[Népal] Traversée du Haut-Dolpo Nord
Amis lecteurs qui recherchez un truc de folie à faire en mode trekking, j'ai ce qu'il vous faut ! Quelques années auparavant, j'avais mis en ligne La traversée Lumbasumba - Makalu, une des portions de la GHT côté E et j'avais usé de pas mal de qualificatifs dithyrambiques pour exposer tout le bien que j'en pensais à l'avoir réalisé : du wilderness (intraduisible en français si ce n'est que par "sauvage"...), des villages paumés (mais des villages quand même...), des rencontres agréables, etc. mais il manquait l'aspect répétitif. Je m'explique : sur cet itinéraire, tout cela était imbriqué, un village, des rencontres, deux ou trois jours de suite sans rien... mais au bout du compte cela s'équilibrait sur la durée. Le côté W de la GHT, c'est le même concept que l'E à ceci près que ça ne s'équilibre pas ! Les villages au début, les rencontres aussi, puis c'est le grand vide pendant une grosse semaine au cours de laquelle il n'y a rien de tout cela, seulement des paysages exceptionnels de beauté, certes, mais dont on a l'accès qu'au prix d'un engagement de tous les instants car les sentiers sont si peu viabilisés (la GHT emprunte sans les avoir améliorés les sentiers utilisés par les cueilleurs de yarsagumba à l'été...) et ne parlons pas des infrastructures pour franchir les torrents, d'ailleurs il n'y en quasiment pas que l'on puisse qualifier de "pont" ou de "passerelle" ; tout juste quelques rondins de bouleau coincés en travers d'une rivière et c'est tout...!
A partir de Pho, retour de la "civilisation" et de ce fait réapparition de sentiers un peu mieux viabilisés car les convois de mules parcourent ces espaces pour ravitailler les villages isolés. Ils représentent une ligne de Vie et sont donc a minima entretenus. On retrouve accessoirement quelques créneaux de téléphonie (pas internet quand même...) ce qui peut être pratique pour communiquer. Attention ! Le téléphone satellite me paraît indispensable pour sécuriser la traversée. Plus on descend vers le S, plus on rencontre de villages (en gros, un tous les deux jours...) et avec le relief un peu plus apaisé cela a donné aux architectes des Ponts et Chausées locaux des idées : "Et si pour le bien du peuple on créait des pistes ?" Eh bien, comme au Mustang, ils se sont lâchés ! L'E du haut Dolpo qui possède une conformation de terrain différente de celle du centre ou du nord, moins montagneuse et avec de larges vallées fluviales, en est lardé. Elles desservent tous les villages (ou presque...) et pour sûr elles rendront des services à la population... Mais pour combien de temps ? Entre éboulements et crues subites, les infrastructures routières sont mises à mal par les éléments naturels et tombent en désuétude faute d'entretien laissant les villageois revenir aux conditions précédentes d'isolement mais le paysage, lui, reste impacté à vie ! Ca c'est l'E du Dolpo et concerne majoritairement une partie du trek précédent Traversée du haut Dolpo Centre réalisée en 2017. Pour le trek décrit ci-après, comme il traverse des zones vierges de tout village dans la première partie, celle-ci a peu de "chances" de se voir dotée de pistes... A partir de Bhijer, la seconde partie je l'ai dessinée pour qu'elle emprunte des cols infranchissables aux pistes pour finir dans une vallée tellement étroite qu'aucune piste ne pourra jamais s'y créer ou alors passera par les crêtes un millier de mètres au-dessus.
Donc ! Voici un trek au Dolpo qui ne traverse(ra) ni n'emprunte(ra) aucune piste. Une précision toutefois : la liaison de Gamgadhi à Chhaila se fait sur une piste (maintenant inopérante en deux ans de temps...) et, après, au-delà de Mangri, plus rien. Mais, le Dolpo ne commence qu'une fois franchi le Chyargo La. Avant, ce sont les districts de Humla et de Mugu. Et, le temps que la piste népalaise arrivant de l'W atteigne Mugu, il va falloir compter un sacré bout de temps si l'on considère la conformation des gorges dans lesquelles la Mugu Karnali nadi se faufile !
N’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec les cartes téléchargeables en PDF) et bien d’autres choses encore.
Téléchargez les cartes du circuit au format PDF : Carte générale Traversée du haut Dolpo N & Carte détaillée Traversée du haut Dolpo N
Et pour la 1ère fois, vous pouvez accéder aux trois billets de blog Episode 4, Episode 5 et Epilogue que j'ai écrits jour après jour tout au long des 40 jours de trek. Ils illustrent le quotidien de ce voyage d'exception (heurs et malheurs, rencontres, etc) au cours duquel j'ai enchaîné Le camp de base E du Saipal, GHT - De Simikot à Gamgadhi et pour en terminer celui-ci.
LE TREK JOUR PAR JOUR
Jour 1 : Kathmandu - Nepalgunj
1h d'avion.
Depuis l'aéroport domestique de Kathmandu, plusieurs rotations aériennes (Bouddha air, Sita air, Yeti Airlines,...) pour rejoindre Nepalgunj, une grosse bourgade située au SW du pays dans le Teraï à la frontière indo-népalaise. Nuit dans l'Himali lodge très basique côté couchage et restauration mais prix imbattable rapport à l'emplacement : il se trouve à 50m à droite après avoir franchi la grille de l'aéroport (très pratique pour un départ aux aurores...!). Autres possibilités d'hébergement plus haut de gamme à 10mn de là en tuk-tuk (compter un voyage à Rs100/pers). Ils sont situés sur la grande route qui traverse le Teraï en direction du S (Siddhartha hotel ou Starlight hotel, compter 50 euros/jour en 1/2P).
Jour 2 : Nepalgunj - Talcha - Lac Rara - Gamgadhi
1h d'avion + 30mn de 4x4 + 3h / +100m / -1000m.
Prévoir suffisamment de marge dans votre jour par jour (timing et dénivelées) pour intégrer d'éventuels reports dans les rotations aériennes pour cause de météo. Et prendre aussi en compte le fait qu'il peut faire beau à Népalgunj et qu'à Talcha on soit dans la bouillasse, ou inversement...
Départ en début de matinée pour aller se poser sur la petite piste d'atterrissage de 650m de long construite à 2800m à Talcha au-dessus du bourg commerçant de Gamgadhi.
L'excursion au lac Rara est une des attractions touristiques principales du coin. Pour la réaliser, on va se servir d'un 4x4 pour remonter jusqu'à l'entrée du Parc National du lac Rara située quelques kilomètres plus loin que l'aérodrome de Talcha sur lequel on vient d'atterrir. On reviendra à pieds en suivant le sentier tracé au bord du lac côté W (ou en empruntant une barque avec rameurs pour traverser...) avant de rejoindre une autre entrée du Parc située à l'E à Lamachaur d'où l'on descendra sur Gamgadhi.
Diaporama De Talcha (2800m, C 4G NTC), le 4x4 (4000Rs car il va redescendre vos bagages à Gamgadhi après vous avoir convoyé au lac Rara...) nous monte en 30mn jusqu'à l'entrée du Parc (contrôle de l'armée puis ticket 3000Rs pour les étrangers). Il remonte ensuite les pentes qui conduisent à des prairies humides où se trouve le départ d'un sentier forestier caillouteux en diable qui descend jusqu'à une prairie humide, genre pozzi, sur la rive S du lac. On contourne le lac en suivant sur la G le sentier tracé en bordure de la rive pour atteindre côté N l'hôtel-restaurant (hôtel sordide et restaurant qui n'a rien à proposer...).
Puis on passe devant le camping (prix exorbitant de 50$/tente) et enfin à l'écart du camp de l'armée situé en hauteur face au débarcadère des bateaux qui assurent une traversée ludique en lieu et place de la marche sur le chemin... (500Rs pour les Népalais, 1000Rs pour les étrangers, "Va comprendre pourquoi...?"). On poursuit sur le chemin vers l'E pour tomber sur une fourche de sentiers : à droite, on poursuit le tour du lac, à gauche, on s'échappe vers Lamachaur.
Donc, à G, pour monter un peu en forêt avant de descendre franchir le check-post de l'armée qui marque la sortie du Parc. Ensuite, c'est une descente qui se décline entre sentiers très dégradés, pistes désaffectées, coupe-lacets et enfin directissime passant au niveau de la DZ des hélicoptères située au-dessus de Gamgadhi et qui plonge pour rejoindre les ruelles hautes du bourg où se situe le vieux bazar. La ville n'est pas vraiment attirante pour un sou. Bienvenue dans le far-west népalais ! Sorti des échoppes d'électronique et de smartphones (il y a la 4G de Nepal Telecom...), il n'y a pas grand chose dans les commerces en terme de consommables de bouche. Même les hôtels sont à des années lumière d'un standard de Pokhara ou Kathmandu. Et on ne peut même pas changer d'argent dans les banques (il y a quand même 1 ou 2 ATM...). C'est dire le peu de touristes qui y transitent... Bon ! Ce n'est qu'une nuit à passer avant le grand départ...
Jour 3 : Gamgadhi - Lumsa - Chhaila
4h / +360m / -460m.
Diaporama On descend la rue principale (si elle n'est pas trop boueuse après une nuit de pluie...) ou on remonte suivre la rue du vieux bazar en direction de l'école pour se retrouver dans le premier virage en épingle à cheveux à la sortie de Gamgadhi. On s'échappe de la piste à main D par un coupe-lacet en forêt puis une fois arrivé sur la plateforme en contrebas on poursuit légèrement sur la D pour descendre par le sentier en zigzags serrés qui permet de rejoindre le fond de la vallée très creusée dans laquelle coule la Mundu khola. On franchit la rivière sur deux rondins de bois (35mn, 1790m, la belle passerelle bleu roi a été emportée par une crue subite sur 200m en aval...) pour retrouver en face une piste que l'on va suivre jusqu'à l'étape et même au-delà...
C'est que le chemin historique qui court légèrement au-dessus de la piste n'est plus emprunté par les locaux et de ce fait est laissé à l'abandon et est devenu dangereux à l'endroit des traversées de thalwegs ou des couloirs d'éboulements naturels. La piste sur laquelle on s'est engagé est tracée à hauteur de la RD de la Mundu khola et au niveau de la confluence avec la Mugu Karnali nadi incline sur la D pour entrer dans la vallée de cette dernière. Pour l'instant, on reste à hauteur en RG de la Mugu Karnali nadi. La piste récemment construite a subi à l'été 2023 de nombreux éboulements entre ici et Lumsa. De ce fait, elle est impraticable aux 4x4 et très délicate à emprunter en moto... Il y a même le pont sur la Ghatte khola qui ne tient par miracle que sur un seul pilier !
On évolue en up / down. On atteint Lumsa, une bourgade commerçante séparée en deux : à flanc de coteau le vieux village situé sur le sentier historique, en bas à proximité de la rivière à la confluence de la Shoba khola avec la Mugu Karnali nadi le nouveau village et toutes les boutiques (1h30, 1865m possibilité de camping dans la cour de l'école à l'entrée du nouveau village, C). On poursuit sur la piste toujours en up / down mais à présent on vient de temps en temps côtoyer le cours d'eau qui bouillonne et gronde fortement. La gorge que l'on remonte est relativement étroite et les coteaux redressés de part et d'autre sont recouverts d'herbe et de quelques pins faméliques épars. Côté faune, c'est dans les airs qu'il va falloir orienter le regard pour détecter les aires des vautours qui tournoient dans le ciel et viennent se poser (beau spot à Lumsa).
On atteint le village-étape de Chhaila qui, au vu du nombre de lodges qui bordent la route, doit être l'étape intermédiaire des Népalais qui sont allés faire leurs courses à Gamgadhi et doivent opérer une pause nocturne avant de poursuivre leur voyage pour rentrer au village (1h35, 1980m, lodges, boutiques, emplacement de camping pour groupe dans la cour de l'école que l'on rejoint en traversant la rivière, C, E).
Jour 4 : Chhaila - Mangri - Dhungedhara - Pulu
3h40 / +550m / -300m.
Du fait de la dénivelée assez peu marquée sur cette journée, on peut envisager d'y abouter l'étape très courte du lendemain et, de ce fait, faire étape à Tiyar en lieu et place de Pulu (+2h). Ceci dit, l'étape dans le vieux village de Pulu a tout pour séduire par les rencontres que l'on peut y faire...
Diaporama Au départ de Chhaila, on emprunte la piste en RG de la Mugu Karnali nadi de plus en plus défoncée et impraticable aux véhicules quels qu'ils soient. En 2023, le creusement de la piste se termine à 2100m devant un gros bloc de rocher que l'on imagine, sans difficulté, rebelle. On retrouve le sentier historique qui court à hauteur de la rivière. A la fourche de sentiers qui suit, on décide de ne pas descendre suivre la rivière mais de prendre sur la D et de monter en pente régulière vers le village de Mangri posé sur un plateau agraire.
Dans un virage du chemin, on poursuit tout droit sur le petit chemin, un raccourci tracé à flanc de coteau (et que tout le monde emprunte...) qui, un peu plus haut, traverse des terrasses plantées de millet et permet de passer au niveau des tous premiers chörtens du périple (1h, 2185m, abri). Ils annoncent le village bouddhiste de Mangri auquel on accède par un khani (une porte-chörten). On découvre un regroupement d'une bonne centaine de maisons en pierres et solives en bois. Et surtout, on y parle tibétain... On suit la rue cimentée qui permet de traverser d'W en E le village pour rejoindre l'école népalaise (20mn, 2245m, C). Un peu plus loin, on traverse le terrain de sports grillagé pour trouver à son extrémité orientale le départ du nouveau sentier tracé à flanc de falaise et qui va permettre de rejoindre le fond de la vallée. En cheminant, on peut constater que les coteaux de la RD de la Mugu Karnali nadi sont très habités : après avoir dépassé le village de Chaïdi, voici perché en RD de la Chyamni khola celui de Tharche, et en poursuivant le tour d'horizon vers la droite, on ne peut pas rater Maha et sa bonne centaine de maisons.
Sur le nouveau chemin qui descend de Mangri, à la fourche de sentiers qui suit le passage aux chörtens, on incline à G en descente vers le village de Dhungedhara identifiable à la passerelle bleue qui enjambe la Mugu Karnali nadi. Peu avant d'atteindre le village, voici qu'arrive de la gauche le sentier qui a suivi le bord de la rivière et que l'on a laissé pour passer par Mangri. On atteint Dhungedhara (25mn, 2090m, lodges, bhattis, boutiques, C, E). Pour se rendre à Tiyar, l'étape de demain, il y a deux possibilités :
- en RD sur le large sentier repéré sur les cartes népalaises comme l'itinéraire de la GHT, il a la caractéristique d'être en plein cagnard et de présenter un profil up / down bien cassant (et peu de lodges sur l'itinéraire),
- en RG, si la Mugu Karnali nadi n'est pas en très hautes eaux, il existe un petit sentier très bucolique qui traverse les champs plantés de millet et d'amarante mais à quelques endroits empiète sur la rivière où des aménagements pour faciliter le passage ont été réalisés. Et, en plus, il est la majorité du temps à l'ombre des frondaisons...
On décide de poursuivre en RG de la rivière sur laquelle on vient très vite traverser le hameau de Tagli avant de venir tutoyer la rivière et emprunter l'un de ces aménagements bien salutaires (40mn, 2165m). Puis, c'est, comme de bien entendu, un parcours en up / down qui nous attend mais à l'ombre. On sort brièvement à découvert pour traverser les terrasses qui s'inscrivent au pied du village de Riusa (il reste caché en haut...) avant de poursuivre sur un large chemin en bord de rivière et où l'on peut constater qu'à un ou deux endroits le cours d'eau peut occasionnellement venir recouvrir légèrement le chemin. On sort de la forêt pour découvrir le village de Pulu où l'on va passer la nuit (1h05, 2230m, lodges, boutiques, eau, C très intermittent, E).
Jour 5 : Pulu - New Pulu (check-post) - Tiyar
2h / +160m / -65m.
Le temps de marche cumulé des deux journées, celle-ci et la suivante, équivaut à 8 heures. Or, il n'y a pas de lodge correct entre Pulu et Shilenchaura kharka à l'exception de ceux de Tiyar. On peut certes aller jusqu'à Shilenchaura kharka en 8 heures de marche. Moi, j'ai décidé de couper cette étape en deux portions pour profiter du lieu de vie du village étape de Tiyar et tant pis si le gonpa est fermé car le lama est absent, ce qui est assez souvent le cas... A vous de voir !
Diaporama Le village de Pulu a connu à l'été 2023 une grosse frayeur : le barrage morainique d'un lac situé à plus de 4000m d'altitude a cédé et toute l'eau s'est déversée d'un coup dans son exutoire, la Puwa khola. Incidences directes : la traversée du thalweg à l'E du village où tout a été emporté s'effectue sur un pont de fortune ; 5mn plus loin, un lac de boue grise d'une centaine de mètres de long s'est formé et le sentier forestier a été englouti, si bien qu'aujourd'hui, en attendant que la cuvette se vide, il faut déchausser et suivre avec de l'eau à mi-cuisses la base de la falaise sur au moins 50m avant d'atteindre la passerelle métallique qui va permettre de repasser RD de la Mugu Karnali nadi (25mn, 2215m). En effet, le sentier historique qui court en RG au-delà n'est plus viabilisé et il faut abandonner l'idée de l'emprunter... On évolue maintenant sur le sentier principal qui arrive de Bhale tout en up / down. On découvre en fond de vallée un sommet glaciaire, le premier, qui annonce la confluence de rivières de demain soir à Shilenchaura kharka. On suit tranquillement le large chemin sur lequel on croise des convois de mules de taille réduite, tout au plus une quinzaine de mules, qui redescendent à vide de Mugu.
On pénètre dans (new) Pulu, un alignement de lodges et de boutiques avec à l'extrémité E le check-post de la police népalaise pour se faire référencer et aussi vérifier que l'on est bien en possession du permis haut Dolpo pour poursuivre la remontée de la vallée (40mn, 2250m, C). Au-delà, on continue sur la RD de la vallée de la Mugu Karnali nadi. On traverse sur un pont de bois tout neuf le torrent qui descend de la Sengu danda qui débouche de gorges rocheuses (30mn, 2260m). Puis, un peu plus loin, on traverse le hameau de Ghobutusa (lodge et boutique) avant d'onduler au gré des falaises en bordure de la rivière et atteindre par une dernière montée en escalier le chörten et le khani qui marquent l'entrée du village de Tiyar (30mn, 2315m, C, E, le gonpa est situé à 20mn en amont le long de la rivière et est accessible par une passerelle métallique).
Jour 6 : Tiyar - Shilenchaura kharka
5h20 / +780m / -165m.
Diaporama On reprend la remontée de la vallée, et la série de up / down, bien sûr... Il y a pas mal de villages perchés sur les coteaux de part et d'autre du sillon tracé par la Mugu Karnali nadi. A gauche, c'est Daura dont on ne distingue pour l'instant que les premières maisons, à droite, c'est Kimri que l'on devine caché derrière un repli du terrain et, beaucoup plus reculé, Dolphu à hauteur de la Namla khola sur la route alternative de pénétration dans le haut Dolpo (Attention ! la viabilité de cet itinéraire n'est pas connue surtout au niveau du franchissement des rivières que l'on croise mais aussi des éboulements qui ont pu se produire... A Pho, les propriétaires du lodge nous informeront que c'est un itinéraire devenu dangereux et qu'il faut être en possession d'une corde pour s'assurer (ou se rassurer...) dans certains passages ; et pour finir de décourager le volontaire qui voudrait s'y mesurer, on est pratiquement toujours au fond des gorges, alors, pour les panoramas, c'est "Walou...!"). On laisse à main droite le vieux gonpa de Tiyar pour passer devant un bel abri sous roche (35mn, 2375m).
On longe la base d'une falaise très proche du cours d'eau et on atteint une passerelle métallique (45mn, 2480m). On poursuit RD pour traverser le hameau de Latighar (10mn, 2500m, eau, lodge, boutique, C, E). Puis on traverse sur un pont de bois la Gilang khola. Après avoir suivi le bord de la rivière, on s'élève à présent par à-coups : une grimpette, un plat, une grimpette, un plat... On atteint ainsi le village de Chitaikuna (45mn, 2615m, lodges, boutiques, C, E). Il s'agit en fin de compte de l'extension du village de Chitai situé plus haut dans le coteau RG au milieu des terrasses. L'opportunité de se trouver sur la route commerciale Gamgadhi - Mugu a décidé certains habitants à descendre...
On poursuit toujours sur la RD en passant en dessous de la passerelle. Le sentier se fait plus étroit et côtoie de très près le cours d'eau. Par une petite grimpette, on dépasse une grosse cascade bouillonnante puis c'est une assez longue portion de faux-plat montant qui nous attend. Au-delà, on s'élève un peu pour passer au-dessus d'une construction récente de belle importance (35mn, 2685m, abri possible voire camp pour groupe). On contourne une falaise en surplomb pour venir croiser la Talak khola que l'on franchit grâce à un pont métallique (10mn, 2700m). Les gorges de la Mugu Karnali nadi se font à présent plus resserrées et le sentier que l'on suit est taillé dans la falaise. On ne "s'entend pas penser" tant le bruit du courant est important !
Vers 2900m, la gorge s'élargit à l'approche de la confluence avec la Chham khola qui sort de la gorge que l'on va remonter après-demain sur le chemin du haut Dolpo. Le sentier incline sur la G et prend une direction N : on pénètre dans la vallée de Mugu ! Encore quelques centaines de mètres pour commencer à traverser la relativement densément habitée kharka de Shilenchaura et trouver aux alentours de la passerelle métallique les hébergements simples ou des emplacement pour le camping et la fontaine (1h, 2930m, C à 300m au N de la dernière habitation). Dans cette kharka on trouve pas mal de fruits sur les arbres : des pommes, certes, mais aussi des abricots (les locaux font du raksi avec le fruit et de l'huile avec les noyaux...), des pêches et des prunes.
Jour 7 : Shilenchaura kharka - A/R Mugu
5h / +500m / -500m.
Si vous ne faites pas l'excursion vers Mugu, ce n'est pas une grande perte... Ce village n'a VRAIMENT AUCUNE chance de rentrer dans le Top 10 des plus beaux villages du Népal auxquels vous aurez rendu visite. Sans âme, des maisons quasiment toutes récentes qui cachent un "cœur" historique dont pas mal de composantes sont effondrées. Mais la remontée de la vallée est très belle, c'est au moins ça...
Diaporama Depuis l'extrémité N de la kharka, on suit la RD de la Mugu Karnali nadi sur 300m avant de laisser à main droite un pont de bois (10mn, 2945m, C). Le chemin suit le bord de la rivière et propose un cheminement très bucolique, beaucoup de verdure et une pente qui épouse tranquillement celle de la rivière. On passe au-dessus d'une kharka (1h, 3165m). La vallée s'élargit et on dépasse en RG le gonpa d'Ura accessible par une passerelle métallique (si besoin...). On s'élève par à-coups pour découvrir le village de Mugu qui s'inscrit au bout d'un plateau gazonné où la Mugu Karnali nadi prend ses aises en se partageant en plusieurs bras (50mn, 3300m, C, E).
On dépasse quelques chörtens rafistolés sans goût et, en empruntant le pont de bois, on rejoint la base du village de Mugu (15mn, 3330m) dominé par la cascade assez impressionnante de la Chhariu khola de laquelle le village tire son électricité.
Après une visite rapide du village sans grand caractère mis à part quelques maisons anciennes en bois et en torchis (on peut monter jusqu'au gonpa situé dans la partie haute...), on va explorer les différents "monuments" religieux disséminés sur le plateau en amont du village dont un assez étonnant Bouddha debout... Retour à Shilenchaura kharka par le même chemin en moins de 2h.
Jour 8 : Shilenchaura kharka - Plateau de Thajuchaur
5h10 / +1225m / -100m.
Cette journée, on peut la redouter car on va passer les 3/4 du temps en forêt ou dans des landes arbustives à chercher un chemin au milieu des hautes herbes. Et le chemin, il n'est pas à la hauteur de la réputation de la GHT ! C'est avant tout un itinéraire pour les cueilleurs de yarsagumba...
Diaporama Au beau milieu de la kharka, on franchit la Mugu Karnali nadi sur une passerelle métallique (les cartes népalaises sont fausses, vous en doutiez...? Vous n'avez donc pas été surpris que la passerelle métallique ne soit pas à l'emplacement prévu...) pour trouver en face un sentier qui descend longer la rivière en RG avant de pénétrer dans le vallon très resserré de la Chham khola que l'on va suivre un court instant en RG sur un beau sentier. Très vite on déchante car un nouveau tracé a été dessiné suite à une crue de la rivière qui a détruit une portion du chemin en amont et il faut monter "dré dans l'pentu" (ou presque...) en louvoyant entre les blocs rocheux effondrés. Après la partie scabreuse, on retrouve le bord de la rivière et un large sentier forestier.
Puis on reprend de la hauteur immergé dans un paradis pour junkies (on "nage" dans la marijuana !). La gorge est très belle avec, de part et d'autre, des pitons de grès rouge. On atteint un emplacement de camp (50mn, 3080m, 3 places de tente). On s'élève par la suite par à-coups puis, vers 3300m, la marijuana disparaît pour laisser la place aux arbres. Le cheminement s'en trouve bien amélioré... Après avoir longé une falaise à proximité d'une cascade de la Chham khola, on croise une source (50mn, 3370m). Une fois que l'on a dépassé les 3400m, on s'emploie à traverser des coteaux à découvert permettant de voir que les montagnes de la Kuldum danda se rapprochent (enfin...!). On franchit un torrent à gué pour rejoindre une kharka (25mn, 3475m). Au-delà, c'est une surprenante portion quasi plane qui nous accueille alors que l'on évolue sur un large sentier qui louvoie entre les cèdres puis les bouleaux. Par une sévère grimpette, on reprend de l'altitude pour se retrouver au beau milieu d'un cirque dans lequel descendent plusieurs torrents issus de la Kuldum danda (35mn, 3530m). Le chemin se fraie un passage entre les pieds de carottes sauvages de presque 2 mètres de hauteur (c'est moins fun que la marijuana pour les junkies...) et, au-delà, se remet à monter par à-coups.
On dépasse un abri sous roche (40mn, 3710m) puis on traverse l'étage alpin des bouleaux et des genévriers. On croise pas mal de petits camps avec un âtre délimité par quelques pierres. C'est qu'il y a pas mal de monde de la vallée de Mugu qui emprunte ce chemin pour se rendre en été sur les alpages y glaner la fameuse yarsagumba ! Une belle manne financière en provenance du sud-est asiatique et plus particulièrement les Chinois qui en sont friands jusqu'à l'acheter à prix d'or (chez eux, pas au Népal malheureusement où des grossistes chinois exploitent les Népalais...) pour soit disant augmenter leur libido. Comme s'ils n'étaient déjà pas assez ! Humour...
A 3720m, on doit marcher dans le cours d'eau sur des pierres glissantes pour dépasser une falaise tombante. Un peu plus loin, on passe RG sur un pont assez étroit (15mn, 3750m). De suite, on est confrontés à une raide montée en zigzags serrés puis le "sentier" devient chaotique en up / down puis remonte brièvement un couloir d'avalanches avant de redescendre vers la rivière jusqu'à empiéter sur le cours d'eau (25mn, 3825m). La montée se poursuit toujours en RG, maintenant à découvert. Les arbres commencent peu à peu à disparaître. A 3900m, on repasse RD sur un pont à peine plus large que le précédent... On poursuit à flanc de coteau jusqu'à traverser la Babar khola sur des pierres émergées avant de continuer dans un espace de végétation arbustive.
On grimpe sur un mamelon morainique pour prendre pied sur le plateau gazonné de Thajuchaur, une yersa sur laquelle paissent des yacks. On la traverse longitudinalement pour aller établir le camp le long du chemin en contrebas d'un bosquet de bouleaux d'où sort un petit ruisseau (1h10, 4055m, eau de source). On se trouve au pied du cirque formé par la Nagpi danda. Demain, on poursuivra le long du torrent pour franchir le verrou morainique qui s'inscrit au fond de vallée et qui donne accès au Chyargo La.
Jour 9 : Plateau de Thajuchaur - Chyargo La phedi
2h / +570m / -25m.
Certains argueront que dans le jour par jour de la GHT l'étape du jour rallie le plateau de Thajuchaur au camp de la Takla khola en franchissant le Chyargo La soit +1100m / -1400m. En étant sensé avoir débuté cette portion de GHT à Gamgadhi à 2100m et en n'ayant franchi qu'hier la barre des 4000m, on peut considérer que la phase d'acclimatation n'est pas correcte si je m'en réfère aux recommandations de l'Ifremmont qui stipulent "au-dessus de 4000m, en phase d'acclimatation, pas plus de 5 à 600m de dénivelée positive entre deux nuits". Certes, l'étape prévue rentre bien dans les critères puisque l'on se retrouverait 300m plus bas que la veille en arrivant au camp de la Takla khola... Mais je pense qu'il est plus sage de prévoir une étape à mi-chemin du col pour s'éviter une bavante de plus d'un millier de mètres de dénivelée positive le lendemain d'un étape pour laquelle on était déjà monté de 1225m...! La conformation du terrain s'y prête : il y a plein de possibilités de camps entre Thajuchaur et le Chyargo La, ce sont ceux des cueilleurs de yarsagumba..., et qui plus est à proximité d'un petit torrent. Alors, pourquoi se priver ?
Diaporama Du camp sur le plateau, on poursuit sur le large chemin de la veille en direction du verrou morainique qui ferme le plateau. Le chemin s'élève sur la moraine latérale en RD. Puis c'est une montée à flanc plutôt sévère qui conduit jusqu'au bord d'un plateau gazonné incliné (50mn, 4250m). On poursuit RD au-dessus du torrent sur une longue portion en faux-plat montant. A présent, on a en ligne de mire la crête minérale dans laquelle s'inscrit le col du Chyargo La reconnaissable de loin à la bardée de chörtens qui l'habille, mais il n'est pas tout près tout près...
Le sentier traverse sur des grosses pierres un torrent émissaire qui arrive de la gauche (45mn, 4510m, possibilité de camp). Le sentier, à présent balisé de quelques cairns, se poursuit "dré dans l'pentu" tout droit en RG du torrent. Avant qu'il ne commence à se décliner en zigzags serrés, on s'échappe sur la G pour s'élever à flanc du mamelon morainique herbeux et trouver à son sommet un camp à proximité d'un petit cours d'eau et une vue imprenable sur la crête du Chyargo Lek (15mn, 4600m). On appellera cet emplacement : Chyargo La phedi (le pied du col...).
Jour 10 : Chyargo La phedi - Chyargo La - Camp de la Takla khola
4h35 / +550m / -1370m.
Diaporama Du camp on remonte les pentes herbeuses vers l'E pour retrouver le chemin "officiel" vers 4650m puis on le suit en montée RG du petit torrent. A l'arrière, la Kuldum danda resplendit sous les rayons du soleil matinal. Avec ses (seulement...) 5918m, elle a tout d'un géant himalayen... On dépasse un chörten (50mn, 4800m) qui marque l'entrée d'un petit plateau humide. On incline légèrement sur la G pour aller longer la barre rocheuse en RD du cirque minéral.
Juste avant de se rapprocher de la barre rocheuse, on dépasse un camp de cueilleurs de yarsagumba où en mai 2023 ont été pris dans une avalanche de neige trois composantes d'une fratrie du village de Chhaila. Leurs affaires sont restées intentionnellement sur place, éparpillées comme pour perpétuer leur mémoire... On se situe au pied du col : il "ne reste plus" qu'à remonter les 200m de la pente d'éboulis qui défend l'accès à la face W du col dont on distingue nettement à présent le chapelet de chörtens qui orne la crête. Par un sentier mieux viabilisé que prévu (on évolue à 80% sur du gravillon...) on atteint le Chyargo La (1h20, 5120m).
Dolpo, nous voici ! Depuis le col, on a sous les yeux en enfilade le programme de deux prochains jours avec le sommet du Yala Kang qui domine les crêtes montagneuses du N du Dolpo et derrière lequel on passera pour franchir le Yala La. La descente s'opère vers la D. Après une bonne centaine de mètres de dénivelée négative où l'on marche sur des schistes un peu branlants, on retrouve les pentes herbeuses dans lesquelles le sentier égrène ses lacets sous la menace de chutes de pierres (ne pas traîner...!). On rejoint le centre du vallon pour poursuivre la descente tranquillement jusqu'à traverser une pente de gros éboulis (40mn, 4730m).
Un peu plus bas, on retrouve de l'eau à 4630m avant que la pente ne devienne plus sévère jusqu'à croiser une source (20mn, 4460m). On continue la descente du verrou morainique au pied duquel on traverse la rivière qui coule sous des roches et que l'on atteigne le plateau lacustre (20mn, 4310m). On a fait un peu plus de la moitié de la descente et on dispose toujours de la vue en enfilade des deux vallées que l'on suivra aujourd'hui et après-demain avec entre les deux ce petit passage par le collet qui sépare les deux vallées fluviales. Tout au fond, le Yala Kang et ses 5745m affiche son glacier-dôme face à nous.
La descente dans les prairies d'altitude est très plaisante et emprunte un sentier qui court à hauteur de la Chhimimaru khola. On retrouve les premiers bouleaux à 4100m. On descend quelques lacets en forêt pour venir croiser la Chhuyuguldun khola (35mn, 3975m). Au-delà, le sentier se fait plus étroit et la GHT se refait un petit bout de "n'importe quoi" dans les broussailles épineuses à découvert. L'entrée dans la forêt sonne la délivrance (20mn, 3835m) avec un sentier qui reprend une bonne viabilité. Et ça devient de suite plus aisé...
On termine la journée par la traversée de prairies d'herbes folles alors que l'on s'est rapproché du lit de la Chhimimaru khola. On établit le camp à la confluence avec la Takla khola sous les bouleaux à proximité d'une source confidentielle qui sourd au milieu de la pinède (15mn, 3780m).
Jour 11 : Camp de la Takla khola - Camp de la Chyandi khola
5h30 / +970m / -530m.
Là encore la GHT va montrer tout ce dont elle est capable ! Certes l'ambiance sauvage est présente (même peut-être de temps en temps un peu trop, par exemple côté infrastructures permettant de franchir des rivières à fort débit...) mais les "sentiers" qu'elle emprunte sont ceux des locaux qui viennent à l'été cueillir la yarsagumba et pas ceux que l'on pourrait attendre de support de grande randonnée... La trace représentée sur les cartes népalaises correspondant au parcours de la journée ne contient pas, par ce simple trait, la complexité de l'itinéraire et les niveaux techniques et physiques dont l'impétrant doit faire preuve.
Diaporama Depuis le camp, on descend rejoindre le point de rencontre des deux rivières, la Chhimimaru khola et la Takla khola. Peu avant la confluence, on trouve le "pont" (deux rondins de bouleaux, un gros et un petit...) qui va permettre de passer de l'autre côté de la Takla khola. Une fois sur la RG, on remonte sur la petite butte pour voir partir sur la droite le sentier très humide qui contourne le massif (si l'on fait ce choix d'itinéraire "par le bas", il faut s'attendre à pas mal de traversées aquatiques sur le parcours... C'est la raison pour laquelle on a décidé de traverser ce massif en franchissant un col à 4450m, et pas que ça d'ailleurs...).
Donc, on laisse le sentier à main droite et on part sur la G derrière un gros cairn de galets en suivant la rivière vers le N. 30m plus loin, un chörten marque le départ du sentier qui commence à s'élever sur la D. On remonte le coteau recouvert de buissons d'épineux en courts zigzags et "dré dans l'pentu". Le sentier est bien marqué au sol, mais Dieu, qu'il est raide ! Vers 3870m, le sentier part sur la D pour une traversée quasi étale et rejoint l'orée d'une forêt de bouleaux (25mn, 3890m). Le sentier est à présent débarrassé des buissons et la montée s'en trouve grandement facilitée bien qu'il présente toujours une pente affirmée mais un peu plus modérée qu'auparavant. On remonte un couloir boisé qui s'inscrit entre deux falaises puis on sort à découvert (50mn, 4135m) pour dominer un ensemble de vallées fluviales bien marquées (entre autres, on s'aperçoit que le chemin de contournement par le bas et qui suit la Takla khola nécessite bien plusieurs traversées...).
La suite de notre route (Attention, le tracé présenté sur certaines cartes anciennes a été modifié !) commence par une transversale au-dessus d'un effondrement avant que l'on ne rejoigne un couloir dans lequel se poursuit le sentier qui court sur un sangle de la falaise. Il débouche en haut dans un collet orné d'un chörten (15mn, 4200m). De ce belvédère, on peut voir le massif du Kanjiroba himal s'inscrire en arrière-plan de la vallée de la Takla khola. A présent, pour les 250m de dénivelée restants, on va évoluer à flanc de coteau recouvert de prairies jusqu'à remonter un petit goulet (35mn, 4350m). On traverse l'anté-col à 4420m et par une traversée vers la G on franchit le col marqué de chörtens (15mn, 4450m). Beau belvédère également, à 270° seulement, à l'W sur la vallée de la Chhimimaru khola jusqu'au Chyargo La, au S sur la vallée de la Takla khola et le Kanjiroba himal et à l'E sur la vallée de la Chyandi khola dominée par le sommet dôme du Yala Kang. On s'aperçoit que la première partie de la remontée de la gorge de la Chyandi khola risque d'être un peu touchy avant que l'on ne rejoigne le plateau d'altitude.
Du col, on poursuit jusqu'à franchir l'arête herbeuse derrière laquelle on doit négocier la désescalade d'un couloir détritique en s'aidant de bonnes prises de mains sur la falaise avant de retrouver la prairie pour une légère remontée qui permet de franchir une deuxième épaule herbeuse. C'est ensuite une traversée à flanc sur un sentier très étroit avant de devoir descendre à la base d'une falaise détritique à souhait qui plus est sur une trace noyée dans une végétation semi-arbustive (40mn, 4400m). Une fois cet obstacle surmonté, on reprend la traversée jusqu'à croiser la seule source présence sur ce massif (15mn, 4385m, camp possible au-dessus pour 3 tentes). Au-delà, encore une falaise délicate à contourner puis on atteint la dernière épaule de notre périple entre terre et ciel marquée d'un chörten (10mn, 4370m).
Il marque le départ du sentier de descente vers les vallées fluviales. Ce sentier est un peu plus large que précédemment mais présente une déclivité bien affirmée. Il zigzague sur l'arête, sinue entre les blocs de granit avant de basculer à G dans un couloir immergé dans la végétation semi-arbustive (bâtons bien utiles...!). On rejoint le bord de la Kaipuchonam khola (45mn, 4035m, camp possible pour plusieurs tentes).
On poursuit en suivant la RD de la rivière vers l'aval pour trouver de suite le "pont" (deux rondins de bouleau, un gros et un petit...) qui va permettre de passer RG. On y trouve sur la gauche le départ d'un sentier plutôt scabreux (mais il a le mérite d'exister...) qui va permettre de remonter les gorges de la Chyandi khola à hauteur en RD. Mais si on a la chance de disposer de la présence d'un deuxième "pont" sur la Chyandi khola, alors, on va pouvoir passer RG et suivre un sentier a priori bien mieux viabilisé. En RG, on retrouve arrivant de la droite le sentier humide qui contournait le massif traversé ce matin en passant par la confluence Takla khola et Chyandi khola.
On suit le sentier qui part sur la G qui côtoie peu ou prou la rivière vers l'amont. Il ne faut pas croire que suivre ce sentier est une promenade de santé... Certes, il est moins dangereux que son alter ego de la RD (il est immergé en forêt et les arbres renforcent sa résistance à l'érosion...) mais il a subi pas mal d'éboulements de terre qu'il faut traverser avec précaution. Et puis, à partir de 4200m, à quelques centaines de mètres de la fin de la gorge, on doit faire un peu d'acrobaties pour traverser quelques roches plates qui tombent directement dans la rivière. A 4230m, la vallée s'élargit et c'est la fin de la forêt. On pourrait poursuivre vers les pentes gazonnées que l'on entrevoit à l'avant mais on choisit, pour disposer de bois pour alimenter le feu du bivouac, de se poser à l'orée de la forêt au pied d'une falaise pour la nuit (1h, 4230m, eau dans le torrent, emplacements pour 3 tentes).
Jour 12 : Camp de la Chyandi khola - Yala La phedi
3h / +500m / -0m.
Diaporama On sort de la forêt en RG de la rivière. En face, le sentier RD a rejoint lui aussi la rivière. On monte vers l'E le long de la rivière avant de fournir un bref effort pour monter sur la moraine fluviale. De suite, on laisse partir vers la gorge l'évident sentier pour incliner à G rechercher le cairn qui marque le départ du sentier qui remonte la vallée de la Chyandi khola. Le sentier qui reste à flanc de moraine est très dégradé par endroits. Après cette petite mise en train acrobatique, on traverse un plateau recouvert de buissons sur lequel on croise une source (55mn, 4300m). Au-delà, les moraines latérales se rapprochent l'une de l'autre. Le Yala Kang présente son glacier-dôme à l'arrière de deux pics frontaux. La vallée que l'on remonte est plutôt longue et la pente est faible. On ne prend pas beaucoup d'altitude... Le chemin se fait de moins en moins présent, il faut avancer avec difficulté à flanc de moraine.
On dépasse le camp "officiel" GHT situé sur la moraine RD au pied d'un thalweg qui descend de la Chyandi Lek (35mn, 4450m). On quitte les landes pour entamer un parcours ludique sur les pierres d'un des bras du torrent et à 4480m, afin de s'épargner une nouvelle marche acrobatique sur les flancs de la moraine, on remonte le couloir pierreux qui s'ouvre sur la D. Dès que la pente s'assagit, il convient de ne pas poursuivre tout droit mais de monter d'une quinzaine de mètres à main G sur la moraine pour y retrouver là-haut un excellent sentier tracé dans les herbes. A 4540m, on croise une source juste avant de descendre rejoindre le bord de la rivière à 4600m.
On se trouve face à la confluence de la Chyandi khola qui arrive du N et d'un torrent issu des plateaux que domine le Yala La. On traverse un bras du torrent (35mn, 4610m) pour poursuivre en plein centre de son large lit en remontant des plages de galets. Ce n'est qu'après 250m de cette marche que l'on franchit sur des pierres émergées le deuxième bras du torrent et que l'on se retrouve RD. On poursuit sur un sentier bien marqué au sol (c'est celui qui remontait la vallée de la Chyandi khola sur la RD depuis la confluence avec la Kaipuchonam khola que l'on suit à présent...). On évolue sur le fil des moraines herbeuses jusqu'à un point de vue en enfilade sur le fond de la haute vallée de la Chyandi khola qui présente deux glaciers fleuves (25mn, 4680m). Au-delà, on continue en bord de moraine pour rejoindre les plateaux gazonnés qui occupent le fond du vallon dominé par la crête minérale au milieu de laquelle on identifie le Yala La, la porte de sortie de demain.
On établit le camp sur le plateau herbeux un peu au-dessus du torrent (15mn, 4730m). On est vraiment "au milieu de nulle part" et comme c'est trop loin d'un quelconque village de la vallée il n'y a même pas de yacks au pâturage, c'est dire... Dans l'après-midi, il est vraiment conseillé d'aller jeter un coup d’œil dans le vallon d'à côté où les belles montagnes sont à leur avantage. Voire même aller jusqu'au pied de la moraine frontale des deux glaciers, là où la Chyandi khola prend sa source... Au milieu trône le sommet principal du Changdi himal (6623m) et sur la droite ses trois sommets satellites. Sur la gauche commence l'arête rocheuse du Kubi himal occultée partiellement par les pitons détritiques de la Changdi Lek. Cette crête composée du Changdi et du Kubi himal marque la frontière tibéto-népalaise.
A droite, c'est la logue crête du Palchung Hamga himal dont on peut admirer la crête orientale recouverte de glaciers (celle-là, on aura en de multiples occasions l'opportunité de la contempler et ce jusqu'au col que l'on franchira entre Tora kharka et Shey gonpa dans une dizaine de jours... et on prendra conscience que cette montagne est très étendue et sépare les deux pays himalayens sur une belle longueur. Là, on n'en découvre que l'arête occidentale... Retour sur le camp par le même itinéraire qu'à l'aller avec une belle perspective sur la rivière qui s'écoule du vallon morainique en présentant de belles arabesques..
Jour 13 : Yala La phedi - Yala La - Pung kharka
4h45 / +750m / -710m.
Diaporama On poursuit la remontée du plateau en direction du col. On traverse un torrent sur de grosses pierres et on commence à grimper sur la 2ème moraine. Le sentier en suit le fil jusqu'à venir buter sur un rognon détritique (50mn, 4970m, camp possible avec eau en contrebas). Maintenant, place au minéral ! Mais, avant de partir à l'assaut du rognon, on a le temps de déguster l'enchevêtrement des moraines de la vallée que l'on vient de remonter et qui composent un bien bel ensemble pictural sous les rayons du soleil matinal. Sur la gauche, on peut admirer la belle langue glaciaire qui descend de la crête W du Palchung Hamga himal, c'est le voisin de droite sur la frontière tibéto-népalaise du Changdi himal. Passons au rognon détritique !
On commence par une belle série de zigzags sur des vires de schistes puis c'est un peu plus haut que ça se corse avec une traversée un peu exposée (mais pas trop quand même...) sur les schistes pour atteindre le cairn salvateur (10mn, 5030m). Au-delà, on a encore le passage sur une vire étroite à négocier avant de retrouver une banquette gazonnée. Pas pour longtemps malheureusement car le sentier prend en écharpe une pente d'éboulis pour déboucher plus haut sur le rebord de la cuvette située au pied du col (45mn, 5240m, cairns). Le sentier se poursuit en RD et à hauteur de la cuvette dans les éboulis puis se retrouve confronté à devoir traverser une arête détritique. Pas de problème pourtant car il est très bien tracé et profite des petites vires qui lui sont proposées. Derrière, on débouche en RD du couloir qui dégringole directement du col (25mn, 5360m).
Les dernières pentes pour accéder au col sont démoniaques de raideur et par un effort soutenu on obtient la délivrance de passer entre les chörtens et de basculer du côté E du Yala La (25mn, 5425m). Le paysage que l'on découvre s'apparente beaucoup plus à l'idée que l'on se fait du haut Dolpo avec des pentes redressées et arides ainsi que des déserts d'altitude de cailloux. Un seul sommet d'importance se dresse dans le lointain : l'application Peak finder indique que c'est le Rozha peak (6529m situé sur la frontière tibéto-népalaise).
La descente s'effectue sur un sentier terreux recouvert par moments de schistes jusqu'à atteindre un plateau caillouteux (20mn, 5200m, source, emplacement possible de camp). On poursuit la descente en RG du ruisseau pour rejoindre le cairn de cristal de roche posé sur un mamelon à 5160m d'où l'on découvre en contrebas la large vallée fluviale de la Swaksa khola et sur la gauche l'impressionnante barrière mi-roche mi-glace du Palchung Hamga himal.
Le cairn indique à main D le départ du sentier qui va permettre de rejoindre la vallée. Au départ, le sentier est bien large. Il égrène ses beaux lacets bien tracés dans un coteau herbeux. Et puis, à mi-pente, la GHT nous en refait une : plus de sentier, même pas une vague trace, juste quelques cairns posés ça et là dans la prairie et qui invitent à se diriger en biais vers la D. On rejoint le large lit de la Swaksa khola (35mn, 4825m) et on le suit en RD sur un petit sentier ponctué de quelques cairns (mais on ne peut plus se tromper...). De suite, on est confronté à devoir contourner une grosse coulée d'éboulis : si on est en période de basses eaux, on peut suivre la rivière, sinon, c'est par le haut de la moraine ou en bas avec des chaussures aquatiques...
On retrouve derrière cette coulée une prairie à l'herbe rase. On se croirait vraiment au Ladakh avec ses vallées d'altitude, verdoyantes en bas et dominées de chaque côté par des pics détritiques ruiniformes. On croise une source (45mn, 4805m) et on poursuit la descente le long de la rivière jusqu'à rejoindre à 4795m deux cairns monumentaux. 100m plus loin, le sentier s'écarte de la rivière et se dirige sur la D vers un mamelon herbeux. C'est juste derrière, sur le large plateau, que l'on va établir le camp (25mn, 4770m, eau dans la rivière à 100m à l'E).
Jour 14 : Pung kharka - Ridge Pass BC
3h20 / +620m / -275m.
Diaporama Depuis le camp sur le plateau morainique, on poursuit sur le bord de la moraine vers le S à hauteur de la rivière. Puis il est nécessaire d'incliner sur la D pour aller traverser le thalweg bien creusé de la Pung khola très en amont (20mn, 4710m). On retrouve en face un sentier qui remonte sur la moraine. Les cairns sont bien utiles pour sinuer dans ces mamelons et rejoindre la RD de la Swaksa khola (15mn, 4640m). Ensuite, rien de plus aisé que de suivre le bord de la rivière. De part et d'autre de la vallée fluviale se dressent des pics détritiques aux crêtes acérées.
Un resserrement de la gorge (45mn, 4500m) nécessite un petit pas d'escalade sur des vires schisteuses. On se retrouve à hauteur de la rivière et même pas besoin de redescendre car on va rester à niveau pour s'enfiler dans la gorge qui s'ouvre un peu plus loin sur la D (pas d'issue si l'on poursuit le long de la Swaksa khola !). A l'entrée de la gorge (15mn, 4500m), on suit le beau sentier qui remonte le large couloir. La pente est affirmée et on sent que cet itinéraire est pas mal emprunté : en effet, c'est celui de la transhumance des yacks entre le village de Pho et les alpages d'estive.
Ne pas s'inquiéter si l'on ne voit pas d'eau couler dans le torrent avant d'avoir dépassé les deux éboulements RG et RD. Le torrent a été enseveli et on retrouve de l'eau à 4650m. L'ambiance est superbe avec ces rochers rouges qui bordent le couloir que l'on remonte. L'eau disparaît à 4700m (35mn, faire le plein d'eau pour le bivouac au cas où la source serait à sec là-haut !). La pente à présent est régulière et pas trop prononcée. Le sentier est très bien tracé, principalement sur du gravillon. On atteint la confluence de deux thalwegs (55mn, 4955m). Le sentier se poursuit dans celui de D et sort en haut dans celui de G à 5055m.
Le camp est 200m plus loin où se trouve normalement le petit ruisseau qui sort du dessous de la moraine RD (25mn, 5065m, eau qui sourd de la pente d'éboulis située RD de la cuvette, emplacement pour plusieurs tentes). En regardant vers la vallée, on peut revoir dans l'enfilade de la vallée de la Swaksa khola le sommet oriental, point culminant du Palchung Hamga himal. Quant au premier col que l'on doit franchir demain, le Ridge Pass, il s'agit bien de la petite fenêtre qui s'ouvre dans la crête vers l'W...
Jour 15 : Ridge Pass BC - Ridge Pass - Nyingma Gyanzen La - Pho
5h / +620m / -1600m.
Faire ses provisions d'eau pour toute l'étape car il n'y a aucune possibilité de réapprovisionnement.
Diaporama Du camp, on remonte par le large thalweg en direction de la brèche étroite qui se situe dans la longue crête minérale. Un peu plus haut, on incline légèrement sur la D pour suivre un sentier qui remonte une pente schisteuse. A l'arrière, le Palchung Hamga himal se dévoile un peu plus et principalement ses sommets orientaux. En s'élevant, on découvre plus à droite, émergeant des roches à l'arrière des rochers rouges ruiniformes, le pic triangulaire déjà vu précédemment il y a deux jours, le Rozha peak.
A 5310m, on atteint la base des pentes terreuses qui défendent le col. La couleur de la roche change pour passer du gris au marron. Par des zigzags dans les pentes redressées on rejoint l'étroite brèche que les acteurs de la GHT ont nommée Ridge Pass (1h30, 5433m). Du côté SW, on découvre deux montagnes glaciaires imposantes : les Kanjiroba (2 sommets N et S) à droite et le Hiunchuli (ou Tripura Thumba) à gauche. On descend côté SW d'une vingtaine de mètres pour contourner par le bas le rognon rocheux du col puis on repart en montée sévère en suivant la base de la crête rocheuse.
Plus haut, on fait un détour par le rebord de la crête avant de passer le collet coté 5485m. Puis, de retour sur le sentier, on incline à D pour monter à flanc du mamelon pour dépasser un gros cairn (20mn, 5510m). On poursuit sur un étroit sentier face au Hiunchuli et par une traversée dans des rognons détritiques, on atteint le Nyingma Gyanzen La (15mn, 5565m, C la cabine téléphonique la plus haute du haut Dolpo...) pour une vue panoramique à 360° sur le haut Dolpo, mais pas que : on peut voir vraiment très loin en incluant des montagnes appartenant uniquement au Tibet.
A noter, en contrebas vers l'E, la présence du village de Kuwagaon entouré de ses champs de céréales en bordure de la Taro khola. On ne se trouve pas vraiment sur un col mais plutôt sur un sommet point de convergence de plusieurs crêtes. De fait, on suit la crête S jusqu'à franchir longitudinalement deux collets à 5390m avant de remonter jusqu'à 5435m pour enfin trouver la VRAIE descente !
Et elle a quelque chose de magique avec ce panorama de légende sur les chaînes de montagnes du NW du haut Dolpo. Après la rocaille, voici les éboulis de petit schiste pour ce parcours entre terre et ciel. Malheureusement, à 5350m, la séance panoramique se termine là où des cairns invitent à incliner vers la D en direction d'un large col. Mais on a encore pas mal de scènes picturales à contempler dans ce haut Dolpo aux roches multicolores et aux formes contrastées !
Une fois au col (50mn, 5045m), on incline vers la G pour suivre le petit sentier qui, RD du large vallon aride de la Chhurak khola. En pente modérée, il épouse tous les contours du vallon pour sortir au niveau d'une épaule marquée d'un beau chörten (35mn, 4640m). Face à nous la Yambur danda et ses roches sculptées qui vont du blanc au rouge en passant par le jaune et l'ocre (c'est d'ailleurs au pied du grand pic noir que l'on passera la nuit suivante, mais à ce moment, on ne le savait pas encore...).
En contrebas (enfin...!), le regard plonge sur les champs du village de Pho qui dessinent de belles arabesques sur un petit plateau. Le sentier de descente part à G en RG de la large combe jusqu'à atteindre 4560m. Ici, le vieux sentier descend directement vers le plateau en suivant le fil de la croupe détritique orientée E mais n'est plus trop utilisé car devenu un peu trop dangereux.
On incline sur la D pour... perdre le sentier qui se dédouble en de nombreux bras qui sinuent entre les buissons ras épineux. On a commencé RG, nous voilà RD à 4410m où un vrai sentier "semble" vouloir exister à présent. En effet, il existe mais ça ne dure qu'un temps ! On était RD, nous voici à zigzaguer pour rejoindre la RG où l'on finit sur un sentier qui ne mérite pas son nom... On traverse un thalweg à sec (45mn, 4185m). Heureusement qu'il y avait la beauté des paysages pour égayer la descente ! Du thalweg, on poursuit légèrement à G pour rejoindre le (nouveau) village de Pho (10mn, 4095m) qui se situe bien au-dessus des champs, autrefois emplacement de l'ancien village. Nuit à l'"hôtel" Nyingma Gyantzen (tel : +977 9866884249) situé dans la partie haute, moderne, du village.
Pho est un village du bout du monde, habité toute l'année. C'est l'occasion de revoir nos semblables (depuis Shilenchaura kharka il y a 7 jours) dans cet endroit où ils arrachent au sol ce qu'ils vont consommer dans l'année. Quelques convois de mules arrivent jusque là entre avril et octobre (le reste de l'année les cols sont fermés entre Dunaï, la capitale du Dolpo, et Shey Gonpa par la neige et la glace, donc infranchissables) mais ils ne ravitaillent les villageois qu'en riz, sucre, sel, huile et gaz. Le reste, c'est du local qui a poussé difficilement car l'eau est rare à Pho et plus généralement dans ce coin du haut Dolpo (on pourrait même le qualifier de "haut du haut Dolpo"...). L'eau de la rivière est 700m plus bas mais celle qui irrigue les champs de l'auto-suffisance, ils ont été la chercher loin dans la montagne ! Alors, la vie d'ici, c'est sans fioritures. C'est d'autant plus louable de pouvoir faire étape chez ce charmant couple Gurung...
Jour 16 : Pho - Pont sur la Taro khola - Potalgaon (Pho kharka)
3h35 / +700m / -700m.
Après la journée d'hier très dense et usante car à très haute altitude, l'étape théorique de la GHT rejoint directement Bhijer pour une bambée de 7 à 8h / +1400m / -1600m. Une étape que les locaux ont jugée trop longue mais qui avait jusqu'au mois de juin 2023 un gros problème si l'on voulait la couper en deux : celle de ne pas disposer d'eau pour un bivouac à mi-chemin de Bhijer sur les anciens champs du village de Potalgaon abandonné justement... à cause du manque d'eau ! Ils se sont pris par la main (demander des subsides au gouvernement, il ne faut même pas y penser, "le haut Dolpo, c'est où...? Ah ! C'est ce qui rapporte 50$ / jour / pers ? Ils n'ont besoin de rien, c'est sûr...") et ont été chercher une source dans la montagne, ont créé un captage à plus de 2000m de là, de l'autre côté du Yambur La versant Bhijer, et ont déroulé une canalisation jusqu'à une fontaine en dur qu'ils ont installée sur le plateau au milieu d'un bel emplacement de bivouac. Merci à eux ! Et c'est une des raisons pour laquelle je ne me prive pas d'y faire étape. L'autre raison, bien sûr, c'est l'enchaînement de plusieurs grosses étapes. La randonnée itinérante, même si elle s'appelle la GHT..., doit rester un plaisir. On n'est pas des forçats... Et puis, si l'étape d'hier avec des crêtes panoramiques était splendide, celle qui "ne fait que" changer de coteau entre Pho et Potalgaon est en tout point remarquable par l'ambiance typée "Mustang" (qui m'est chère au cœur....) dans laquelle on va évoluer. Alors, prenons le temps de déguster les paysages que l'on traverse et délaissons du regard le chrono pour être certains d'arriver avant la nuit au bout de l'étape ! Après, vous faites bien ce que vous voulez. Chacun vit la montagne à sa façon...
Diaporama Du "nouveau" village de Pho, on descend vers l'E en suivant le large sentier qui parcourt la RG de la combe et passe au travers des chörtens. Une fois que l'on a dépassé les cultures, on se retrouve immergé dans une ambiance typée "Mustang" avec ses couleurs et des conformations de roches (cheminées de fées, grottes naturelles, etc.) si particulières et par une descente à flanc de falaise rougeâtre on rejoint par un sentier osé mais bien viabilisé le nouveau pont métallique sur la Tora khola (1h25, 3430m, je ne vous parle pas de l'ancien, en bois, toujours en place et apparemment entretenu, et qui est encore utilisé par les nostalgiques et d'une fabrication unique, même au haut Dolpo, très locale, dirons-nous...).
Une fois sur la RG, le sentier est aménagé en courts zigzags pour remonter une petite gorge puis emprunte les vires de la falaise (très photogénique...) pour venir contourner une arête rocheuse et juste derrière traverser un premier couloir d'éboulement (attention par temps de pluie et/ou de vent !). Ensuite, il en traverse un deuxième, plus typé "Mustang", très détritique dont on franchit la portion centrale sous un auvent naturel. C'est la seule voie d'accès au village de Pho, la ligne de Vie, quoi ! Eh bien, les villageois y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux et l'entretiennent du mieux qu'ils le peuvent bien que la conformation du terrain ne soit pas des plus faciles. On croise la seule source de la montée et on profite d'un instant fraîcheur sous les saules (50mn, 3720m). En face, on revoit le petit plateau sur lequel est posé Pho entouré qu'il est des pentes arides de la combe au pied de laquelle il est construit. Le sentier sinue sur le fil des moraines détritiques en s'élevant progressivement.
La barre des 4000m est franchie au niveau d'un chörten à l'intérieur duquel est posée une pierre avec une empreinte de pied (Padmasambhava est-il passé par là...?). Encore quelques centaines de mètres à parcourir et on posera le pied sur le plateau qui accueillait autrefois, il y a pas mal de temps quand même, le village historique de Pho (il s'appelait Potalgaon) et dont les habitants ont migré de l'autre côté de la vallée de la Tora khola à cause du manque d'eau... On note sur la droite dans le sens de la montée le large col du Yambur La, l'échappatoire du lendemain. Sur le plateau de Potalgaon (1h10, 4095m), on trouve, comme annoncé, la présence d'une fontaine moderne et plein de places pour monter les tentes. Comme le tuyau d'eau fait 2kms et que le soleil tape dessus toute la journée, l'eau est tiède et à température idéale pour la douche, en milieu-d'après-midi bien sûr...
Jour 17 : Potalgaon - Yambur La - Bhijer
4h / +800m / -1020m.
Diaporama De la fontaine, on suit le large chemin vers la D en direction du col. Un peu au-dessus, on laisse partir à main gauche le chemin de Kuwagaon. Le sentier est superbement tracé en pente régulière jusqu'à 4340m et se dégrade alors qu'il doit négocier le franchissement d'un mamelon recouvert de buissons ras. On atteint un petit plateau (1h, 4410m) d'où la vue porte sur les vallées de la Tora khola et de la Swaksa khola avec au fond la frontière tibétaine marquée par le Palchung Hamga himal qui étale sa longue crête à l'horizon N.
On poursuit à hauteur RD d'un thalweg. A 4500m, on retrouve de l'eau au fond du thalweg en contrebas. Elle disparaît assez vite... A 4580m, on traverse le thalweg pour grimper sur un monticule noir de jais. Pour cela, on remonte quelques temps dans le lit-même (c'est humide mais peu ragoûtant du fait des troupeaux qui viennent s'abreuver tout en se délestant de leur trop-plein...) et ce jusqu'à en sortir sur la D à 4650m. A l'arrière, les montagnes de la frontière se complètent à gauche du Kubi himal et du Changdi himal alors que le Palchung Hamga himal occupe toujours la partie centrale. On poursuit la montée pour traverser successivement deux plateaux gazonnés desquels le Kanjiroba, bien que lointain, présente ses deux sommets N et S souvent ennuagés. Avant de basculer vers le S une fois que l'on aura franchi le col, on peut une fois encore admirer ce haut du haut Dolpo si secret puisque l'accès en est défendu par un seul col, celui par lequel on passe...
Encore quelques pentes peu redressées et voici le moment où l'on bascule d'un haut Dolpo plutôt montagneux et rocheux vers un haut Dolpo de plateaux à l'infini. Le Yambur La (1h05, 4823m, C) marque cette "frontière" au pied d'un pic ruiniforme de belle facture appartenant à la crête de la Yambur danda. Côté S, de gauche à droite, on devine sur la gauche le passage du Neng La, le col qui permet de rejoindre Saldang, en face à l'extrême horizon ce sont bien les Dhaulagiri II, III et IV qui s'affichent tout au S du haut Dolpo du côté de Kagkot, Terangaon et Mukot (voir le topo La Kora du Dhaulagiri n°2 pour ce trek de toute beauté...), un peu plus à droite le plateau de la montagne de Cristal au pied de laquelle on devine le plateau de Shey gonpa, et pour finir le Kanjirowa (à ne pas confondre avec le Kanjiroba...), un massif au pied duquel on est passé lors du trek Traversée du haut Dolpo Centre entre le Phoksumdo tal et Shey gonpa.
On descend côté S du col pour contourner par un sentier à flanc quasi étale la large combe au sein de laquelle la Lang khola prend sa source et franchir une épaule (50mn, 4525m). Noter qu'au cours de ce parcours, on aura pu contempler de nouveau, deux jours après l'avoir vu depuis la crête du Nyingma Gyantzen La, le Hiunchuli et ses murs de glace ainsi que le Kanjiroba qui fait sa réapparition après avoir été occulté par un mamelon au niveau du passage du col.
De l'épaule, le sentier descend en larges lacets plus ou moins bien viabilisés (mais c'est le jour et la nuit avec ce que l'on a connu pour accéder à Pho avant-hier...!). Le sentier suit les moraines et louvoie entre les thalwegs arides alors qu'on lorgne sur le domaine de Bhijer, 700m plus bas, qui apporte des notes colorées au paysage avec les champs de sarrasin et d'orge en se disant qu'on aimerait bien déjà s'y trouver... La délivrance approche alors qu'aux alentours de 4000m d'altitude on traverse les anciennes terrasses cultivées du village, aujourd'hui abandonnées (il y a même eu un canal d'irrigation arrivant du haut de la vallée sous le Neng La...).
Quelques ruines d'habitations et des vieux chörtens laissés à l'abandon attestent bien qu'il y a eu une vie agraire ici... On en termine avec cette descente, un peu abruptement certes, par une désescalade desdites terrasses sur une sente en zigzags serrés qui conduit en haut du village sur la RG d'un torrent qui semble avoir quelques crues subites non contrôlées. Par un entrelacs de ruelles du village qui compte bien une cinquantaine de foyers, on descend jusqu'à la Yamchho khola où l'on tourne sur la G pour rejoindre le lodge (qui fait aussi boutique bien achalandée...) et les emplacements de camping (1h10, 3870m, pas d'électricité, C).
Jour 18 : Bhijer - Shyamling gonpa - Tata - Taro kharka
4h10 / +1010m / -210m.
Diaporama A Bhijer, la GHT propose deux routes :
- celle qui part vers l'E pour franchir le Neng La permettant d'accéder aux vallées orientales du haut Dolpo dans lesquelles se trouvent les villages de Saldang, Tinje, Chharka Bhot, etc pour envisager une sortie du haut Dolpo vers le haut Mustang via le Keykap La (Lo Manthang) ou via le Junjungben La (Jomosom).
- celle que l'on va suivre partiellement jusqu'à Shey gonpa où on la laissera partir vers le Phoksumdo tal alors que l'on choisira d'aller explorer la route directe vers Dho Tarap.
Avant de partir, visite du gonpa vieux de 900 ans qui se situe à l'W du nouveau village de Bhijer. En effet, le gonpa se trouve à l'entrée du vieux village qui jusqu'à présent était resté caché... Visite Rs500 et pas de photos à l'intérieur ! Mais ça vaut vraiment le coup d’œil avec des peintures murales d'origine et une bibliothèque très fournie dont les reliures des ouvrages religieux sont en or pur. Accessoirement, le site peut accueillir des groupes de randonneurs avec tente mais dispose de chambres et d'une cuisine pour le staff.
De retour au pont sur la Yamchho khola à 3870m, avant de poursuivre la randonnée, il ne faut pas oublier de passer au check-post de la police situé à l'E du village pour faire valider son permis de trek. On traverse la rivière sur le pont de bois pour s'élever dans le thalweg qui fait face au village. Au 2ème chörten, on incline sur la D pour traverser le thalweg et s'élever sur le sentier RG. Sur le plateau (30mn, 4045m), on laisse le sentier direct vers Shey gonpa filer tout droit vers les crêtes (il est nettement plus rapide que celui qui sera décrit - on peut envisager de rallier Shey gonpa dans la journée - mais alors il est bien moins intéressant côté paysages...). On incline sur la D hors sentier pour remonter le coteau en biais et retrouver un peu plus haut derrière une moraine sableuse le sentier "officiel" (il démarrait sur la droite aussitôt après avoir traversé le thalweg et passait par au pied d'un chörten planté sur la moraine RG...). La jonction s'effectue au-dessus de la station météo (15mn, 4140m). On poursuit vers le S pour aller franchir le col (25mn, 4290m) duquel la vue porte sur les montagnes de Cristal et de Cuivre ainsi qu'un petit bout du Kanjirowa qui dépasse à l'arrière d'un large col.
Ici, les montagnes sont noires mais il y a quand même de la végétation qui s'accroche aux pentes. Du col, le sentier part sur la G et propose un parcours en balcon quasi étale au-dessus de la Tartang khola. Il rejoint une épaule (20mn, 4275m) marquée de murs de manis qui annoncent le gonpa de Shyamling vers lequel on descend. De belle importance, le site monastique est composé d'une dizaine de bâtiments et de chörtens (15mn, 4190m, fontaine, possibilité de campement pour groupe).
En face, de l'autre côté de la vallée de la Tartang khola, s'ouvre la longue vallée de la Dulung khola. On remonte vers le S pour passer près du chörten et c'est un incroyable sentier-balcon qui nous accueille pour un parcours de légende. On est sur le flanc des plateaux et on domine les profondes gorges de la Tartang khola. Sur les pentes très relevées, les bharals s'en donnent à coeur-joie par groupe de plusieurs dizaines d'individus.
Après la dernière exploration des fonds de combe, le sentier débouche sur une épaule herbeuse sur laquelle ont été érigés des murs de manis. Ils annoncent l'entrée du village de Tata au-dessus duquel on ne fait que passer avant de rejoindre le thalweg d'alimentation en eau du village (50mn, 4150m, possibilité de descente jusqu'au gonpa Bön du village en 15mn).
La kharka de Taro où l'on doit faire étape ce soir se situe 400m au-dessus du village. On remonte le thalweg puis le chemin incline sur la D en jouant avec le canal d'irrigation. On dépasse les chörtens et on peut constater que l'on s'est bien rapproché de la profonde gorge de la Yangu khola. Après une petite montée, on débouche sur un plateau à 4250m sur lequel on peut reprendre son souffle. Là encore, les groupes de bharals sont très présents à proximité du chemin.
Puis le sentier reprend de l'altitude assez progressivement en s'éloignant de plus en plus du fond de la gorge. Superbement bien tracé en RD de la vallée, le sentier propose différentes vues sur le haut de la vallée, entre coteaux recouverts de buissons ras et total minéral. Côté panoramique, on a perdu la montagne de Cristal.
On la retrouve un peu plus haut au moment où le sentier dépasse une épaule rocheuse pour incliner à G rechercher la traversée d'un thalweg en courbe de niveau, donc très en profondeur (1h, 4415m). Il ne reste plus qu'à grimper sur la moraine sablonneuse puis en suivre le fil vers l'E pour déboucher sur l'alpage très étendu de Taro (25mn, 4530m, eau, emplacements de tentes à volonté).
Côté panorama, de part et d'autres de la montagne de Cuivre : à droite le Hiunchuli (celui-là, on l'aura vu sous pas mal de faces..., à gauche l'arête N du Kanjirowa). Ici, sur cet alpage où elles disposent de petites cahutes en pierres pour séjourner, les femmes du village de Tata se relaient tous les 3 ou 4 jours pour traire les femelles yacks, fabriquer du fromage blanc mais aussi des morceaux qu'elles font sécher au soleil. Une sacrée ambiance entre filles ! Encore un endroit exceptionnel de ce haut Dolpo où paysages et humains se fondent pour composer un tableau d'une incroyable vérité !
Jour 19 : Taro kharka - Shey gonpa
5h / +750m / -960m.
Diaporama On quitte cet endroit aux gens super sympathiques en remontant les alpages vers l'E. On rejoint une "autoroute" pour aller traverser la Yangu khola (20mn, 4570m) et suivre le sentier qui commence à s'élever dans les pentes recouvertes de buissons ras. A 4640m, à la fourche de sentiers (aboutissement du sentier qui arrive directement de Bhijer et qui est passé par les crêtes...), il convient de partir sur la D. Tout est si grand et si proche...
En regardant sur la droite, on revoit la Yambur danda et les cols au-dessus de Pho et même un bout de la crête panoramique que l'on a suivie il y a 4 jours déjà...! Taro kharka s'éloigne, ce lieu de vie estival situé au milieu de rien. On reprend le vieux sentier car le nouveau tracé spécialement construit pour les convois de mules fait vraiment de trop larges détours. Et par des pentes moins inclinées on atteint un col panoramique sans nom (55mn, 4810m, C dernière "cabine téléphonique" jusqu'à Rike...). Au N, à l'arrière de la Yambur danda, on revoit la montagne cubique du Kubi himal et bien entendu le Palchung Hamga himal.
La suite du sentier propose un parcours en up / down tracé à flanc d'éboulis de petit schiste et de banquettes herbeuses à belle hauteur de la Tartang khola pour rejoindre une épaule (25mn, 4790m). Le Kanjirowa himal a réapparu. On descend à main G traverser des alpages. Un bref moment on entrevoit Shey gonpa au fond de sa vallée fluviale. On est loin d'être arrivé...!
Et c'est reparti en up / down. On croise pas mal de sources dans ce vallon d'altitude et aussi des colonies de bharals. Une montée plus prononcée que les précédentes conduit jusqu'à un collet (25mn, 4755m) d'où l'on découvre une belle descente pour rejoindre une kharka avant de se lancer dans une belle remontée... Tout cela à cause de la cassure provoquée par la Den khola qui a coupé le plateau en deux (une passerelle aurait été la bienvenue, non...?). On descend les pentes détritiques pour venir croiser un torrent qui descend du Nengla Lek (15mn, 4505m).
Le sentier se poursuit en face en pente modérée pour passer sous les bergeries et atteindre la Den khola (15mn, 4550m) que l'on traverse au niveau de sa confluence avec une autre rivière. En RG donc, le sentier s'élève sur des pentes de schiste en direction de la crête marquée par un cairn monumental. Puis on incline sur la D comme pour l'éviter mais, une fois que l'on a franchi l'épaule herbeuse à 4820m, on revient sur la G pour se hisser sur le mamelon. On retrouve un cairn et un beau sentier à 4870m, sentier que l'on suit sur la D vers le S en légère montée face au Kanjirowa et à la montagne de Cristal. A l'arrière, sur la gauche de la Yambur danda, on redécouvre le Kubi himal mais aussi le Changdi himal (celui-ci ça fait 9 jours que l'on était au pied..., et pourtant il ne paraît pas si loin que ça !) et le Palchung Hamga himal.
Le plateau herbeux se termine (1h20, 4880m) et on enchaîne sur un sentier-balcon à flanc qui s'en va franchir une épaule herbeuse. A main droite du S au N, on peut admirer le Kanjirowa, la montagne de Cristal, le Hiunchuli, le Syanath (un petit nouveau qui fait partie du Kanti himal situé un peu plus à l'W sur la frontière tibéto-népalaise...). Sur le sentier-balcon, on dépasse le gonpa de Tsakang accroché à sa falaise à hauteur en RD de la Tartang khola.
On franchit une nouvelle épaule (15mn, 4890m) et voici (enfin...!) la VRAIE descente face au Kanjirowa qui dépasse à l'arrière du Nangdo La. Là encore, le paysage change du tout au tout avec des pentes gazonnées à l'infini. On descend traverser un thalweg (15mn, 4735m) et on poursuit à hauteur en RG face à la montagne de Cristal un petit moment avant de descendre plus fortement sur Shey gonpa. Le sentier zigzague dans le coteau et débouche au-dessus du gonpa. Comme de bien entendu, on le contourne par sa G pour se connecter au sentier qui arrive de Namgung et que l'on suivra un moment demain matin. Pour l'instant, on l'emprunte sur la D pour descendre franchir la Tartang khola sur un pont de bois et se poser sur le plateau d'alluvions sur lequel est "construit" le village à majorité de tentes de Shey gonpa (35mn, 4320m, boutiques).
Shey gonpa n'est qu'un "village" de tentes complètement enserré au milieu de montagnes. On peut en sortir par les 4 points cardinaux mais seulement par le franchissement de cols d'au moins 5000m. C'est un carrefour de routes commerciales : au N, vers Bhijer d'où l'on arrive, à l'E sur Namgung et Saldang, à l'W vers Ringmo et au-delà Dunaï et Juphal, au S vers Dho Tarap où l'on se rendra demain via le Sela Mukchung La, le Lanmuse La et le Numa La North. A noter, qu'ici, tous les 12 ans pour l'année du Dragon, se tient à la pleine lune d'août un énorme festival qui rassemble l'espace de quelques jours des milliers d'habitants du Dolpo pour une célébration, entre autres, autour de la montagne de Cristal (la prochaine en août 2024...).
On peut prévoir de rester une journée entière à Shey gonpa pour aller rendre une petite visite au gonpa de Tsakang (c'est celui que l'on a pu voir accroché à la falaise en contrebas du sentier-balcon de la Tartang khola, compter 3h A/R et demander au préalable si le lama est bien sur place...) et au retour pénétrer dans celui qui domine le village de Shey gonpa. Pour ces deux excursions, faites défiler les photos du Diaporama de 2017.
Jour 20 : Shey gonpa - Sela Mukchung La - Lanmuse La phedi
4h45 / +940m / -330m.
Cette étape va faire une infidélité aux tracés GHT : celui qui passe par Shey gonpa franchit le Nagdalo La pour rejoindre le Phoksumdo tal. C'est une autre route que je propose de découvrir, plus directe et traversant une zone semi-aride de plateaux. Un chemin d'excellente facture car très emprunté par les caravanes de mules entre Dho Tarap et Shey gonpa permettant de contempler une nouvelle forme de paysages de ce Dolpo si multiple.
Diaporama Du campement au milieu du village de toiles, on repasse au-dessus de la Tartang khola avec le pont de bois puis on remonte à flanc sur la D pour passer sous le gonpa. On suit à présent à hauteur la RD de la Sephu khola sur un large sentier ponctué de nombreux murs de manis. On s'élève par à-coups jusqu'à un petit plateau gazonné (1h15, 4585m, mur de manis). A la fourche de sentiers, on laisse partir à main gauche celui qui monte fortement en direction du Sela La vers Namgung et au-delà Saldang (voir topo Traversée du haut Dolpo Centre) pour poursuivre tout droit en courbe de niveau afin de rejoindre la rivière. On suit la RD sur un petit sentier proche de l'eau puis on traverse la rivière qui descend du vallon du Sela La avant de passer devant la bergerie d'une kharka (20mn, 4605m). On poursuit au SE en RD de la large vallée de galets de la Sephu khola.
On traverse le large lit de galets d'une rivière qui débouche du NE et on poursuit le long de la Sephu khola jusqu'à atteindre la confluence de ses deux bras à 4720m. Là, le sentier ne choisit ni l'un ni l'autre mais monte en zigzags entre les deux sur la moraine centrale avant de basculer vers la G, traverser le petit cours d'eau et remonter vers 4800m sur une banquette herbeuse. On dépasse ensuite un bel endroit de bivouac (55mn, 4850m, eau dans le torrent). Par des pentes relevées sur des gravillons on atteint le Sela Mukchung La (40mn, 5070m).
Côté S, on découvre un entrelacs de plateaux semi-désertiques avec à l'horizon lointain les Dhaulagiri I, II et V ainsi que le Chanmar Lek dont la calotte glaciaire de 6050m dépasse tout juste des crêtes rocheuses qui ceignent ces plateaux. On reconnaît à l'E la Karcho danda composée de trois moignons ruiniformes derrière lesquels se cache le village de Chagaon sur l'itinéraire GHT qui va de Saldang à Dho en passant par le Jyanta La (voir topo Traversée du haut Dolpo Centre). En se retournant vers le N, on commence à être habitué de retrouver le Hiunchuli, le Kanjiroba et l'incontournable Palchung Hamga himal... On poursuit côté S à D sur un sentier-balcon qui court à flanc des pentes d'éboulis de petit schiste et à hauteur des plateaux. On franchit un collet (20mn, 5010m, cairn) où l'on incline à D.
Toujours à flanc, on descend vers le S traverser une rivière (10mn, 4940, eau). La suite est un up / down permanent mais le sentier est superbement tracé pour éviter des dénivelées trop importantes. On croise un chemin non référencé sur les cartes qui descend d'un col derrière lequel se trouve le Sagar tal (et duquel on devrait pouvoir descendre en suivant la Sagar khola, vers le Phoksumdo tal...). On descend traverser la rivière (25mn, 4865m) puis c'est une petite grimpette à flanc d'éboulis qui est proposée pour aller franchir une crête à 4935m. Le paysage de ces hauts plateaux est assez méconnu des aficionados du Dolpo mais c'est réellement fascinant de découvrir ce bassin versant de la Dachen khola qui, si l'on se réfère aux cartes datant d'une trentaine d'années, présentait, sur l'ensemble de ses crêtes détritiques qui le ceignent aujourd'hui, des glaciers qui ont disparu... C'est une route commerciale, à n'en pas douter, à voir le nombre de déjections équines et asines qui jonchent le sol. Par contre, pas de yacks ou de chèvres, pas de kharkas, l'herbe très rase et sèche ainsi que les buissons épineux qui recouvrent les coteaux ne doivent pas leur convenir... On établit le bivouac à hauteur d'un thalweg dans lequel s'écoule une rivière qui descend d'un large col (40mn, 4930m, GPS : 29°17'22"N 83°02'47"E).
Jour 21 : Lanmuse La phedi - Lanmuse La - Numa La North - Numa La North & Central phedi
5h35 / +690m / -920m.
Diaporama Depuis le campement, on poursuit sur ce chemin en balcon au-dessus de la zone de plateaux qui occupe l'espace entre Shey gonpa et Dho Tarap. On traverse la rivière et une bonne petite grimpette à l'ombre réchauffe les muscles. Après une portion relativement plane, on croise un chemin qui vient du bas et s'en va franchir un col dans la Dansila Lek (30mn, 4555m, derrière le col c'est le bassin versant du Phoksumdo tal). Sur le sentier en up / down que l'on suit, on a la chance qu'il soit préservé et assez loin de la piste Dho Tarap - Saldang qui est en train d'être finalisée (automne 2023) et qui traverse la crête de la Dansila Lek à son extrémité orientale au niveau du Jyanta La.
On franchit une dernière crête (35mn, 4925m) pour légèrement descendre avant d'entrer dans le vallon qui descend du Lanmuse La. De thalweg en thalweg, on rejoint celui qui descend du col. On le traverse pour remonter en RD de la Nagun khola sur une moraine herbeuse (30mn, 4870m). Le sentier monte plutôt directement sur la moraine jusqu'à 5000m avant de partir en traversée vers la D avec, semble-t-il, une pente moins affirmée. Au pied du pic occidental de la Chhumchu danda, on franchit le Lanmuse La (1h10, 5175m) pour découvrir à 3kms vers le S le col suivant, le Numa La North (ou Khyung La).
On poursuit sur la RG de la vallée. A la fourche de sentiers à 5010m, on laisse partir à droite l'itinéraire qui permet de descendre vers le Phoksumdo tal (découverte Paulo Grobel...) et on poursuit à hauteur du fond de vallon à flanc de moraines en direction du Numa La North. On croise l'une des sources de la Chakhali khola au pied du col (1h10, 5035m). La dernière centaine de mètres de dénivelée, on va aller la chercher en RG de la pente d'éboulis qui défend l'accès au col, voire même en dehors, en suivant un lacet dessiné spécialement pour les convois de mules, a priori moins pentu, quoique... En fin de compte, on passe au-dessus du col géographique, plus à l'W du Numa La North (20mn, 5155m, cairn). La descente est vraiment tranquille sur des pentes peu prononcées jusqu'à atteindre une large prairie, le Numa La North & Central phedi (35mn, 4700m, eau dans la rivière).
Jour 22 : Numa La North & Central phedi - Numa La Central - Danigar kharka
4h / +650m / -825m.
Petite journée qui permet de manière aisée de rallier la kharka de Danigar, l'étape de la GHT entre les cols du Numa La North à l'E et le Baga La à l'W. Communément, la GHT franchit le Numa La North car elle arrive du S de Dho Tarap. Dans notre cas, comme nous arrivons du N, il était beaucoup plus naturel de franchir le Numa La Central. Très peu utilisé par les touristes, son intérêt réside dans sa faible dénivelée d'ascension (450m au lieu de 1100 pour l'autre), un kilométrage d'étape réduit, un parcours entièrement en sentier-balcon et des espaces naturels splendides à contempler... Par contre, il y a un mais... : il va falloir s'assurer que le franchissement du Baga La est réalisable à cause des chutes de neige subites qui peuvent se produire tout là-haut à 5173m (en une nuit il peut tomber 50cm à 1m de neige fraîche...), et cela, très tôt en saison, au tout début d'octobre, bloquant le passage plusieurs jours de suite et jusqu'à 2 semaines...
Diaporama Depuis le camp sur la prairie, on traverse la rivière pour emprunter des traces de sentiers qui remontent sur les moraines herbeuses vers le NW (noter qu'il existe un tracé plus direct reporté sur la carte NP109 dont on ne voit pas le départ sur le terrain mais que l'on voit bien arriver au col ; il est plus au S que celui qui sera décrit mais avec une pente "dré dans l'pentu"...). Ces traces se perdent dans les buissons ras vers 4800m. Il faut continuer à s'élever en biais dans la pente en gardant une direction vers le pic occidental qui termine la Chhula Lek de couleur orangée. On atteint ainsi une petite plateforme (35mn, 4950m) où l'on incline sur la G pour suivre le fil d'une moraine orientée au S. Vers 5050m, on atteint la base d'une crête de petit schiste où l'on retrouve une sente qui en suit le fil vers la D et qui par une courbe ascendante vers la G rejoint le large passage du Numa La Central (50mn, 5150m, cairn).
La descente s'effectue côté W sur des pentes peu prononcées de petit schiste en RD du vallon. On traverse la rivière naissante (25mn, 4800m) pour remonter sur la moraine herbeuse RG. Le chemin a disparu et il convient de descendre les pentes herbeuses jusqu'à rejoindre la grande kharka qui se trouve en contrebas (20mn, 4580m). Au-delà, on descend traverser une rivière émissaire qui arrive de la G (pas celle que l'on a traversée plus haut...) et on emprunte le sentier-balcon à flanc de coteau qui s'initialise sur la RG.
Au détour d'une épaule rocheuse, on change de vallée fluviale pour passer dans celle de la Chhula khola au-dessus de laquelle le sentier a été audacieusement tracé sur des vires de la falaise (ce sentier est très emprunté par les bergers pour y faire transhumer troupeaux de chèvres et de yacks...). On débouche dans un collet à 4575m marqué d'un cairn et on poursuit en descente tranquille pour rejoindre le fond du vallon de la Gyambo khola qui descend de la face W du Numa La South, le col qui est emprunté par la GHT depuis Dho Tarap (1h05, 4370m, abri sous roche). On traverse la Gyambo khola à gué puis on remonte en face par le large chemin à flanc d'un gros mamelon jusqu'à basculer dans la vallée parallèle après avoir franchi quelques rognons rocheux au-dessus de la confluence de la Gyambo khola avec la rivière qui descend du vallon issu des glaciers N du Norbung Kang, l'imposant massif glaciaire qui ferme la vallée dans laquelle on va faire étape. Encore un faux-plat montant pour rejoindre Danigar kharka qui se trouve au départ du sentier qui remonte les pentes orientales du Baga La, très dégradées car parcourues par des milliers de yacks chaque saison (50mn, 4525m, eau de source sur la banquette herbeuse en RD de la rivière).
Jour 23 : Danigar kharka - Baga La - Temche - Yak kharka - Rike
6h / +680m / -1840m.
Diaporama De la plateforme de la kharka de Danigar, on descend traverser la rivière sur un pont de pierres et on remonte en face sur la moraine. Le sentier égrène des zigzags dans la pente mais celui-ci est pas mal érodé par les transhumances bisannuelles des centaines de yacks appartenant aux villageois des vallées qui se trouvent à l'W du Baga La. Après la traversée du couloir d'éboulis à 4600m, le sentier et très bien tracé en larges lacets à flanc de moraine pour rejoindre le collet qui s'inscrit entre les deux mamelons morainiques coiffés d'un cairn (1h20, 4900m). En se retournant vers la vallée, on voit de gauche à droite la Chhula danda, la Chumchu danda avec le Lanmuse La en plein milieu du paysage. On devine aussi le Numa La Central dont on voit la crête mais pas de Numa La South occulté qu'il est par une grosse montagne. Vers le S, le Norbung Kang présente ses glaciers fleuves.
On avance encore un peu dans la pente pour découvrir à l'avant le passage du Baga La. Puis c'est un chemin à la pente moins affirmée qui permet de se rapprocher du col et de dépasser les 5000m. La fin de l'ascension s'effectue en RG du vallon sur un sentier tracé dans la pente de petit schiste et surtout en montée régulière jusqu'à atteindre le col, son cairn et ses drapeaux déployés qui flottent au vent (1h05, 5173m).
La première partie de la descente côté W est un peu ch... à louvoyer entre les blocs d'une moraine rocheuse. A 4950m, on retrouve des banquettes gazonnées juste avant la désescalade d'un verrou morainique sur lequel s'écoule la rivière en une belle cascade et en haut duquel se trouvait le camp avancé du Baga La qui a son utilité pour ceux qui le traversent en sens inverse du nôtre (40mn, 4700m). A présent, la gorge se resserre et devient beaucoup plus minérale. Il n'y de place que pour la rivière, la Ghuchung khola, et le chemin qui longe la RD.
Et, à partir de 4450m, la déclivité s'intensifie pour rejoindre la kharka de Temche que l'on voit en contrebas, tant et si bien que le sentier doit s'échapper du lit du torrent sur la D pour descendre en zigzags serrés à flanc d'un coteau détritique. On passe quelques mètres au-dessus de la prairie de Temche (50mn, 4130m, c'est le Baga La BC) et on poursuit en descente moins pentue en direction du bas de la vallée, vers Yak kharka. Au fond de la vallée, c'est la chaîne de montagnes du Kagmara Lek (description dans le topo Dolpo W). On retrouve du gazon pour descendre par un entrelacs de chemins qui conduisent vers la RD de la vallée où l'on doit traverser à gué la rivière qui descend d'une belle cascade entre des falaises à la conformation originale (15mn, 3945m). Après, c'est un beau et large sentier qui court sur des prairies à hauteur de la Maruwa khola jusqu'à atteindre le large plateau herbeux de Yak kharka (30mn, 3820m).
Ici, on peut choisir entre deux itinéraires pour poursuivre la descente de la vallée jusqu'à Dunaï :
1) rester en RD et suivre le chemin taillé à flanc de falaise (dangereux par temps de pluie avec des chutes de pierres) et qui rejoint en moins de 2h le village de Ringmo et la rive S de Phoksumdo tal (3600m, boutiques, lodges, camping). Le lendemain, descente dans la vallée par le sentier de Chunuwar pour retrouver l'itinéraire n°2 et poursuivre le long de la Phoksumdo khola.
2) passer en RG par le pont de bois et descendre par la RG de la Maruwa khola pour se poser dans l'un des hameaux du village de Rike. Le lendemain, depuis Rike, possibilité de monter en A/R jusqu'à Phoksumdo tal grâce à l'un des deux ponts existants entre les deux rives de la Maruwa khola (compter 3h au total avec +400m / -400m). Ensuite, poursuite de la descente et jonction avec l'itinéraire n°1 au niveau de Chunuwar.
Choix de la solution 2 : Depuis Yak kharka on traverse la Maruwa khola pour se retrouver RG sur un sentier forestier en faible déclivité. On traverse Punauchaur (25mn, 3770m, eau, "circulez, il n'y a rien à voir ni à demander"...), un hameau de quelques maisons simples entourées de cultures, et on poursuit pour s'engager dans une grosse descente tout d'abord en zigzags au cœur d'une pinède décimée par un incendie puis sur des pentes de terre légère et poussièreuse sur 400m de dénivelée. On atteint (avec bonheur...) le premier hameau du bourg de Rike où on peut se poser dans un tout nouveau lodge très propre et à la cuisine goûteuse (45mn, 3365m, eau, C).
Jour 24 : Rike - Sanduwa - Rechi - Chhepka
4h35 / +300m / -920m.
Diaporama Depuis Rike, on reprend le chemin vers l'aval. Il traverse quelques zones perturbées (parcours d'une cinquantaine de mètres à flanc de falaise sur des planches qui y sont arrimées, franchissement d'une petite barre rocheuse...) mais rien d'insurmontable car les convois de mules et les yacks y transitent, alors... A Chunuwar (45mn, 3170m, lodges, boutiques), on rejoint le sentier qui arrive de la droite depuis Ringmo (ici prend fin la variante n°1 proposée la veille à Yak kharka...). Après un court parcours en forêt le long de la Phoksumdo khola, on passe devant le lodge de Sanduwa (10mn, 3120m, camping). Peu après, on franchit par en dessous la passerelle métallique (15mn, 3070m) qui permet de pénétrer dans la vallée de la Pugmo khola et d'aller franchir le Kagmara La (description en sens inverse dans le topo Dolpo W).
On reste en RG de la Phoksumdo khola. Sous le soleil, parcourir les gorges est un réel plaisir ! On emprunte un chemin de pierres gagné sur la rivière (10mn, 3050m) pour contourner une falaise. L'eau est vert turquoise. On traverse une rivière émissaire, la Baute Gad, puis voici la première traversée de la Phoksumdo khola sur un pont de bois (15mn, 3025m) pour passer RD. Si le parcours visuellement est enchanteur, ça l'est moins pour le nez avec le nombre de déjections asines et équines qui jonchent le sol et laissent flotter dans l'air on ne sait quoi de nauséabond... Il faut bien ravitailler les villages des hautes vallées et ce sentier unique dessert trois vallées assez habitées de la Pugmo khola, de la Phoksumdo khola et de la Maruwa khola qui plus est assez touristiques.
On atteint le village de Rechi (15mn, 3015m, lodges, boutiques, camping). C'est un village qui grandit à vitesse Grand V ! On emprunte la passerelle métallique et nous voici en RG face à l'ancien village. Une petite grimpette suivie d'une descente et on s'engage sur le second passage gagné sur la rivière (25mn, 2985m) et derrière un troisième 200m plus loin. Celui-là, il a même été doublé autrefois d'un passage supérieur "hautes eaux" taillé dans la falaise mais il ne fait pas bon l'emprunter aujourd'hui car la sortie à l'autre extrémité a été emportée par un éboulement de terrain... Puis c'est un rapprochement des deux parois de la gorge qui nécessite de prendre de la hauteur. Le sentier s'exécute et propose une série de zigzags serrés avant de reprendre son bonhomme de chemin. Et d'en reproposer une deuxième puis une troisième un peu plus loin...
On l'a compris : le régime up / down a toutes les chances d'être à présent au programme de cette fin de journée... On retrouve le bord de la rivière avant de rejoindre le lieu-dit Sirak (1h05, 2920m, bhatti). On traverse la Phoksumdo khola sur un pont de bois "made in Dolpo". La suite en RD est boueuse et merdeuse à souhait. On n'arrête pas de monter et de redescendre. On passe à la base d'une falaise surplombante (20mn, 2895m) puis on traverse une nouvelle fois la rivière sur un double pont en bois et de suite un autre pour retourner RD. Toujours en up / down, on rejoint une bhatti (25mn, 2800m) juste avant de franchir la Phoksumdo khola sur une passerelle métallique. Nous voici en RG pour terminer la journée sur un parcours assez cassant sur lequel on n'a pas l'impression d'avancer... Enfin, on dépasse le chörten (25mn, 2705m) qui annonce l'imminence de l'entrée du village de Chhepka ! On se pose à Chhepka (5mn, 2700m, Yak lodge, boutiques). Et, nouveauté, comme au lac Rara, ne pas oublier de passer au bureau du Parc acquitter la somme de 30$/pers pour avoir foulé les merveilleux chemins du Parc national de Shey Phoksumdo !
Jour 25 : Chhepka - Shyangta - Jyalas - Suligad - Dunaï
4h30 / +250m / -800m.
Diaporama Dès la sortie du village de Chhepka, le sentier nous propose une petite grimpette, histoire de chauffer les muscles... Après quelques up / down, on rejoint la confluence de la Phoksumdo khola et de la Akha khola à Shyangta (40mn, 2475m, camping). Ces deux rivières vont former en mêlant leurs eaux la Suli Gad. On descend de suite après le pont métallique à D pour suivre la rivière en descente jusqu'à la franchir sur un pont de bois "made in Dolpo" (15mn, 2520m).
Ça y est ! On sort de la gorge à 2500m et on voit à l'horizon quelques unes des montagnes qui séparent le Dolpo des districts plus au S comme ceux de Dhorpatan, Rolpa et Rukum. On traverse Jyalas et ses "drôles" de maisons aux toits végétalisés (35mn, 2335m) pour poursuivre, après être monté sur une butte, à hauteur en RD de la Suli Gad. On bascule RG à 2275m pour longer de très près la rivière et rejoindre la bhatti de Kageni avec ses airs de kiosque des régions tropicales (25mn, 2280m).
On poursuit en up / down pour rejoindre le village de Suligad (1h20, 2125m, lodge, E). Vue en enfilade vers le N de la vallée de la Suli Gad avec un sommet enneigé qui n'est autre que le Mate Lek. A la sortie du village, on laisse à main droite une passerelle métallique et, 400m plus loin, le pont de bois qui permet de franchir la Suli Gad en premier puis, après un parcours en lisière du camp militaire, de pouvoir passer en RG de la Thuli Bheri khola via une passerelle métallique et se retrouver sur la highway qui relie Dunaï au reste du Népal (une fois sur la piste, à gauche pour rejoindre Dunaï, à droite vers Juphal).
Notre route se poursuit en RG de la Suli Gad et rejoint la confluence des deux rivières pour pénétrer dans la vallée de la Thuli Bheri khola et rejoindre Dunaï sans emprunter la piste. En effet, un petit sentier en "montagnes russes" suit peu ou prou la RG de la rivière et s'en va traverser les villages qui font face à Dunaï avant que l'on puisse traverser la rivière sur une très vieille passerelle métallique (55mn, 2155m). Une fois entré dans Dunaï, on zigzague entre les maisons pour rejoindre la rue principale du bazar et la suivre sur la G jusqu'à rejoindre, presque la sortie W, le Blue Sheep camping (10mn, 2155m, chambres, nombreuses boutiques et restaurants locaux, C 4G, E).
Jour 26 : Dunaï - Juphal
1h à 1h30 de 4x4 selon les conditions de la piste ou 2h30 de montée à pieds.
Diaporama Une fois le vieux village de Juphal atteint, on se pose dans un des lodges en bois et torchis (du fait de la non concurrence, le prix de la 1/2 pension est le double qu'en bas...) qui jouxte l'entrée de l'aérodrome pour une nuit en attendant l'arrivée du petit bi-moteur Summit air ou Tara air qui assure les rotations.
Jour 27 : Juphal - Nepalgunj - Kathmandu
2 fois 50mn de vol.
Prévoir suffisamment de marge dans votre jour par jour (timing et dénivelées) pour intégrer d'éventuels reports dans les rotations aériennes pour cause de météo. Et prendre aussi en compte le fait qu'il peut faire beau à Dunaï et qu'à Nepalgunj on soit dans la bouillasse, ou inversement...
Diaporama Première rotation au départ de Juphal vers 7h du mat' et correspondance à Nepalgunj sur Bouddha air aux alentours de midi pour être à l'hôtel à Kathmandu vers 2h de l'après-midi.
24 jours de marche / 63h / +15000m / -15000m
Relevés de terrain septembre et octobre 2023.
Sous-pages :
Commentaires
-
- 1. chrystelle cornement Le 27/11/2023
Namaste
encore un bien beau trek ... et ce vol de juphal à népalgunj avec cette superbe vue sur l Himalaya ...
est il facile de faire ce trek bien sûre avec une agence et sous tente ..
Danaibad
chrystelle-
- PIERRE MARTINLe 27/11/2023
Namaste Chrystelle Toujours attentive à mes écrits à ce que je vois... Merci en tout cas merci de ta fidélité ! Ce trek est, comme je l'ai pu écrire et décrire, même si je l'ai aménagé en coupant certaines étapes de la GHT en deux (pour moi, la randonnée itinérante en montagne, surtout au milieu de paysages aussi grandioses, est avant tout une histoire de contemplation et pas uniquement de performance physique...), la première partie jusqu'à Pho avec le franchissement de 4 cols d'envergure au-dessus de 5300m n'est pas à prendre à la légère ! On est dans du wilderness et il ne faut pas compter sur une quelconque aide pendant une grosse semaine... Après, c'est "civilisé" et bien que ça reste une randonnée difficile on n'a plus la problématique d'évoluer sur des sentiers de cueilleurs de yarsagumba et de devoir traverser les rivières bouillonnantes sur des rondins de bouleaux... Et puis, cette fois-ci, je m'en suis plutôt bien sorti côté météo. Un certain nombre de mes copains ont réalisé cette traversée en 2018 intégralement sous la pluie, le vent et la neige ! Amicalement Pierre
Ajouter un commentaire