[Népal] Mustang, canyons et grottes sacrées
Après la traversée de Mustang à Phu en 2010, Mustang secret en 2011 et Les 5 cols de l’Annapurna en 2012 (dans lequel on découvre la liaison Naar - Muktinath passant par le Teri La), voici le topo d’une quatrième incursion au Mustang à l’occasion de la grande fête bouddhiste de Tiji (ou Tenji). Celle-ci a lieu chaque année au printemps dans la capitale Lo Monthang. C’est l’occasion de découvrir les coutumes de ce peuple du Mustang, les lopas, qui allie de manière très intime vie quotidienne et rites religieux. Le voyage d’une quinzaine de jours commence par une immersion rapide dans le Mustang du nord en utilisant une liaison mécanique originale à savoir la remontée de la vallée de la Kali Gandaki dans la benne d’un camion. Cela permet de consacrer quatre matinées à la découverte de Lo Monthang et de ses environs. Les journées sont bien remplies puisque l’on profite des matinées de « liberté » pour se rendre sur quelques sites sacrés d’importance mais peu connus (gonpas, grottes, chörtens, murs de manis,…) et que l’on revient assister au festival de Tiji en début d’après-midi.
Et puis, lorsque les festivités seront terminées, on partira pour une exploration « en profondeur » de quelques canyons du Mustang, ceux-ci présentant des parois minérales dont l’extravagance des motifs ne peut rivaliser qu’avec les couleurs chamarrées qui les habillent. C’est assez unique ! Et ne croyez pas que l’on reste au fond des gorges… Cet itinéraire original permet de se substituer au sempiternel circuit touristique rive droite à l’aller, rive droite (ou éventuellement une incartade en rive gauche pour certains) au retour. L’idée de base est : « et si l’on passait d’un côté à l’autre en empruntant les voies historiques de liaison inter-villages ? », tous les villages n’étant pas situés du même côté de la Kali Gandaki. Eh bien, ces voies historiques ont été de tout temps les canyons creusés par les rivières scindant les hauts plateaux désertiques en de nombreux fragments. Et il y en a partout des canyons ! J’en avais déjà exploré quelques uns lors de la remontée vers le nord (on pourra lire la description des itinéraires dans les topos concernant le Mustang proposés sur le site), voici donc un complément qui se situe plutôt au centre du Mustang, proposant des liaisons originales et bien peu parcourues entre les sites touristiques. A vous de jouer ! Munissez-vous de chaussures adaptées (aquatiques à semelle rigide, les galets sous la plante des pieds en tong, c'est pas top...) car ne comptez pas sur la présence de jolis ponts pour vous aider à franchir les cours d’eau rebelles (eh oui, ils vont où bon leur semble et peuvent passer d’une rive à l’autre sans coup férir…) et dégustez ces paysages jusqu’à satiété. Amis photographes, à vos engins !
N’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte et le livret Tiji téléchargeables en PDF) et bien d’autres choses encore.
Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Carte Mustang canyons et grottes sacrées
LE TREK JOUR PAR JOUR
Jour 1 : Kathmandu - Pokhara
30mn d’avion ou 6h de bus.
Une fois à Pokhara, on peut se balader au bord du lac mais aussi se diriger à l'W de l'aéroport où l'on peut rendre visite à l'International mountain museum qui comme son nom ne l'indique pas serait plutôt un musée ethnologique avec une petite partie réservée à la montagne...Nuit en guest-house sur Lake side (le Yeti hotel par exemple ? tel : +977 61462768).
Jour 2 : Pokhara - Jomosom - Kagbeni
20mn d’avion (ou 10h de bus via Beni) + 30mn de jeep.
Vol vers Jomosom à l’aube. Diaporama En effet il n’est pas possible aux petits avions de se poser sur l’altiport de Jomosom après 10h00 du matin du fait du vent violent qui remonte du Terai au travers du couloir de la Kali Gandaki et qui se lève systématiquement chaque jour que Bouddha fait en milieu de matinée. Diaporama 3h de marche dans la poussière le long de la rivière ou, bien préférable, la liaison en jeep (Rs350/pers) vers Kagbeni. Diaporama Arrivée à Kagbeni (2840m, lodges, épicerie, camping, T, C, E), visite des ruelles et du monastère (entrée Rs100). Depuis le toit du gonpa, belle vue sur le Thorong La et toujours le splendide Nilgiri N. Visite du sympathique village aux couleurs qui annoncent déjà le haut Mustang avec l’orange omniprésent qui se marie si bien avec le noir et le blanc, fondements du Rigzum Gompo. Remarquer les chörtens aux formes particulières et les « daemons catchers » cloués au-dessus de nombreuses portes destinés à éloigner les démons. On trouve aussi des Mémé qui sont des sculptures murales représentant un grand-père (… !) le vit dressé qui est considéré comme un « lord of place » (dieu local) et sa compagne Iwi, la grand-mère, vulve et seins à l'air... Nous ne sommes pas au bout de nos surprises dans cet ex-royaume du Mustang dont nous partons à la découverte. Nuit en lodge, le Nilgiri View hotel peut-être (tel : +977 993691018) ?
Jour 3 : Kagbeni - Lo Manthang
6h30 de camion.
A partir de l'année 2016 avec la "finalisation" de la "route" entre Kagbeni et Lo Manthang, le parcours automobile au coeur des gorges a été limité aux camions 4x4 et aux tracteurs, la période d'accès allant des mois de mars à juin). Pour emprunter le sentier des "touristes" qui évolue à hauteur en RD de la Kali Gandaki, référez-vous aux premiers jours du topo Du Mustang à Phu. En période de basses eaux de la Kali Gandaki, il vous restera la possibilité d'effectuer la remontée des gorges à pieds en comptant pas loin d'une soixantaine de traversées des bras de la rivière entre Chele et Tsarang. Ceci dit, le parcours est magique et vaut d'être au moins réalisé une fois dans sa vie, même à pieds... Comptez deux journées pour rejoindre Tsarang avec un camp sur les banquettes RD au pied de Ghilling où se trouve une source d'eau claire).
Validation au check-post de Kagbeni du permis spécial Mustang de 10 jours acquis à Kathmandu (attention il est impératif de respecter la date d’entrée inscrite sur le formulaire et d’être au minimum 2 personnes accompagnées d’un guide népalais assermenté) puis saisissez l’opportunité de vous rendre à Lo Manthang par le moyen le plus incroyable qui soit, à savoir le voyage dans la benne d’un camion de livraison de denrées népalaises (souvent du ciment et des fers à béton). Vous ne serez pas seuls : nombre de lopas choississent ce moyen de transport en substitution des 4 à 5 jours de marche nécessaires pour rejoindre la capitale du Mustang. Compter Rs2500 pour nous les « touristes » et Rs1000 pour les népalais qui vous accompagnent. Pas question de prendre la piste ! On s’en va suivre le lit de la rivière jusqu’au pied du village de Tsarang… Ce vont être les 4 plus belles heures de votre début de voyage. Diaporama Le camion descend du village de Kagbeni rejoindre le large lit de la rivière Kali Gandaki et passe au pied de Tingaon, Tangbe, Chhusang et Chhomnang. Ensuite on arrive devant la passerelle métallique qui permet de rejoindre les plateaux de la rive droite de la Kali Gandaki.
Diaporama Donc, au niveau de Chele (1h), ne voilà-t-il pas qu'au lieu de suivre la piste qui remonte vers Chele le camion passe sous la passerelle métallique et s’engouffre dans la gorge rouge carmin qui s’ouvre devant nous. Première traversée de rivière, une deuxième, une troisième… et puis on ne compte plus. Le moteur du camion 4x4 rugit pour remonter sur les lits de galets mais cela aussi on l’oublie (presque…) peu à peu tant le paysage que l’on a sous les yeux est grandiose. Même nos compagnons de voyage népalais pourtant habitués de ce trajet se lèvent pour contempler les merveilles alentours. Les canyons colorés se succèdent les uns aux autres, on s’esclaffe à la vision des troupeaux de jeunes bharals qui font leurs premiers pas, accrochés aux parois.
Et puis, ces hautes falaises qui nous dominent parfois avec tant de surplomb que le ciel nous est caché un instant, que de beautés… On franchit de nombreux gués, voire mieux même, on s’enfile au milieu de deux parois verticales entre lesquelles l’eau a colonisé l’espace. La gorge est toujours aussi resserrée et l’on commence à rencontrer quelques troupeaux de chèvres pashmina qui broutent la maigre pitance d’herbe sur les rives. Surprise ! Dans un étroit passage, c’est bien un klaxon qui retentit avant que l’on ne voie apparaître un tracteur… A l’avant, on distingue une tente (de nomade ?) auprès de laquelle le camion s’arrête. Pour dire bonjour ? Oui et non… C’est tout simplement l’arrêt « Ghilling » et l’endroit pour une pause thé agrémenté de quelques biscuits. Quelques voyageurs nous quittent et s’apprêtent à remonter à pied le chemin en zigzags qui part RD jusqu’à leur village avec leur bagage porté sur le dos à l’aide d’une lanière frontale. D’autres camions partis de Lo Monthang ce matin arrivent et se garent également sur le « parking » auprès de la tente. Incongru dans cet endroit, non ?
Diaporama La pause terminée, nous poursuivons dans un canyon un peu moins étroit jusqu’à dépasser le chemin de Ghemi (aujourd'hui en bien piètre état qu'il est sage de ne point l'emprunter...) avant que la gorge ne s’ouvre plus largement pour redevenir une grande plaine fluviale de galets à l’instar de celle sur laquelle on avait roulé au début de notre périple automobile entre Kagbeni et Chele. On passe le confluent de la Tangye khola venant de la droite (le village de Tangye est accessible sur la droite en 1h20 à pieds). Le camion se dirige vers le N en traversant cette gigantesque plaine de galets en allant de gauche et de droite au gré des humeurs du lit de la Kali Gandaki. Au niveau de la Dhechyang khola, on s’engage vers la G en direction de la Tsarang khola et c’est la pause lunch qui s’annonce (1h30). Une nouvelle tente cuisine et dining-room propose des menus simples (dal bhat, chowmein, noodle soups,…) aux voyageurs affamés.
Ils ont intérêt à bien se restaurer car une surprise les attend : la piste qui remonte sur le plateau de Tsarang est assez dangereuse du fait des manœuvres que doit opérer le conducteur dans les virages serrés, il leur est fortement conseillé de monter sur le plateau de Tsarang à pied ! 250m de dénivelée dans les éboulis de sable et de galets pour atteindre le bord du plateau puis à plat au milieu des cultures pour rejoindre le site du gonpa perché sur son tertre. Visite chito (rapide en népali) puis continuation vers le Royal Palace.
Après, c’est tout droit en bordure de plateau jusqu’aux chörtens jaunes situés au N de Tsarang où le camion récupère ses ouailles (depuis le fond de la Tsarang khola compter 1h15 de marche + visite). Descente jusqu’au fond du vallon et remontée en face pour enfin trouver une piste bien stabilisée et roulante. Il faut compter 1h pour atteindre le Lo La quasi à 4000m et dévaler en direction du plateau sur lequel la ville de Lo Monthang est construite à 3830m. Nuit en lodge, la Lo Monthang guest-house ou bien le Lotus hotel par exemple ?
Jour 4 : Lo Monthang - Choser - A/R Ritseling - Lo Monthang
35mn de jeep + 6h30 / +400m / -600m.
Diaporama Après une petite visite dès potron-minet le long des remparts, on prend une jeep (Rs6000 pour un véhicule de 12 personnes ou alors on peut aussi y aller à dos de cheval voire même à pieds en suivant la piste peu empruntée car ce n'est pas si loin que ça et éventuellement se faire "embarquer" dans une jeep qui rejoint le haut de la vallée...) pour se rendre dans le district de Chhoser 4kms au N de Arke à la découverte des villages qui le composent. On passe un chörten planté au milieu de la piste poussièreuse avant de s’échapper quelques centaines de mètres après sur la D devant un chaos rocheux d’un blanc immaculé. Fin du parcours en jeep. On s’en va traverser la Nyichung khola pour monter jusqu’à un mur de manis de belle facture construit sur le territoire de Yachebu. Diaporama Puis on part sur la D longer la falaise, passer auprès du gonpa de Garphu aux peintures murales très anciennes (entrée Rs200) et rejoindre, en remontant la vallée de la Sichaphui khola à mi-hauteur, le gonpa de Jhong (ou Niphu), enchâssé dans la falaise (Rs250, vieilles peintures murales, grotte de méditation du genre 3m² pour passer une bonne retraite d’ermite d’une durée de 3 ans, 3 mois et 3 jours… Pfouh !).
C’est à cet endroit que l’on demande l’accompagnement d’un moine On traverse la Sichapui khola pour aller visiter de l’autre côté de la rivière le complexe de grottes de Jhong (visite 45mn, Rs100/pers). Creusées dans une falaise verticale, les cavités sont accessibles par une entrée unique et communiquent entre elles par l’intermédiaire de trous où quelques échelles aident à passer d’un étage à l’autre. Ces grottes servaient d’habitation avant que le village ne soit érigé. L’histoire raconte qu’un peu plus tard, elles avaient servi de refuge aux villageois lors des attaques des troupes de bandits venus du proche Tibet et que le « fortin » de fortune était resté à chaque fois inexpugnable. On peut aisément le comprendre…
Retour au sacré à présent avec la quête d’un haut lieu du bouddhisme peu connu et laissé de côté par les touristes. Il s’agit de se rendre à Ristseling. Diaporama Pour une fois rien de difficile car le chemin est évident : depuis les grottes de Jhong on poursuit vers l’amont de la rivière sur 1km jusqu’à arriver à un grand mur de manis situé en RG de la Sichapui khola (15mn, 3980m). Cet emplacement est aussi le lieu d’offrandes aux vautours des corps des personnes décédées que l’on découpe en morceaux pour que leur âme monte au ciel (dans l'estomac des vautours...). A défaut de suffisamment d’eau dans les rivières, il y a donc ce palliatif… Côté randonnée, un chemin bien tracé et cairné aux endroits stratégiques démarre à 100m au-delà du mur de manis entre les deux derniers pénitents rouge vif de l’arête en RD de la vallée fluviale. Il s’en va parcourir la large crête et conduit au site sacré en 1h15. Mais pour agrémenter la balade, il est recommandé de suivre un autre chemin à l’aller, à savoir suivre la RD au fond de la vallée qui s'ouvre sur la D et s’élever peu à peu en suivant un sentier de berger puis quelques traces de chèvres pour atteindre une épaule morainique juste à main gauche d’une petite falaise rouge carmin (4220m, 1h). On a l’occasion de passer au milieu de concrétions rocheuses et sableuses multicolores qui resteraient cachées si on suivait le chemin de crête et c’est bien dommage : amis photographes, à vos appareils…! On poursuit en montée pour franchir un collet et découvrir le cirque dans lequel Ritseling a été construit. En traversant à flanc, on rejoint le fond d’un thalweg et par une dernière remontée sur la D nous voici au pied du saint des saints (25mn, 4305m, coord GPS N 29°14’29’’ et E 83°59’50’’). Deux ensembles de cavités sont visibles :
- celui de gauche, éventré mais accessible par un pas d’escalade, présente peu d’intérêt. On distingue depuis le bas des plafonds de couleur noire piquetés mais aucune peinture murale.
- celui de droite est plus que frustrant car on sait qu’il contient quelques merveilles (voir photos tirées du site www.himalayanart.org) mais l’accès est protégé par la verticalité du mur. Deux cavités ornées de peintures frontales sembleraient accessibles : la cavité de gauche située à 5m du sol et dans laquelle on distingue un piton d’assurage nécessite l’emploi d’une échelle, la falaise étant en dévers, tandis que celle de droite s’ouvre à plus de 10m de haut… Mais comme l’a écrit un ami très cher : « Déambuler, s’imprégner de l’ambiance des lieux, me comblera déjà infiniment »… C’est vraiment ce qui nous reste.
En juin 2014, mon ami Etienne Principaud s'est rendu sur place avec Paulo Grobel et prévoyant d'amener des échelles comme je leur avais indiqué lors de ma visite de 2012, ils ont pu pénétrer dans le saint des saints. Voici donc le Diaporama compte-rendu de leur visite.
Diaporama Depuis le pied de la falaise creusée, on s’en va trouver le sentier de descente par la crête en opérant une traversée à hauteur du haut du vallon (attention à ne pas remonter vers le col en haut à droite) pour rejoindre une épaule de laquelle on distingue en contrebas sur la D le premier cairn. Comme prévu on suit peu ou prou la large arête sur du petit schiste sur les trois-quarts du chemin puis sur la fin en louvoyant entre les pénitents rouges. On retrouve le mur de manis du départ (25mn, 3980m). On suit le bord de la moraine fluviale au-dessus du lit de la rivière jusqu’à l’aplomb de la falaise de Jhong puis on descend entre deux lèvres d’alluvions jusqu’à la rivière. Possibilité de se restaurer dans la « cantine » des moines en RD de la Sichapui khola. Pour revenir sur Lo Monthang, il faut retraverser la rivière et remonter en face au village de Ghom. De là, on suit un gentil chemin qui traverse quelques villages dont un composé de maisons troglodytes encore habitées avant de traverser Sisa et Barcha. Deux itinéraires possibles : soit par la piste via Arka (pour cela suivre la rivière qui descend vers la D, franchir le pont de bois, remonter dans le village en louvoyant entre les maisons jusqu’au mur de manis posé au milieu de la piste), soit poursuivre en RG de la Nyichung khola sur un bon sentier à travers champs. Passe au pied de Naya Samdzong (une douzaine d'habitations cubiques érigées fin 2015 pour héberger des habitants exilés du village de Samdzong à cause du manque d'eau pour les cultures). On poursuit jusqu’à Nenyul où une passerelle permet de retrouver la piste principale un peu avant le fortin qui domine Lo Monthang. Encore une petite demi-heure de marche en suivant la piste ou en descendant sur la G au chörten pour rejoindre le fond du thalweg au pied de la moraine de Lo Monthang et franchir la rivière sur une passerelle métallique. Dans les deux cas, remontée pleine pente vers Lo Monthang pour retrouver la chaude ambiance de la guest-house.
Jour 5 : Lo Manthang (1er jour du festival Tiji)
Diaporama Visite matinale de la ville fortifiée. Celle-ci est ceinte de murs blancs et ne possèdait autrefois « officiellement » qu’une seule entrée au N (un certain nombre de portes annexes ont été creusées, dont la bien pratique porte S et une trentaine d’autres privatives, ce qui fait dire aux habitants que « The walled city » est devenue au fil du temps « The holed city », la cité trouée…). Trois monastères et un musée sont à visiter (1 pass à Rs1000 pour l’ensemble, à acheter juste à la porte du monastère de Choede gonpa). Les trois sites religieux (Choede gonpa, Jampa gonpa et Thupchen gonpa) et le musée hébergé dans l’enceinte de Choede gonpa contiennent de multiples merveilles et entre autres des peintures originelles datant du XIIIème siècle. Munissez-vous d’une lampe de poche à faisceau puissant pour pouvoir les examiner. Malheureusement, pas de photos afin de protéger les œuvres des pillages.
Le problème principal sera de trouver la bonne personne qui détient les clefs (à partir de 2016, la visite est "guidée" par un moine de Choede), ce qui vous permettra à l’occasion de découvrir les ruelles de la ville et, au passage, ses nombreux chörtens. Vous pourrez aussi regarder de l’extérieur le Royal Palace dans lequel réside le roi du Mustang (même déchu au moment de l’abolition de la monarchie au Népal en 2008, il est encore respecté par les Lobas, les habitants du Mustang). Peut-être aurez-vous même l’occasion d’être reçu au Royal Palace dans l’après-midi lors d’une audience collective (compter un droit d’entrée de Rs200). Il est décédé le 16 décembre 2016 à Kathmandou. D’autre part, quelques boutiques de souvenirs, toutes situées à proximité de la place centrale du village devant le Royal Palace (voir la rubrique Coups de cœur en Asie), proposent à la vente de pures merveilles en provenance du Mustang ou du Tibet. Dans l’après-midi, début du festival Tiji sur la place centrale de Lo Monthang au pied du Royal Palace. Nuit en guest-house (Lotus ou Lo Monthang guest-house). Diaporama avec d'autres photos de Lo Monthang.
Tiji (ou Tenji) a lieu chaque année au printemps (le festival a été interrompu pendant une très longue période aux XIXème et XXème siècles mais remis au goût du jour dans le monastère de Choede en 1963 et étendu à l’ensemble du Mustang en 1970 par décision du dernier raja, Jigme Palbar Bista, aujourd'hui décédé). Les dates de Tiji varient chaque année car elles dépendent du calendrier lunaire tibétain. Elles correspondent aux 27, 28 et 29èmes jours du 3ème mois (en gros au début ou à la fin de la deuxième quinzaine de mai). Ce sont donc 3 jours de danses rituelles bouddhistes qui se déroulent sur la place centrale au cœur de la cité en présence des moines de Choede gonpa, du raja du Mustang (et maintenant du prince héritier devenu roi "honorifique" suite au décès de son père en 2016). Grosse ferveur religieuse : dès potron-minet, de nombreuses pujas se déroulent dans les gonpas de la ville. On voit sur tous les chemins en provenance des villages du Mustang des groupes de lopas qui se rendent à la capitale pour prendre part à cette fête. La ville sort de son calme habituel et connait alors une agitation certaine.
Les ruelles sont le théatre de rencontres entre groupes de villageois qui ne se croisent parfois qu’une fois l’an à cette occasion. On voit des marchands de rue qui s’installent deci delà étalant colifichets et textiles chinois. Les moines sont de la fête, et quelle fête ! Pendant 3 après-midis entiers, tous les moinillons seront de la partie. Tout le monde monastique se retrouve sur cette place pavée au pied du Royal Palace pour assister à une série de danses conduites par un « tsowo » qui a fait une retraite de 3 mois et rentre pratiquement en transes durant l’exécution des rites sacrés. Les danses sont accompagnées par le son des trompes (dongzins et ghalens) et des cymbales.
Difficilement compréhensible par nos esprits d’européens, il est parfois peu aisé de suivre le fil de la première journée mais tout autour du « spectacle » il y a une foultitude de saynettes qui se déroulent dans l’assemblée de lopas qui permet de s’échapper d’un certain ennui qui pourrait nous gagner… Dans l’ordre des préférences si vous ne pouvez consacrer qu’un ou deux jours sur place, privilégiez les deuxième et/ou troisième jours avec les danses des masques très enjouées, la persécution (2ème jour) puis l’immolation du démon (3ème jour). C’est vraiment à ce moment que vous pourrez sentir la communion entre le peuple et ses représentants religieux. Il faut voir cette agitation qui règne sur la place au moment où les gigantesques thankas sacrées sont déployées sur le mur du fond : les lopas se précipitent (en rang ordonné quand même) pour faire bénir qui une écharpe, qui un bonnet, qui un enfant en touchant le bas de la toile sacrée. Et « cerise sur le gâteau », vous aurez l’occasion d’assister à l’une des sorties publiques du roi (et depuis 2017 du prince) qui fera l’honneur de sa présence en cette occasion.
Plus d'explications dans ce document téléchargeable (en anglais) Livret Festival Tiji
Pour les diaporamas de la fête de l'année 2012, cliquez ici : Jour 1 Jour 2 Jour 3
Pour les diaporamas de la fête de l'année 2015, cliquez ici : Jours 1, 2 et 3
Pour les diaporamas de la fête de l'année 2019, cliquez ici : Jours 1, 2 et 3
Jour 6 : Lo Manthang (2ème jour du festival Tiji)
Avant que la cérémonie ne commence vers 14h00, on peut aller se promener autour de Lo Monthang : on suit la clôture E des jardins en partant des chörtens N hors les murs et on descend vers le SE jusqu’aux ruines du vieux fortin (compter 30mn). On revient par le côté W (40mn de plus). Vous apprécierez sûrement les couleurs des roches et la Sakyau danda qui s'apparente à un « cône glacé » qui dégouline (très imagé). En tous cas, balade très sympa… Nuit en guest-house.
Dans l’après-midi à partir de 14h00 (attention, la journée est longue), deuxième jour des festivités de Tiji avec de superbes danses des masques qui virevoltent autour du « tsowo » alors qu’il perce avec une dizaine de couteaux sacrés l’effigie du démon avant de la découper en menus morceaux. C’est la principale journée où les lopas viennent en famille de tous les villages alentours. Un peu beaucoup de monde sur la place centrale mais une ambiance dans l’assistance à nulle autre pareille…
Jour 7 : Lo Manthang - A/R Konchok Ling - Lo Monthang (3ème jour du festival Tiji)
30mn de jeep puis 6h / +650m / -750m.
Noter qu'au début de l'année 2015 les responsables du VDC de Chhoser au sein duquel se trouve la grotte de Konchok Ling (les gonpas de Niphu et Garphu ainsi que les grottes de Jhong) ont décidé de regrouper le permis de visite des 4 sites sur un seul billet à Rs1000 (n'oubliez pas le ou la guide au retour de Konchok Ling !). Ce billet s'obtient dans la maison voisine de l'école au toit bleu située à proximité de la piste "chinoise" ou alors à Bharcha chez Pura Sangma Partchya. On a même vu se construire une piste en lacets qui conduit les personnes arrivant de Lo Monthang en jeep jusqu'au gros chörten qui précède la porte d'entrée... O tempora, ô mores ! Comme ça, en une journée, ces touristes pourront tout visiter sans "trop se crever"...
Diaporama De très bon matin, se rendre en jeep (Rs6000 pour un véhicule de 12 personnes), à pieds (1h15) ou à dos de cheval jusqu’à Arka (avec le cheval, on pourra poursuivre bien plus haut jusqu'à la porte et gagner ainsi pas mal de temps rapport au spectacle qui démarre en tout début d'après-midi à Lo). On traverse le village vers l’E pour descendre passer le pont de bois sur la Nyichung khola et par la suite remonter à pieds la rivière jusqu’à Bharcha. On se dirige vers la première maison pour louer les services du guide (ou de la guide…) qui vous conduira jusqu’au Nirvana, cette fameuse grotte de Kongchok Ling découverte par un berger en 2007 et qui recèle un trésor exceptionnel, à savoir des peintures murales bouddhistes datant du XIIème siècle. Si vous voulez plus de renseignements sur cet emplacement, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de Paulo Grobel. De Bharcha à 3860m, on remonte la large vallée fluviale à main droite vers le NE, vallée contenue entre deux murailles ourlées de pénitents multicolores. Ca commence bien ! On passe un gros chörten (35mn, 3950m) puis on incline la marche sur la D pour emprunter un excellent sentier en zigzags qui gravit le coteau au milieu d’un délire géologique de toute beauté. On débouche sur un tertre (30mn, 4110m) pour un panorama surplombant toute la région et entre autres sur la gauche les "forts" de Kimbu (ou plutôt un ancien gonpa ruiné). Au-delà, on descend jusqu’à la porte cachée derrière une « canine » rocheuse. Le « gardien » ou la « gardienne des clefs » nous ouvre le passage.
On poursuit en descente sur un sentier un peu moins large et viabilisé à flanc de falaise. Puis, une fois au fond de l’étroit vallon, remontée en face plutôt pentue sur le fil d’une épaule sableuse. Enfin la délivrance (croit-on…) avec l’arrivée dans un col au niveau d’un vieux gonpa, quatre murs aux couleurs défraîchies. Mais on en n’a pas encore terminé : à G toute sur un bon sentier retrouvé mais pas pour longtemps… On passe quelques bâtiments en ruine avant de marcher réellement entre ciel et terre sur le fil d’une arête étroite avec le vide de chaque côté. Prudence est mère de sûreté, dit-on ! Bistare, bistare… Une fois cet écueil franchi (en gros une centaine de mètres), descente jusqu’à une plateforme, terminus du chemin (50mn, 4125m). Mais pas de caverne ornée à l’horizon… « Juste » un superbe belvédère sur un ensemble de pénitents de belle ampleur qui entoure le lit d’une rivière qui coule 200m plus bas. Mais où se cache-t-elle donc cette caverne ? Ne serait-ce pas derrière ce couloir abrupt « sécurisé » par une corde de 15m faite d’un savant assemblage de fils électriques et de peau de chèvre ? Si, si… On laisse son sac à dos, on se retourne face à la terre et on s’engage sur cette pente dans laquelle ont été taillées quelques marches qui nous aident à progresser vers le bas, le vide étant bien présent.
On arrive en bout de main courante sur une trace à flanc bien étroite (et non sécurisée…) qui part vers la D (sens de la descente face à la terre) pour un parcours de quelques 200m en courbe de niveau jusqu’à arriver une dizaine de mètres en-dessous de la fameuse grotte que l’on identifie grâce à sa superbe protection contre les attaques du temps, du soleil et de la pluie (et accessoirement des ours et des léopards des neiges...), j’ai présenté le grillage à larges mailles qui ne s’érige pas vraiment comme un rempart d’excellente facture… Enfin, nous sommes bel et bien arrivés dans le saint des saints ! Les peintures sont défraîchies certes, mais l’ambiance qui se dégage des lieux est à nulle autre pareille, recueillie, silencieuse, et nous fait prendre compte de l’exceptionnalité du moment que nous sommes en train de vivre. Et tout autour de nous, ce paysage chamarré de pitons gréseux appelle une analogie avec les tsingys de Madagascar… Tous les détails photographiques de la grotte sur Luczanits.net.
Il nous faut s’arracher de cet endroit pour retourner dans la vallée : on s’en va à regrets pour refaire en sens inverse le chemin parcouru, tout d’abord le sentier à flanc, puis la remontée du goulet à l’aide la corde (c’est quand même plus aisé dans ce sens-là…), le parcours sur le fil de l’arête toujours avec le vide de part et d’autre jusqu’au col du gonpa et puis la descente dans l’étroit thalweg au pied de la « canine » avant de retrouver la porte d’entrée que le ou la guide refermera jusqu’à la prochaine visite… Il ne restera plus qu’à suivre le large sentier jusqu’au lit de la rivière que l’on descendra jusqu’à Bharcha puis Arke. Quelle épopée avons-nous vécue ! Que de souvenirs resteront dans notre tête après cette « balade » incroyable, sûrement la plus belle du Mustang. Comme pour la balade d’exploration du district de Chhoser (voir J4 de ce topo), retour sur Lo Monthang soit par la piste soit par le petit chemin qui passe par Nenyul. Nuit en guest-house.
Dans l’après-midi à partir de 15h00, début du dernier jour des festivités de Tiji avec la procession dans les rues de la ville et la crémation du démon. Ce 3ème jour commence de manière très confidentielle sur la place centrale avec des chants monastiques et quelques danses des masques puis se déplace hors les murs où, après une parade dans les ruelles, le démon est amené au milieu d’un champ.
Alors que dongzins et ghalens résonnent accompagnés du son aigu des cymbales, le « tsowo » rentre en transes pour immoler le démon. Assis à bonne distance, le roi assiste à la scène. Dans son dos, les charges de poudre éclatent des pétoires antédiluviennes de sa garde rapprochée faisant sursauter l’auditoire. Ça y est, au bout d’une heure, le démon est trucidé. On revient au cœur de la « walled city » pour une dernière scène, celle où les lopas glissent autour du cou du « tsowo » des centaines de khatas avant qu’il ne disparaisse en montant les marches du Royal Palace. Chacun va pouvoir rentrer chez soi, le Mustang est à nouveau sous de bons auspices, jusqu’à l’année prochaine…
Jour 8 : Lo Manthang - Lo Ghyekar - Tsarang
5h / +600m / -900m
Diaporama A la sortie S de la ville, prendre le chemin qui part sur la D vers les champs. On passe à proximité de l'hôtel de luxe, propriété du raja du Mustang) avant de se diriger plein W. On pénètre sur une vaste prairie. Après avoir dépassé quelques enclos murés de pierres rondes (on se demande comment elles tiennent les unes sur les autres…), on trouve une trace qui se dirige vers la base d’une énorme moraine latérale située en RD de la vallée. Eparpillés sur la plaine, de nombreux villages en ruines attestent d’une grosse activité pastorale dans les temps passés.
A la cote 4000, on oblique franchement à G pour escalader la moraine sur sa partie gauche avec comme point visé un béquet rocheux caractéristique. Au cours de l’ascension, belle vue d’ensemble sur la plaine de Lo Monthang et le Damodar himal à l’horizon. On passe un collet (1h, 4100m) pour emprunter un sentier en courbe de niveau jusqu’à une épaule sur laquelle est posé un chörten (10mn, 4110m). De l’autre côté, on découvre un large plateau alluvial couvert de champs en terrasse abandonnés. Petite descente jusqu’aux ruines d’un ancien village puis remontée vers les montagnes à l’W et sur la base desquelles le plateau se termine. Nous sommes sur l’ancien domaine agricole de Panga.
On dépasse un mât (30mn, 4170m) avant de traverser un chaos rocheux. Le chemin nous emmène en fond de vallée vers la gauche à la base du thalweg parcouru par un torrent. On le traverse pour s’engager en RD d’un thalweg et monter jusqu’à un col marqué d’un gros cairn et de lungtas flottant au vent (25mn, 4300m). La suite se passe sur un sentier à flanc surplombant un large vallon, sûrement les alpages de Marang, jusqu’à un nouveau col. On profite tout au long de la traversée d’un exceptionnel panorama du Lugula au Nilgiri N en passant par les montagnes blanches du Damodar himal, le Teri peak, le Purbung, le Purkung himal, le Yakwakang, le Khatungkang et l’Annapurna I. Noter au milieu du sentier-balcon la présence d’une source (15mn, 4245m). On débouche dans notre 3ème col de la journée (10mn, 4230m). On initialise la descente vers Lo Ghekar sur un sentier caillouteux. De nombreuses banquettes d’herbe tendre au milieu desquelles sourd un petit ruisseau incitent au farniente. On termine la descente par un parcours sur une moraine fluviale. Alors que l’on traverse ce plateau détritique, on peut noter sur la droite la présence d’une gorge profonde entre deux blocs rocheux de belle importance (c'est de cette gorge que sortent les eaux de Ghyun khola, la rivière suivie lors de la 2ème partie de la Kora du Dhaulagiri, gorge trop dangereuse pour la descendre à pieds nécessitant de franchir le Keykap La par sécurité). Puis on s’en va traverser la Tsarang khola sur un pont de bois après avoir désescaladé la lèvre caillouteuse de la moraine (30mn, 3920m). On remonte sur le vieux gonpa de Lo Ghyekar d’abord par un petit sentier coupe lacets puis par l’intermédiaire de la piste (10mn, 3965m, tea-house en saison).
Visite du gonpa (Rs100, 3 salles, pas de photos à l’intérieur) aux murs tapissés de centaines de dessins gravés sur des petites ardoises. Diaporama En début d’après-midi, descente par le chemin bordé de chörtens rouges jusqu’à l’autre pont en bois sur la Tsarang khola. Sur l’autre rive on trouve la piste qui conduit vers Marang. Noter que l'on peut la suivre jusqu'à Tsarang mais si on a un peu de temps on peut faire le détour par Marang comme décrit ci-après : on traverse le hameau de Saukre avant de louvoyer au milieu des champs pour atteindre l’école du coin. Continuer tout droit (à gauche on s’en irait vers Upper Marang) pour descendre vers Lower Marang, tourner à D à la fontaine (40mn, 3700m) pour s'en aller franchir la rivière sur une passerelle métallique. En RG, on retrouve la piste et on la suit sur la G en rebord de la moraine RG de la vallée de la Tsarang khola. Vue imprenable sur les concrétions sableuses et les pénitents de la RG.
Diaporama Entrée dans Tsarang au niveau des chörtens jaunes (1h, 3580m). Il fait bon se perdre dans les ruelles du village avant de monter sur le tertre où est perché le gonpa (ou plutôt les gonpas : le « moderne » du XIVème siècle et l’ancien Ani gonpa du XIIème, tous deux possédant de superbes peintures murales originales Diaporama, entrée Rs100). A la descente des gonpas, suivre le rebord de la moraine pour se diriger vers le Royal Palace, ce cube blanc aux murs défraîchis et dont on peine à croire qu’il puisse encore tenir debout. Et pourtant, le monument historique est quelquefois ouvert. La visite est assez intéressante par la constatation de visu que l’immeuble n’est pas totalement laissé à l’abandon et que les fondations sont encore « solides » (Rs200, pas de photos, quelques reliques des rois précédant le transfert de la capitale vers Lo Monthang, entre autres les casques et la cotte de mailles des rois belliqueux d’autrefois, et aussi pour le fun une paire de mains humaines décaties...). Diaporama Retour aux chörtens jaunes par la bordure N du village. Nuit en guest-house. Pourquoi pas le Kailash hotel (tel : +977 993690029) ?
Jour 9 : Tsarang - Dhechyang khola - Tangge
5h / +800m / -1000m.
Diaporama Avant de descendre vers la rivière, on peut aller faire un détour par le chörten isolé duquel on a une belle vue sur le plateau de Tsarang. Du chörten, revenir au centre du village en suivant la ruelle au bout de laquelle on distingue le Royal Palace. Lorsqu’elle se termine, obliquer à D pour arriver au pied du tertre sur lequel est construit le gonpa. Suivre le chemin qui s’en va vers la D jusqu’à atteindre le bord du plateau au niveau du départ du goulet sableux. Désescalade entre les parois de pénitents de sable et de galets jusqu’au confluent de la Tsarang khola, de la Kali Gandaki et de la Dhechyang khola (1h, 3300m, bhatti en saison). On traverse la Kali Gandaki puis on s’enfile en face dans la large vallée de la Dhechyang khola plein E.
Diaporama Encore une traversée de rivière pour rejoindre le pied de la falaise en RG. On longe un muret derrière lequel on s’essaie à la création d’un verger (il s'agit en fin de compte du futur emplacement de Dhe, un village reculé qui se trouve au pied du Damodar himal dans le SE du Mustang, et qui va déménager hommes et bêtes ici en bordure de rivière, les habitants espérant une bien meilleure qualité d'irrigation ici plutôt que perché sur le plateau morainique d'aujourd'hui). On incline plus franchement vers la D en direction du départ du sentier que l’on voit escalader la moraine (30mn, 3360m). On s’engage sur un excellent sentier à la pente maîtrisée qui louvoie entre les mamelons sableux aux couleurs chamarrées quand il ne suit pas le fil de leur crête. On évolue au milieu d’un espace minéral où toutes les couleurs de l’arc-en-ciel sont présentes, on peut même y ajouter le blanc et le noir. On rejoint l’itinéraire en provenance de Yara au niveau d’un plat herbeux (1h10, 3860m). Là, nouveauté 2019, c'est sur une piste que l'on va terminer l'ascension du col (20mn, 3935m). La piste se poursuit vers Dhey mais on la quitte pour descendre pleine pente vers le S sur une pente sableuse. En contrebas, on croise la piste de Tangge pour la retrouver un peu plus loin. Sur 1km, on suit la piste que l'on va quitter dès qu'elle va commencer à remonter vers 3800m. On poursuit tout droit sur un chemin qui serpente dans le creux de tous les cônes de déjections qui se proposent et ce jusqu’au col (15mn, 3960m). Vue sublime sur l’Annapurna I, le Nilgiri N et en se déplaçant un peu sur la gauche sur le seigneur du coin, le Dhaulagiri I. Il s’ensuit une descente pentue jusqu’au plateau là encore avec un paysage de falaises multicolores. La traversée du plateau se fera à la mode népalaise, les fameux up / downs, tout d’abord en explorant le fond de trois thalwegs, puis le relief se calme un peu et on finirait par croire que c’en est fini pour la journée. On se plait à admirer de tout en haut quelques échappées sur le canyon de la Kali Gandaki quelques mille mètres plus bas. Et patatras ! Voilà que ça recommence avec une série de trois thalwegs précédant une remontée à flanc, dernière montée de la journée c’est promis (45mn, 3800m). Descente jusqu’à un collet (15mn, 3735m) avant d’incliner à G. On prend pied sur un grand plateau. Au cairn (5mn, 3650m), tourner sur la D pour atteindre la bordure S (20mn, 3600m). Vue splendide sur les falaises qui bordent la Yak khola.
Au loin, on distingue le sentier de Chhusang qui remonte jusqu’au col qui donne accès à la crête de la Siyarko Tangk danda et qui dépasse les 4000m… Belle journée pour ceux qui s’y attaqueront demain ! Pas moins de 8 à 9h de marche... (pour cette étape, suivre l'itinéraire décrit au J14 dans ce topo ; noter qu'en 2016, des travaux ont été conduits à Paha, le camp intermédiaire sur la Siyarko Tangk danda, et qu'à présent on peut disposer d'eau de source toute l'année ; cela permet d'envisager une liaison en deux jours...). On descend dans un goulet hyper venteux (on se prend de face le vent qui remonte la vallée de la Kali Gandaki tous les après-midis et il est violent, bien prendre garde à conserver l’équilibre sur le chemin de galets en forte déclivité). Puis, à la sortie, on trouve le bon sentier tracé dans de l’éboulis qui descend tranquillement sur Tangge, l’un des plus beaux villages du Mustang (20mn, 3340m, lodges, camping) Diaporama. La visite du village est recommandée et surtout du superbe alignement de murs de manis et de chörtens (pour l'intérieur des chörtens voir le site de Christian Luczanit). Nuit dans l'un des deux lodges.
Jour 10 : Tangge - Ghilling
4h30 / +500m / -250m.
Diaporama Après avoir tutoyé le ciel et parcouru les hauteurs des plateaux hier, maintenant on s’en va explorer les profondeurs des canyons… Et c’est assurément toujours aussi beau ! On sort du village de Tangge par l’W au niveau des deux chörtens rouges pour descendre par une piste jusqu’à la rivière bordée de pénitents drapés.
On suit le lit de la Tangge khola vers l’aval. Quelques ponts de bois aident à franchir le courant (il faut dire que le chemin est assez emprunté par les villageois car c’est la voie du ravitaillement en produits de consommation népalais ou chinois, les camions empruntant les gorges de la Kali Gandaki, voir le J3 de ce topo). La descente est agréable car on évolue au milieu de superbes falaises. On arrive au confluent avec la Kali Gandaki (1h, 3190m). On part sur la G pour tomber devant la première traversée sérieuse de rivière (il est conseillé de s'équiper des chaussures idoines pour les deux heures à venir car il y aura beaucoup de traversées à effectuer avant de sortir des gorges).
On commence la marche malhabile sur galets jusqu’au départ d’un hypothétique sentier ancestral (parfois encore utilisé par les locaux) qui est sensé remonter sur Ghemi en RD. Mais la pente sévère du couloir et une traversée sur du sable mou devrait en décourager plus d’un à l’emprunter… (20mn et 500m après avoir traversé la rivière au niveau de rochers rouges caractéristiques). On poursuit la marche alternée sec / mouillé au milieu de paysages de falaises ruiniformes de toute beauté. On avait déjà pu les contempler depuis le camion (voir J3 de ce topo) mais là, à la vitesse d’un escargot (ouille ! ça fait mal quand même de marcher sur les galets…), on peut contempler quelques merveilles que Mère Nature nous a laissées. Après une grande plaine de galets, nous voici traversant un mini désert de sable gris en RG de la Kali Gandaki derrière lequel on n’ose à peine le croire mais on distingue notre échappatoire vers Ghilling. Dernière traversée de rivière, séance de changement de chaussures (Ah ! ça fait du bien de retrouver un peu d’amorti…) et on sort du lit de la rivière juste à l’endroit où les gorges allaient en se rétrécissant (1h45, 3100m, bhatti en saison juste derrière la butte de terre). On passe quelques kharkas en ruine (source à disposition) avant de trouver la piste qui relie le village de Ghilling à la Kali Gandaki. La piste est tracée au creux d’un large thalweg bordé à droite de falaises blanches et roses de belle grandeur. Au milieu du vallon coule un sympathique torrent aux allures champêtres. On s’élève progressivement jusqu’à trouver un cairn rouge (30mn, 3345m) qui indique de laisser la piste partir sur la gauche alors que l’on va s’engager sur un petit chemin. On escalade en lacets serrés la moraine rocheuse au-dessus de laquelle on distingue trois chörtens aux couleurs Rigzum Gönpo. La montée se poursuit en bordure des champs en terrasses. Un peu plus haut, on suit un petit canal d’irrigation avant de partir sur la G sur 300m, à proximité d’une maison, pour aller chercher l’entrée du village, en l’occurrence par un franchissement de muret au moyen d’une échelle.
Le centre du village marqué d’un splendide chörten ceint de murs de manis et de moulins à prières n’est plus très loin (50mn, 3580m, T, C, E). Dans l’après-midi, on se dirige vers les deux gonpas situés sur la RG de la vallée et perchés sur leur monticule (10mn, 3620m). On peut visiter le premier gonpa du XVème siècle (Rs100) avec de belles peintures murales mais c’est dans le deuxième, celui qui est perché tout en haut du tertre et datant du XIème siècle (Rs100, malheureusement entrée interdite aux femmes), que l’on ressentira le plus d’émotion : tout menu, celui-ci ne peut se visiter qu’épisodiquement lorsque les moines sont absents (et ce n’est pas souvent puisqu’ils célèbrent une puja chaque jour que Bouddha fait…). Sinon, depuis le sommet de cette colline, belle vue sur l’ensemble de la large vallée agraire de Ghilling. Nuit en guest-house, le Darzeeling hotel pourquoi pas ?
Jour 11 : Ghilling - Rangchung (Chungsi cave) - Samar - Chele
6h / +1000m / -1500m.
Diaporama Du centre de Ghilling, on part vers le S rejoindre les murs de manis qui trônent sur une épaule morainique avant de traverser les terrasses (ou suivre la piste, mais plus long…) pour atteindre la base de la colline sur laquelle est tracée la route en lacets. 100m après avoir traversé la rivière, il faut s’engager sur le sentier coupe lacets qui part sur la D. A son extrémité, suivre la piste du haut pour arriver au monumental chörten carré (45mn, 3805m) posé à quelques encablures du Syangmoche La.
Belle vue plongeante sur la vallée de Ghilling et panorama de génie sur les faces N de l’Annapurna et du Damodar himal. On franchit le large col (5mn, 3830m) avant de descendre par un petit sentier en contrebas jusqu’au village de Syangmoche (5mn, 3780m, guest-house). Au-delà, continuer sur la piste pendant 200m et, au niveau de l’îlot directionnel, prendre à G le sentier qui se dirige vers les gorges qui s’ouvrent droit devant. La descente est, au début, progressive au milieu d’un large vallon bordé à droite de belles falaises. Puis, alors que les parois se rapprochent les unes des autres, la pente s’accentue jusqu’à déboucher à la confluence de deux vallons. On prend à D le long de la Bhena khola (35mn, 3435m). La grotte de Ranchung (Chungsi cave) est à 200m de là et 35m plus haut. Visite intéressante (Rs100) de cette cavité visitée par Guru Rimpoche il y a bien bien longtemps et où trône une énorme stalagmite qui sert de chörten.
A la sortie de la grotte, on s’en va traverser la Bhena khola sur un pont de bois avant de remonter quelques marches d’escalier donnant accès à un sentier en pente soutenue, pente qui ne faiblira pas tout le temps de la remontée du vallon et jusqu’au col dont on voit flotter au vent les drapeaux à prières. Belles vues à l’arrière sur les profondes gorges de la Syangmoche khola et sur les séries de falaises et de concrétions de part et d’autre du vallon. On débouche enfin au col (1h10, 3840m) pour un changement d’univers minéral : tout est devenu blanc ! On s’engage sur un chemin-balcon pour passer un second col et apprécier d’en haut la descente qui nous attend. Dans un nouvel ensemble minéral (type Montserrat dans la banlieue de Barcelone), nous voici engagés dans une descente sableuse, qui plus est bien pentue, jusqu’à l’arrivée sur une kharka sur lequel sont érigées des bergeries (20mn, 3600m).
On traverse le plateau en direction du village que l’on voit au loin, construit sur un rebord de moraine, pour rejoindre le départ d’un goulet équipé d’un « escalier » plus ou moins viabilisé qui nous conduit jusqu’à la rivière (15mn, 3535m). On remonte en face jusqu’à un plateau agraire en prélude à une nouvelle désescalade jusqu’à une deuxième rivière. En face et au milieu de concrétions de sable et de galets, voici la dernière remontée de la matinée jusqu’à la porte d’entrée du village de Samar (25mn, 3620m, T, C, E). Un conseil : au niveau de la porte N, prendre à G et escalader les quelques mètres de dénivelée jusqu’au point de vue sur le village et la combe agricole qu’il occupe (chörtens Rigzum Gompo sur un monticule).
On redescend du tertre pour traverser le village de Samar et rejoindre la sortie S. On emprunte un large chemin la piste qui conduit en courbe de niveau au Dajong La (15mn, 3640m) puis s’engage sur un itinéraire sableux taillé à même la falaise, sableuse elle aussi, avec le plateau agraire de Ghyakar sur l’autre rive d’un profond canyon. Un parcours de toute beauté ! Depuis 2019, ce sentier pourtant magnifique a été perdu corps et biens, enseveli qu'il l'a été sous les gravats prodigués par les travaux de construction d'une piste de 20m de large juste au-dessus. Les seules alternatives à cet ex-passage sont, au départ du Dajong La, de suivre la piste poussièreuse en montée sur la gauche ou suivre la piste, elle aussi poussièreuse à droite (un tantinet plus long mais à privilégier si on a le temps...) qui permet de traverser dans le sens de la longueur le plateau de Gyakar avant que l'on incline à G pour rejoindre soit par la piste soit à travers les champs en terrasses la passerelle métallique qui franchit l'impressionnant et profond canyon au fond duquel coule la Gyakar khola.
A la sortie de la passerelle métallique (1h15, 3340m), on continue tout droit sur une piste en terre jusqu’à passer auprès de mâts supportant des drapeaux à prières. Juste après, incliner la marche vers la G pour suivre le bord de la moraine détritique sur laquelle on évolue et disposer de vues plongeantes sur un canyon coloré avant de revenir sur la piste (en 2019, il est plus sage de rester sur la piste, malheureusement...). On négocie quelques lacets avant de déboucher en haut du village de Chele. Belle vue côté droit sur le deuxième canyon coloré bordé en RD d’une falaise où nichent les gypaètes. On descend directement vers le centre du village en suivant la ligne électrique puis une ruelle poussiéreuse (30mn, 3120m, lodges, T, C, E).
Jour 12 : Chele - Chhusang - Kagbeni - Jomosom
6h30 / +120m / -500m
En 2019, il n'est VRAIMENT plus intéressant de faire cette étape à pieds. Vous trouverez un service de jeeps à Chele ou, au pire, sous 30mn à Chhusang.
Diaporama On sort du village perché par la porte S pour une descente en zigzags qui nous amène jusqu’au lit de la Kali Gandaki qui arrive de la gauche, tout juste sortie des gorges profondes qu’elle a creusées depuis Lo Monthang (rappelez-vous le J3 lorsque l’on était passé sous la passerelle métallique avec le camion et que l’on avait pénétré dans cet étroit goulet bordé de hautes parois pour en ressortir 5h plus tard au niveau de Tsarang…). On franchit un double pont métallique, protégés que nous sommes par les écritures saintes déposées dans les cavernes alignées au-dessus du passage. Puis on suit le large lit de galets de la rivière (saligrams !) en restant RG et en visant la piste d’entrée dans le village de Chhomnang. On continue sur la piste en regardant les villageois s’affairer dans les champs puis, après avoir traversé la Narsing khola qui débouche du vallon de Tetang, on remonte vers Chhusang (40mn, 2980m, T, C, E). Continuation vers Tangbe et Kagbeni (2h, 2840m) en suivant la piste, pas d’autre alternative, enfin pour l'instant ! Car il y a des dizaines de chemins qui parcourent la montagne dans ce coin-là, proposant des alternatives "hors des sentiers battus" à la piste. Leur exploration est prévue pour une future virée au Mustang... A Kagbeni, on retrouve « l’autoroute » du Tour des Annapurnas et son flot de trekkers que nous avions oublié pendant toute la matinée. Il ne reste plus qu’à suivre le large sillon de galets et contre le vent violent qui souffle tous les jours sans exception dès la fin de matinée pour rejoindre en moins de 2h la grande ville du coin. Entrée dans Jomosom côté RG puis franchissement du pont ou de la passerelle pour se retrouver RD à proximité de la gare routière. Continuer 10mn supplémentaires et trouver « l’avenue » et sa multitude de lodges qui n’attendent que votre signal pour vous accueillir. Nuit en lodge par exemple au Tilicho hotel (2740m, T, C, E, WiFi) juste après avoir dépassé l’entrée de l’altiport.
Comme le parcours de Chhusang à Jomosom est bien peu intéressant puisque l’on suit la vallée de la Kali Gandaki sur une piste poussiéreuse, il y a la possibilité de prendre une jeep soit depuis Chhusang (Rs800/pers jusqu’à Jomosom, départ au pied des chörtens au niveau de la rivière, parcours de 2h) ou, si vous voulez bénéficier de la visite de l’intéressant village de Tangbe, seulement depuis Kagbeni (Rs350/pers, départs tout au long de la journée, parcours de 30mn). Noter que depuis 2013, un service de bus est disponible entre Chhusang et Jomosom avec des départs de Chhusang à 9h et 17h. Possibilité aussi de s'arrêter à mi-chemin et de suivre l'itinéraire décrit au J24 de la traversée du haut Dolpo. Ainsi, en empruntant un sentier typé "hors des sentiers battus", vous pourrez faire le détour par le village de Lupra et visiter le gonpa bön.
Jour 13 : Jomosom - Pokhara
20mn d’avion ou 6 à 8h de bus jusqu’à Beni + 3h de bus jusqu’à Pokhara.
Journée chaotique sur les pistes du pays de l’Annapurna, d’abord en descendant le long de la Kali Gandaki jusqu’à Beni sur une piste défoncée, puis sur la « route » de Beni à Pokhara via Baglung et Kusma. Dans les deux cas, la campagne népalaise est absolument magnifique que ce soit pendant le trajet au fond des gorges de la Kali Gandaki (où on a le c… tanné et meurtri à tout moment) que sur la « route » de Beni à Pokhara, qui plus est, si on a la chance que le temps soit clair et que l’on puisse profiter des somptueux panoramas sur la chaîne himalayenne de l’Annapurna himal. Arrivée en fin d’après-midi à Pokhara. Nuit dans une des guest-houses sur Dam side ou Lake side.
Relevés de terrain mai 2012 et mis à jour en décembre 2016. Nombreuses corrections sur la partie Mustang en juin 2019 du fait de la réalisation de la route entre Jomosom et Lo Monthang.
10 jours de marche / 41h30 / +4200m / -5300m.
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Commentaires
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- 1. bernard Lhoas Le 05/06/2012
Encore un beau topo et de belles photos. Et quelques bons souvenirs de notre voyage au Mustang (encore merci Pierre). -
- 2. Meyer JF Le 30/09/2012
Merci pour les idees et le compte-rendu. Je vais en profiter cet automne. Je renvoie infos complementaires si il y a lieu. -
- 3. vargoz joel Le 16/12/2016
merci de me donner les dates et les prix de votre voyage Mustang festival TIJI 2017
cordialement
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