Traversée Saipal et Dolpo (épilogue)

  • Le 07/10/2023
  • Dans Voyages
  • 1 commentaire

Retour à la civilisation (et plus vite que ça, c'est du jamais vu...!)

Samedi 7/10 : Le lodge était vraiment "pourri de chez pourri", la bouffe ?, on ne peut pas la qualifier autrement... était le pire dal bhat que j'ai pu essayer d'ingérer en 22 séjours au Népal : riz collant, servi froid, légumes rances... Ce matin à 6 heures, on est une vingtaine de personnes à pénétrer dans le bâtiment de l'aérodrome (moitié touristes, moitié locaux) et à espérer entendre la sirène qui annonce l'arrivée prochaine de notre "vaisseau de l'air" (hawai jahaj en népali...) qui va nous sortir de ce Dolpo que l'on a tant aimé mais que, étonnamment..., on souhaite laisser derrière nous pour aller vivre nos souvenirs à la maison. L'endroit a tout l'air d'une souricière... Encore qu'aujourd'hui on puisse se retourner vers la piste automobile au cas où... A 7 heures, la sirène retentit ! L'attente pèse sur l'ambiance dans la "salle d'embarquement" : il en met du temps ce bi-moteur à se présenter dans l'alignement de la piste. On imagine un dernier virage derrière le coteau herbeux qui nous le cache encore à la vue. Mais il ne vient toujours pas ! Il faudra attendre encore bien 15 bonnes minutes pour le voir apparaître, si frêle au milieu des montagnes que la neige tombée ce mardi-là semble avoir fait passer la taille de "petite" (ici, moins de 5000m d'altitude pour un pic, c'est petit...) à "himalayenne"... Il se pose sans encombre, part faire son demi-tour en bout de piste et vient se garer.

L'aérodrome de Juphal

Il est 7 heures 30 et le policier nous invite à nous rapprocher, bien en ligne, attention ! et pas de photos, des fois que l'on fasse un repérage pour le futur attentat destiné à détruire les infrastructures de cet aéroport stratégique de Dolpa-Juphal... Enfin ! Peu de personnes en descendent, leurs bagages restent sur le tarmac au pied de l'avion alors que les nôtres sont embarqués fissa pendant que l'on nous invite à monter alors que les hélices commencent à tourner. Décollage rapide (il n'a que 650 mètres pour s'élancer...) et nous voici à suivre en prenant un peu d'altitude les gorges de la Thuli Bheri khola. De part et d'autres de cette rivière, les coteaux sont pentus et on découvre, en passant à leur hauteur, de nombreux villages, parfois de taille importante, qui sont construits sur des plateaux agraires. On a pris suffisamment d'altitude pour franchir la barrière de l'Himalaya (ça tombe bien, ici, la Thuli Bheri khola a fait du bon boulot et a creusé une gorge suffisamment profonde, et large aussi, pour que les pilotes n'aient pas à monter trop haut en altitude, environ 3800 mètres).

Ca y est ! On sort du Dolpo en passant au pied de ce pic qui appartient à la chaîne de l'Himalaya...

On franchit les derniers contreforts de l'Himalaya et on peut commencer à survoler la zone de collines (les hills, comme ils disent...) avant de basculer vers le S au-dessus d'une mer de nuages qui vient se bloquer sur les premières pentes de la chaîne de montagnes. 20 minutes pas plus et c'est la plongée vers les 200 mètres d'altitude dans la fournaise de la plaine du Téraï pour se poser sur le tarmac de l'aéroport de Nepalgunj.

Il fait 30° à Nepalgunj, il est 8 heures 20 et l'air est un peu saturé d'humidité mais sans pluie. On récupère rapidement nos bagages, on passe par l'extérieur pour se rendre dans le hall de départ pour la correspondance vers l'avion qui doit nous emmener vers Kathmandu. Il y a un vol Bouddha air à 8h45 (théoriques...) mais Dhane nous a prévu des places sur celui de 11 heures 50. On s'apprête à attendre 3 heures de temps. Mane se rend au comptoir de la compagnie pour voir si on ne pourrait pas se rajouter au vol matinal. A priori non mais... Un coup de fil à Dhane, on suppose un coup de fil de Dhane vers le responsable du comptoir et on vient nous chercher à la cafétéria pour faire enregistrer nos bagages sur le vol pourtant annoncé complet... Va comprendre, Charles...! et pourtant, je peux vous l'assurer, on n'était pas à 2 par siège dans l'ATR72 ! Enfin... L'avion arrive de Kathmandu avec 20 minutes de retard et c'est pourquoi nous avons pu nous y hisser. Là, je crois qu'en 22 séjours au Népal je n'ai que très rarement eu le privilège de déguster un à un tous les pics de l'Himalaya népalais avec autant de clarté. Tous étaient là, et même le Shishapangma, le 8000 et quelques qui appartient entièrement aux Chinois... de la Putha Hiunchuli jusqu'au Dorje Lakpa (ça fait passer en revue le massif du Dhaulagiri en entier, celui des Annapurna, le Lamjung, le Manaslu, le Ganesh et le Langtang).

Depuis le vol Nepalgunj - KTM, le Tilicho peak et l'Annapurna I

Et on revoit même en arrière plan le Chunnar himal, le 6050m qui trône au S de Dho Tarap ! Et que dire de la vue en enfilade de la vallée de la Kali Gandaki fermée au N par le Damodar et le Mustang himal ! Pfouh... L'approche de la vallée de Kathmandu se fait dans les nuages jusqu'à l'atterrissage au Tribhuvan International airport, rien que ça... (il n'y en a pas d'autres..). Je crois que l'on ne peut pas faire plus rapide en terme de liaison depuis le Dolpo jusqu'à la capitale : moins de 3 heures ! C'est assurément un record.

Everest steak house de Kathmandu (Chhetrapati)

Me voici à Kathmandu. Je retrouve le petit hôtel sympa et calme de l'Avalon house au N de Thamel et à peine mes affaires posées que je me rends chez mes copains de l'Everest Steak house à Chhetrapati pour ingérer un demi Chateaubriand de boeuf avec des frites. Après 40 jours de quasi abstinence j'en rêvais... Maintenant, c'est fait ! Passons à d'autres choses... Le séjour dans la capitale risque de me semble un peu longuet car j'avais vu large pour le retour vers l'Europe en prévoyant quelques retards possibles lors de l'exfiltration du Dolpo. Puisque ce n'est pas le cas, je vais bien trouver de quoi m'occuper entre les différentes rencontres avec mes amis Népalais qui m'ont accompagné les années précédentes sur les treks que j'ai organisés. Et puis, j'ai mes nouveaux amis, Mane, Kessap et Khansa, qui, avant de repartir en trek d'ici quelques jours (c'est leur travail de guide, de cuisinier, de porteur, de kitchen-boy...) veulent me faire découvrir quelques uns des pans de leur cuisine locale et pas forcément du dal bhat...

Vendredi soir prochain, je quitterai le Népal avec le sentiment d'avoir réalisé le trek le plus complet et le plus exceptionnel de ma "carrière" déjà pas mal étoffée (il ne me reste plus grand chose à découvrir de l'Himalaya népalais outre l'extrême far-west du côté de Limi, revenir pour un tour du Saipal et enfin pouvoir réaliser ce que je n'ai jamais eu l'occasion de faire en allant dans la vallée de la Tsum en débutant par l'excursion au lac NW du Manaslu (le Dona tal) avant de terminer via le Rupina La chez mes nouveaux amis Gurung à Laprak).

De retour à la maison, je n'aurai qu'un travail de traitement et de classement des nombreuses photos que j'ai pu prendre. Les topos sont déjà prêts à être mis en ligne sur le site (je n'ai pas de correcteur de coquilles de frappe ou orthographiques sur mon smartphone au moment où je rédige chaque soir le topo de la journée et je ne peux pas supporter que ce que je mets à disposition de la communauté de trekkers soit entaché de malfaçons...).

En espérant que ce journal de bord (c'est la première fois que je m'y essaie...) vous a intéressé, j'espère de tout coeur pour vous que vous aurez l'opportunité de vivre un voyage aussi exceptionnel et authentique que celui que je viens de réaliser ! Sans oublier une spéciale dédicace très amoureuse à mon Amour, Marie, qui a pris sur elle de me laisser partir si longtemps sur ce projet et qui, je le sais, aurait sûrement bien aimé connaître à nouveau de telles émotions, émotions qu'elle a connues il y a (malheureusement...) bien longtemps, lorqu'elle arpentait les massifs du Népal il y a bientôt 40 ans...

trek Himalaya nepal altitude cretes sentiers topos

Commentaires

  • CRESPY Jacques et Michèle
    • 1. CRESPY Jacques et Michèle Le 16/11/2023
    Bonjour ,
    Et merci pour ce beau témoignage , à la fois précis et amoureux du pays.
    Souvenirs, souvenirs….
    Nous étions ma femme et moi au Langtang quelque temps avant le séisme, en individuels, pour nous acclimater avant de poursuivre vers le Kailash. J’ai pleuré de voir les photos de cette vallée ravagée.
    Bonne continuation de vos périples, et un bonjour ardéchois.
    JC