[France] Alpes - Grande Casse et traversée col de la Vanoise - L'Arpont (2004)
Cartes topographiques IGN au 1/25000e 3534 OT Les Trois-Vallées / Modane / Parc national de la Vanoise & 3633 ET Tignes / Val d'Isère / Haute Maurienne / Parc national de la Vanoise
Attention : Au niveau de la carte ci-dessous est présentée en J1 une montée côté Pralognan ce qui n'est pas le reflet exact du descriptif.
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Après avoir résidé de nombreuses fois en vacances dans le S de la Vanoise, il était devenu une évidence, après être passé sur les sommets de la Dent Parrachée, du Mont-Pourri, du Dôme de Chasseforêt, de Péclet et de Polset en prélude à la réalisation d'une belle traversée glaciaire des glaciers de la Vanoise, de m'attaquer aux 3855m de la Grande Casse, le point culminant de la région. Georges est de la partie et nous prévoyons en cette fin juillet 2004 une course en 3 jours depuis le Plan du Lac où on laissera la voiture. On a engagé un guide de haute montagne de Pralognan qui nous rejoindra au refuge Félix Faure au soir de la 1ère journée de marche juste pour l'A/R au sommet de la Grande Casse. Car, bien que nous soyons fin juin, les conditions d'accès à la Grande Casse par la voie normale qui remonte le glacier des Grands Couloirs ne sont pas optimales et le manque de neige nous fait augurer pour la deuxième partie de la montée sur 200m de dénivelée une séance de cramponnage sur de la glace vive et noire. Quant à la descente, on verra bien... mais les tendons des chevilles vont sûrement être mis à rude épreuve (à moins que le guide ne nous propose de descendre quelques portions en "moulinette"... Le lendemain, si nous sommes encore en vie après cette épreuve, nous comptons bien effectuer la traversée glaciaire vers le refuge de l'Arpont, traversée qui passe sous la Pointe de la Réchasse, la Roche Ferran et le Mont Pelve, a priori donnée comme un course de niveau F. Mais avec ces hivers avec trop ou pas assez de neige, on ne sait plus sur quel pied "danser" !
Diaporama Jour 1 : Depuis le parking du village de Termignon à 1300m d'altitude et situé dans la haute vallée de la Maurienne, en milieu d'après-midi, on monte à bord de la navette autocar qui permet de rejoindre sans effort le Plan du Lac à 2400m. A pieds maintenant pour atteindre la chappelle Saint-Barthélémy d'où démarre de sentier de descente vers le pont de la Renaudière qui enjambe le torrent de la Rocheure à l'entrée du vallon d'Entre-deux-Eaux. Puis c'est une montée tranquille vers le col de la Vanoise par le côté E en moins de 2h. Tranquille et bien beau mais complètement différent de l'accès depuis Prolognan, un peu plus austère et rocailleux. Au moment du dîner, voici notre guide qui débarque de Pralognan. Seulement 1h de montée car il a profité d'un covoiturage jusqu'au pont de la Glière d'où il ne restait que 500m à grimper... "Lever tôt demain" dit-il... Alors dodo !
Jour 2 : Le jour n'est pas encore levé qu'il faut partir à la fraîche pour tenter d'arriver au sommet avant 10h et envisager une descente du glacier plus sereine avec le peu de neige disponible sous les pieds encore portante et ne laissant pas trop voir la glace vive. La première partie de la montée est vivifiante on ne peut pas dire le contraire. Il est vrai que l'on est entouré de glaciers qui, même s'ils régressent d'année en année, sont un facteur de refroidissement de l'atmosphère. Conjugué à un petit vent de NE, gant et bonnet sous le casque sont de rigueur ! On remonte avec force d'assurage par broches à glace la portion noire du glacier, glace dans laquelle il faut vraiment taper du pied pour tenter d'y faire pénétrer un petit bout de crampon. On comprend la raison pour laquelle, à présent, les guides de haute montagne préfèrent n'avoir qu'un seul client sur la corde ou alors deux s'ils sont un peu coutumiers de ce genre d'ascension. D'ailleurs, en préalable à l'engagement, ils vous solliciteront pour leur fournir la liste des courses que vous avez réalisées... Mais revenons au présent : si la montée est ardue dans un "mur" à 45° pleine pente, on peut raisonnablement s'inquiéter pour la phase de descente, non ? La glace disparaît peu à peu sous une couche de neige alors que la rigueur de la pente s'attenue. On pensera à cela tout à l'heure une fois que l'on aura conquis le sommet de cette grande Dame...
On atteint le col des Grands Couloirs, un plateau qui se situe entre les deux pointes sommitales de la montagne, à droite la Pointe Mathews à 3783m et en face le sommet convoité à 3855m. Il reste encore 200m à grimper, une pente de neige pas trop relevée qui permet de rejoindre le rebord de la l'arête W au niveau de la sortie du couloir des Italiens. Pile poil synchrone, on accueille le premier alpiniste du jour qui s'est mesuré à cette ascension a priori un peu plus technique que la nôtre. Quoique... On termine l'ascension de la Grande Casse en mixte sur des blocs de rochers et un grand bonheur nous habite de nous trouver perchés sur ce pic détritique avec un panorama à 360° au milieu duquel émergent des chaînes de montagne italiennes (Mont-Rose, Cervin, Grand-Paradis) et françaises (Ecrins, Grandes Rousses, Mont-Blanc, Bellecôte, Mont-Pourri, Grande Sassière, Tsanteleina, l'Albaron et les Levanne). Et même si (et à cause de aussi...) le soleil brille de mille feux ce matin pour nous contenter à hauteur de ce que l'on était en mesure d'espérer, on ne s'attarde pas sur le sommet afin de ne pas avoir dans la descente du glacier une neige trop mouillée, la "soupe" quoi... Jusqu'à l'approche de la portion de glace vive c'est "nickel" mais l'épreuve approche alors que la pente s'affermit. Ca y est ! On est dedans. Pas question pour des néophytes comme nous de rester face à la pente. Sous la surveillance de tous les instants du guide et son assurage "à la culotte", on désescalade face à la pente et essayant de profiter des petites zébrures de la glace pour y insérer les pointes avant de nos crampons. Les muscles se tendent et les premières douleurs se présentent. Mais comment font-ils pour remonter les cascades de glace à 90° ? Ici, on est en descente et seulement sur du 45°... "Va comprendre, Charles...!". Chaque vingtaine de centimètres gagnée nous rapproche de la libération mais Dieu ! que c'est long... Enfin, la neige recommence à couvrir la glace vive mais la pente reste toujours aussi impressionnante. On peut alors se mettre face à la pente, les pieds bien en crabe et toutes les pointes de crampons enfoncées. Et là, on utilise d'autres muscles et tendons et on se découvre d'autres points douloureux. Bon ! Il ne faut pas se méprendre : c'est du bonheur quand même... Peu à peu, on se dirige vers la RG du glacier pour venir y retrouver le sentier tracé sur le fil de la moraine et qui nous conduit au refuge. Quelle expédition ! Miam miam et dodo puis au soir miam miam et re-dodo ! Après tant d'épreuves, il faut bien ça...
Jour 3 : Départ du refuge et remontée des pentes d'éboulis puis de neige pour atteindre le premier col qui s'inscrit entre les glaciers de la Réchasse et de la Roche Ferran. On poursuit vers le SW puis l'W sous les remparts de la Roche Ferran pour traverser le glacier et se retrouver au col du Dard. Il ne reste plus qu'une centaine de mètres de dénivelée pour rejoindre le sommet de la Pointe du Dard qui de son sommet offre une vue panoramique sur les glaciers et les dômes de la Vanoise. On distingue d'en haut la suite de l'itinéraire qui présente une courte portion délicate avec avec la présence de quelques crevasses dues à la rupture de pente sous la Pointe W du Mont Pelve. Mais ça passe sans difficulté notoire. On se dirige plein S sous les belles falaises rouges et noires des remparts W du Mont Pelve avant de s'en éloigner pour descendre la langue du glacier du Pelve à la pente peu affirmée et rejoindre les lacs de Chasseforêt. On enchaîne de lac en lac jusqu'au dernier, le plus grand, où à l'extrémité S on incline plein E dans des pentes d'éboulis de schiste noir présentant une faible déclivité afin de rejoindre aisément le sentier support du GR5. Il ne reste plus qu'à le suivre vers la D pour atteindre le refuge de l'Arpont. Après une petite collation, on poursuit sur le GR jusqu'au hameau du Mont où l'on bifurque sur le sentier de descente vers le pont du Châtelard, pont qui permet de franchir à pied sec le Doron de Termignon. Il ne reste plus qu'à suivre la petite route vers le S pour pénétrer dans le village de Termignon.
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