[France] Alpes - Tour de la Font-Sancte

L'occasion était belle (comme quoi les confinements et les couvre-feux en rapport avec la pandémie de Covid-19 n'ont pas eu que des désagréments en libérant du temps pour pratiquer des "activités" à la maison...) de pouvoir ressortir après 20, 30 ans (voire plus...) d'oubli de leurs boîtes de rangement les séries de diapositives réalisées lors de courses d'alpinisme ou à l'occasion de quelques mini treks principalement en France et plus largement dans les Alpes. Alors, j'ai sorti de l'armoire le scanner diapos Epson et l'ai remis en marche. Jour après jour, j'ai transposé les diapos Fuji Sensia 100 au format numérique. Comme le résultat n'était pas mauvais (c'est assez bluffant de constater a posteriori que les diapos de la marque Fuji n'ont absolument pas bougé, bien que certains clichés datent de près de 30 ans !), je me suis laisser entraîner et aujourd'hui je viens compléter la liste des treks par quelques uns des mini treks d'autrefois. Il est vrai que je m'étais toujours insurgé contre le fait que ces réalisations sur le terrain que j'avais beaucoup appréciées à l'époque n'apparaissaient pas sur le site alors qu'elles sont encore aujourd'hui tout à fait réalisables. Tout n'a pas évolué sur la mauvaise pente... Que de souvenirs remontent du passé. Un coup de jeune assurément...

Alors bienvenue sur ce petit circuit un peu "hors des sentiers battus" réalisable en 3 jours en dormant deux nuits au refuge CAF de Maljasset, bien utile à l'endroit où il se situe, au coeur de cette micro-région, je dois le dire, assez oubliée des acteurs du tourisme. Alors que c'est d'une grande beauté... A l'époque (et j'y reviens encore aujourd'hui lors de la construction de nouveaux circuits itinérants...), j'utilisais beaucoup les ouvrages des éditions Didier & Richard qui proposaient des idées de randonnées à la journée plutôt originales : d'abord, un livre présentant des randonnées pédestres ou à ski décrites avec leur niveau de difficulté, et une carte au 1/50.000e sur laquelle était dessinée la trace. Pour construire un circuit itinérant, il suffisait de feuilleter le livre et enchaîner les journées. Je vous livre donc le topo succinct du Tour de la Font-Sancte en 3 jours inspiré du guide Massifs du Queyras et de la Haute-Ubaye (qui vaut surtout pour sa première journée en tout point "hors des sentiers battus"...) comme une base à votre envie de découverte du coin ! Topo succinct ? Ca ne me ressemble pas. Et pourtant... A l'époque, je ne prenais pas de notes lors des journées de marche et il m'est aujourd'hui difficile de vous donner des informations précises sur les temps de marche. Par contre, grâce aux diapositives que j'avais commentées à l'époque, j'ai pu dessiner l'itinéraire suivi. Ce n'est pas un no man's land par ici, vous serez juste dérangés par les quadrupèdes car les bipèdes n'y sont pas légion... Maintenant, c'est à vous de jouer !

Téléchargez la carte du circuit au format PDF :  Le tour de la Font-Sancte

Indispensables sur le terrain, munissez-vous des 3 cartes topographiques IGN Top25 au 1/25000e 3538 ET Aiguille de Chambeyron / Cols de Larche et de Vars, 3637 OT Mont-Viso / Saint-Véran / Aiguilles / PNR du Queyras & 3537 ET Guillestre / Vars / Risoul / PNR du Queyras

LE TREK JOUR PAR JOUR

6h30 / +1500m / -1400m.
Diaporama des 3 jours Depuis le parking de Basse Rua situé au pied de la Font-Sancte à une dizaine de kilomètres au SE de Guillestre, on va laisser à main gauche le GR de Pays du Tour de la Font-Sancte monter directement au col des Houerts (c'est l'un des échappatoires qui vous permettra de rejoindre, une fois le col franchi, le lac Vert et la vallée de l'Ubaye sans avoir, si vous "ne le sentez pas", à se mesurer à la portion inaugurale "hors des sentiers battus" de ce mini trek de 3 jours). Ceci dit, notre itinéraire part de suite sur la D de la vallée du Rif Bel pour suivre le torrent émissaire s'écoulant du vallon Laugier. On s'élève bien vite de 500m en franchissant un verrou morainique puis la pente devient moins affirmée alors que l'on commence à distinguer tout au loin le passage du col de Serenne. Au niveau du col à 2674m, on laisse le sentier se poursuivre tout droit en descente vers la vallée de l'Ubaye un peu au-dessus de Saint-Paul (en cas de mauvais temps, ce peut être un itinéraire alternatif...). Donc, au col, on incline à G pour rejoindre très rapidement les rives du lac des Neuf-Couleurs (à ne pas confondre avec le lac éponyme qui se trouve au pied du Brec de Chambeyron, à 15kms de là à vol d'oiseau... et auquel on a rendu visite lors de la randonnée du Tour du Brec de Chambeyron). On contourne le lac par sa G pour monter avec l'aide d'un sentier sur une pente caillouteuse. On se trouve sur les contreforts W du plateau calcaire de la Mortice. On peut poursuivre sur le sentier qui s'en va par un large détour par le N rejoindre le sommet S de la Mortice ou alors suivre à main D le rebord de la falaise panoramique (le parcours est un peu plus heurté mais ne présente pas de réelles difficultés...). On atteint le sommet S de la Mortice à 3169m pour un panorama quasi circulaire et surtout une belle vue plongeante sur le vallon minéral des Houerts au milieu duquel deux taches bleu-vert égaient l'espace. De là, la vue s'étend sur les sommets alentours comme le Pic des Heuvières, la Font-Sancte mais aussi le Brec et l'Aiguille de Chambeyron alors que tout au loin émerge l'une des pointes du Mont-Viso.

Au départ du sommet S, on va partir couper le plateau sommital en direction du N pour atteindre le sommet N à 3186m puis on va poursuivre peu ou prou le long du rebord de la falaise pour atteindre le point coté 2881 duquel on ne peut plus progresser puisque l'on est bloqué par l'arête détritique E du Pic des Houerts. D'ici, pas d'autre possibilité que de s'engager vers la D dans le couloir assez pentu qui se présente comme voie de sortie (enneigé au début de saison, très caillouteux après...). On a 200m à descendre, disons 80m un peu délicats où les bâtons sont d'une grande aide pour se stabiliser et les 120 restants plus "calmes". On rejoint les rives du lac Vert des Houerts, lac que l'on contourne par sa D face à l'Aiguille de Chambeyron pour rejoindre la base de la moraine. On remonte la pente en louvoyant entre les barres pour atteindre le collet qui s'inscrit à la G de l'aiguille rocailleuse. On retrouve une trace de chemin qui permet de descendre dans le vallon des Houerts proprement dit. La poursuite de la journée consiste en une descente très caillouteuse et parfois bien pentue jusqu'à atteindre le fond de la vallée de l'Ubaye et la RD25 (1725m, parking).

Autrefois, pour rejoindre le village étape, il fallait se "coltiner" les quelques 5kms de goudron en montée. De nos jours, un itinéraire plus sympa a été créé le long de la rivière avant de retrouver le goudron du côté du hameau de La Barge. 1500m de goudron plus loin, on pénètre dans le hameau de Maljasset où se situe le refuge CAF (tel +33 0492315542).

6h / +1250m / -1250m.
Aujourd'hui, randonnée en boucle sac léger. On s'en va explorer le vallon de Mary dont les cols d'accès par le S sont situés sur la frontière italienne (il y a d'ailleurs de nombreuses possibilités de circuits à réaliser de part et d'autres de la frontière avec de nombreux refuges à disposition). Du refuge de Maljasset, on commence par passer devant l'église de Maurin dont le clocher original se propose d'agrémenter le paysage d'arrière-plan formé de la crête frontière : on distigue à l'horizon le plateau des lacs Longet, source de l'Ubaye, et le pic altier du Bric de Rubren. On poursuit à main D en direction du col de Mary. Le large sentier est le support de deux GR de Pays (Tour du Chambeyron et Tour du Bric de Rubren). On suit le torrent pour passer au pied de deux aiguilles élancées : l'Aiguille Pierre André et l'Aiguille Large. Noter que le sentier de retour de la journée sera cette trace en zigzags qui désescalade les banquettes en RG de la vallée dont l'origine se situe dans le col qui relie les deux pointes.

On dépasse l'Aiguille Large et on arrive à la bergerie supérieure de Mary. On laisse le sentier principal suivi par les GR de Pays pour suivre légèrement à main G un sentier orienté SE et qui s'en va rejoindre le plateau des lacs de Roure. Il ne s'agit pas d'aller en explorer la totalité (il y en a une dizaine...) mais de s'en tenir aux deux plus importants en taille et surtout prendre du recul par rapport à la "méchante" moraine en RG du torrent de Mary qui cache en totalité l'Aiguille et le massif du Chambeyron. Alors qu'au niveau des lacs, c'est une vision d'exception qui nous attend, un paysage de montagne idyllique, si, si... Au S du 2ème lac, on incline la marche au SSW pour rejoindre l'évident col de Mary où l'on retrouve le sentier que l'on avait quitté à la bergerie en aval. On est à 2641m et la vue plonge sur l'Italie et le profond Val Maïra. On poursuit vers l'W pour rejoindre par une belle montée le col de Marinet à 2787m, un col plus confidentiel par le nombre de touristes qui y passe et situé à l'aplomb du Brec de l'Homme et de la Pointes des Cirques, plus minéral tu meurs...! Et c'est loin d'être fini, côté minéral...

Comme c'est une journée en boucle, il serait peut-être temps de revenir sur la vallée de l'Ubaye... On descend au N la combe, assez herbeuse quand même, qui mène tranquillement jusqu'au grand lac de Marinet (inférieur...) dominé de belle façon par l'Aiguille Large. On contourne le plan d'eau par sa D puis on traverse au N le ruisseau exutoire avant de monter à main G jusqu'à l'entrée du vallon lacustre qui héberge les lacs supérieurs de Marinet. On poursuit en montée au N dans le large couloir rocailleux qui conduit jusqu'au Pas de Chillol à 2750m (bien que non référencé sur IGN en tant que tel, on peut considérer qu'il se situe au mitan des pas N et S...). Il ne reste plus qu'à suivre à main D la trace sans difficulté qui conduit au sommet de l'Aiguille Large à 2857m pour une vue, là encore, majestueuse.

Après avoir bien dégusté ces merveilleux paysages, on revient au Pas de Chillol puis on descend sur la D face à d'autres aiguilles dressées comme Le Peigne ou La Gélinasse. Dès que l'on peut, on incline à D pour passer au pied de la paroi N de l'Aiguille Large afin de suivre le sentier des varappeurs tracé en zigzags dans la forte pente. On descend de banquette en banquette pour retrouver le fond du vallon de Mary aux alentours des 2200m. On finit la journée sur nos pas de ce matin avec dans la tête le souvenir d'avoir eu la chance de contempler tout au long de la journée une foultitude de paysages exceptionnels. Et hop, une 2ème nuit au refuge CAF (tel +33 0492315542).

6h30 / +1600m / -1700m.
Contrairement à hier, on va partir vers le N sur un sentier qui s'en va rejoindre le GR5 un peu plus haut dans le coteau. Une fois les marques blanches et rouges retrouvées, on poursuit à main D sur un plateau herbeux, celui où est dressée la cabane de Girardin. La montée est à présent peu relevée et l'on se plaît à folâtrer surtout qu'à l'arrière les panoramas sur l'Aiguille de Chambeyron et le Brec de l'Homme sont assez impressionnants. On revient à la réalité avec l'ascension bien relevée qui conduit sur des pentes sablonneuses à rejoindre le col Girardin à 2700m. Ici, sur cet exceptionnel belvédère (il y a d'ailleurs à main droite sur la crête de la Tête de Girardin un poste optique érigé au tout début du XXème siècle à des fins militaires et auquel on peut accéder par un sentier, voir explications, compter 45mn A/R depuis le col non comptés dans le cumul horaire de la journée, abri possible mais pas d'eau). Attention tout de même à l'amplitude de la journée car il faut prendre en compte qu'au col Girardin, on n'a "seulement" accompli que la moitié du dénivelé positif de la journée...

Côté N, la vue plonge sur la cuvette minérale du lac Sainte-Anne et à l'horizon on distingue pas mal de sommets queyrassins. On descend jusqu'au lac que l'on contourne par sa RD pour atteindre la chapelle posée au N du lac sur un mamelon à 2400m. Pas mal de monde en saison par ici car c'est une balade à la journée courue des touristes (et le parking automobile des Prés de Chaurionde est juste 400m en dessous...). On poursuit sur le GR5 pour traverser des pistes du domaine skiable de Ceillac avant d'atteindre et de dépasser le lac Miroir (ou lac des Prés Soubeyran à 2210m). On peut couper plein W à travers les banquettes herbeuses ou poursuivre au N sur le GR5 pour rejoindre le sentier du Pas du Curé. Ce col se situe au N de la Crête des Veyres qui domine de belle façon le lac Miroir. On quitte bien vite les pentes gazonnées pour se retrouver dans un gigantesque éboulis où le sentier qui s'élève en lacets est plutôt bien dessiné.

Arrivé au Pas du Curé à 2783m, on incline à main G pour une poursuite de la grimpette sur 150m encore afin de franchir la Colette Verte à plus de 2900m d'altitude et basculer dans le vallon Claus. Après des premières pentes désertiques, on va retrouver une herbe rase vers 2650m puis on rejoint le fond du thalweg pour une descente progressive. Puis patatras ! Vers 2400m, la pente du ruisseau de vallon Claus prend de l'inclinaison, voire plus, puisqu'il va falloir désescalader la falaise plutôt abrupte sur près de 500m pour pouvoir retrouver la tranquille vallée du Rif Bel. Là aussi, les bâtons seront bien utiles pour ne pas se laisser entraîner vers le bas... En bas, on peut choisir indifféremment RG ou RD du torrent pour revenir au parking à 1800m. Noter dans cette vallée du bout du monde la présence du refuge de Basse Rua (tel +33 622665821).

3 jours de marche / 19h / +4300m / -4300m.

Relevés de terrain juillet 1995

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