[Maroc] Tour du Ouaougoulzat

Jusqu'à présent, en 30 années de pérégrinations sur les sentiers marocains, je ne m'étais intéressé qu'occasionnellement aux nomades au détour d'une rencontre fortuite avec leurs chiens hargneux, la raison principale pour laquelle on ne tente pas de nouer le contact, ce qui est bien compréhensible... D'abord sauver ses mollets ! Le trek dont le topo suit a été réalisé à la toute fin de l'été. C'était l'occasion rêvée sur ces plateaux du haut Atlas central d'en savoir un peu plus sur cette composante primordiale de la société marocaine, invisible des villes, car elle fournit en quantité plus que raisonnable en viande les assiettes des "carnivores" (chèvres et moutons). Selon les familles, les "Aït", les nomades effectueront la transhumance en déplaçant leur cheptel du sud vers le nord à la fin du printemps et du nord vers le sud au début de l'automne avec des animaux de bât (mules, chevaux, dromadaires, etc.) pour que tout "ce beau monde" puisse prendre le bon air et consommer la "riche" nourriture des alpages ou des plateaux.

Les dromadaires à l'estive au tizi n'Wadou à 3200m d'altitude...

Ceci dit, le changement climatique que nous connaissons depuis quelques dizaines d'années (et dont une grande majorité de la population n'a rien à f..., et surtout les plus riches !) a des répercussions sur la vie des nomades, la rendant de plus en plus difficile : qui dit moins d'eau implique moins d'herbe goûteuse à brouter ; moins de chutes de neige (rien n'est tombé sur l'Atlas ces deux dernières années...) ne permet pas de remplir les nappes phréatiques, et les sources de la montagne se trouvent très vite à sec, des fois dès le début de l'été... Et quand la pluie se met à tomber, ce sont des trombes d'eau que le ciel envoie et celles-ci forment en tombant sur le sol des torrents de boue qui dévalent les pentes raides en prenant de la vitesse et ravagent en aval les cultures de céréales et les vergers des vallées agraires (septembre 2024 a été pour cela un énorme drame avec la perte quasi totale des pommes, de l'orge et du blé à quelques jours de la récolte amenant dans les villages de montagne incertitude du lendemain et pauvreté...). Et même dans le désert où le Draâ, ce fleuve enterré sous le sable depuis des lustres, s'est soudain mué en un équivalent des chutes du Niagara emportant tout sur son passage ! Le Niaga-Draâ pourrait-on s'exclamer s'il n'y avait eu des dommages collatéraux et des familles endeuillées...

Vision d'apocalypse : les vergers de la vallée des Aït Bouguemez après avoir été parcourus par les torrents de boue

Mais revenons au sujet du trek mais sans omettre que les propos exposés ci-dessus ont aussi une incidence sur le déroulement d'un tel circuit... Pour quelles raisons ?
- un certain nombre de sentiers est balayé par la crue des torrents d'eau qui se transforment en boue qui dévale les pentes et ils disparaissent à tout jamais, emportés par les flots.
- les rochers en suspension au-dessus des canyons voient leur stabilité mise à mal par les infiltrations dans le tablier qui les maintient et ils deviennent une source de danger pour ceux qui passent en dessous, hommes ou bêtes...
- les captations d'eau des villages se voient durablement polluées par le ravinement et les eaux de ruissellement intempestif hors des thalwegs habituels,
- quant à la problématique du manque de neige, il n'est pas difficile de remarquer que dès la mi-juillet des sources connues depuis des dizaines de générations sont à sec du fait des nappes phréatiques insuffisamment alimentées, et les campements envisagés tout au long d'un itinéraire ne sont peut-être plus envisageables...

La source du ruisseau de Tetralet, la seule 10 kms à la ronde...

Le haut Atlas central est une région de hauts plateaux qui s'inscrivent entre 1600m pour les plus riants sur lesquels sont cultivés céréales, arbres fruitiers, légumes... et disposent d'eau puisque se trouvant en aval de tous les vallons qui descendent de la montagne, et jusqu'à 3200m où l'on ne trouve que des buissons d'épineux sur des pentes arides. C'est le domaine des nomades et de l'élevage extensif : des dizaines d'hectares de pentes détritiques incultes pour quelques centaines d'ovins et de caprins. Dans chaque bergerie de ces plateaux, les nomades, j'y viens enfin..., viennent s'y installer : ils se déplacent depuis les confins du désert et des massifs de l'Anti-Atlas où ils résident une grande partie de l'année et initialisent la transhumance de leurs troupeaux à la fin du printemps - début de l'été où ils investissent chaque recoin de la montagne pour une saison d'estive de 3 à 5 mois selon les années et les vicissitudes de la météo. C'est toute une famille qui se déplace et ils investissent les cabanes de pierre sèche (les azibs) souvent érigés à proximité d'un point d'eau. Le problème de manque d'eau devient pour eux primordial car ils doivent dès le milieu de leur séjour aller quérir chaque jour qui passe de plus en plus loin l'eau nécessaire à leur (sur)vie.

Abdou puisant de l'eau à la source de Mdint Jdid, là encore, la seule à des kilomètres à la ronde...

C'est en cela que le "prétexte" de faire le tour d'une chaîne de montagnes comme le Ouaougoulzat, certes moins célèbre que son voisin le M'Goun, pouvait permettre de "toucher du doigt", surtout à la fin de l'été, la problématique que les nomades connaissent chaque année de manière de plus en plus prégnante, à savoir le manque d'eau. L'idée de ce circuit d'une quinzaine de jours était d'utiliser les sentiers de nomades des plateaux du haut Atlas central dont la quasi totalité ne sont connus que d'eux seuls puisque non répertoriés sur les cartes topographiques ni même connus des acteurs locaux du tourisme qui se complaisent pour nombre d'entre eux à vivre de l'accompagnement d'individuels ou de groupes sur les aller-retours au sommet du M'Goun ou bien de circuits de 3, 4 ou 5 jours dans le coin : Paris - Paris en 8 jours all included...!

Descente des gorges de l'Imejdag, à sec...

Alors, avec Abderrhaïm Aït Talaoul, un accompagnateur de la région d'Imlil mais connaissant parfaitement les espaces des plateaux du haut Atlas central, mais pas forcément les sentiers nomades... (s'il ne connaît pas, il demande...), on s'est adjoint deux muletiers-cuisiniers pour assurer l'intendance et nous voici partis à la recherche et au recensement des routes des nomades. Et il y en a ! Le thème du "Tour du Ouaougoulzat" s'imposait naturellement car c'est une montagne qui s'étire sur plus de 30kms en parallèle de celle du M'Goun et qui se trouve pile poil au barycentre de l'espace que l'on souhaitait explorer. Et puis, nous nous sommes laissés emporter par les opportunités découvertes localement par l’entremise d'une conversation avec un berger ou par l'entêtement de nos muletiers à vouloir suivre un itinéraire que nous n'avions pas envisagé mais "qu'ils sentaient bien", et pas nous... Mais bon ! Comme ils étaient devant, il a bien fallu suivre leurs traces. C'est de cette manière que l'on est sortis de l'Imejdag et que l'on a parcouru des immenses plateaux dont on ne soupçonnait pas qu'il puisse y avoir une telle densité de nomades... Eh bien, que de découvertes !

Un passage très étroit dans les gorges de l'Imejdag et pourtant sentier de transhumance...

Allez ! Abdou et moi vous emmenons à la découverte de ce monde fascinant bien qu'extrêmement dur et complexe des nomades, sur leurs chemins dont ils nous ont aimablement ouvert les portes d'accès et prêté les clefs ! Des touristes ? Comme on était contraints de traverser le plateau de Tarkeddit, itinéraire incontournable lorsque l'on envisage de tourner autour du Ouaougoulzat, on en a donc croisé, ceux qui se mesurent au sommet du M'Goun, et puis c'est tout ! C'est un tout autre Maroc que nous vous invitons à découvrir au travers de ce circuit plus qu'original. A chaque jour son espace, différent de celui de la veille ou de celui du lendemain, des plateaux à perte de vue, certes, mais aussi des sommets, des canyons, profonds, secs ou humides, voire très humides..., des panoramas de folie, des sentiers osés et bien évidemment des rencontres authentiques. Et c'était aussi cela la quête de notre périple. A vous de jouer !?

Et n’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques PréparatifsSur PlaceDossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.

Téléchargez la carte du circuit au format PDF :  Pdf image 1 Carte - Tour du Ouaougoulzat

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Marrakech - Ibaqallioun (Tabant)

4h de voiture.
Deux possibilités pour rejoindre la vallée des Aït Bouguemez depuis Marrakech : via Demnat ou Azizal. Sur la route, possibilité ^de faire un petit détour pour aller rendre visite au passage aux cascades d'Ouzoud (+ 2h de route). A Azilal (tous commerces, banques, bars, restaurants, marché de produits frais, etc.), noter la présence d'un géoparc suite à la découverte de nombreuses traces de dinosaures. Un fois entré dans la vallée des Aït Bouguemez, possibilité de compléter son ravitaillement dans les commerces de Tabant (souks tous les samedis et dimanches). Nuit dans un gîte d'étape de la vallée.

De passage à Azilal, statue de dinosaure pour rappeler la présence d'un géoparc

Jour 2 : Ibaqallioun - Voiture jusqu'au Tizi n'Aït Imi - Traversée du sommet du Ouaougoulzat W - Descente jusqu'au bivouac de la source de R'Bat - R'Bat - Ibaqallioun (gîte)

30mn de voiture & 5h / +440m / -1380m (du Tizi n'Aït Imi jusqu'à la source de R'Bat) & 25mn / +10m / -45m (de la source au village de R'Bat) & 35mn / +10m / -55m (de R'Bat à Ibaqallioun).
Cette ascension est optionnelle et permet de se "mettre en jambes" avant de se lancer dans le trek à la thématique annoncée, celle de suivre les traces des nomades. Certes, on trouvera dans la descente du sommet proposé un certain nombre de bergeries mais celles-ci ne font a priori pas partie de celles utilisées par la catégorie de personnes qualifiées de nomades mais plutôt par les bergers mis en charge par différents villageois possédant des bêtes pour garder leurs cheptels ovin et caprin. Maintenant, côté rando, c'est une boucle en altitude intéressante puisqu'on aura la possibilité de découvrir depuis la crête sommitale que l'on va suivre pendant deux heures la conformation de cette région du haut Atlas central. Alors, se "coltiner" les 3 ou 4 heures de montée à pied jusqu'au col alors qu'une belle route goudronnée a été réalisée, seul(e)s les stakhanovistes de la marche s'y plieront, par éthique ?, moi non ! Donc, montée en voiture (compter 25€ pour la rétribution du chauffeur...) avant de profiter des panoramas au niveau du col et après depuis le sommet W du Ouaougoulzat avant de redescendre à la civilisation. Pourquoi se "mettre dans le rouge" dès la première journée ? Surtout que la descente recèle de bien belles surprises...

Au départ du tizi n'Aït Imi à 2905m, un col situé à l'extrémité W du Ouaougoulzat

Diaporama Du gîte d'étape d'Aït Ayoub à l'entrée d'Ibaqallioun à 1890m, on monte à bord d'un "taxi local" dont le chauffeur va nous conduire au tizi n'Aït Imi par une superbe route en lacets (30mn, 2905m). Une fois arrivé au col, on trouve vers l'E le départ du chemin qui va nous permettre de suivre peu ou prou le fil de la crête un tantinet chaotique à son début. Puis on alterne portions de sentier avec passages sur des vires rocheuses. On franchit ou contourne 2 ou 3 pitons qui encombrent le fil de l'arête pour devoir désescalader d'une quinzaine de mètres afin de traverser un étroit goulet qui défend l'accès au sommet du Ouaougoulzat W (55mn, 3141m). Belle vue plongeante au S sur la chaîne du M'Goun et au N sur la vallée des Aït Bouguemez bordée au N par le djbel Tizal et la longue crête de l'Irhil Aït Ourit.

Sur le sommet occidental du Ouaougoulzat

La poursuite de la traversée de cette crête s'effectue en up / down sur un terrain beaucoup plus facile que le précédent jusqu'à atteindre un large col (30mn, 3045m) duquel part à main G un superbe sentier bien marqué en direction du NE. Amère désillusion (mais on pouvait s'en douter lorsque l'on pratique la montagne marocaine depuis plus de 40 ans...), ce début tonitruant ne pouvait pas se poursuivre : aucun convoi de mules n'utilise plus cet itinéraire et le sentier s'est délité d'année en année, puisque seules les chèvres viennent y brouter l'herbe rare et ne respectent pas les tracés... A cela, s'ajoutent la neige et les pluies de plus en plus violentes qui finissent par effacer les reliefs les plus ténus. Donc, tout cela pour dire qu'il n'en reste plus grand chose du sentier historique ! Puisque le sentier n'existe plus, il va falloir trouver un point à viser pour orienter le descente : ce sera le groupe d'azibs situé dans le col en contrebas à faible distance du dernier virage de la route d'accès au col suivie en début de matinée. On doit traverser deux thalwegs avant de se retrouver au-dessus du col aux azibs (50mn, 2825m).

Descente hors sentier vers le col aux azibs (au fond, le sommet de l'Azourki)

On ne descend pas dans le col mais on reste à hauteur à suivre une (courte...) portion de sentier qui n'a pas encore été effacée puis on se remet à descendre en biais, cette fois hors sentier, pour traverser un couloir d'avalanche boueux (10mn, 2700m) avant de poursuivre sur la moraine couverte de buissons d'épineux en descente directe RD du ravin issu du col aux azibs. On traverse un second couloir pierreux pour rejoindre un réservoir d'eau (20mn, 2560m). On poursuit à flanc sur sentier avec comme nouveau point visé le sommet de l'Azourki sans descendre plus que de raison jusqu'à traverser successivement 2 thalwegs et remonter passer au pied d'un monolithe de pierre (15mn, 2615m). On tourne sur la G pour suivre le large fil de la crête couverte de buissons d'épineux avant d'incliner vers la G à 2440m pour rejoindre le lit de galets à la confluence de deux rivières (45mn, 2375m). On suit le lit de la rivière en descente jusqu'à une seconde confluence de rivières (noter qu'à mi-chemin des deux confluences, on aura laissé partir à droite le sentier historique dont le départ est bien mal marqué...). A la seconde confluence, on tourne sur la D pour tomber sur une cascade infranchissable (et qui plus est suivie d'une deuxième en dessous...).

Dans 2mn c'est le trou...!

Nécessité de s'orienter vers la D pour une traversée à flanc d'éboulis un peu ascendante pour rejoindre un sentier qui arrive d'un azib (ou peut-être est-ce le sentier que l'on n'a pas vu partir plus haut ?). On le suit vers la G en descente jusqu'à 2200m où il vient se connecter à un sentier beaucoup plus large qui dessert un groupe d'azibs présents dans une combe du Ouaougoulzat (ce sentier autrefois devait remonter jusqu'à la crête, mais qu'en est-il aujourd'hui...?). On le suit sur la G pour rejoindre une confluence de 2 rivières (45mn, 2110m).

A la dernière confluence de rivières à 2110m

A présent, on suit vers l'aval de large lit de la rivière avec à certains moments la possibilité de s'échapper en RD pour emprunter une trace moins caillouteuse. On dépasse des azibs peu de temps avant de rejoindre le terrain de sports de R'Bat (30mn, 1970m, lieu de bivouac officiel) que l'on contourne par sa G pour déboucher au niveau de la source (celle-ci collecte toutes les eaux souterraines des vallons émissaires pour offrir à de nombreux vergers de cette partie de la vallée des Aït Bouguemez la précieuse manne liquide nécessaire à la croissance des pommiers).

A l'approche de R'Bat

On peut choisir (ou pas...) d'établir le bivouac à l'emplacement indiqué par les autorités locales (la source près du terrain de sport). On peut aussi décider de s'offrir une nuitée en gîte d'étape :
- A 2kms, au centre du village de R'Bat se trouve un gîte, un éco-lodge est-il ainsi nommé, mais les prix pratiqués sont sans commune mesure comparables à ceux en usage partout ailleurs au Maroc, et en plus c'est "pension complète ou rien du tout", alors ce sera "rien du tout"...
- La conséquence de ce choix est de devoir poursuivre sur la route goudronnée pour revenir au gîte duquel on est parti ce matin.
A vous de voir : bivouac, gîte hors de prix à 2kms où gîte sympa à 4,5kms ?

Les maisons en pisé de R'Bat

Pour rejoindre l'éco-lodge de R'Bat, on suit sur 2kms la piste au départ de la source jusqu'aux alentours de la mosquée où il y a des pancartes directionnelles (25mn, 1935m). Pour poursuivre depuis R'Bat jusqu'à Ibaqallioun, encore 2,5kms jusqu'à la sortie occidentale du village (35mn, 1890m).

Jour 3 : Ibaqallioun - R'Bat puis R'Bat - Ifrane - Zaouïat Oulmzi

40mn / +65m / -20m + 3h30 / +430m / -250m.
Diaporama Au départ du gîte d'Ibaqallioun, on refait en sens inverse le parcours sur la route goudronnée jusqu'au centre du village de R'Bat où se trouve la mosquée (40mn, 1940m). On remonte une des ruelles carrossables vers le SE pour rejoindre l'école du village. Juste au-dessus du bâtiment au carrefour de pistes marqué par un réservoir, on incline sur celle de G pour trouver 20m avant la maison le départ à main G du sentier qui pénètre dans la "forêt" de genévriers et se poursuit à hauteur en RD d'un ravin.

Au-dessus de R'Bat au départ du sentier qui conduit vers Zaouïat Oulmzi

On finit par traverser ce ravin et, en face, voici que l'on accède à un sentier de bonne facture tracé en larges lacets entre les strates de calcaire. A l'approche des azibs (55mn, 2210m), on laisse l'évident sentier se poursuivre en courbe de niveau alors que l'on incline dans la pente à main G pour s'élever en direction d'un collet. Côté S, la longue chaîne du Ouaougoulzat présente les ondulations de ses multiples sommets du tizi n'Aït Imi sur la droite au Tagafayt, le point culminant à 3763m, sur la gauche. Encore un petit effort et voici le collet (5mn, 2240m, C) pour découvrir côté N la vallée de l'asif Aït Hkim dominée par l'Irhil n'Aït Ourit et l'Azourki tous deux séparés par le col du tizi n'Tirghist dans lequel passe la route qui relie la vallée des Aït Bouguemez à Azilal. Étonnamment, la vallée paraît bien plus sèche que celle de laquelle on arrive, celle de l'asif R'Bat.

Depuis le collet à 2240m, vue plongeante sur la vallée de l'asif Aït Hkim

On découvre également dans ce collet la présence de la piste qui relie Ibaqallioun à Ifrane et que les muletiers qui nous accompagnent ont empruntée. On en suit les sinuosités en descente vers l'E. Tracée à flanc et explorant tous les fonds de combes et les replis de terrain qu'elle trouve sur son passage, on dépasse une source permanente (10mn, 2190m) juste avant de franchir une épaule et avoir une vue plongeante sur le village de Taghoulid pile poil entre deux falaises détritiques. La descente se poursuit tranquillement au gré des nombreux fonds de vallons sur une piste pas mal abîmée par endroits par les coulées de boue. D'un vecteur destiné aux véhicules à moteur, elle ne doit plus servir à présent qu'aux mules et aux éventuelles transhumances de troupeaux de chèvres et de moutons. On arrive à l'entrée du village d'Ifrane où l'on traverse la rivière sur un pont de béton à 1990m. Ici, on peut choisir de rejoindre la route goudronnée qui traverse le village à 200m de là ou alors s'engager dans un parcours champêtre à louvoyer entre les cultures et les vergers de pommiers.

A l'approche du village d'Ifrane

Pour le parcours champêtre, on suit sur la D le lit de la rivière pendant 250m avant de s'échapper à main G sur un large chemin caillouteux en montée. Après avoir négocié un premier virage à G, on décide de ne pas opérer le virage à droite proposé par le suivant mais de poursuivre tout droit sur un chemin herbeux bordé de murets de pierres sèches. En haut, on vient déboucher sur un sentier transversal qui court à flanc de coteau au-dessus des vergers. On l'emprunte sur la G sur 250m jusqu'à atteindre un croisement de chemins. Ici, on poursuit tout droit en légère descente (cairns) pour venir traverser en diagonale un terrain de foot. On poursuit à travers les champs pour se retrouver en RD de la vallée à longer les maisons du village d'Aït Ouchi où l'on peut admirer de bien beaux spécimens de greniers à blé qui ne semblent pas trop avoir souffert des affres du temps, quoique...

Un grenier à blé à Aït Ouchi

Une fois que l'on a dépassé les maisons, on débouche au niveau d'un pont qui dessert le village d'Ighirine. On reste sur la même rive pour 150m encore avant de traverser la rivière au niveau d'une boutique et suivre en RG un chemin à travers champs. Après 100m, face au village perché, on prend à D pour rejoindre un verger. On aboutit au bord d'une rivière canalisée par deux murs de pierres sèches (1h40, 2055m). On la remonte sur une trentaine de mètres pour trouver le passage adéquat où la franchir et poursuivre au SE sur un chemin qui domine à nouveau un verger. Après une centaine de mètres, à la fourche de chemins, on incline à D pour prendre un peu de hauteur face au village d'Iglouane et rejoindre au cœur d'un des hameaux du village d'Aït Ouhani une piste terreuse que l'on emprunte vers la G jusqu'à la mosquée située en contrebas du village principal (30mn, 2055m).

Le village de Zaouïat Oulmzi écrasé par l'Azourki

On poursuit tout droit vers l'E pour croiser la source principale de la vallée et qui marque l'entrée sur les dépendances de Zaouïat Oulmzi. La piste traverse la rivière et de suite on s'échappe en RD pour emprunter un petit chemin qui conduit au gîte d'étape situé au milieu d'un groupe de maisons (10mn, 2120m, C) à 300m au S du bourg principal de Zaouïat Oulmzi situé en RD à 2150m d'altitude de la vallée de l'asif Aït Hkim au pied des contreforts occidentaux de l'Azourki. Nuit au gîte d'étape de Hicham (res : +212 628080046 ou +212 661606245, chambres, 1/2P, site web).

Le gîte d'étape de Hicham à Zaouïat Oulmzi

Jour 4 : Zaouïat Oulmzi - Lac d'Izoughar - Source de Mdint Jdid

6h35 / +1200m / -420m.
Attention ! Sur la totalité de l'étape, il n'y a pas d'eau. Prévoyez largement en conséquence car il n'y a pas d'ombre non plus et, là-haut, le soleil tape fort et le vent des 3000m assèche énormément...

Diaporama Du gîte situé dans le hameau près de la rivière un peu à l'écart du bourg principal, on tourne 2 fois à D pour prendre une direction E et remonter les terrasses cultivées. On trouve bien vite le chemin qui conduit au lac d'Izoughar. Il se dirige en premier lieu vers le SE puis revient vers l'E. On remonte les premières pentes et à 2200m on voit arriver de la gauche le sentier provenant du bourg principal de Zaouïat Oulmzi. On poursuit en montée sur de larges lacets et c'est bien agréable.

La vallée de l'asif Aït Hkim vue depuis le chemin qui s'élève au-dessus de Zaouïat Oulmzi

On franchit un collet (55mn, 2430m) pour se retrouver sur un petit plateau avec une cabane ruinée perchée à main gauche sur un monticule. A main droite, belle vue dégagée sur les trois sommets orientaux du Ouaougoulzat (Tagafayt, le plus haut à droite, Tagount, au centre, et Tintorta à gauche). On traverse un thalweg et il s'ensuit une montée régulière qui permet de prendre pied sur un second plateau. On arrive devant une fourche de chemin : lac ou pas lac ? Allez, lac...!

Sur le plateau du lac d'Izoughar (à l'arrière, les sommets orientaux du Ouaougoulzat)

Donc tout droit en faux-plat montant sur un large chemin caillouteux très emprunté par les nomades. On traverse le large col du tizi n'Taghfist où l'on incline sur la D pour rejoindre le refuge abandonné (2555m, 15mn, abri possible), une belle bâtisse pourtant mais qui a dû être délaissée suite à de récurrents problèmes d'alimentation en eau, de plus en plus criants aujourd'hui, d'où l'avertissement préalable... On domine la grande cuvette du lac d'Izoughar souvent à sec mais qui se voit parfois dotée d'une hauteur d'eau (saumâtre, malheureusement...) conséquente après de fortes pluies.

Le lac d'Izoughar, une année avec...

Du refuge ruiné, on se dirige à l'ENE pour rejoindre, en longeant la rive SW du lac, le vallon qui s'inscrit au pied des pentes S de l'Azourki. La remontée de ce vallon est très longue pour le peu de dénivelée gagnée ! En l'absence de sentier, on louvoie entre les touffes de buissons épineux jusqu'à atteindre des azibs (1h, 2650m). On s'échappe du lit de galets en s'élevant légèrement sur la RG pour franchir une petite épaule avant de redescendre de l'autre côté traverser la "rivière" à 2690m. On a enfin retrouvé un sentier et même un balisage fait de points de couleur jaune. En se retournant, on peut apprécier le vaste plateau que l'on vient de traverser ponctué de nombreux camps de nomades. Et ce sont bien les sommets du Ouaougoulzat, du M'Goun, du Tignousti, du Tafenfent et du Rat qui émergent à l'horizon.

Depuis le col à 2860m, vue arrière sur les deux crêtes du Ouaougoulzat à gauche et du M'Goun au fond à droite

Vers 2750m, on retraverse la "rivière" pour filer en biais vers la D et franchir un large col (30mn, 2860m) d'où l'on découvre la suite de l'itinéraire pour atteindre le prochain col, le tizi n’Yllaz. On poursuit à flanc sur la G pour traverser un premier thalweg qui descend des pentes SE de l'Azourki avant de contourner une épaule et de découvrir un deuxième thalweg jusqu'à présent caché. Après, on continue en courbe de niveau jusqu'à venir buter sous les pentes occidentales du col. On effectue une traversée vers la D sur des coulées de calcaire et de grès avant d'incliner sur la G pour rejoindre le large passage du tizi n'Yllaz (40mn, 2905m) et découvrir une gorge dominée au N par deux montagnes : l'Aghanbou ou Youy et le djbel a Youy (appelés aussi djbel Aroudane sur les cartes...) au milieu desquels passe la nouvelle piste destinée aux nomades Aït Atta qui pratiquent l'estive sur les plateaux à l'E du tizi n'Tighboula. Elle arrive d'Oussamssouq.

Au tizi n'Illaz (à l'horizon, le djbel Aroudane)

Du col, on incline légèrement sur la D pour s'élever sur le plateau désertique jusqu'à 3000m d'altitude et s'engager sur une large vire caillouteuse sur laquelle on contourne le canyon d'Aqqa n'La'zz dont la sortie va remplir, ou pas..., le lac d'Izoughar. Large vue des trois sommets orientaux du Ouaougoulzat jusqu'au Rat incluant le Ouaougoulzat W, le M'Goun, l'Irhil n'Ikiss, la crête de Tarkeddit et pour finir le Tignousti. Le parcours sur la vire se termine au niveau de l'épaule N de l'Ifrilzène, épaule que l'on franchit pour poursuivre sur le flanc N en faux-plat descendant. Noter la présence d'une source 50m en contrebas du chemin (35mn, 3055m). Au-delà, on traverse un canyon à 3020m et au-delà c'est une remontée pour franchir un col sur l'arête E du même Ifrilzène (25mn, 3080m). Une fois de l'autre côté du col , on poursuit en courbe de niveau sur le fil d'une large crête qui sépare deux bassins versants avec sur la droite celui du lac d'Izoughar. De collet en collet, on finit par atteindre un large col au pied de l'Aourir n'Tamroucht (35mn, 3085m, C) dans lequel on voit arriver de la gauche la piste des nomades en provenance d'Oussamsouq.

A l'approche de l'Aourir n'Tamroucht

On suit la piste en direction du SE. Vers l'orient, on découvre des plateaux semi-désertiques quasiment à perte de vue. Un massif ressort à l'arrière de ces plateaux : on identifie que c'est bien le djbel Timghazine qui se situe un peu plus loin que Taghia, notre étape du lendemain, un sommet que l'on va franchir le surlendemain pour se retrouver sur l'envers des aiguilles de Taghia... A l'horizon NE on distingue dans le lointain le djbel Mouriq qui s'élève au NE du côté d'Imilchil.

Sur la piste à l'approche de Mdint Jdid (noter le sentier historique qui court en-dessous de la piste...)

400m après avoir franchi un petit col marqué par la présence sur la gauche d'un mamelon conique, on retrouve à main G le sentier historique phagocyté depuis le col de l'Aourir n'Tamroucht par la piste. On le suit alors qu'il traverse au début les pentes caillouteuses légèrement en dessous de la piste. Mais très vite il va s'en éloigner, laissant la piste se poursuivre à hauteur puis égrener un bon nombre de lacets un peu plus loin. On retrouve la piste à 2915m et on la suit sur 1km en bordure de l'Aqqa n'Tazzart avant de la laisser poursuivre vers le tizi n'Tighboula alors que l'on s'échappe à main D pour rejoindre la fontaine de Mdint Jdid (1h20, 2900m, le "cimetière juif" en berbère...), faire le plein d'eau et poursuivre 300m pour rejoindre l'étendue "gazonnée" où l'on va établir le camp. Nuit sous tente.

Lever de soleil sur le camp de Mdint Jdid

Jour 5 : Mdint Jdid - Sentier du "tire-bouchon" - Taghia

4h30 / +300m / -1310m.
Les muletiers et leurs compagnes ne nous suivent pas au départ de Mdint Jdid car le parcours par les gorges de l'Aqqa n'Tazzart ont été bouchées par un éboulement en 2010 (pas de volonté de faire sauter ce verrou de la part des autorités locales...) et l'itinéraire que l'on va suivre par le "tire-bouchon" ne leur sied guère bien que, comme on pourra s'en rendre compte en le parcourant, il n'a rien d'insurmontable pour une mule habituée à ce genre de sentier comme celles élevées dans le massif du Toubkal... Ils vont donc franchir le tizi n'Tighboula et iront se poser à Bou Ighlan à l'emplacement du camp du lendemain. Les marcheurs se rendront à Taghia avec dans le sac le juste nécessaire pour la nuit qu'ils passeront dans l'un des gîtes d'étape du village (il y en a plusieurs du fait que c'est un spot d'escalade en falaise mondialement renommé avec des voies en 8a et 8b...) et rejoindront le lendemain Bou Ighlan par le sommet du djbel Timghazine.

Mais il y en a partout...?

Diaporama Du camp situé un peu au-dessus de la piste des nomades, on traverse la "rivière" pour s'engager sur un sentier étale qui vient rejoindre la piste alors qu'elle commence à s’élever vers le tizi n'Tighboula. On la suit jusqu'à l'entrée du 1er virage à droite pour s'échapper tout droit sur un itinéraire de nomades en direction du NNE tracé sur une large vire caillouteuse. Le matin, c'est le chemin des convois de mules guidés par les enfants des nombreuses familles de nomades dont les camps sont disséminés sur les plateaux pour aller chercher de l'eau à la seule source viable, celle de Mdint Jdid. Et le mardi, ce sont aussi les parents qui rejoignent la piste des nomades pour prendre un transport collectif du côté de Mdint Jdid pour descendre au souk à Oussamsouq. Que de Salams échangés...! On franchit une épaule à 3000m avant de descendre pour contourner largement le bassin versant oriental de l'Aqqa n'Tazzart. On descend jusqu'à traverser un vallon "verdoyant" en bas duquel il y a un puits (45mn, 2900m, camp possible, plus d'eau dès le milieu de l'été...). A tout endroit des plateaux se trouvent des campements de nomades Aït Atta qui viennent l'été faire s'engraisser les chèvres et les moutons, mais pas que, car ils font aussi transhumer des dromadaires, mères et petits de l'année, et jeunes mâles de celle d'avant. Ce n'est qu'aux premiers frimas que tout ce beau monde se repliera vers les confins du désert, dans le Saghro et même plus bas, avant de revenir l'année suivante.

Un campement de nomades sur le rebord de l'Aqqa n'Tazzart

On évolue en quasi courbe de niveau à hauteur des plateaux et de l'Aqqa n'Tazzart dominé par le djbel Aroudane. On franchit un large col (35mn, 2930m) duquel on redécouvre le Timghazine et à sa droite la longue vallée de Tafraout qui descend jusqu'à Msemrir. On poursuit sur le chemin en direction du SE pour une descente tranquille vers une large dépression gazonnée colonisée par les troupeaux et leurs hargneux gardiens, les chiens de berger. Bien faire attention à contourner les troupeaux pour se retrouver côté S et incliner en bordure vers le N sans réel chemin jusqu'à franchir un large collet sur l'épaule N du Tagoujimt n'Tçouyant (45mn, 2880m, C).

A l'approche de la cuvette de Taghia (au fond, plateau du Kouçer et djbel Timghazine)

Dans le col, on retrouve un chemin qui s'en va contourner une nouvelle combe et rejoindre en RD le passage au pied d'un petit piton détritique. Pendant la traversée à flanc, on aura pu revoir brièvement l'Azourki. Pas si loin, quoi...! Au col, (30mn, 2830m), on domine l'entrelacs des vallées fluviales de la région de Zaouïat Ahaneçal bordée au NE par le plateau du Koucer. Maintenant, au programme, descente vers Taghia ! Taghia que l'on va découvrir d'ici peu au détour de l'épaule suivante : d'abord les falaises de Timghazine puis les pitons qui dominent la combe dans laquelle se niche le village.

Au creux du thalweg entre le puits et le belvédère

400m après avoir dépassé le col, on laisse l'évident chemin pour descendre au travers de pentes à la déclivité maîtrisée et rejoindre le plateau herbeux en contrebas. Une fois sur le plateau, on se dirige vers la D pour passer devant un puits (25mn, 2640m) et s'engager sur un petit chemin caillouteux étale et cairné en RG du petit canyon exutoire des éventuelles eaux de fonte et de pluie... Après 200m, le sentier descend sur la D pour s'en aller traverser au milieu des buis le petit canyon. Le sentier se poursuit en face en RD et reprend de la hauteur jusqu'à s'éloigner du ravin et prendre pied sur un belvédère rocheux qui domine Taghia cerné de ses belles falaises de grès rose.

Au bord du plateau pour une vue plongeante sur le cirque de Taghia

En contrebas du belvédère s'initialise l'excellentissime sentier en zigzags serrés dit du "tire-bouchon", un itinéraire construit à flanc de falaises quasi verticales. Ambiance garantie (mais sans difficulté notable à redouter...) ! Mais pourquoi "tire-bouchon" ? Parce qu'au 1er tiers de la descente, avant que le sentier n'ait été amélioré pour accueillir les touristes et faciliter le passage des nomades, aussi, le passage historique se faufilait dans une étroite fissure d'une vingtaine de mètres de hauteur dans laquelle il fallait se contorsionner d'où l'analogie avec le "tire-bouchon"...

Sur le sentier du tire-bouchon à belle hauteur encore du fond du cirque de Taghia

Au mitan de la descente, le sentier s'éloigne des parois pour descendre en lacets les pentes détritiques jusqu'à atteindre une selle sablonneuse située au-dessus du ruisseau de Tetralet. Ici, on poursuit à main G pour traverser des pentes gravillonneuses multicolores présentant des couleurs allant du blanc au violine au pourpre plus soutenu au rose bonbon pour finir par deux nuances de vert manganèse. Surprenant ! On atteint les premières maisons à l'entrée de Taghia où l'on descend traverser la rivière pied sec sur un beau pont en béton presque neuf. Mais si celui-ci rejoint bien le coteau et un chemin en RD, en RG, il faut accéder au tablier du pont par une échelle de 4 mètres : le "passage berbère". Deux gîtes sont disponibles dans la partie basse de Taghia, l'un et l'autre de chaque côté du pont un peu en hauteur (1h30, 1890m, C, 2 boutiques présentes l'une en face de l'autre en remontant vers le centre du village).

Au creux du cirque de Taghia

Jour 6 : Taghia - Tizi n'Isfoula - Jbel Timghazine - Bivouac à Bou Ighlaln

5h / +1300m / -750m.
Diaporama De l'un ou l'autre des gîtes d'étape à l'entrée de Taghia, on remonte vers le haut du village jusqu'à venir croiser la piste qui remonte en RG de la vallée. On la suit vers la D. Après une portion quasi étale, à la fourche de pistes, on poursuit sur celle de G pour pénétrer dans le vallon en laissant les aiguilles derrière nous. On trouve le balisage de peinture blanche qui va nous accompagner jusqu'au tizi n'Isfoula. On remonte en RG du torrent à sec le long des terrasses qui, il y a ne serait-ce qu'une vingtaine d'années, étaient cultivées d'orge. Aujourd'hui, on ne voit que de la pierraille et tout est à l'abandon, faute aux périodes de sécheresse de plus en plus longues. Et, sans eau, pas de récoltes...!

Les aiguilles de la Mouflonne et du Moufon au jour naissant

On passe un court instant en RD avant de revenir RG pour enchaîner les lacets bien ordonnancés qui permettent de remonter assez aisément le coteau. Vers 2150m, la rigueur de la pente s'affermit et le sentier tracé sur le rebord du thalweg détritique monte "dré dans l'pentu". On atteint une plateforme, laquelle a été équipée d'un abreuvoir et d'une source (1h10, 2335m). Belle vue plongeante sur le cirque de Taghia et ses falaises rougeoyantes sous le soleil naissant. Entre autres, on distingue parfaitement le couloir du "tire-bouchon" dans lequel on est passé hier.

Lever de soleil sur les falaises occidentales du cirque de Taghai au sein desquelles se trouve le sentier du tire-bouchon

Le sentier se poursuit au-dessus de la plateforme en égrenant ses lacets avec une moindre pente, semble-t-il... On dépasse un abri de berger à 2405m et on débouche dans le tizi n'Isfoula (15mn, 2440m). On laisse partir sur la gauche le sentier qui s'en va rejoindre le plateau du Koucer (c'est par ici que l'on était arrivé en 2006 sur le parcours de la GTAM2). On tourne à D pour prendre en écharpe l'éboulis afin de se rapprocher de la base des falaises du djbel Timghazine. La traversée du large couloir est légèrement ascendante et passe en dessous d'un groupe d'azibs. En RG, le sentier, superbement tracé, se faufile entre les buis et remonte en zigzags serrés un couloir pour accéder à une banquette rocheuse au-dessus. On s'élève sans difficulté en alternant les zigs et les zags... On en profite pour admirer le paysage qui va du tizi n'Tighboula à gauche au djbel Aroudane à droite avec la présence au deuxième plan de l'Azourki. En bas, Taghia qui commence à être caressé par les premiers rayons du soleil se fait tout petit et le village de taille réduite paraît écrasé par la présence des falaises qui le ceignent.

Sur le sentier d'ascension au sommet du djbel Timghazine (djbel Aroudane et Azourki)

Après les courts lacets, voici les longs ! Le tracé du sentier profite des nombreuses vires ascendantes proposées par les strates calcaires empilées les unes sur les autres. Au SW, voici qu'apparaissent les trois sommets orientaux du Ouaougoulzat alors que l'Azourki se redresse encore davantage en sortant de l'arrière des plateaux. Vers le N s'étale le bassin de Zaouïat Ahaneçal avec le rocher de la Cathédrale en arrière-plan et, bordant la dépression sur sa droite, les falaises occidentales du plateau du Koucer. Au-delà du Koucer, ce sont les chaînes de montagnes qui dominent à l'E le plateau des Lacs du côté d'Imilchil. Exceptionnel panorama ! Taghia et ses falaises paraissent à présent bien petits alors que l'on commence à tutoyer les 3000 mètres.

A l'approche du tizi n'Timghazine

Après le suivi de ces nombreuses vires calcaires, voici que l'on va remonter plus directement vers la crête en pénétrant dans un étroit couloir au sein duquel un superbe sentier a été aménagé. Ça y est, on sort sur la crête au niveau du tizi n'Timghazine à 3130m. Il ne reste plus qu'à suivre sur 150m la crête débonnaire à main G pour atteindre le sommet du djbel Timghazine marqué d'un panneau (1h50, 3157m). Étonnant quand même, car l'emplacement référencé est bien loin d'être le point culminant de la longue crête... Va comprendre, Charles...!

Au sommet du djbel Timghazine à 3157m (au fond, le plateau du Kouçer)

Ceci dit, les panoramas sont superbes et couvrent pratiquement les 360° (à l'exception notable d'une petite partie NE correspondant aux trois excroissances d'altitude plus importante que celle du sommet sur lequel on se trouve. Au S, on domine la vallée de Tafraout. En bas, c'est Bou Ighlaln où se trouve l'une des entrées des gorges de l'asif n'Taghia. C'est là d'ailleurs que l'on va établir le camp afin de profiter demain matin d'une excursion ludique en boucle dans les deux canyons orientaux. C'est ici aussi que s'initialise la nervure qui va vers la droite former les falaises qui dominent le village de Taghia. Côté N, on a décrit le paysage et il n'y a pas de nouveauté par rapport à la vue 200m plus bas...

Sur la crête W du djbel Timghazine (à l'horizon, Ouaougoulzat,  Azourki et djbel Aroudane)

Retour au col. Le sentier vers Bou Ighlaln démarre de suite à main gauche mais il est conseillé de poursuivre sur la crête occidentale du djbel Timghazine, large et sans difficulté technique, pour égrener un à un les petits sommets que l'on trouve sur l'arête et disposer de vues complémentaires sur le cirque de Taghia. Restons raisonnable et n'allons pas plus avant que le piton conique coté 3050 car la vue plongeante espérée sur le cirque de Taghia depuis le dernier sommet de l'arête risque de prendre du temps... C'est quand même pas mal éloigné et pas si évident que ça à atteindre. Et pas sûr que la vue espérée soit au rendez-vous... Donc, du piton à 3050 on revient en arrière jusqu'au large col qui le précédait et, plutôt que de se refaire l'arête dans l'autre sens, il n'y a aucune raison à ne pas tracer à flanc de coteau peu pentu pour rattraper le chemin officiel de descente vers Bou Ighlan qui vient faire un grand détour par le côté W avant de partir vers le bas (40mn, 3000m).

Le carreau de la mine de Bou Ighlaln au pied du djbel Timghazine

Le sentier retrouvé, mais un peu moins bien marqué que celui de la montée, on le suit avec comme point visé la selle détritique marquée d'un piton isolé (30mn, 2730m). On poursuit sur la D du piton dans les pentes gravillonneuses que l'on descend en biais afin de rejoindre le carreau de la mine (20mn, 2470m) et au-delà terminer la journée à l'entrée des gorges de l'asif n'Taghia (5mn, 2440m, source 100m en amont de la piste désaffectée qui desservait la mine). On établit le camp sur les banquettes gazonnées. Nuit sous tente.

Jour 7 : Bou Ighlan - Boucle dans les gorges de Taghia - Bivouac au canyon de Tetralet

2h / +200m / -200m + 3h / +530m / -500m.
Diaporama Au matin, excursion de 2h sans risque ni escalade en direction d’Imi n’Taghia (la porte d’entrée du canyon de Taghia), d’abord en passant par le haut des falaises puis en revenant au camp par le fond de la première partie du canyon (la plus facile…). On part en RG rejoindre un azib avant de descendre jusqu’à un confluent de rivières. On s’avance un peu sur la D, vers l’aval, pour profiter de la vue panoramique sur le début des réjouissances pour les adeptes du canyoning. On revient sagement jusqu’au confluent et, plutôt que de reprendre le même itinéraire qu’à l’aller, on suit sur la G le ruisseau qui sort de la gorge et celui-ci ramène au camp. Un seul passage acrobatique, et uniquement si l’on a décidé de ne pas se mouiller les pieds. Sinon, que de clichés à rapporter pour les amateurs de photographie. Ça vaut vraiment le coup ! Et en toute sécurité…

Imi n'Taghia (entrée et sortie du circuit matinal)

Diaporama Après le repas de midi pris au camp, on suit la piste de la mine qui s'élève au-dessus de l'entrée des gorges. Dans le premier virage, on s'échappe sur un bout de piste désaffectée (encore plus que la précédente...) pour contourner un mamelon détritique et retrouver dans un collet la piste principale Msemrir - Tizi n'Tighboula. On la suit en descente jusqu'à l'entrée principale des gorges de l'asif n'Taghia (15mn, 2415m). Ici, la piste passe côté S de la vallée et remonte doucement en direction du col qui s'inscrit dans une arête vers le SW et un parcours qui fait la part belle à la contemplation des falaises roses. Par contre, pas de visibilité du fond des gorges car très vite elles deviennent étroites et très hautes. On remonte sur la piste pour franchir le col (40mn, 2620m) et on descend de l'autre côté dans un vallon peu creusé dans lequel se trouve un groupe d'azibs. A 2635m, la piste croise l'un des ruisseaux à sec qui part sur la droite se jeter dans la troisième gorge qui alimente l'asif n'Taghia une belle entrée de canyon s'il en est...

La 3ème entrée du canyon de Taghia

On poursuit sur la piste défoncée (elle était entretenue du temps de l'exploitation de la mine mais aujourd'hui elle est laissée à l'abandon puisqu'une autre piste plus rapide a été construite sur les crêtes, d'ailleurs on la croisera demain du côté du tizi n'Wadou...). On franchit un nouveau col (45mn, 2690m) d'où l'on domine vers le SW le canyon de Tetralet la seconde rivière du complexe des gorges de Taghia. Noter qu'à main droite il est possible en 20mn A/R de se rendre sur le bord de la falaise et de disposer d'une vue plongeante sur le village de Taghia, ses falaises et son piton du "mouflon" (la "mouflonne" est cachée derrière...).

Les aiguilles de Taghia vues de derrière

On poursuit en descente régulière sur la piste qui se dirige vers l'extrémité S du canyon formé des blocs empilés de grès rose. Après avoir suivi le rebord oriental du canyon, on vient croiser les deux rivières qui alimentent le cours d'eau qui coule au milieu de ce canyon (45mn, 2470m, eau puisée dans le ruisseau qui débouche d'un vallon verdoyant). On établit le camp sur le rebord SW du canyon à proximité de la piste. Nuit sous tente.

Le canyon de Tetralet

Jour 8 : Canyon de Tetralet - Tizi n'Wadou - Descente de la haute vallée de l'asif Imejdag - Bivouac de la cascade

6h40 / +850m / -760m.
Grosse journée de marche, pas trop en dénivelée mais en kilométrage. Il s'agit de rejoindre la source de l'Imejdag et d'entamer la première partie de la descente (sur trois...) de cette rivière qui au bas mot doit s'étirer sur plus d'une soixantaine de kilomètres jusqu'à sa confluence avec l'asif M'Goun. Prendre ses précautions en terme de réserve d'eau car il y a très peu de points d'eau tout au long de l'étape pour se ravitailler et encore moins vers la fin de l'été...!

La pelouse triangulaire au départ du canyon de Tetralet

Diaporama Du camp, on redescend jusqu'à l'entrée du canyon pour rejoindre le ruisseau qui descend du vallon verdoyant et on remonte le thalweg vers le S. A l'entrée de la pelouse de forme triangulaire, on incline sur la D pour monter en écharpe SSW jusqu'à 2640m où l'on retrouve une vague trace de nomades orientée SE au milieu des buissons d'épineux, trace que l'on suit vers le SW jusqu'à rejoindre le fil de la crête aux alentours des 2700m et jusqu'au sommet du mamelon sur la D (50mn, 2730m, C). Belle vue en enfilade du canyon de Tetralet et tout au bout entre les parois du canyon de Taghia sur le pays de Zaouïat Ahaneçal. A droite, le djbel Timghazine sur lequel on évoluait pas plus tard qu'hier...

Au sommet du mamelon à 2730m (entrée des gorges de taghia et djbel Timghazine)

On poursuit au SSW pour monter sur un sentier de nomades bien marqué au sol sentier qui s'élève à flanc sur la G en direction du sommet d'un mamelon conique. On passe au-dessus d'azibs pour traverser un thalweg (source à 2815m). Dans le collet duquel est issu le thalweg on suit le sentier de D qui se dirige vers le S pour rejoindre le collet suivant (35mn, 2930m) et découvrir le tizi n'Wadou droit devant en direction du S.

Vue du collet à 2930m depuis le sommet du mamelon

Le sentier que l'on suivait tourne sur la gauche mais on l'abandonne pour poursuivre tout droit à flanc de coteau pierreux vers la petite "prairie" à la présence assez anachronique au milieu de tout ce minéral... A l'horizon, on distingue le tizi n'Tighboula au pied duquel on avait fait étape il y a deux jours (à Mdint Jdid, c'est juste derrière...) et on remarque bien la présence de deux pistes : celle de droite passe par Tetralet, celle de gauche rejoint les crêtes et c'est celle-là que l'on va retrouver d'ici peu de temps lorsque l'on aura posé le pied sur la crête à main gauche. Mais à chaque mamelon que l'on franchit, en voici de nouveaux qui se présentent et l'impression que l'on recule plus que l'on avance...

Sur l'interminable crête à l'approche du tizi n'Wadou

Sur l'épaule à 3000m, on tourne à G vers l'E sur quelques mètres avant que le sentier ne s'élève en lacets à main D vers la crête orientée au S. On approche (enfin...) de la ligne de crête sur laquelle on distingue le tracé de la piste en franchissant une épaule (35mn, 3100m, cairn) et on poursuit à présent au SE, à assez longue distance à la gauche du tizi n'Wadou. En se retournant on ne peut qu'être impressionné par l'immensité que l'on contemple... On croit évoluer dans un no man's land et pourtant il y a des campements de nomades dans pratiquement tous les vallons et des bergers à surveiller les troupeaux de chèvres et de moutons dans leur quête de nourriture sur des pentes à l'herbe rare. Vus d'en haut, ces plateaux sont veinés de nombreux canyons et des dizaines de sentiers apparaissent reliant les lieux de vie, les azibs, à la "ligne de (sur)vie", la piste qui court sur la crête et qui permet aux nomades de se ravitailler (ceci dit, avant sa construction, on descendait au souk avec les mules et ça prenait plusieurs jours...). Côté paysages, l'érosion par les intempéries (pluie, neige et vent) a mis à nu les "dessins" résultant des mouvements tectoniques de la formation géologique et on peut le considérer comme de l'Art brut !

Panorama vers l'orient (ce que je qualifie d'Art brut...)

On atteint la piste (15mn, 3245m, a priori le plus haut col routier du Maroc, C) pour découvrir au S la longue chaîne de montagnes du djbel Saghro. On la traverse pour poursuivre en face et légèrement à main D sur le petit sentier historique tracé sur le fil de la crête (on peut aussi suivre la piste en descente...) et ainsi rejoindre le tizi n'Wadou (25mn, 3125m, C). Deux sentiers partent vers le S et rejoignent tous deux les gorges de l'Imejdag :
- plein S dans la combe : il propose un raccourci mais ne permet pas de visiter le haut du vallon où la "rivière" prend sa source,
- à flanc vers le SW, c'est un sentier de nomades qui permet de rejoindre en restant à hauteur le tizi n'Igourane et ainsi se retrouver sur les flancs E du Ouaougoulzat pour une descente directe sur la partie centrale de la vallée de l'asif M'Goun du côté d'Ighrem Izdarn.

Au tizi n'Wadou (à l'horizon, l'Azourki s'inscrit pile poil dans le tizi n'Tighboula)

C'est le second que l'on va suivre en faux-plat montant en direction du SW pour rejoindre à flanc du piton conique la large épaule qui donne accès au bassin versant de l'Imejdag (20mn, 3145m). On continue à main D face au M'Goun qui apparaît au travers du tizi n'Igourane (on l'avait traversé au cours du J16 du trek GTAM3...) avant de contourner en courbe de niveau la combe émissaire et descendre directement rejoindre le lit de la rivière au niveau des banquettes herbeuses situées 500m en amont de la confluence de rivières que l'on a dépassée, en laissant filer le sentier de nomades à hauteur vers le col encore lointain (35mn, 2955m, camp possible jusqu'au début de l'été si eau à disposition).

Aux sources de l'asif Imejdag avec le tizi n'Igourane en arrière-plan

Dos au tizi n'Igourane, on suit vers l'aval le sentier tracé dans le lit de la rivière de galets jusqu'à atteindre l'endroit où les gorges deviennent un peu plus chaotiques. Ici (35mn, 2860m), le sentier sort momentanément du lit de la rivière et monte sur la G pour un parcours de 500m au maximum. A 2815m débouche de la G le canyon qui descend directement du tizi n'Wadou (chemin direct des nomades). La descente des gorges de la haute vallée de l'Imejdag revêt de nombreuses formes et est longue, voire très longue, mais n'est jamais ennuyeuse. On y croise, même encore à la toute fin de la période estivale, de nombreuses familles de nomades et le sentier est jonché d'excréments de mules et de dromadaires. Ces derniers d'ailleurs se replient vers le djbel Saghro et les confins du désert vers le milieu de septembre et c'est assez original de réaliser cette descente des gorges en suivant une caravane.

Dans la partie haute des gorges de l'Imejdag

A partir de 2770m, les parois de la gorge se rapprochent jusqu'à ne pas être distantes de plus de 3 mètres. Au printemps, lorsque la neige fond, cet endroit doit ressembler au passage d'Achabou dans les gorges de l'asif M'Goun (voir J17 du topo GTAM3) mais à la puissance 10...!

Au coeur de la portion des gorges de l'Imejdag aux parois plutôt resserrées...

A 2720m on traverse une confluence avec une vallée fluviale de belle taille avec eau dans le ruisseau qui débouche de la G. Cela met fin à la portion d'un bon kilomètre de long très étroite dans laquelle on vient de passer. La vallée de l'Imejdag est à présent bien large, de l'ordre d'une centaine de mètres. Elle est bordée de part et d'autre de montagnes détritiques. Vers 2600m, on voit un nouveau canyon arriver de la G et rejoindre la vallée que l'on suit. Allez ! Il ne reste plus beaucoup de temps à marcher pour arriver à l'étape : d'ailleurs, on la voit dès à présent au fond du large virage à droite que propose la vallée sous la forme d'une "cascade" qui termine un thalweg.

Changement de conformation des gorges...

On établit le bivouac sur les banquettes caillouteuses à la droite de la cascade (2h15, 2565m, GPS : 31°39'13,5"N 6°0'54,5"W). Nuit sous tente. L'eau qui coule dans le thalweg supérieur ne descend pas jusqu'à la vallée mais s'enterre une vingtaine de mètres au-dessus sur un petit plateau herbeux. C'est d'ailleurs à cet endroit que se donnent rendez-vous tous les nomades du coin pour quérir le bien précieux : l'eau...

Jour 9 : Bivouac de la cascade - Descente de la moyenne vallée de l'asif Imejdag - Bergeries de Arg Mzzen

4h35 / +325m / -710m.
Diaporama On reprend le fil de notre descente de cette incroyable vallée fluviale de l'Imejdag cette fois-ci en direction du S puisque l'emplacement du bivouac marquait un changement drastique d'orientation de la vallée, passant d'un W-E à un N-S. Surprise ! On rencontre de plus en plus de banquettes herbeuses dans le lit de la rivière à sec ce qui atteste bien que le cours d'eau souterrain n'est pas bien loin sous nos pieds... D'ailleurs, 2kms plus loin, voici l'eau qui apparaît à la surface : l'asif Imejdag devient une réalité ! Les banquettes d'herbe sont à la fête et se parent d'une teinte plus soutenue...

Un peu de verdure dans la vallée de l'Imejdag

A l'approche du virage vers l'W, puisque la vallée va prendre une orientation E-W d'ici peu de temps (1h10, 2460m), on voit arriver de la droite le sentier de nomades qui propose une traversée directe pour les troupeaux ovins et caprins dont les pattes souffrent pas mal sur le lit de galets de la rivière. Alors, pour la transhumance, la famille nomade se sépare en deux : une partie passe par les gorges avec ânes, mules et éventuellement dromadaires alors que l'autre partie passe par les plateaux pour offrir un terrain de marche plus adapté à ces animaux et un peu de nourriture au passage. Et c'est à cet endroit précis que la famille se regroupe car, juste en face, côté E s'ouvre un canyon par lequel les nomades Aït Atta vont rejoindre leurs "quartiers" d'automne et d'hiver, à savoir le djbel Saghro et, au-delà, les confins du désert en traversant un col d'altitude respectueuse donnant accès à une longue traversée de la région du Dadès en préalable à cette du Saghro du N au S... Tout un périple ! Mais, qui sait, cela pourrait faire l'objet d'un futur itinéraire de trek au printemps...?

Un peu plus loin devant c'est le virage à droite devant le djbel Tigounatine

On arrive au large virage sur la D (15mn, 2445m), les nomades Aït Atta nous ont laissé mais les chemins de nomades se poursuivent vers l'W pour ceux qui doivent rejoindre les pentes S du massif du M'Goun, et ces nomades-là ils poursuivent dans les gorges de l'Imejdag... Suivons donc leurs traces ! Ils poursuivent vers l'W au cœur d'une vallée fluviale bordée au S par deux imposants massifs : à main gauche le djbel Marouane, un peu plus loin devant le djbel Tigounatine, tous deux des plus de 3000 ! Et entre les deux un col, le tizi n'Toudat, dont on va bientôt reparler...

Le long de l'Imejdag, mais plus pour longtemps...

Dans cette vallée de l'Imejdag, on trouve pas mal de campements transitoires, genre "aire d'autoroute", qui permettent aux nomades lors des transhumances de faire reposer leur cheptel, comme abordé plus haut, chèvres et moutons supportent mal les grandes bambées. Alors, on avance une journée puis on se pose 2 ou 3 jours avant de repartir... Puis les gorges se resserrent avec en RD de belles strates de grès. A l'extérieur d'un méandre de la rivière, on croise une source qui coule en cascade depuis le haut d'une falaise (30mn, 2415m). Puis à 2400m, la conformation des gorges change du tout au tout et ne permet plus de poursuivre vers l'aval : trop chaotique ! Là, les nomades disposent de deux itinéraires :
- vers le S (sur la gauche), un sentier d'altitude prend le relais et propose de franchir le tizi n'Toudat pour rejoindre Qalat M'Gouna via Aïn Isfasfas,
- vers le N (sur la droite), un sentier va traverser les hauts plateaux pour rejoindre Ighrem Izdarn au pied du Ouaougoulzat sur une route qui conduit encore plus à l'W que la précédente vers les pentes S du massif du M'Goun, en l'occurrence la région de Skoura.

On laisse l'Imejdag continuer son parcours chaotique pour s'élever en RD en direction de Arg Mzzen

C'est cette deuxième route que l'on va suivre : on suit le sentier qui monte sur la D pour s'élever dans des pentes RD des gorges de l'Imejdag, gorges qui commencent très vite à se creuser et dont le passage entre les parois se rétrécit comme "peau de chagrin"... Une fois que l'on a traversé au-dessus de la cascade qui termine ce vallon émissaire, on trouve en face un sentier bien marqué au sol qui s'élève en zigzags pour prendre de la hauteur sur une vire rocheuse inclinée. Le sentier contourne une combe duquel on dispose d'une vue directe sur le parcours chahuté et impraticable de l'Imejdag en contrebas. On franchit une épaule à 2495m pour trouver un sentier étale qui, un peu plus loin, se met à descendre tranquillement rejoindre une vallée fluviale qui arrive du N et au fond de laquelle on reconnaît à l'horizon les sommets orientaux du Ouaougoulzat.

Traversée des hauts plateaux entre Imejdag et Arg Mzzen

Une fois sur le lit de galets, on remonte au NNW et 50m après avoir franchi la petite cascade au pied d'un enclos à bestiaux on poursuit dans la vallée de D sur une centaine de mètres jusqu'au point où l'on trouve à main G la suite du sentier qui s'élève en zigzags et va nous faire reprendre la direction W voulue... On évolue sur une vire à hauteur en RG d'un petit canyon dont on vient bientôt rejoindre le fond avant de repartir dans les pentes caillouteuses pour contourner une ou deux ruptures de pente dans le lit de galets. Le sentier repart au N et s'élève jusqu'aux azibs sous roche où il incline à G définitivement vers le SW pour rejoindre des pentes gravillonneuses multicolores. On traverse un large col (1h15, 2550m, C) et on poursuit au-delà du col sur un sentier qui reste à hauteur en RD du vallon et ne perd pas trop d'altitude.

Traversée des hauts plateaux entre Imejdag et Arg Mzzen

On descend traverser un thalweg puis on remonte tranquillement rejoindre un nouveau col en ayant au passage dépassé une bergerie. Au col (35mn, 2550m, C) où l'on domine un entrelacs de plateaux et de vallons bien creusés, on dispose de la vision intégrale de la crête du Ouaougoulzat, du tizi n'Igourane à l'extrême E jusqu'au passage du tizi n'Aït Imi, là-bas tout au fond à l'W.

La crête du Ouaougoulzat vue depuis le col d'où l'on domine la vallée de Arg

La descente s'initialise... par une remontée vers un petit collet puis enchaîne avec une série de lacets très bien tracés (on sent bien qu'il y a pas mal de monde qui emprunte cet itinéraire...) avec comme horizon le seigneur des lieux, le M'Goun. La descente s'effectue sans difficulté jusqu'à atteindre le lit de la rivière immergé dans une forêt d'osier. On passe en RD de la vallée pour remonter vers le groupe de bergeries de Arg Mzzen (le "petit Arg"). On le traverse vers l'W pour établir le camp sur l'une des aires de battage situées à la sortie du village (50mn, 2180m, eau au tuyau qui sort de la falaise à 250m en dessous du camp en suivant la rivière, GPS du camp : 31°37'8"N 6°6'59"W, C). Nuit sous tente.

Arg Mzzen

Vue la sécheresse qui sévit chaque année dans le haut Atlas et le peu de neige qui y tombe au printemps depuis quelques années, les aires de battage ne semblent plus beaucoup employées à leur usage premier du fait que les terrasses autrefois cultivées d'orge et parfois de maïs paraissent abandonnées. Et que dire des vergers qui font pâle mine alors que les noyers ont séché sur pied... Arg Mzzen se trouve dans une vallée qui descend directement des contreforts S de la haute vallée de l'Imejdag et c'est le djbel Amezrika et ses 3432m qui dominent le haut de la vallée.

Jour 10 : Bergeries de Arg Mzzen - Tighremt n'Aït Issa - Descente de la basse vallée de l'asif Imejdag - Vallée de l'asif M'Goun - Imi Nirkt - Waouchki

4h45 / +200m / -240m.
Il y a deux itinéraires pour rejoindre la vallée de l'asif M'Goun :
- celui qui est utilisé par les villageois vers le NW qui contourne une épaule et rejoint Arg. Ce village est la terminaison d'une piste qui remonte la vallée issue du tizi n'Igourane en passant par Taliwine puis franchit le tizi n'Ounbat pour descendre vers Ighrem Izdarn via Tichki ; c'est l'itinéraire que vont suivre mules et muletiers pour rejoindre Waouchki (et peut-être les marcheurs qui en ont assez des gorges, celles de ce jour étant, une fois n'est pas coutume, humides...),
- celui qui descend vers le S et va suivre la fin des gorges de l'asif Imejdag puis remonter celles du M'Goun plutôt humides puisqu'il faudra traverser le cours d'eau au moins une bonne vingtaine de fois. N'oubliez pas vos chaussures aquatiques et les bâtons !

Descente de Arg Mzzen en suivant le lit de la rivière

Diaporama Depuis l'aire de battage sur laquelle on a établi le camp, on descend directement suivre le lit de la rivière qui sinue entre des falaises détritiques et les plants d'osier. On passe devant le tuyau de la source (où l’on refait le plein d'eau pour la journée...) et on poursuit en descente directement dans le lit de galets. La gorge dans laquelle on évolue paraît bien étroite et le sentier bien ténu pour être éligible comme une des voies de transhumance des nomades. Et pourtant, si ! De nombreux excréments de mules, ânes et même dromadaires jonchent le sol. Un peu plus bas, les gorges s'élargissent à l'approche d'une confluence de vallées avec un beau canyon qui arrive de la gauche juste avant que l'on ne passe au pied d'un groupe de maisons perché sur un monticule au-dessus du lit de la rivière et entouré de quelques terrasses cultivées de maïs, d'orge et de pommiers bénéficiant de la manne liquide fournie par la rivière que l'on est en train de suivre.

On retrouve la vallée de l'Imejdag...

On atteint la confluence avec l'asif Imejdag (30mn, 2080m, 2 bergeries avec abri possible en RG). On reprend donc notre fil conducteur en se dirigeant vers l'aval, à l'W. On évolue encore sur un lit de galets sans la présence d'eau, la rivière s'étend de nouveau enterrée en amont alors qu'on l'avait laissée hier à la bifurcation vers les hauts plateaux pleine de promesses... A la confluence avec la vallée qui descend de Arg (10mn, 2070m), on incline sur la G pour passer en dessous du village de Tighremt n'Aït Issa et son grenier à blé perché en longeant les jardins à hauteur de la rivière pour retrouver notre lit de galets après le large méandre que fait l'Imejdag et reprendre notre fil conducteur cette fois-ci un peu humide grâce à l'apport de l'eau descendant de Arg (le "grand"...).

Le grenier à blé de Tighremt n'Aït Issa

La vallée encaissée entre les roches de grès rose recèle pas mal d'oseraies. Jusqu'à présent assez large, les parois à partir de 2030m se rapprochent. Les genévriers ont commencé à coloniser en hauteur les pentes redressées de part et d'autre du canyon. Dans le lit de la rivière, on commence à rencontrer, du fait de la présence de bois, pas mal de fours à ciel ouvert sur lesquels est élaboré le charbon de bois (qui sera ensuite descendu à dos de mules pour être acheminé vers les restaurants pour faire cuire les bonnes grillades. Miam...!).

La forêt de genévriers de l'Imejdag...

Jusqu'au bout, l'Imejdag réservera des surprises comme ce nouveau parcours dans un canyon étroit et chahuté qui s'initialise à partir de 2000m d'altitude ! Et que dire de ces désescalades de cascades aménagées pour permettre le passage des mules fardées... A 1950m, on atteint (qui a dit "Enfin...!" ?) la sortie des gorges de l'asif Imejdag, au bas mot longues d'une soixantaine de kilomètres et qui recèlent tout au long de l'année une vie intense.

A la confluence avec l'asif M'Goun

Les eaux se mêlent (pas violemment, hein...!) dans celles de l'asif M'Goun (1h40, 1930m) et c'est un autre challenge qui nous attend à présent, celui de remonter sur quelques 4kms de long les gorges de l'asif M'Goun jusqu'à Imi Nirkt, et cela, sans véritable sentier... Le parcours commence sur la RG avec la présence d'un bon sentier mais il se termine au premier virage dès que la rivière sort des étroites gorges au niveau d'un champ cultivé.

Remontée des gorges du M'Goun en direction d'Imi Nirkt

Il s'ensuit la possibilité de suivre quelques vires au-dessus de l'eau mais bien vite on est confronté à la nécessité de devoir se tremper les pieds. L'étroitesse des gorges alliée à la piètre qualité de la roche d'un côté et la présence de pentes d'éboulis plutôt relevées de l'autre rendent la possibilité de remonter l'asif M'Goun à pied sec impossible. Donc, ne tardez pas : chaussez vos sandales aquatiques ! On alterne passages dans le cours d'eau et utilisation de quelques portions de sentiers tracés sur les rives et parfois en hauteur sur des vires rocheuses mais il n'y a pas de continuité.

Au coeur des gorges du M'Goun...

On revient toujours à la rivière pour constater que l'avancée serait bien plus aisée de l'autre côté... Noter que dans "notre malheur" de nombreuses sources coulent en RG depuis des interstices entre strates de grès. Après avoir parcouru de multiples méandres de la rivière, voici que l'on commence à croiser quelques terrasses cultivées. Le village d'Imi Nirkt ne doit plus être très loin... Dans un des derniers virages, on découvre en enfilade le sommet du Tagafayt, le point culminant du Ouaougoulzat. On tient le bon bout !

A l'approche d'Imi Nirkt

On rejoint la RG pour se frayer un passage au milieu de l'oseraie et prendre pied sur la terre ferme. On peut remettre ses chaussures de rando et poursuivre vers le N à hauteur du cours d'eau pour rejoindre la mosquée du village d'Imi Nirkt (1h45, 2030m) là aussi où l'on prend pied sur la piste qui arrive d'Ighrem Izdarn. On la suit jusqu'au 1er hameau d'Ighrem Izdarn où au niveau du petit col entre deux maisons on laisse la piste pour poursuivre tout droit avant, 100m plus loin, d'incliner légèrement à G pour suivre le petit chemin tracé au-dessus des jardins.

Au-dessus des vergers entre Imi Nirkt et Ighrem Izdarn

On traverse une rivière (30mn, 2075m, source au tuyau) juste avant de remonter vers une école et suivre à D sur 50m la piste avant d'incliner encore à D pour rejoindre Waouchki en traversant les vergers. On rejoint le village et on peut établir le camp sur une des terrasses libre de culture ou bien demander à la boutique de Mohamed Uhra d'être hébergé chez l'habitant (20mn, 2100m).

Le village de Waouchki au pied du Ouaougoulzat

Jour 11 : Waouchki - Remontée de la vallée de l'asif M'Goun - Talat Rirhane

3h20 / +340m / -150m.
Après les journées en altitude parfois dans des espaces naturels où le minéral était majoritaire, voici une journée "de repos" (ou plutôt "de liaison"). Au programme, une alternance de suivi de petits sentiers qui desservent les jardins, de traversée de villages à l'ombre bienfaisante des noyers, d'immersion dans les vergers, de rencontres souriantes avec les habitants qui, selon les saisons, labourent, sèment, cultivent, récoltent ou bien même réparent les canaux d'irrigation. On croise aussi de nombreux enfants qui reviennent de l'école et qui malheureusement ne savent dire, bien que l'apprentissage de la langue française soit au programme des classes primaires, que bonbon "fanid", argent "flous" ou "dirham", stylo "stilo" et quelquefois "bonjour". On aimerait un peu plus échanger... C'est totalement différent avec les adultes qui selon leur niveau d'apprentissage (beaucoup sont accompagnateurs de moyenne montagne ici, d'ailleurs on se demande qui ne l'est pas entre les vallées des Aït Bouguemez et de l'Osighimt...) des rencontres gratifiantes et souriantes.

Zoom sur les sommets orientaux du Ouaougoulzat

Au départ de Waouchki, on peut traverser l'asif M'Goun pour rejoindre la RD et suivre la piste. Bon ! Il y a même un service de transport local qui dessert tous les villages de la vallée jusqu'à Tighremt n'Aït Ahmed notre village étape de ce soir. Il permet même de rejoindre Tabant via le tizi n'Aït Imi... Ceci dit, ce n'est pas le choix opéré et on va suivre petits chemins et canaux d'irrigation pour remonter en RG cette vallée de l'asif M'Goun.

Au-dessus de l'asif M'Goun

Diaporama Au départ de la boutique, on suit le sentier vers le NW qui donne accès au canal d'irrigation. On reste à hauteur et juste après être passé au-dessus de la rivière et avoir contourné quelques rochers saillants sur le parcours du canal on croise une source (15mn, 2100m). Puis on passe au pied du village d'Ifqirène (15mn, 2120m) pour poursuivre le long du canal avant de s'élever jusqu'à Agouni (15mn, 2155m).

Les maisons de la vallée de l'Osighimt

Au-delà, on franchit à hauteur une épaule avant de descendre jusqu'à l'asif M'Goun pour traverser une vallée fluviale qui descend directement des flancs S du Ouaougoulzat. On continue en RG pour s'engager sur une vire qui dessert les maisons à l'entrée du village très étendu de Taghreft où l'on prend pied sur une piste (30mn, 2170m).

A l'approche de Taghreft

On la suit pour traverser un thalweg et on voit apparaître les trois sommets orientaux du Ouaougoulzat. On franchit une épaule d'où on découvre la partie principale du village bien fournie en habitations. On passe devant de gîte d'étape ("chez Jamal" tel : +212 673520690) et on poursuit jusqu'au pont de béton sur l'asif M'Goun. On ne traverse pas mais on remonte sur la D sous les peupliers pour trouver de suite à main G le sentier vers l'W qui vient buter sur un gros canal d'irrigation qu'il ne faut pas traverser. On le suit vers la D pour remonter jusqu'aux premières maisons d'Aït Issa (20mn, 2190m). Un peu plus loin, on laisse les cultures pour suivre la piste qui s'élève pour traverser le village au-dessus de la mosquée rouge carmin et, par deux lacets supplémentaires, se retrouver sur un plateau pierreux devant les maisons hautes du village. On longe le mur du cimetière et on poursuit sur un sentier tracé à flanc d'une pente gravillonneuse de teinte rougeâtre en préalable au franchissement d'une épaule qui donne accès à un vallon cultivé orienté au N et dont on rejoint le fond au niveau d'un tuyau d'alimentation en eau (20mn, 2240m). Face à nous, le Ouaougoulzat est en beauté. On tourne franchement à G pour descendre le lit de galets sur 150m avant de s'échapper sur un large chemin à main D qui s'en va franchir une épaule à 2250m avant de descendre de l'autre côté vers le village d'Igouramen (15mn, 2215m). On passe devant la boutique du village avant de négocier un petit droite-gauche pour monter jusqu'à El Mrabitine (15mn, 2235m).

Entre Aït Issa et Igouramen face au Ouaougoulzat

A partir de là, la vallée se resserre entre deux falaises de grès rose. On suit la piste qui franchit une épaule à belle hauteur de la rivière à 2270m d'où l'on découvre le petit village constitué de quelques habitations d'Aït Bou Ahmed (Aït Bouhmid sur les cartes) que l'on traverse. A la sortie, on laisse la piste pour s'élever sur le petit chemin qui monte légèrement sur la D et s'en va franchir une épaule derrière laquelle on trouve une descente en zigzags serrés qui donne accès aux jardins et vergers de Talat Rirhane en bordure de l'asif M'Goun avec le sommet occidental du Ouaougoulzat en point de mire.

A l'approche de Talat Rirhane

Une fois la rivière franchie, on s'élève à main D pour rejoindre quelques maisons isolées d'où l'on descend pour traverser une large plaine de cailloux sur laquelle on s'oriente vers la G pour traverser à gué le cours d'eau (pierres émergées). On prend pied sur la route goudronnée qui arrive de Qalat M'Gouna via le tizi n'Aït Ahmed et on la suit vers la D sur la rive opposée au village principal de Talat Rirhane pour atteindre après 400m le gîte d'étape et la boutique situés dans le virage de la route un peu à l'écart du village (45mn, 2290m, C, tel : +212 676642263).

Jour 12 : Talat Rirhane - Bivouac à Oulilimt Oufella

4h50 / +740m / -200m.
Ici, l'asif M'Goun que l'on remontait depuis sa confluence avec l'asif Imejdag est une union de de deux rivières :
- l'asif Amougr Saln au N qui descend du tizi n'Tanout, voie directe pour rejoindre la vallée des Aït Bouguemez,
- l'asif Oulilimt qui suit la base septentrionale de l'Irhil M'Goun, une crête de plus de 40kms de long et qui culmine au sommet de l'Oumsod à 4068m. C'est bien dans cette vallée que l'on va s'engager au SW d'abord puis WSW pour rejoindre le camp de base pour l'ascension de l'Oumsod par le vallon de l'Oulilimt.

Le grenier à blé de Tighremt n'Aït Ahmed

Diaporama Du gîte d'étape, on suit la piste tracée en RD de la vallée et qui se termine très rapidement au niveau du grenier à blé de Tighremt n'Aït Ahmed. A l'arrière, la chaîne du Ouaougoulzat est en beauté sous les premiers rayons du soleil matinal. Selon les vicissitudes de la rivière, on peut avoir à traverser plusieurs fois à gué (chaussures aquatiques utiles...) au moins jusqu'après avoir dépassé la confluence de l'asif Oulilimt et de l'asif Aflafal. On remonte la petite butte sur laquelle avait été érigé par les acteurs du tourisme marocain le refuge Aflafal, aujourd'hui abandonné mais qui peut encore servir d'abri voire dans la partie arrière assez propre de bivouac (35mn, 2325m, source à la sortie de la vallée fluviale de l'asif Aflafal).

Le refuge ruiné à la confluence des vallées des asifs Aflafal et Oulilimt

Un peu plus loin, dans un virage à D de la rivière, la gorge se rétrécit et on passe RG de la vallée. 250m plus loin, après avoir suivi un méandre, on s'échappe de la gorge pour emprunter un chemin qui monte sur le coteau à main D (a priori, on peut définitivement ranger les chaussures aquatiques...). On rejoint la RG d'un petit thalweg avant de très vite le traverser et poursuivre en face en écharpe au SW face à la grosse pierre qui semble en équilibre précaire sur le flanc N de l'Irhil M'Goun (mais, rassurez-vous, il n'en est rien...).

Les fameux rocher en équilibre sur la crête de l'Irhil M'Goun...

On franchit un collet (45mn, 2520m) face à la crête du M'Goun et à l'arrière la présence quasi intégrale du Ouaougoulzat. Pendant la montée sur ce plateau, on s'est éloigné de la vallée principale mais par une traversée à flanc en faux-plat montant on va rejoindre un béquet rocheux de l'autre côté d'un petit thalweg et déboucher juste après dans un large col duquel on a une vision en enfilade de la vallée de l'asif Oulilimt vers l'occident.

Le chemin s'éloigne du lit de l'asif Oulilimt en traversant un plateau

On descend à D pour rejoindre une vallée fluviale parallèle à celle de l'asif Oulilimt et on la remonte sur 500m pour s'échapper sur la G et franchir un collet qui permet de revenir dans la vallée de l'asif Oulilimt au niveau d'un groupe d'azibs (30mn, 2460m). On poursuit la remontée de la vallée fluviale caillouteuse jusqu'à atteindre une zone de méandres de la rivière au milieu d'une belle série de pénitents détritiques de couleurs variées allant du blanc à l'ocre, au jaune et au marron-rouge (30mn, 2490m).

Au milieu des pénitents de l'Oulilimt

C'est un endroit d'une beauté remarquable et qui égaye les yeux par les formes élancées de ces pics de sable et de cailloux dressés vers le ciel. Là encore, on va quitter la rivière qui sort d'étroites gorges qu'on suppose chaotiques et surtout pour un bon moment puisqu'on va rester à hauteur de la vallée de l'asif Oulilimt pendant plus d'1h30 ! A l'instar de ce qui s'est produit précédemment, on va s'engager dans un vallon parallèle sur la D puis de suite accéder par un sentier en larges lacets au plateau qui domine la vallée de l'asif Oulilimt à 2610m couvert de buissons d'épineux au milieu desquels le sentier louvoie.

A hauteur de la vallée de l'asif Oulilimt

On reste quasiment à hauteur pour traverser un 1er thalweg puis un 2ème beaucoup plus large (35mn, 2610m, azibs pouvant servir d'abri). On monte franchir une épaule au milieu d'un groupe de pénitents à 2660m pour trouver juste derrière un sentier-balcon qui trace à belle hauteur de l'asif Oulilimt avec l'un des sommets de l'Irhil M'Goun en point de mire. On franchit une épaule détritique pour descendre croiser un thalweg (15mn, 2655m). Encore une petite épaule, la dernière, au-dessus de la source de l'Oulilimt Izdarn (le bas...) et son emplacement de bivouac obligé s'il n'y a pas d'eau aux sources du haut (demander au passage aux bergers...). On rejoint la plaine caillouteuse (15mn, 2665m, azibs pouvant servir d'abri).

On retrouve le lit de galets à Oulilimt Izdarn

Nous voici à l'entrée de ce champ de cailloux dont la remontée va nous occuper plus d'une heure de temps. C'est long, certes, mais il faut bien gagner le camp de base de l'ascension du M'Goun si l'on ne veut pas ajouter cette fin d'étape du jour à l'entame de demain ! Tout au fond, mais vraiment tout au fond..., on distingue le tizi n'Agmar (tizi n'Oumsod sur les cartes...) avec émergeant à l'arrière l'Irhil Tarkeddit au pied duquel on bivouaquera demain soir.

Poursuite de la remontée de la vallée de l'asif Oulilimt

Vers 2740m, les pentes latérales se rapprochent et le lit de la rivière, souvent à sec, sinue largement entre les coteaux. Vers 2790m, on retrouve de nouveau un plateau caillouteux mais de taille plus réduite que le précédent, heureusement... On le remonte en inclinant la marche légèrement vers la G pour pénétrer dans le haut vallon de l'Oulilimt qui démarre directement du col qui précède l'accès au sommet de l'Oumsod à 4000m. On établit le bivouac sur les banquettes pierreuses en RG à hauteur du lit de la rivière. On est bien arrivé à Oulilimt Oufella (le haut...). Il y a deux points d'eau et selon la quantité d'eau et de neige tombée au printemps, il faut plus ou moins remonter l'un ou l'autre des deux vallons caillouteux pour quérir la manne liquide (1h20, 2830m, C INWI). Nuit sous tente.

Au camp d'Oulilimt Oufella (camp de base pour la traversée du M'Goun)

Demain, si on le désire, il ne restera plus que 1238m à grimper pour arriver au sommet de l'Oumsod... s'il fait grand beau. Dans le cas contraire, vu que la montagne peut être très dangereuse par temps d'orage ou même seulement par vent fort, on suivra sagement le topo décrit au jour 13 et qui passe par le tizi n'Agmar, celui qu'empruntent les nomades...

Jour 13 : Oulilimt Oufella - Tizi n'Agmar (ou traversée du M'Goun) - Plateau de Tarkeddit

Passage par le sommet du M'Goun :
8 à 9h / +1300m / -1220m.
Au cas vous souhaiteriez vous mesurer à la traversée du M'Goun, il faut savoir que les mules et leurs muletiers ne passent pas par le sommet mais empruntent le sentier historique qui permet de faire transiter hommes, bêtes et victuailles entre les vallées de l'Osighimt et de la Tessaout via deux cols d'altitude respectable, le tizi n'Agmar (c'est le nom donné par les locaux mais sur les cartes il est noté tizi n'Oumsod...) côté Osighimt et le tizi n'Asdrem côté Tessaout. Tout le monde se retrouvera dans l'après-midi sur le plateau de Tarkeddit.

Sur la crête sommitale du M'Goun (image d'archives datant de mai 2005)

Du camp de l'Oulilimt Oufella, montée à l'W derrière le camp puis inclinaison large vers la G pour rejoindre l'arête détritique à 3200m sur laquelle on trouve un chemin qui rentre dans la combe terminale de l'Oulilimt, la remonte avant de se séparer en deux (on voit bien les 2 chemins d'accès au sommet sur la photo ci-dessus...) :
- à gauche, la montée est directe et bien pentue pour rejoindre directement le sommet de l'Oumsod à 4068m,
- à droite, la montée est moins relevée et s'en va rejoindre la RG du large col sommital d'où l'on rejoint le sommet en traversant le col vers la G.
Pour la descente depuis le sommet, on se dirige vers l'W pour suivre la "voie normale" qui traverse le large col et reste peu ou prou sur la crête de l'Irhil M'Goun pendant presque 1h en up / down avant de basculer sur la D dans un vallon au sein duquel on suit un large chemin qui aboutit au refuge de Tarkeddit.

Itinéraire des nomades :
3h / +580m / -500m.
Diaporama Du camp de l'Oulilimt Oufella, on contourne le mamelon vers le N pour rejoindre le groupe d'azibs de la vallée voisine (5mn, 2835m, abris mais pas d'eau) situé au pied du col. Contrairement à celui d'où l'on arrive, ce vallon est terreux de couleur rouge carmin. On suit le chemin orienté à l'W avant qu'il propose d'incliner au SW pour une montée à flanc et au bout de la traversée franchit le tizi n'Agmar (25mn, 2890m, C, nommé à tort tizi n'Oumsod sur les cartes...).

Au pied du tizi n'Agmar (à l'arrière l'Irhil M'Goun)

On descend légèrement sur la G pour dominer les gorges d'Arous alimentées par trois branches de l'asif Arous, une qui vient des pentes du M'Goun à gauche et deux qui descendent des falaises détritiques et colorées du plateau de Tarkeddit que l'on distingue à l'horizon et que l'on va bientôt rejoindre d'ici une paire d'heures... Au début, la descente est tranquille à flanc de coteau gravillonneux rougeâtre mais se transforme assez vite en une descente en zigzags sur une épaule. Comme c'est un itinéraire très utilisé par les caravanes de mules des nomades mais aussi par celles qui accompagnent les groupes de touristes qui effectuent la traversée de la Tessaout à la Vallée des Roses via le sommet du M'Goun, la trace est bien marquée au sol. En bas, aux azibs Merat, accessoirement "frontière" qui sépare les estives des nomades Aït Atta sur lesquels on évoluait depuis le début du trek (ceux du Saghro et du SE de Qalat M'Gouna), des Aït Afanne (de la vallée de la Tessaout) et des Aït Iqantula (de la vallée entre Qalat M'Gouna et Ouarzazate), on traverse le 1er bras de rivière qui descend des pentes du M'Goun (45mn, 2540m, eau, bivouac possible).

Dans le bassin de l'asif Arous

Puis on remonte vers l'W traverser un plateau et au-delà croiser à 2600m la 2ème rivière qui descend de la partie SE du plateau de Tarkeddit. On poursuit vers l'W pour remonter la moraine fluviale en RG du thalweg puis vers 2790m on incline légèrement sur la D pour rejoindre le fil de la crête qui domine le thalweg du 3ème bras de l'asif Arous qui lui descend des flancs NE du plateau de Tarkeddit. A cet endroit, on commence à voir de très près les belles calligraphies que Mère Nature nous a gratifiées sur les falaises opposées.

Montée vers le plateau de Tarkeddit

On est à présent sur le fil d'une crête détritique de couleur blanchâtre assez étroite qui donne accès aux dernières pentes rougeâtres qui défendent l'accès au rebord oriental du plateau qui se dessine dans le ciel d'azur. Encore un petit effort pour remonter les pentes colorées avant d'effectuer une toute dernière ascension à flanc (bien cachée celle-la...!) et enfin poser le pied sur le plateau de Tarkeddit. A cet endroit, c'est un délire de couleurs qui enchante le regard alors que l'on surplombe plusieurs ensembles de pénitents et une falaise rouge et jaune mise à nu un effondrement suivi d'une lente érosion pluviale (1h25, 2950m).

Au-dessus des effondrements orientaux du plateau de Tarkeddit

Le sentier trace tout droit en direction du refuge à présent visible vers l'occident mais il est conseillé de prolonger la contemplation du résultat des travaux d'érosion en suivant le rebord du plateau vers le N puis de reprendre une direction W afin d'atteindre le refuge de Tarkeddit (30mn, 2910m, res : +212 677349362 ou mail rtarkddite@yahoo.com, 1/2P, 40 places en dortoir, boissons, campement sur le plateau sujet à rétribution mais eau du captage fournie car la source d'origine située face au refuge ne donne plus d'eau qu'occasionnellement...). Dernière précision, si vous ne passez pas par le sommet, il est possible de squeezer l'étape au refuge pour enchaîner avec la journée qui suit (compter une journée de 6h / +930m / -1210m quand même...).

Le refuge de Tarkeddit

Jour 14 : Plateau de Tarkeddit - Source de la Tessaout - Azibs Wandras - Tizi n'Asdrem - Bivouac à Idroumamène

2h50 / +350m / -710m.
Au départ du refuge de Tarkeddit, on peut décider d'abréger de 2 journées le tour du Ouaougoulzat en rejoignant directement Arous situé à proximité de la route qui dessert la vallée des Aït Bouguemez ; pour cela, on suit au NE le chemin qui s'en va franchir le tizi n'Ikiss situé derrière le refuge (c'est la "voie normale" en A/R des touristes qui souhaitent ne faire que l'ascension du M'Goun avec une étape ou deux au refuge...) ; compter 5h / +400m / -1600m quand même... mais ce serait passer à côté de trois spots spectaculaires de la région à savoir la descente "osée" du tizi n'Asdrem côté Tessaout ce jour-même, la descente des gorges de l'asif Ghougoult très sauvages et la descente vers la vallée de l'asif Iguelouane aux coloris multiples. A vous de décider !

Ce n'est pas parce que l'on est face au M'Goun qu'il faut oublier l'objet de ce trek : le Ouaougoulzat...

Diaporama Au départ du refuge, on poursuit la traversée du plateau sur lesquels de nombreux nomades ont établi le camp pour l'été, les Aït Afanne et le Aït Iqantula (ces derniers traversent, en venant du S, l'Irhil M'Goun au niveau du large col que l'on voit à main gauche et qui présente une profonde entaille dans la masse noire de la chaîne montagneuse : à 3640m, c'est le tizi n'Oumsod, le vrai (voir la remarque du jour précédent...), souvent appelé tizi n'Iqantula en raison du nom des familles de nomades qui le traversent... la vision des caravanes de mules accompagnant les bergers et leurs troupeaux de chevaux, moutons, chèvres et dromadaires bien sûr est un spectacle à ne pas rater si on a la chance de pouvoir y assister à la fin du printemps dès que le col est libre de neige).

Traversée du plateau de Tarkeddit

Tiens ! Le sentier est balisé de marques de peinture rouge... Il suit le petit ruisseau (souvent à sec) qui démarre de la source face au refuge et trace sa route sur la D du plateau sous les pentes rocheuses de l'Irhil Tarkeddit. On atteint le site de la source de la Tessaout (50mn, 2850m, bivouac possible si eau à disposition...). C'est ici que s'initialise le parcours de canyoning qui descend les gorges de Wandras au creux desquelles coule la rivière (en fin d'été l'eau n'apparaît qu'assez bas). En tous les cas, ce n'est pas un itinéraire qu'il faut prendre à la légère et qui nécessite d'être correctement équipé avec baudrier, cordes de rappel, mousquetons et sangles... C'est une descente de canyoning !

Au-dessus des sources de la Tessaout (départ des gorges de Wandras)

C'est pourquoi l'itinéraire conventionnel s'élève en écharpe sur la D dans les pentes rocailleuses pour largement contourner cet écueil. Vers 3000m, on prend pied sur un plateau incliné couvert de buissons épineux. Vue arrière sur l'enfilade du plateau de Tarkeddit et dans le lointain le sommet du Tagafayt, histoire de rappeler que l'on est en train de terminer le tour du Ouaougoulzat dont c'est le point culminant. Et, de part et d'autre du plateau, à gauche l'Irhil Tarkeddit et à droite l'Irhil M'Goun.

Vue vers l'E du plateau de Tarkeddit avec à gauche l'Irhil Tarkeddit et au fond le Ouaougoulzat

Sur le plateau que l'on est en train de remonter, le balisage rouge invite à incliner très légèrement sur la D pour rejoindre les azibs n'Wandras (50mn, 3070m). Si le chemin d'accès traversait des pentes de lapiaz vraiment usées, ici, le lapiaz est réellement impressionnant alors que l'on sinue entre les blocs de calcaire pour atteindre un collet.

Traversée du lapiaz aux azibs n'Wandras

Le sentier se poursuit à flanc en contrebas de falaises de grès rose et reste à hauteur d'un thalweg qui descend rejoindre les gorges de Wandras. On le traverse dans sa partie haute puis le sentier incline vers la G pour un long parcours en faux-plat montant en direction du tizi n'Asdrem, un peu perdu quelque part au rebord de cet immense plateau caillouteux... On traverse un groupe d'azibs aux nombreuses cabanes (45mn, 3130m, abri possible) avant d'en terminer avec l'ascension. On atteint le tizi n'Asdrem (25mn, 3170m, C) d'où l'on domine à l’horizon SW le tizi n'Oulaoun dans lequel passe la route qui relie la vallée de la Tessaout à Ouarzazate, le groupe de montagnes de l'Aourir n'Ouzald qui domine une région de collines qui cache le village de Megdaz, à l'W le sommet de l'Anghomar qui domine le lac de Tamda (caché...), le plateau du djbel Mabhoub derrière lequel passe la route du tizi n'Tichka et enfin au NW le synclinal du Rat (qui donne bien envie de s'y mesurer, lors d'une GTAM n°6 qui sait...?) un peu occulté par le sommet du Tignousti.

La verte vallée de la Tessaout vue depuis le tizi n'Asdrem

Du col, la descente s'initialise en zigzags. Là aussi, il s'agit d'un itinéraire très emprunté par les mules des caravanes de touristes et c'est aussi le seul lien qui permet de passer de la vallée de l'Osighimt à cette de la Tessaout d'où la qualité de viabilité du sentier. Et pourtant, il n'est pas facile... A la fin des zigzags dans une pente gravillonneuse, voici que l'on prend pied sur une vire une fois que l'on est venu toucher le lit du torrent. Le sentier reste à belle hauteur du thalweg et court à la base des falaises. Impressionnant, spectaculaire d'y voir les caravanes de mules s'y mouvoir mais rien de difficile !

Sur les vires dans la descente vers Idroumamène

Un passage étroit aménagé en zigzags serrés avec de larges marches étayées par des troncs de genévriers permet le passage de la vire à la moraine fluviale caillouteuse sur laquelle on descend sur un sentier bien tracé en lacets. A 2670m, on laisse le sentier se poursuivre à droite vers la vallée de la Tessaout et le village de Tasgaïwalt pour poursuivre tout droit en RG de la vallée caillouteuse (croix de peinture rouge à franchir...) sur un bon sentier qui permet de rallier directement la source qui sourd au lieu-dit Idroumamène (1h, 2550m, le genévrier en berbère, eau à la source à toute période de l'année, C). Le camp est établi à 50m de la source sur la plateforme qui domine à belle hauteur la sortie des gorges de Wandras. Nuit sous tente.

Bivouac à Idroumamène

Jour 15 : Idroumamène - Tizi n'Ghougoult - Ghougoult

3h30 / +350m / -1015m.
Diaporama De la plateforme d'Idroumamène, on se dirige au NW pour traverser le vallon et rejoindre la base du vallon qui s'ouvre à la G de celui par lequel on est descendu hier. Le sentier suit le fond du thalweg et remonte plutôt directement sans excès avant de proposer quelques lacets en toute fin d'ascension. On franchit le tizi n'Ghougoult (40mn, 2850m, C) pour découvrir à l'horizon sur la gauche le djbel Tignousti et la partie occidentale du Rat et le point culminant du synclinal.

Depuis le tizi n'Ghougoult, avis de mauvais temps sur le pays des Aït Boualli !

Belle descente en lacets bien larges sur un sentier très emprunté par les caravanes de mules. A noter que le passage du col marque, là aussi, la "frontière" entre familles nomades : les Aït Afanne et Aït Iqantula au SE, les Aït Boualli au N. La seule différence avec les autres familles de nomades est que celle-ci a décidé de se sédentariser sur ses terres de nomadisme et est venue grossir il y a quelques dizaines d'années la population des villages de Ghougoult et d'Abachkou. On traverse un petit plateau gazonné (25mn, 2600m, source, possibilité de bivouac sur les banquettes herbeuses). Au début de la descente, on dépasse une belle grotte naturelle creusée par Mère Nature au pied d'une falaise de grès (serait-elle celle d'Ali Baba...?). En tout cas, aujourd'hui, faute de trésor, ce sont les troupeaux de chèvres qui s'y reposent la nuit au sec...

La caverne d'Ali Baba...?

Le sentier suit grosso modo le lit de la rivière, la waqqa n'Ddaghour, avec de part et d'autres de la gorge assez étroite quelques portions de sentier aménagées. On passe sur une vire qui permet de contourner une épaule rocheuse (35mn, 2330m) et d'ici quelques minutes c'en sera fini de la gorge rocheuse, tout du moins pour l'instant, en attendant la suite... A 2290m, l'eau de la rivière est déviée dans un canal d'irrigation. Un peu plus loin, une gorge de laquelle débouche une rivière arrivant de la gauche en provenance du massif du Tignousti vient se réunir à celle que l'on est en train de parcourir. De suite, on peut juger du bien fondé de la construction du canal d'irrigation car maintenant le fond de la gorge est dominé à sa gauche par des terrasses plantées de céréales et comme le canal présente quelques fuites c'est tout le coteau qui s'est paré d'une couverture herbeuse bien drue.

Dans les gorges de Ghougoult

Bon ! La description un tant soit peu idyllique de l'entame du parcours de descente va changer : en septembre 2024, des trombes d'eau sont tombées du ciel et toutes les vallées, qu'elles soient étroites comme ici ou très larges comme dans les Aït Bouguemez ont connu des torrents de boue qui ont ravagé les cultures, les vergers mais aussi les moindres parcelles plantées. Et que dire du chemin ? Qu'il a disparu à près de 90%... La suite du parcours de la gorge de la waqqa n'Daghour est plutôt chaotique. On se faufile dans une gorge étroite puis, au moment où elle s'élargit, on traverse un bel emplacement de bivouac au pied d'une maison perchée (45mn, 2015m).

Les premières terrasses à l'approche du village de Ghougoult

On traverse ensuite vers 2000m une oseraie puis à 1960m un sentier tracé à flanc à hauteur de la gorge en RG permet de sortir de la gorge. Le village ne doit plus être très loin car on voit juste devant la première terrasse et surtout, modernisme oblige, l'antenne télécom qui domine le village... De l'austérité de la gorge aux terrasses colorées, on vient de retrouver les activités paysannes dans les champs. Mais, fin du rêve, on redescend au creux d'une gorge qui n'en finit par de finir dans laquelle la rivière sinue avec un sentier bien évidemment lessivé par les pluies d'orage. On atteint le départ de la piste qui descend jusqu'à la rivière (1h, 1875m) et on la suit pour rejoindre les premières maisons hautes du village de Ghougoult où il n'y a pas de gîte d'étape mais de nombreuses possibilités d'hébergement chez l'habitant (5mn, 1885m).

Jour 16 : Ghougoult - Aguerd - Tizi n'Aguerd - Irhil n'Tissent (vallée de l'asif Iguelouane) - Retour vers Marrakech

3h10 / +350m / -700m + 5h de voiture.
Diaporama Des maisons hautes de Ghougoult on descend traverser l'asif n'Tazit qui descend de l'Irhil n'Ikiss en passant par Ifri n'Aït Kherfala et on remonte sur la RD pour passer à proximité de la mosquée et prendre pied sur la piste. On la suit pour remonter la vallée à belle hauteur du fond du vallon. On croise une source puis à 1970m on quitte la piste pour emprunter sur la G un petit sentier qui s'élève dans le coteau détritique pour rejoindre une petite crête qui domine un vallon bordé de terrasses cultivées (30mn, 2015m). 1ère vue panoramique sur le Rat, ce synclinal calcaire qui se trouve sur le chemin de la GTAM n°6 (à venir...).

Sur le sentier historique entre Ghougoult et Aguerd (au fond, le Rat)

On suit pendant 50m le fil de la crête en montée avant d'incliner à flanc sur la G de manière étale pour rejoindre le fond du thalweg, là où commence une oseraie. On poursuit au NE et après 50m à se frayer un chemin parmi les branchages on sort du lit de la rivière pour s'élever en RG d'un petit thalweg qui descend du coteau RD. Le sentier n'est pas évident à trouver mais il permet de rejoindre au-dessus des terrasses cultivées, oh surprise !, un splendide sentier qui s'élève vers le NE tranquillement au-dessus des terrasses.

Aguerd

On a bientôt en ligne de visée le village d'Aguerd, encore habité aujourd'hui bien qu'il soit isolé (pas d'électricité, piste en construction en 2024...). A la fourche de chemin qui se présente entre deux genévriers (35mn, 2200m), on laisse de côté celui qui permet d'accéder au villagepar le bas et on suit celui de G qui s'élève en lacets dans le coteau pierreux de grès rose pour disposer de nouveaux panoramas sur le Rat. En se retournant, on peut constater que la muraille de l'Irhil Tarkeddit émerge à l'arrière des collines qui l'occultaient partiellement jusqu'à présent. Il s'agit bien de l'envers de la crête rocheuse que l'on avait à main droite lors de la traversée du plateau de Tarkeddit il y a deux jours. Mais quelles falaises !

Vue arrière sur l'Irhil Tarkeddit versant N

Après être passé auprès d'un enclos à bestiaux, on traverse un plateau caillouteux en direction de NW à l'écart du village d'Aguerd et on franchit le large col panoramique (15mn, 2280m, C) pour des vues à l'W sur le Rat mais pas que... car on découvre face à nous le djbel Tadaghast, un bel ensemble planté au milieu de la vallée des Aït Boualli. Ici, on traverse la piste qui dessert Aguerd depuis la vallée de l'asif Iguelouane pour emprunter un coupe-lacets à flanc avant de retrouver la piste un peu plus bas. On la suit en descente pour passer à hauteur d'une belle forêt de genévriers et toujours face au djbel Tadaghast.

Franchissement du tizi n'Aguerd

On descend le long coteau vers le N sur la piste jusqu'à ce qu'elle doive par deux épingles à cheveux traverser une gorge rose au pied d'une bergerie (45mn, 1905m). En RD, on retrouve le sentier historique qui part sur la D et on le suit à hauteur du thalweg en descente en zigzags jusqu'à croiser une autre rivière et de suite légèrement remonter jusqu'à un réservoir (20mn, 1815m) perché au-dessus d'une gorge de grès rose.

Descente sur la vallée de l'asif Iguelouane (au fond, le djbel Tadaghast)

On descend pour passer devant une maison située en contrebas puis on suit le canal d'irrigation qui contourne la maison suivante. Belle vue, encore..., sur le Rat. Au village à 1740m, on incline sur la D puis, avant d'atteindre la mosquée, on tourne encore une fois sur la D au NNE pour poursuivre la descente jusqu'à 1675m et suivre une vallée fluviale couverte de galets face au Tadaghast.

Dans la vallée de l'asif Iguelouane

On passe en dessous d'un canal d'irrigation qui enjambe la vallée fluviale et juste avant la confluence avec l'asif Iguelouane, on s'échappe à main D sur un large chemin qui traverse en courbe de niveau les champs cultivés et les vergers avant d'entrer sous les frondaisons de noyers. Après 2 à 300m sous les noyers, il est temps de tourner sur la G pour traverser la vallée agraire et traverser l'asif Iguelouane à gué avant de remonter entre les maisons d'un hameau d'Irhil n'Tissent pour atteindre la route N302 (40mn, 1645m). Le trek se termine ici...!

Transport local de retour du souk d'Abachkou

Sur la N302, on trouve pas mal de transports en commun locaux pour retourner dans la vallée des Aït Bouguemez ou descendre vers Abachkou. On peut aussi suivre à pieds la N302 vers l'W pour descendre en moins d'1h jusqu'à Taghia et trouver un service de taxis.

 

15 jours de marche / 65 à 75h / +8700 à 9700m / -9700 à 10700m (si traversée de M'Goun).

Relevés de terrain septembre 2024

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