[France] Alpes - Tour de la Barre des Ecrins (1988)
Carte topographique IGN Top25 au 1/25000e 3436 ET Meije - Pelvoux - Parc National des Ecrins
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Ce Tour de la Barre des Ecrins aura été le premier stage d'alpinisme que je me suis offert pour mes 30 ans. C'est aussi la première fois que je venais dans les structures de l'UCPA et, rétrospectivement, je peux assurer que toutes les bases que j'ai acquises en technique alpinistique je les ai apprises avec eux. Ce premier stage ayant été une réussite, par la suite et pendant les 10 ans qui ont suivi (on ne pouvait à cette époque s'inscrire qu'entre 18 et 40 ans...), je suis pratiquement chaque année parti avec eux. Et pas seulement pour de l'alpinisme (Dôme de Neige des Ecrins et Roche Emile Pic, Tour des glaciers du Mont-Blanc, Tour des glaciers de l'Olan, Tour des balcons de la Mer de Glace, etc.) mais aussi en trek (Alti monti en Corse, Mercantour, Tour du Viso). L'UCPA a vraiment été le déclencheur de ce qui me passionne aujourd'hui. Et même si de nos jours ils ont dû s'adapter aux nouvelles générations qui préfèrent "toucher à tout" en proposant des stages multi-loisirs, on ne peut que regretter que cette excellente école de montagne n'existe (pratiquement) plus. Et pourtant, le rapport qualité / prix était sans commune mesure avec la "concurrence" car elle employait des guides et des aspirants-guides de haute-montagne pour encadrer les groupes avec en plus cet aspect formation et apprentissage pour que chaque personne motivée puisse d'une année sur l'autre progresser et s'inscrire sur des stages de niveau technique supérieur. Que de souvenirs... Pour tout ce que vous m'avez apporté, mille fois merci !
Donc, ce tour d'une durée de 5 jours avec +5000m / -5000m de dénivelées proposait de passer de la vallée de la Guisane à celle du Vénéon avant de revenir dans la Guisane en franchissant trois passages alpins : le col du Clot des Cavales, celui de la Temple et pour finir en beauté celui du Monêtier. Avec de nombreuses occasions de marcher sur des glaciers, de désescalader des couloirs détritiques mais surtout d'évoluer dans un environnement incroyable de beauté et dont j'ai ramené quelques photos. Voyez ! Le souvenir de cette période "alpine" est si présent à l'esprit que je n'ai pas pu résister au fait de sortir les diapositives de leurs boîtes (elles n'avaient pas vu le jour depuis plus de 30 ans !) et de les scanner. Et comme le résultat est loin d'être mauvais, j'accompagne ce diaporama d'un texte succinct...
Diaporama Jour 1 : Le premier jour est une randonnée tranquille qui part de Monêtier-les-Bains et finit au refuge de Villar d'Arêne. On a suivi l'itinéraire du GR54, le fameux Tour de l'Oisans. Le point d'orgue en est le passage au col d'Arsine où l'on entre dans un paysage alpin entre la montagne des Agneaux, le Pic de Neige Cordier, la Grande Ruine, le Pic Gaspard et des dizaines d'autres pics.
Jour 2 : Départ de nuit du refuge pour descendre rejoindre la vallée de la Romanche au niveau de Valfourche puis s'engager tout droit dans le vallon très minéral du lac du Pavé. Direction le large col qui s'inscrit entre la Grande Ruine et le Pavé, le col du Clot des Cavales. On dispose de vues originales sur des pics et des montagnes que l'on connaissait jusqu'à présent que du fond de vallée, depuis l'itinéraire "randonneur". Ici, on est récompensé de l'effort fourni pour y être arrivé. Et ce n'est pas fini car il va falloir descendre... C'est tout l'intérêt de la randonnée itinérante de franchir des cols (et ne pas devoir rebrousser chemin...) pour pénétrer dans des vallées en franchissant des portes d'entrée originales. C'est le cas de ce col où l'on se faufile entre les têtes N et S des Cavales pour avoir accès à un couloir pentu dans lequel aucun rocher ne tient sous le pied. Et quand la neige ne recouvre plus les pentes sablonneuses, c'est un tantinet glissant et nécessité est de faire l'équilibriste pour ne pas "jouer la fille de l'air" dans son numéro le plus fameux du salto arrière. D'où l'intérêt d'être encordé... Avant de pouvoir rejoindre le sentier d'accès au refuge du Châtelleret, il faudra se "goinfrer" des kilomètres d'éboulis (j'exagère, mais c'est ce que l'on ressent...), la marque de fabrique des Ecrins ! Une fois que l'on a atteint la rive du torrent des Etançons, et même si le caillou est encore bien présent sous les semelles, le sentier de descente vers la vallée du Vénéon ressemblerait presque à du velours... Arrivés à la Bérarde, on en a plein le c...
Jour 3 : Après la bambée de la veille, journée de quasi repos avec la montée au refuge de Temple Ecrins, seulement 600m de dénivelée avec pour l'agrément des yeux des vues profondes sur le vallon de la Pilatte, mais pas que...
Jour 4 : C'est la grande "bavante" du circuit caractérisée par deux grimpettes : l'une matinale pour rejoindre le col de la Temple, 900m plus haut que le refuge, la seconde vespérale avec la remontée au refuge du Glacier Blanc. Entre les deux, on aura descendu l'intégralité du fleuve de glace et (surtout...) de pierres du Glacier Noir. Heureusement que les paysages de montagnes de part et d'autre de ce ruban sont exceptionnels car on pourrait trouver le temps un peu long... Au départ du refuge de Temple Ecrins, le sentier remonte en zigzags serrés la pente caillouteuse au pied de l'arête W du Pic Coolidge. On est à l'ombre et un petit vent frisquet invite à ne pas trop s'arrêter en chemin. On récupère les rayons du soleil à l'approche du col marqué par deux pointes de rochers détritiques.
Une fois la plateforme sommitale du col de la Temple atteinte, on peut suivre des yeux à main gauche la voie d'accès au sommet du Pic Coolidge, sommet que je gravirai 12 ans plus tard avec Andrea lorsque nous réaliserons ensemble le Tour de l'Ailefroide. La descente vers le Glacier Noir s'effectue dans un couloir mi-neige mi-rocaille et garder son équilibre dans ces conditions est une opération est assez éprouvante. A la toute fin du couloir, on retrouve la neige qui se superpose à de la glace vive. On se trouve au pied de l'Ailefroide et de la crête de Coste Rouge. C'est le bassin d'alimentation du Glacier Noir. Et c'est parti pour la longue descente, sur neige mais aussi sur les moraines caillouteuses. On s'éloigne du massif de l'Ailefroide alors que l'on découvre l'enchaînement, en rive droite du glacier, le Pic du Coup de Sabre et le Pic sans Nom. En rive gauche, pour l'instant, on a le droit à la seule Pointe de la Grande Sagne. Vers 2600m, à l'aplomb de la Pointe Puiseux du Pelvoux, on effectue un large gauche droite pour rejoindre la confluence de la langue glaciaire que l'on suit depuis son origine avec celle qui arrive de la gauche en provenance du col des Avalanches. Et là, on découvre la masse de la face S de la Barre des Ecrins, gigantesque et impressionnante de verticalité. On traverse la langue glaciaire pour rejoindre les Balmes de François Blanc pour prendre pied sur la moraine caillouteuse en rive gauche et y suivre un chemin tracé sur le faîte. Vers 2050m, on vient buter sur le sentier d'accès au refuge du Glacier Blanc (il arrive du Pré de Madame Carle...). Ici, comme tout est bien organisé par l'UCPA du Monêtier, un employé du centre nous attend pour nous proposer le pique-nique et charger nos sacs du ravitaillement pour le dîner de ce soir, le petit déjeuner et le pique-nique de demain. Il n'y a pas de petites économies ! Et en plus, cet employé aura bénéficié d'une sortie en haute montagne sur son temps de boulot, n'est-ce pas beau ? Sur ce sentier, on retrouve le pire à savoir la circulation des grands jours avec une incessante noria de touristes et d'enfants qui ne respectent rien des conventions qui régissent la marche en montagne : priorité est donnée à ceux qui montent ! Eh bien là, non... La remontée de 600m jusqu'au refuge sera un calvaire en sus des efforts déjà accomplis depuis que l'on a quitté le refuge à 5 heures du matin. Et puis ça fait tout drôle de revoir cette civilisation pas "civilisée". On était si seuls depuis 3 jours... A l'arrivée au refuge, à cette heure avancée de l'après-midi, celui-ci est déserté des touristes et on se retrouve "entre nous", les alpinistes...
Jour 5 : C'est la dernière étape de notre circumambulation. Ca commence dès potron-minet par une remontée d'un éboulis à la frontale, un peu aidés quand même par la présence d'un chemin. Comme la première partie de la montée est consacrée à "finir sa nuit" en suivant le rythme donné par le guide (on a l'impression d'être dans un demi-sommeil...), on se réveille au pied du glacier Jean Gauthier où il est nécessaire de mettre les crampons car la pente de neige a été gelée dans la nuit. Pour un névé orienté au sud, c'est pas un mal en milieu de saison estivale de bénéficier d'un peu de portance sur la neige et ne pas s'enfoncer dans de la "soupe"... On atteint le col du Monêtier pour une féérie ces couleurs qui s'inscrit dans les couleurs de l'arc-en-ciel à l'exception du vert totalement absent de ce monde minéral. Et comme une mer de nuages empêche de distinguer les alpages qui nous font face du côté du Lauzet ou du Grand Aréa, on se contentera de la palette offerte... La vue est complète au sud avec le Pelvoux, l'Ailefroide, le Pic Coolidge, le Fifre, la Barre des Ecrins, la Roche Faurio, la Roche Hyppolite Pic et la Roche Paillon. On laisse partir à gauche la trace d'ascension vers le sommet de la montagne des Agneaux pour partir à l'opposé dans une pente maîtrisée et sur une neige bien compacte. La première partie de la descente est sympa. Par contre, la rupture de pente du glacier, plutôt abrupte, nécessite de se déporter sur la gauche pour descendre un couloir neigeux verglassé (il ne semble plus exister 35 ans après...) dans lequel, faute d'avoir rechaussé les crampons un certain nombre d'entre nous ont connu quelques glissades. Heureusement que lors de l'école de neige effectuée préalablement à ce stage on nous avait appris à arrêter une glissade sur une pente verglassée ! Après ces sueurs froides, place à la caillasse du vallon du Grand Tabuc jusqu'à rejoindre le sentier qui arrive du lac de l'Eychauda via le col des Grangettes où l'on retrouve prairies et sapins. Au sortir de la forêt, on finit cette randonnée itinérante par la traversée des champs en terrasse aujourd'hui abandonnés pour reprendre notre vie civile au milieu de nos congénères...
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