[Italie] Traversée du Grand Paradis (2002)
Carte topographique italienne IGC au 1/25000e n°101 Gran Paradiso / La Grivola / Cogne
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En 2002, Terres d'Aventures proposait à son catalogue un "Tour du Grand Paradis". Banco, je m'y inscris mais, une fois rendu sur place, on ne peut que constater que les conditions météo sont loin d'être optimales ! Il est vrai que pendant toute cette semaine, la météo n'a pas été folichonne à l'exception du seul jour d'ascension au sommet du Grand Paradis. Ouf ! Car elle est belle cette course. Mais ce créneau de beau temps avait quand même conduit tout ce que l'Italie compte d'alpinistes à envisager l'ascension de ce sommet mythique, avec pour conséquence directe, là haut, une certaine surpopulation peu compatible avec le parcours des 100 mètres de la crête sommitale un peu exposée, parcours géré à l'italienne à coups de "j'te pousse", "j'étais le premier", "je descends donc je passe..." ponctués de "Va fan culo" en langue locale et mouvements de piolet. A l'italienne quoi...!
Ce stage est donc devenu une "Traversée du Grand Paradis" avec le dernier jour une descente depuis le refuge Pontese jusqu'à Noasca en auto-stop puis un retour sur Cogne en autocar via Torino, Ivrea et Aoste... Une journée entière de contournement du massif du Grand Paradis côté Piémont après que l'on ait tout de même essayé de franchir le col du Teleccio comme cela était prévu au programme (c'est quand même le "chemin" le plus direct pour rentrer sur Cogne...). Si à l'aube de ce 6ème jour nous étions partis à la frontale dans les pentes septentrionales au-dessus du refuge Pontese c'est qu'il nous avait semblé qu'une acalmie nocturne nous avait touchés. Notre enthousiasme (modéré quand même...) a été vite douché, au propre comme au figuré... Comme il n'avait pas gelé dans la nuit, la remontée du glacier du Teleccio était vite devenue une galère, la pluie nous avait cueillis à mi-pente et nous commencions à être trempé comme des soupes. Gigi Airone, notre guide valdôtain, a jugé préférable (et sécuritaire...) de redescendre. Alors, on a pu tester les transports en commun du coin et ils ont été à la hauteur ! Comme il n'y a pas de liaison ferroviaire dans ces vallées encaissées du Piémont et du Val d'Aoste, l'autocar dessert toutes les vallées et les villages reculés (comme en Suisse avec les cars postaux, mais en beaucoup moins cher...).
La persistance d'une météo bien peu stabilisée avait conduit notre groupe de 9 "vaillants" alpinistes à "perdre" du monde jour après jour et ce jusqu'au matin suivant l'ascension réussie du Grand Paradis où 3 personnes supplémentaires ont décidé au refuge Vittore Emanuele de ne pas s'engager dans la traversée du col du Grand Paradis sous la pluie et de retourner en bus vers Cogne en descendant à Pont dans le Valsavarenche. Nous n'étions donc plus que 3 irréductibles pour tenter de terminer la circumambulation. Et malgré notre vaillance, notre épopée s'arrêtera au refuge Pontese... En tout cas, cette semaine dans le massif du Grand Paradis m'a permis de découvrir un ensemble de montagnes bien sympathique ressemblant à ce que propose le parc voisin de la Vanoise. Beaucoup de sentiers balisés, une faune et une flore dithyrambiques avec en plus pas mal de propositions d'itinéraires parfois olé olé, des bivouacs paumés sur les arêtes ou des moraines loin de tout... Et puis, c'est là que j'ai découvert Luigi Airone, Gigi pour les intimes (et les autres...), avec lequel je ferai d'autres courses originales comme le circuit des 3 cols dans le massif du Mont-Blanc (Tour, Saleina et Chardonnet), la Traversée du Mont-Rose, le Tour du Cervin par les glaciers et la Traversée S-N des Dômes de Miage.
Diaporama des 6 jours Jour 1 : Départ de Valnontey, un hameau situé à l'entrée N du parc du Grand Paradis à 1650m. On suit le sentier Alta Via n°2 pour aller se poser au refuge Vittorio Sella 900m plus haut. Pas d'autre refuge que celui-ci 7h à la ronde, alors...
Jour 2 : Le programme prévoit un aller-retour de préparation aux techniques d'encordement et de marche en crampons sur glacier. Il est envisagé de se rendre au col de la Noire à proximité de La Grivola pour réaliser l'ascension de la Punta Nera à 3680m. Mais entre la théorie et la pratique il y a parfois un grand écart... Il a plu toute la nuit et au moment de partir vers les 5 heures du mat' tout est détrempé et surtout les cimes alentours sont encapuchonnées de nuages lourds de sens. On patiente jusqu'à 9 heures et on se décide d'aller se dégourdir les jambes, sac léger, du côté du lac Lauson. Si d'aventure la météo devenait un peu plus clémente, on pourrait poursuivre vers les bergeries de l'Herbetet. Au lac, ça reste chargé mais la pluie a cessé. On ira donc jusqu'à l'Herbetet mais le retour au refuge sera bien humide... attesté par une seule photo souvenir de cette balade !
Jour 3 : Youpee ! Il fait beau. Le groupe se met en branle pour une journée plutôt bien dense avec deux cols au programme, ceux de Lauson et de Money. En gros, une journée de marche de 7h / +1400m / -1150m. Pas mal d'éboulis à traverser mais les sentiers existent, un facteur qui n'est pas à négliger. Au col Lauson à 3300m, un passage taillé par Mère Nature dans l'arête rocheuse qui relie les sommets de La Grivola et du Gran Paradiso que l'on a atteint en suivant le parcours commun des Alte Vie n°2 & 4, on découvre côté W le Valsavarenche et, au-delà, les montagnes frontalières avec la France. Nous les contemplateurs sommes quand même bien frustrés car la couche de nuages est dense et opaque ca qui fait qu'il est impossible d'identifier un quelconque sommet... Du col, belle dégringolade pour rejoindre un lac créé par le recul du glacier et tout ce que l'on avait gagné en altitude vient d'être perdu. "Cent fois sur le métier, remets ton ouvrage !", une fois que l'on a laissé l'Alta Via n°2 poursuivre sa descente vers la vallée jusqu'à Eaux-Rousses, on part vers le S sur l'Alta Via n°4 longer la base des sommets du Gran Serraz et de l'Herbetet pour aller franchir l'arête rocheuse (quelques pas d'escalade facile...) qui relie la Punta Money à l'Herbetet. Le col Money à 3250m donne accès à la combe du glacier de Montandayné dont le bassin d'alimentation s'inscrit entre l'Herbetet et le Piccolo Paradiso. Le glacier en reculant a laissé un champ de ruines et c'est cet espace recouvert de cailloux morainiques que l'on va traverser pour atteindre le refuge Chabod où l'on va passer la nuit (2750m). On n'est pas tout seuls car les dernières places non réservées ont été prises d'assaut après que la météo italienne ait prévu "grand beau" pour le lendemain. Et comme c'est l'un des deux camps de base pour l'ascension du Gran Paradiso... Depuis la plateforme du refuge, on dispose de somptueuses vues magnifiées par les rayons du soleil couchant sur l'enfilade des pics rocheux qui dominent la combe, de l'Herbetet au Grand Paradiso.
Jour 4 : La particularité de cette journée d'ascension de 7 à 8h de marche et 1400m de dénivelée est qu'elle s'effectuera avec les sacs chargés. Eh oui ! Comme on n'est pas sensé revenir à Chabod mais terminer la journée à Vittorio Emanuele dans le vallon connexe, impossible de laisser du poids au refuge... On part à l'aube naissante dans les pentes d'éboulis et très vite on pose le pied sur une neige bien compacte qui a gelé dans la nuit rapport au ciel dégagé. La remontée du glacier de Lavacciau est longue mais la pente n'est pas très relevée. On avance mécaniquement en suivant la trace laissée par le guide et son rythme cadencé. Les premiers rayons du soleil nous rattrapent vers 3500m d'altitude. Les temps de pause que l'on s'octroie permettent de souffler, d'abord, mais aussi de contempler l'horizon où se dressent à perte de vue des pics appartenant aux massifs des Ecrins ou de la Vanoise. On dépasse le Ciarforon à la forme caractéristique bien reconnaissable et on s'en va rejoindre le "plateau" (pas si plat que ça...) au pied de la Becca di Moncorvé.
Devant nous, il y a foule car c'est ici que viennent se réunir les deux voies normales d'ascension, celle de Vittorio Emanuele et celle de Chabod. On traverse vers la G pour rejoindre la base de l'arête rocheuse du Gran Paradiso où l'on doit patienter avant d'accéder au Nirvana. Là où on s'attendrait à une plateforme sommitale, il n'y a qu'une succession de gendarmes qui encombrent l'arête. Le passage de l'un à l'autre n'est pas équipé d'une main courante (c'est vraiment dommage car ça ne retirerait rien au niveau de l'ascension et éviterait les cordes qui s'entremêlent provoquant des diatribes en noms d'oiseaux... scandées en V.O). Après quelques moments d'attente, nous voici posant le pied juste à côté de la statue de la Vierge qui coiffe le sommet à 4061m pour un panorama à 360° où l'on peut égrener le nom des sommets depuis le Mont-Viso jusqu'au Mont-Rose en passant par les Ecrins, la Vanoise, le Mont-Blanc, le Vélan et le Grand Combin, la Dent Blanche, le Weisshorn et le Cervin (entre autres...). Plus proche de nous, La Grivola fait montre de son cône détritique peu amène. La descente est aussi encombrée que la montée jusqu'à la séparation des "chemins" vers les deux refuges. On s'engage sur l'arête neigeuse à main G pour plonger 500m plus loin dans la combe du glacier du Gran Paradiso. Puis c'est régime cailloux jusqu'au refuge heureusement la plupart du temps sur un bon sentier. A voir le nombre de bipèdes là haut, on imagine que la technique de terrassement du sentier est bien éprouvée... Nuit plus calme au refuge Vittorio Emanuele, plus grand que le précédent et surtout moins rempli que la veille car cette fois-ci la météo du lendemain n'est pas annoncée bonne. On va d'ailleurs s'en apercevoir...
Jour 5 : Partis à 9 de Cogne, nous ne sommes plus que 3, guide compris. La traversée vers le refuge Pontese situé dans la province du Piémont est elle aussi assez longue, dans les 7h estimées, mais quand même avec moitié moins de dénivelée ascendante que les deux jours précédents. En plus, une fois que l'on aura franchi le col du Gran Paradiso à 3350m, on aura une longue marche jusqu'au bivouac Ivrea construit au milieu d'un quasi no man's land minéral. Et pourtant on y foulera une route stratégique comme le Génie italien sait si bien les construire (voir le J9 du Tour du Ruitor où l'on suit une route entre le col de Youla et le Mont Fortin...). Puis ce sera le franchissement du col dei Becchi avant de descendre rejoindre le refuge de Pontese. Un bel itinéraire hors sentier. Malgré le plaisir de la découverte, assez peu de choses à raconter ni de photos à montrer tant la météo italienne avait eu raison...
Jour 6 : Fin du circuit au refuge Pontese en ayant quand même tenté de rejoindre le col di Teleccio pour passer côté N. La sécurité et la lassitude ont eu raison de notre ténacité... Mais que ce Parc du Grand Paradis recèle de beaux endroits pour s'adonner à la montagne, randonnée, alpinisme ou randonnée-alpinisme !
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