[France] Alpes - Tour de l'Ailefroide (2000)
Carte topographique IGN Top25 au 1/25000e 3436 ET Meije - Pelvoux - Parc National des Ecrins
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Ce Tour de l'Ailefroide s'est fait pas mal attendre puisque ce n'est que 12 ans après avoir effectué le Tour de la Barre des Ecrins que je me suis retrouvé à passer au col de la Temple. Mais cette fois-ci, un peu plus aguerri en technique alpine, j'avais demandé à Andrea Viano de me guider sur ces 4 jours et de me proposer, au moment du passage des cols du Sélé et de la Temple, des ascensions sur les sommets de la Pointe des Boeufs Rouges et du Pic Coolidge. Il avait été aussi envisagé de faire l'ascension des Bans en A/R depuis le refuge de la Pilatte mais la météo incertaine à l'aube de ce 3ème jour nous a conduits à ne pas nous engager dans cette course et de lui trouver un substitut. Il me propose le Mont Gioberney qui se trouve à l'aplomb du refuge de la Pilatte. En cas de dégradation soudaine, faire demi-tour ou bien descendre rapidement ne poserait pas (trop...) de problème. En tout cas, plus sécuritaire que si l'on était accroché à la paroi N des Bans avec l'orage... Donc, ces 4 jours m'ont permis, à l'occasion de la traversée des cols, d'aller fouler 3 sommets bien sympas et en rien difficiles d'accès. Et comme j'en ai l'habitude, la qualité des diapos Fuji Sensia 100 s'est révélée parfaite ce qui me permet, une fois que je les ai scannées, de me remémorer les moments forts de cette course.
Diaporama Jour 1 : Ne pas oublier d'aller déposer une voiture au parking du Pré de Madame Carle pour ne pas avoir dans 4 jours à devoir revenir à pieds jusqu'à Ailefroide en suivant la route goudronnée qui parcourt la vallée du torrent Saint-Pierre. Je dis ça mais... Donc, au départ du parking d'Ailefroide, on remonte le vallon du torrent de Celse Nière à l'instar de ce que l'on a fait lors de la traversée du Pelvoux. Après que le sentier ait commencé à présenter des lacets, on s'échappe sur la G vers 2000m d'altitude (à D on retournerait au refuge du Pelvoux...) pour poursuivre au-dessus du torrent et venir buter sur un verrou morainique. On le contourne par la D avant d'entrevoir le bassin d'alimentation du glacier du Sélé fermé par la Pointe du Sélé. On contourne la bosse détritique qui s'inscrit sur la droite et par une dernière montée on rejoint la plateforme du refuge. Nuit dans cet univers minéral.
Jour 2 : Départ alors qu'il fait encore nuit car la journée risque d'être un peu longue surtout si l'on prend un peu le temps de s'adonner à la capture photographique... On démarre sur les pentes morainiques du vallon du Sélé pour rejoindre vers 2650m (hier, aujourd'hui 2800...) la langue glaciaire. On chausse le crampons et par une montée sans réelle difficulté technique sur une pente pas trop relevée on se retrouve dans le cirque terminal du glacier entouré de l'Ailefroide, de la Pointe du Sélé et de la Crête des Boeufs Rouges qui commencent à rougeoyer sous les premiers rayons du soleil. C'est un peu beau ! On rejoint le col du Sélé à 3283m pour jeter un premier coup d'oeil sur le versant Pilatte. On pourrait descendre directement par ici sur les banquettes détritiques avant de poser le pied sur la glace mais Andrea indique que nous allons suivre à main G la Crête des Boeufs Rouges pour atteindre la Pointe éponyme. Si fait ! On se fait plaisir sur cet enchaînement de rochers empilés où l'on trouve toujours un passage aisé pour contourner quelques pénitents qui encombrent l'arête. Et puis, la météo est au beau fixe et "on prend son pied". On atteint rapidement le sommet de la Pointe des Boeufs Rouges à 3516m pour une vue à 360° où l'on peut réviser sa géographie alpine des Ecrins. A l'exception de la Barre des Ecrins, on dispose de pas mal de points permettant de se repérer. Côté Pilatte, Les Bans, bien sûr, mais aussi la Pointe Richardson, le Mont Gioberney, les Pics du Says, Les Rouies et tout au fond le Dôme de Mont-de-Lans, le Râteau et la Meije ! Côté NE, autour du glacier du Sélé, ce sont les trois Ailefroide, le Pic du Coup de Sabre, le Pic sans Nom et le Pelvoux. A l'E, le profond vallon des Bans est dominé par la Crête de Malamort et le Pic Jocelme. Reste l'arête qui relie notre sommet au col des Bans avec la Pointe de la Condamine qui occulte les Pointes de la Pilatte. Et là, "surprise du chef", avec le col de la Condamine qui s'inscrit juste devant la Pointe en contrebas et qui va nous permettre de prendre pied sur le glacier de la Pilatte.
La descente du glacier n'est pas difficile techniquement mais il faut contourner quelques crevasses avant de partir vers la D pour passer au pied du col du Sélé puis s'orienter plein E jusqu'à la confluence des deux langues glaciaires vers 2600m, celle sur laquelle on se trouve et celle qui descend du col des Bans. On incline vers la RG du glacier pour retrouver une trace dans la moraine latérale, trace qui se transforme en sentier pour atteindre le refuge de la Pilatte. De la plateforme du refuge, deux montagnes viennent compléter notre inventaire de la journée : la Barre des Ecrins et le Pic Coolidge. Nuit au refuge et préparation pour l'ascension des Bans...
Jour 3 : Il est 4h du mat' et il a fait chaud toute la nuit. Pas bon signe... Des nuages s'accrochent aux sommets et Andrea craint que l'orage ne vienne à éclater dans la journée. De mémoire quelques années plus tôt, nous étions engagé dans l'ascension de l'Ailefroide orientale et un orage aussi bref qu'imprévu, même par la météo locale c'est dire..., nous avait frappés à 30m du sommet en haut de "La Banane", Andrea s'était même pris la foudre ce matin-là... Alors, pas question de se retrouver en difficulté dans les parois rocheuses des Bans ! Il propose une course de substitution, certes moins ambitieuse, qui a l'avantage qu'en cas d'orage on est moins exposé et que l'on peut revenir rapidement au refuge. Ce sera donc le Mont Gioberney. Des cailloux jusqu'à mi-pente puis de la neige jusqu'au col du Gioberney avant de suivre une arête rocheuse à main droite sans réelle difficulté. La vue au sommet est grandiose sur la partie S des Ecrins, sûrement un peu moins que celle que l'on aurait pu obtenir du sommet des Bans qui aurait permis une vision plus large vers le SE. Mais bon, je suis encore là pour vous le raconter... Retour au refuge en fin de matinée pour une petite collation avant de redescendre le vallon de la Pilatte jusqu'à l'approche du Plan du Carrelet. La dernière épreuve de la journée sera de remonter un à un les zigzags du sentier d'accès au refuge Temple-Ecrins. En terrain connu puisque la traversée du col de la Temple fait aussi partie du Tour de la Barre des Ecrins, nous rejoignons le refuge en espérant que la météo va se remettre au beau fixe...
Jour 4 : Côté météo c'est un peu mieux ce matin sans être du même niveau que ce que l'on a connu lors de la 2ème journée. De toutes les manières il est nécessaire de traverser le col de la Temple pour passer côté Vallouise. On verra ce que l'on fait quand on sera arrivé au col. Alors, en route... Sans être sous un franc soleil, on arrive au col de la Temple avec de belles portions de ciel bleu et même si quelques uns des sommets alentours sont pris dans les nuages, ça ne semble pas vouloir se dégrader rapidement. Andrea propose de faire l'ascension du Pic Coolidge, suggestion à laquelle j'adhère (pour mon plus grand plaisir puisque j'avais depuis longtemps rêvé de rejoindre ce sommet idéalement placé entre les deux géants que sont les Ailefroide et la Barre des Ecrins). Ascension quasiment sur sentier pour rejoindre la base du névé sommital où l'on chausse les crampons pour rejoindre la cime à 3775m. Comme imaginé, la face S de la Barre des Ecrins est réellement dantesque de verticalité et mérite bien que l'on vienne jusque là pour en décrypter les moindres recoins.
On ne traîne pas trop là-haut eu égard à l'incertitude météorologique et nous voici de retour au col de la Temple pour entamer la désescalade du couloir côté Glacier Noir. Eh bien, en 12 ans, ça ne s'est pas arrangé ! La neige n'étant pas très présente cette année-là, nous sommes obligés de jouer aux équilibristes dans les éboulis terreux. En fin de compte, cela aura été la partie du circuit la plus difficile à négocier... Une fois la glace retrouvée au pied de l'Aiguille de Coste Rouge, on sait ce qui nous attend pour la paire d'heures qui suit : une interminable descente sur un fleuve de glace caillouteux heureusement entouré de beaux pics comme le Pic du Coup de Sabre, le Pic sans Nom et la Pointe de la Grande Sagne. Après avoir négocié ce large zigzag du glacier vers 2600m, on jettera un regard en arrière pour dire au revoir à l'Ailefroide. En rejoignant la deuxième langue glaciaire qui descend du col des Avalanches puis en prenant pied sur la moraine latérale RG aux Balmes de François Blanc, on aura de multiples occasions, maintenant que l'on a retrouvé un chemin, de nous retourner pour apprécier la beauté du fond du cirque avec le Pic Coolidge sur la gauche, le Fifre au milieu et la face S de la Barre des Ecrins. Lorsque l'on rejoint le sentier qui arrive du Pré de Madame Carle, on est à cette heure-là, pas loin de midi, à contre courant du flot des touristes. Au Pré de Madame Carle, on retrouve la voiture judicieusement déposée ici en préalable à la course en montagne ce qui nous permet de rejoindre le parking d'Ailefroide, nous économisant par là-même 5kms de marche en plein soleil.
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