D pour traverser une zone de cailloux disparates avant de retrouver un chemin herbeux (10mn, 1760m) en RD d'une rivière caillouteuse, la Neste de la Pez. On traverse une longue prairie dans le sens de la longueur au milieu de laquelle on franchit la rivière pour passer RG (25mn, 1570m). A la cabane ruinée sous roche (10mn, 1550m, abri possible), on remonte à main G pour traverser le mamelon qui se présente au NE pour découvrir la cabane pastorale Jean Forgues (5mn, 1555m, réservée à l'usage unique des bergers...).
Au-delà de la cabane, il s'ensuit une descente en forêt sur un chemin tracé en larges lacets. Vers 1400m, le sentier présente un virage serré pour descendre à D afin de traverser la rivière sur une passerelle, le pont de Lespitau, et suivre, une fois la RD atteinte, le sentier forestier vers l'E. On rejoint un carrefour de chemins en forêt (30mn, 1345m) : tout droit, on descendrait en moins de 10mn au parking du Pont-du-Prat qui se trouve à 5kms de Loudenvielle par la route (mais ce n'est pas vraiment la direction du refuge...). On monte donc à D sur un sentier qui s'élève très progressivement en forêt avant de traverser la conduite forcée qui descend de la montagne pour alimenter la centrale hydro-électrique de la S.H.E.M située en contrebas à Pont-du-Prat. Comme il s'agit du sentier par lequel on a acheminé tout le matériel pour construire les barrages, les usines en altitude et les nombreuses conduites forcées, il présente un enchaînement assez interminable de lacets dans une hêtraie puis dans une sapinière aux essences centenaires. On ne peut pas dire que l'on progresse rapidement à coups de 30m de dénivelée positive entre chaque lacet ! Un chemin direct dans la pente est proposé mais celui-ci ne coupe que deux ou trois lacets...
Vers 1600m d'altitude, on tend à se rapprocher de la falaise et nous voici sortant de la forêt pour emprunter un chemin taillé à même la falaise, étale sur les 2/3 de son parcours, et qui domine une gorge au fond de laquelle on entend gronder les eaux de la Neste de Clarabide. Exceptionnel ouvrage du début du XXème siècle ! A la sortie de la gorge, une fois que l'on a dépassé l'ancien pont de la Soula, aujourd'hui ruiné, on est invité à descendre vers le torrent pour passer RD à l'aide d'une passerelle (2h, 1640m). Il s'ensuit un parcours sur un chemin pavé qui remonte vers le refuge de la Soula qui jouxte les bâtiments de l'usine hydro-électrique de la S.H.E.M, le refuge étant hébergé en location saisonnière dans les anciens locaux des ingénieurs du siècle dernier (20mn, 1695m, nuit en dortoirs de taille réduite, 1/2P pantagruelique concoctée par un gardien hyper-sympathique, Dédé, et une équipe qui l'épaule qui ne l'est pas moins..., tel : +33 562402341).
Jour 12 : Refuge de la Soula - Lac de Caillauas - Col des Gourgs Blancs - Col du Xel de la Vaca - Refuge du Portillon
7h30 / 20kms / +1500m / -600m.
Cette traversée entre les refuges de la Soula et du Portillon est déconseillée par mauvais temps, pluie et/ou brouillard du fait de la nécessité de s'orienter à vue si bien pour accéder au col des Gourgs Blancs qu'après dans les chaos rocheux que l'on doit traverser pour rallier les rives du lac du Portillon d'Oo.
Diaporama Face à l'entrée du refuge de la Soula, on part sur la G pour rejoindre le lac de Caillauas. Le sentier est superbement tracé en lacets et l'on s'élève dans les pentes herbeuses avec facilité. Ça change des passages précédents de la H.R.P... On rejoint un plateau au pied du barrage (1h20, 2135m) pour un court répit en courbe de niveau avant de s'attaquer au ressaut final que représente le rognon morainique, ressaut derrière lequel le lac se cache (10mn, 2170m).
On dépasse d'anciens bâtiments ruinés avant de descendre traverser la vallée en suivant le faîte du barrage. Une fois en RG, le chemin devient chaotique alors que l'on s'élève en zigzags serrés dans les pentes recouvertes de buissons de rhododendrons. On prend de la hauteur pour traverser un pierrier à sa base. Après, le sentier devient meilleur et remonte le deuxième rognon glaciaire en biais sans que l'on n'aie trop à forcer. En se retournant, on dispose d'une belle vue sur le lac de barrage qui prend des couleurs indigo sous les rayons du soleil levant, mettant en valeur la hauteur et la verticalité des falaises de sa rive droite.
On pénètre dans une gorge où le sentier devient étale. On croise une cascade (0mn, 2300m) puis on rejoint le lit du ruisseau de Caillauas en contrebas de sa sortie du lac des Isclots. On traverse le ruisseau pour remonter un pierrier de rochers rouge carmin. Heureusement que le sentier est admirablement bien conçu car la montée est rude ! On atteint le rebord du plateau lacustre puis on passe au sommet du rognon glaciaire coté 2425m d'où il faut redescendre par la D au prix d'une petite désescalade. On se retrouve en RD du lac des Isclots (25mn, 2398m, source, bivouac possible).
On poursuit en RD pour franchir un troisième rognon glaciaire, cette fois-ci en biais, et on atteint le lac du Milieu (20mn, 2510m). On en traverse le ruisseau exutoire pour poursuivre en RG (cairns) jusqu'à un collet d'où l'on domine un laquet aux eaux couleur bleu glacier. La suite du parcours consiste en une recherche permanente de passages au travers d'un éboulis de gros blocs. Pour ce faire, notons l'aide apportée par le positionnement de cairns aux emplacements adaptés... On dépasse un abri sous roche (15mn, 2550m). Vers 2560m, on en a fini de sauter de bloc en bloc et, à l'aplomb du pic Camboué, on se retrouve au pied d'un gros morceau : la moraine frontale du (feu...?) glacier des Gourgs Blancs qu'il va falloir remonter...
En avant pour cette épreuve plutôt verticale sur une trace sablonneuse qui a tendance à riper sous les semelles. Surprise ! A 2680m, on prend pied sur un plateau caillouteux qui permet de reprendre un peu son souffle avant de s'attaquer à la deuxième portion de la moraine centrale. Eh oui... ! A 2745m, on trouve les deux derniers laquets de la série, couleurs vert glacier à droite, rouge terre à gauche, séparés par une aiguille qui a résisté à l'abrasion des langues des glaciers. Le col reste caché juste derrière l'aiguille détritique, du moins, c'est que l'on croit devoir espérer... Encore 100m de dénivelée ! A main droite, on commence à distinguer, accroché à la paroi du pic des Gourgs Blancs, le reste du glacier historique.
On traverse à présent le bassin d'alimentation du glacier, aujourd'hui comblé par les pierres arrachées aux parois, du granit principalement (1h15, 2750m). Les cairns invitent à rejoindre le col en suivant le milieu du cirque. On débouche au col de Gourgs Blancs (25mn, 2877m), un large passage minéral entre le pic de Gourdon à gauche et le pic Jean Arlaud à droite.
D'ici, on dispose vers l'E d'une vue exceptionnelle sur les montagnes qui entourent les cirques au milieu desquels se trouvent les lacs du Port d'Oo et du Portillon (ce dernier pas mal occulté par la crête du Tusse de Montarqué). Ces montagnes ont pour nom : Grand Quayrat, Lézat, Crabioules, Literole, Perdiguère, Portillon d'Oo, Seil de la Baque et Jean Arlaud... toutes dépassant les 3000m d'altitude ! Une bien belle brochette de sommets, détritiques en diable, que les aficionados du pyrénéisme (l'alpinisme dans les Pyrénées...) ne se lassent pas d'en parcourir crêtes, cols, ports et sommets.
Au pied du pic des Crabioules, on repère notre passage du lendemain : le col inférieur de Literola. Ça ne paraît pas si dur que ça. Mais qu'y a-t-il derrière...? Depuis le col des Gourgs Blancs, noter la possibilité d'accrocher à son « tableau de chasse » le pic de Gourdon dont le sommet culmine à 3034m (compter 1h30 A/R, pas si facile que ça, surtout à la descente... Pas vraiment une partie de plaisir, exceptée la qualité de la vue plongeante sur la cuvette du lac du Port d'Oo dominée par les parois verticales du pic de Spij(e)oles).
Deux traces cairnées partent du côté E du col :
- celle de gauche permet de descendre dans la vallée rejoindre les Granges d'Astau en passant en encorbellement au-dessus du lac du Port d'Oo mais ce n'est pas la meilleure (et plus rapide...) façon de rejoindre le refuge du Portillon (quoiqu'il soit possible de remonter vers le refuge au moment où l'on se connecter au sentier principal de montée en haut du cirque d'Espingo (mais ça rajoute 400m de dénivelée positive à une journée qui dépasse déjà les 1500m, mais c'est jouable et possiblement plus sécuritaire en cas de dégradation de la météo...)).
- celle de droite rejoint « plus directement » le refuge convoité en franchissant le col du Xel de la Vaca (si, si, on est en France...).
C'est donc le sentier de D que l'on va suivre plein E en traversant une immense moraine caillouteuse, traversée descendante pour laquelle on ne disposera plus de cairns (ou alors bien dissimulés, il faut dire que tas de cailloux sur fond de tas de cailloux, c'est un peu difficile à discerner...). On passe un peu sur la G d'un laquet rempli d'eau de fonte glaciaire (30mn, 2760m, impropre à la consommation car sous les pierres il y a la présence de la glace...!). On remonte en bordure d'un thalweg très minéral dans lequel on peut noter la présence de rochers rouge carmin qui entourent un second laquet de couleur vert foncé que l'on dépasse (15mn, 2820m, très élégant ce mariage de couleurs...) avant d'aboutir au fameux Xel de la Vaca (10mn, 2850m), un col situé au S du pluviomètre érigé sur l'arête rocheuse du Tusse de Montarqué.
D'ici, il y a deux possibilités pour rejoindre le refuge du Portillon :
1) rejoindre le pluviomètre sur la crête du Tusse de Montarqué et trouver le sentier de crête balisé et/ou cairné qui conduit au refuge (info de la gardienne du refuge, mais on l'a su après... donc pas de description si on n'y est pas passé, na !).
2) suivre la (les...) ligne(s) de cairns disposée(s) au travers du gigantesque éboulis de gros blocs de granit que l'on parcourt en traversée vers l'ENE sans jamais descendre vers la rive occidentale du lac du Portillon (ça c'est une certitude !).
Durant toute la descente (option 2), on ne voit jamais le refuge qui est situé au pied d'un rognon glaciaire en RG du barrage et c'est le passage du col inférieur de Literola qui permet de régler l'azimut. Vers 2700m, ne pas être tenté de descendre dans le thalweg qui descend vers le lac. Il faut rester à hauteur pour dépasser le rognon sous lequel se situe le refuge (toujours invisible...). Cette « descente » tout en up / down est « dingue » ! (d'où l'avertissement préalable donné en tout début de description au refuge de la Soula rapport aux conditions météo...).
On se retrouve à effectuer un large virage à D pour rejoindre un laquet à la forme longitudinale présent au milieu d'une dalle granitique (1h, 2652m) puis on se dirige vers le N pour venir buter sur le rebord du plateau où l'on trouve des cairns qui indiquent le chemin de descente orienté E qui parcourt une vire herbeuse relativement étroite située en contrebas du plateau lacustre avec une vue lointaine et plongeante sur le cirque d'Espingo. A l'extrémité de la vire herbeuse, on incline sur la D pour franchir un petit collet (toujours la présence de cairns...) et trouver, juste derrière, la poursuite de la descente sur les banquettes herbeuses qui permettent aisément de rejoindre le sentier d'accès au refuge (que l'on voit maintenant droit devant..., 15mn, 2540m). Ici, il y a deux possibilités :
1) descendre à gauche et retrouver le sentier principal d'accès au refuge qui arrive des Granges d'Astau.
2) monter sur la droite.
En suivant le choix 2, on avance de 300m sur un excellent chemin pavé pour trouver une bifurcation à G qui permet de descendre passer au niveau des deux retenues d'eau qui dominent le refuge. Une fois arrivé au deuxième laquet, on emprunte le chemin qui suit la canalisation d'eau qui alimente le refuge CAF du Portillon jusqu'à la plateforme sur laquelle il est érigé (10mn, 2570m, 1/2P pantagruélique là aussi, couchage en dortoir, tel : +33 561793815).
Jour 13 : Refuge du Portillon - Col inférieur de Literola - Portal de Remune - Aigüeta de Remune - Hospital de Benasque
6h50 / 16,6kms / +600m / -1410m.
Cette traversée entre les refuges du Portillon et l'Hospital de Benasque est déconseillée par mauvais temps, pluie et/ou brouillard du fait de la nécessité de s'orienter à vue si bien pour accéder au Portal de Remune qu'après dans la descente dans le cirque situé entre la Forca et le Pico de Remune pour atteindre la gorge de l'Aigüeta de Remune. Les paysages sont tellement exceptionnels quand on effectue cette étape par grand beau temps stabilisé qu'on peut bien attendre une journée ou deux, non ?
Diaporama Départ du refuge du Portillon dès potron-minet car la journée s'annonce longue... On traverse sur le faîte du barrage pour trouver en RD le départ du sentier qui remonte vers le col inférieur de Literola. Le « sentier » est dans sa toute première partie assez chaotique alors qu'il se faufile au milieu des barres rocheuses granitiques qui tombent directement dans le lac. Vers 2650m, il nous offre un peu de répit avec une transversale qui traverse les dalles de granit. Tout autour les montagnes s'éveillent passant des couleurs orangées à blanches.
On remonte un plateau recouvert de blocs effondrés (55mn, 2780m) et en se retournant on peut apprécier la beauté très minérale du cirque du Portillon. Certes la pente est bien relevée, ça on ne peut pas le nier, alors que l'on s'élève dans de l'éboulis blanchâtre mais sans aucune difficulté outre la déclivité. Vers 2900m, on contourne un rognon détritique de couleur rouge pour atteindre le sommet de la moraine (30mn, 2920m).
On poursuit tout droit en direction du col en initialisant la traversée de la cuvette neigeuse et glacée, l'ancien bassin d'alimentation d'un glacier fossile, qui défend encore l'accès au col. Une dernière montée sur un bon sentier permet de rejoindre le col inférieur de Literola (10mn, 2977m), un assez large passage situé sur la frontière franco-espagnole et qui s'inscrit entre les pics des Crabioules à gauche et le pic de Literola à droite. Côté espagnol, on découvre les lacs de Literola et aussi le couloir détritique sablonneux qui démarre au N du col et qu'il va falloir emprunter pour rejoindre ces lacs... 10 à 15m d'angoisse vu le peu de points d'assurage disponibles ne serait-ce que pour les mains !
La méthode employée quand on n'a pas prévu de corde d'assurage c'est de partir à reculons pour désescalader le couloir en ne s'éloignant pas trop d'un des rebords où il reste un peu de roches, puis arrivé au mitan de la descente se mettre face à la pente pour profiter de la belle épaisseur de sable. Et attention aux chutes de pierres : on y va à 2 ensemble ou alors l'un après l'autre dès que le premier s'est mis en sécurité sur le côté.
Puis, comme si de rien n'était, on retrouve un bon sentier en lacets qui descend la pente d'éboulis (cela fait déjà quelques années que le glacier de Literola fait partie de l'histoire ancienne... Ceci dit, jusqu'à début août, on risque encore de trouver de la neige glacée au moins dans la partie supérieure). On suit la ligne de cairns puis on incline à G (25mn, 2865m) pour descendre en direction des petits lacs situés en contrebas du pierrier. En descendant le pierrier on dispose d'une vue en enfilade du vallon de Literola avec en amont les 2 petits lacs de couleur bleu ciel limite blanchâtre et en aval le lac Blanc bleu indigo (c'est pourtant bien ce dernier qui se nomme « lac Blanc », va comprendre, Charles...!).
Pour ce faire, on traverse le plateau lacustre (5mn, 2825m) pour trouver en RG du vallon la suite d'un itinéraire cairné afin de rejoindre un point de vue bien en hauteur au-dessus du lac Blanc de Literola à 2785m (noter que la trace « officielle » partait du plateau lacustre précédent et s'élevait à main gauche en biais dans l'éboulis mais la suivre dès le départ nous aurait privé du point de vue, CQFD...).
Donc, depuis ce belvédère, il s'agit maintenant de retrouver le sentier d'altitude qui court dans les pentes sous les barres rocheuses. Cela sera fait en remontant un thalweg rocailleux jusqu'à 2815m puis, une fois sur le sentier cairné, on poursuivra à D en visant un collet, le fameux portal de Remune, un large passage marqué d'un cairn monumental (25mn, 2820m).
On poursuit au SE, toujours bien aidé par la ligne de cairns, en direction du pico de Remune qui présente ses austères faces N noires de jais en descendant sur de larges dalles de granit inclinées. A notre gauche, la forca de Remune présente sa forme de canine dressée vers le ciel d'azur. On dépasse un lac glaciaire, résidu de l'antique glacier de Remune (50mn, 2575m).
A partir de là, le chemin va alterner cairns et marques de peinture rouges. Après une petite désescalade rocheuse, on retrouve les banquettes herbeuses à 2520m et par conséquent un bon chemin. On laisse partir à droite le sentier direct pour descendre dans le vallon de Remune (si l'on est trop fatigué on peut l'emprunter bien sûr...) pour poursuivre tout droit en descente aidé en cela par les marques de peinture rouge avant d'incliner en RG de la moraine centrale. On retrouve du beau gazon bien dru à l'approche de l'étang de Les Arenals de Remune avant de suivre le barranco de Remune qui va pénétrer dans une gorge étroite. D'abord en hauteur, on descend petit à petit rejoindre le cours d'eau sur sa RD (40mn, 2380m). On initialise la descente de la gorge, on va s'en apercevoir très sauvage (même si les points rouges du balisage peuvent rassurer...), et très vite être confronté à une nécessaire acrobatie si l'on désire rester en RD (là où le balisage se poursuit...).
Il est préférable de traverser le torrent en amont de la cascade pour passer RG (5mn, 2350m, cairns), puis remonter d'une dizaine de mètres le coteau pentu pour effacer un rognon herbeux avant de retrouver de l'autre côté de ce rognon une trace qui zigzague dans la pente en aval de ladite cascade que l'on suit en descendre pour croiser le lit du torrent. On repasse RD mais le sentier balisé reste quand même un tantinet scabreux, pas difficile mais nécessitant une attention de chaque instant pour ne pas s'écarter de la trace étroite, surtout avec un gros sac qui peut cogner contre les parois que l'on frôle.
On retrouve un sentier digne de ce nom en laissant la gorge derrière soi et en posant le pied sur le pla de Remune, un plateau gazonné humide. Un peu plus loin, on descend d'un niveau en désescaladant un rognon morainique avant de croiser une source (45mn, 2170m). On poursuit la descente de banquette rocheuse en banquette herbeuse. On laisse à main droite le chemin des lacs de Remune situés un peu en hauteur sur la RD. On poursuit en GR par la désescalade le long de la grosse cascade et après un interminable parcours en forêt on atteint le parking le long de la route au lieu-dit « Corona de Remune » (1h15, 1800m).
Ça y est ! On en est sorti de cette étape qui inquiétait mais la vue plongeante sur la Pleta de la Sarra avec l'hôtel à proximité (ou presque...) conforte dans l'idée qu'on a réussi une belle performance, et dans les temps... On remonte la route sur la G pendant 200m avant de trouver à s'échapper à main D par un chemin en descente en direction des Llanos des Hospital. Il ne reste plus qu'à égrener les quelques lacets qui viennent jouxter les ruines de l'ancien Hospital puis remonter en RD du rio Esera pour le franchir sur une passerelle et rejoindre l'hôtel de l'Hospital de Benasque, un hôtel*** de très belle qualité (15mn, 1760m, tel : +34608536053, 1/2P pour deux aux alentours des 160€, honnêtement un excellent rapport qualité / prix pour les prestations offertes) où l'on peut avec une journée d'avance sur la fin du périple savourer des produits de qualité au restaurant et profiter du confort des chambres, en gros fêter la réussite de notre projet... Pas vraiment d'autre alternative alentour si ce n'est celle de planter la tente 400m plus loin à la bifurcation des sentiers du Port de Venasque et de celui du refuge de la Renclusa (compter encore 2h de marche pour le rejoindre - liaison bus possible de l'hôtel jusqu'au parking de la Besurta - refuge souvent complet en saison et les week-ends car c'est le camp de base pour l'ascension du pic de l'Aneto, le plus haut sommet des Pyrénées) sur la Pleta del Tormo (5mn, 1780m, eau dans un des ruisseaux qui se jettent dans le barranco Pena Blanca).
Jour 14 : Hospital de Benasque - Port de Venasque - A/R col de la Montagnette - Hospice de France - Luchon
5h40 / 16,6kms / +900m / -1300m.
Diaporama Depuis l'hôtel, on retraverse le rio Esera pour partir sur la D en suivre la RD. Après 400m, on traverse un torrent et on commence à monter en lisière d'un mélézin pour trouver le poteau indicateur qui marque la fourche de sentiers (10mn, 1785m) : à droite vers le parking de la Besurta et au-delà le refuge de la Renclusa, à gauche la montée directe vers le Puerto de Benas (ou, en français, Port de Vénasque...).
On emprunte le sentier sur la G. Étonnamment on traverse une zone de lapiaz vers 1850m puis on incline à G pour s'élever dans le coteau en lacets bien tracés. A l'arrière, on domine le Pleta del Tormo et en poursuivant du regard le cours du rio Esera qui parcourt la vallée des Llanos del Hospital, on découvre à l'horizon la Tuca de Remune et le Perdiguero qui ferment les vallons de Remune et de de Literola que l'on a parcourus la veille.
Au S, le massif montagneux auquel on fait face est celui de la Maladeta (le sommet qui en impose est celui du pico de la Maladeta mais le point culminant est le pic de l'Aneto avec ses 3404m, c'est aussi celui des Pyrénées..., se trouve sur la gauche à l'arrière plan tout au bout de la crête visible. Vers 2150m, on emprunte une vire taillée dans une veine de calcaire et de marbre pour rejoindre un collet (1h10, 2170m). Puis on retrouve un alpage d'altitude que l'on remonte pour atteindre le pied du Puerto de Benas (35mn, 2360m).
Le poteau indicateur invite à poursuivre à main G en suivant le balisage blanc-rouge du GR T46 français. Un peu plus haut, on laisse à main gauche le sentier qui dessert le sommet du pic de Sauvegarde (un bien beau belvédère sur le cirque du Boums du Port, compter 1h15 A/R et +300m / -300m) avant de rejoindre le Puerto de Benas (ou port de Venasque, 5mn, 2444m), un passage historique de pèlerinage et d'échanges commerciaux au Moyen-Âge et jusqu'à il y a peu...
On découvre côté France un superbe lac de couleur bleu indigo qui s'inscrit au milieu d'un cirque autrefois ceinturé par le glacier du Boum, glacier qui a fini par disparaître totalement il y a moins d'une vingtaine d'années. On descend à flanc d'un coteau pentu à la base des falaises rocheuses du pic de la Mine sur un sentier très bien tracé en zigzags serrés, zigzags qui se transforment un peu plus bas en larges lacets.
A la bifurcation de sentiers, on délaisse le sentier « officiel » balisé pour emprunter sur la G l'ancien tracé qui descend de manière un peu chaotique rejoindre le RG du lac du Boums du Port et se poursuivre jusqu'à la presqu'île (25mn, 2245m). Au SW, le cirque est dominé par le pic de Sauvegarde qui présente une face septentrionale bien austère au-dessus des éboulis qui tombent dans le lac. A sa droite, c'est le col de la Montagnette dans lequel on va se rendre pour compléter la journée d'une petite excursion qui permettra de disposer d'une vue complémentaire sur le lac du Boums du Port mais aussi découvrir dans le vallon voisin le lac de la Montagnette.
Le sentier d'accès au col débute de l'extrémité W de la presqu'île, remonte en zigzags une croupe détritique avant de partir à G pour la longue transversale ascendante qui permet de rejoindre le col à 2415m (1h15 A/R, +200m / -200m). Belle vue vers l'W sur la cuvette du lac de la Montagnette. Noter qu'il existe aussi un sentier de descente qui emprunte ce vallon pour rejoindre via le « sentier de l'Impératrice » l'Hospice de France. Mais il faut faire un choix...
De retour au lac, on reprend la route vers le N avant de laisser à main gauche le refuge de Vénasque (10mn, 2240m, tel : +33 987881469). Puis on entame la longue et interminable descente en lacets vers l'Hospice de France. Nos anciens avaient fait un « boulot de dingues » en créant cet itinéraire alors qu'il fallait surmonter les murailles d'un cirque que l'on aurait pu croire, d'en bas, infranchissable... Au bas mot, plus d'une centaine de larges lacets à descendre pour rejoindre l'Hospice de France (c'est le pendant français de l'Hospital de Benasque espagnol...). A partir de là, les Pyrénées côté français prennent davantage une connotation « alpages » jusqu'à l'Ariège où elles ne retrouveront que du côté du pic de Crabère leur caractère chahuté (noter que la « véritable » chaîne de montagnes escarpées proprement dite se poursuit vers l'E, mais seulement en Espagne avec la traversée du massif d’Aiguës Tortes pour retrouver la ligne frontière au pic du Montcalm juste avant de pénétrer en Andorre, ce sera l'objet de la future HRP n4, « si Dieu le veut », selon l'expression consacrée...).
Une fois arrivé à l'Hospice de France (1h30, 1390, auberge), on se dirige par la piste d'accès vers le parking automobile en contrebas (stop, taxi pour 30€ ou bus vers Bagnères-de-Luchon en saison estivale). Diaporama Nuit en hôtel simple à Luchon (Hôtel Céleste en centre ville tel : +33 561947484). Le lendemain (ou le soir-même...), liaison bus TER vers Montrejeau, une gare SNCF située à mi-chemin entre Lourdes et Toulouse pour dire adieu à ces Pyrénées sauvages. Avant un retour dès que possible !
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