[Népal] Les deux camps de base du Kangchenjunga

Parmi tous les treks connus du Népal (je ne parle pas de mes treks "hors des sentiers battus"... mais de l'Everest, du tour des Annapurnas, du Manaslu, du Langtang, du Rolwaling et le Kangchenjunga), le dernier de la liste est assurément celui qui est resté le plus sauvage, le moins équipé en infrastructures "hôtelières" et vraiment celui qui s'apparente aux premiers circuits "touristiques" que les moins jeunes d'entre nous ont connus dans les années 70. Ici, la G.H.T. (Great Himalaya Trail) n'a de "Great" que le nom qu'on a bien voulu lui assigner ; les sentiers ont quasiment restés à l'état naturel de leur création quelques siècles auparavant (parfois un berger aura sorti le khukuri de son fourreau et aura coupé une branche un peu gênante pour le passage des troupeaux). Le wilderness est partout prégnant. Il en faudrait bien peu pour que l'espace revienne comme à l'origine des temps, une forêt primaire. Le seul point qui marque une certaine présence humaine consiste en la présence de sentiers entièrement pavés présentant parfois des hauteurs de marches que certain(e)s pourront trouver un peu démesurées pour le commun des mortels (c'est le moins que l'on puisse dire !). Et puis, pour ne pas effrayer les autres, on taira pour le moment les cumuls quotidiens de dénivelées de folie (et pas systématiquement de possibilités de faire étape entre deux camps...), les infrastructures rudimentaires (passerelles, ponts, traversées de couloirs d'avalanches, etc.) sans oublier certains tracés de sentiers qui traversent des pentes détritiques raides et sujettes aux éboulements.
 

Une traversée de la Ghunsa khola un peu olé-olé du côté de Janbari


Cette introduction pour annoncer que le topo qui va suivre décrit un itinéraire sans concession, sans fioriture, sans confort et qu'il est préférable de s'y être préparé au risque de se sentir sur un "chemin de croix" sur lequel on a toujours pas élucidé la raison pour laquelle on se trouve ici... Heureusement que les paysages sont grandioses et d'une beauté à couper le souffle (comme quoi il n'y a pas que les montées...).

Et n’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.

Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Pdf image 1  Circuit Kangchenjunga

Trek kangchenjunga

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Katmandou - Bhadrapur - Ilam

45mn d'avion + 3h de jeep.
En 2017, du fait que la liaison aérienne entre Biratnagar et Suketar (Taplejung) avait été suspendue, le seul moyen de rejoindre les basses vallées du Kangchenjunga était de s'y rendre en voiture et/ou en autobus (privatisé ou non). Le staff (porteurs, cuisine,...) vient de Katmandou par un bus de ligne qui assure la liaison jusqu'à Ilam, lieu de convergence avant de se rendre tous ensemble à Taplejung, ou mieux encore Suketar.

Précisions complémentaires : 1) en 2023, la liaison aérienne Kathmandu - Biratnagar - Suketar a été rétablie quelques rotations par semaine, 2) possibilité de se rendre au point de départ à un tarif très bas et en profitant des merveilleux paysages de la Sun kosi en empruntant le service de bus comme indiqué dans les jours 1 et 2 du topo Du Lumbasumba eu Makalu.
 

Sagarmatha, Lhotse, Baruntse et Makalu vus à travers le hublot de l'avion de Bhadrapur


Diaporama
De l'aéroport domestique de Katmandou, vol Yeti airlines vers l'E du pays jusqu'à Bhadrapur (Rs20000), une bourgade située à proximité de la frontière indienne (Sikkim). Sur place on emprunte une jeep pour une traversée des plaines rizicoles du Teraï en direction du N jusqu'au pied des collines. Ensuite, c'est une montée en lacets pour franchir une crête et découvrir les espaces colonisés par les plantations de thé. Il faut dire que l'on entre dans la zone humide et brumeuse en toute saison qui caractérise la région d'Ilam, la célèbre ville où l'on produit les thés les plus fins du Népal. Depuis un col à 2000m d'altitude, on descend jusqu'à la Mai khola qui a creusé son lit à 750m avant de remonter au bourg d'Ilam perché sur sa colline à 1300m. La visite de la bourgade ? Pas de quoi casser trois pattes à un canard... Nuit à l'hôtel Tamu situé au niveau de la gare routière (par exemple).
 

Les plantations de thé autour d'Ilam

Jour 2 : Ilam - Taplejung - Suketar - Deurali

7h de bus + 1h / +200m / -50m.
Diaporama On emprunte la route goudronnée qui s'élève à flanc de coteau en direction du N. La route évolue dans de denses forêts de bambous. On croise ça et là quelques cases en tôle et planches de bois. Pour le coup, on se croirait dans les hauts de l’île de la Réunion ! Autre chose étonnante quand on est habitué à circuler sur les routes du Népal : la route bien qu'étroite est superbement entretenue et il n'y a que bien peu de trous. Ceci dit, la moyenne est fortement abaissée par le profil géographique qui nécessite la présence de centaines de lacets, pour quelques uns bien rapprochés les uns des autres... On s'élève pour passer à Nepalthok (45mn, 1760m) et on poursuit en lacets serrés pour franchir un premier col (10mn, 2120m) puis un deuxième dans la foulée (25mn, 2170m). Le passage du troisième (25mn, 2500m) permet de découvrir le massif du Kangchenjunga et à sa gauche son satellite le Jannu, reconnaissable à son rocher sommital proéminent. Plus loin vers le N on peut admirer le Makalu sous un profil peu connu. Bon ! On n'y est pas encore...
 

Jannu et Kangchenjunga vus depuis la route entre Ilam et Taplejung


On enchaîne par la descente sur Phidim, le grand bourg commerçant du coin, descente au cours de laquelle on peut apprécier l'ordonnancement de la campagne népalaise avec ses terrasses et son habitat dispersé qui caractérise le piémont himalayen avec en toile de fond l'élégant massif du Kangchenjunga. Repas à choix unique, dal bhat, à Phidim (45mn, 1220m). On descend du plateau de Phidim pour s'en aller franchir une profonde vallée fluviale puis remonter en face en larges lacets. La végétation se fait moins luxuriante bien que l'altitude soit modérée. On traverse Salleri (50mn, 1450m) tout en poursuivant l'ascension. A Jor Pokhari bazar, on franchit un col (20mn, 2020m). Nous nous trouvons encore à 53kms de Taplejung ! Le Kangchenjunga réapparaît brièvement. On descend traverser la Kabeli khola à Kabeli (55mn, 665m) avant de repartir en montée sur la route d'accès à Taplejung. Ici la route est pas mal abîmée par les glissements de terrain dus à la forte pluviosité du coin et à la texture du terrain, pentu, friable et pulvérulent. On entre dans Taplejung (55mn, 1820m, tous commerces, banques, hôtels, restaurants, etc) que l'on traverse difficilement à cause de l'étroitesse de la rue principale très commerçante. On emprunte à main D une rue en forte déclivité qui de zigzag en zigzag nous emmène jusqu'au plateau sur lequel l'altiport de Suketar (non opérant en 2016) a été construit (35mn, 2440m). A ses pieds, quelques commerces et des lodges qui périclitent puisque aucun touriste n'y débarque plus, à l'arrivée et surtout au retour de trek... Triste rue vide de monde et sans vie !
 

Suketar, ville (presque...) fantôme


Le parcours en autobus se termine ici. Il y a bien une piste en terre qui continue mais elle ne peut être utilisée que par les 4x4 (le service de jeeps est opérationnel jusqu'à Sinbu et permet éventuellement de gagner une journée mais cela implique aussi de ne pas profiter des somptueux paysages qui seront dispensés au cours de ce périple, coincé que vous serez à l'arrière du véhicule et saturés de poussière... A vous de voir ou de ne pas voir..., hein ? Histoire d'avancer un peu et ne pas devoir passer une nuit glauque à Suketar, on peut suivre la piste et ses quelques sentiers coupe-lacets pour rejoindre le col de Deurali situé à l'embranchement de la piste qui conduit les pélerins hindouistes, aujourd'hui en jeep..., jusqu'aux lodges construits au pied du temple de Pathibhara posé au sommet d'une montagne à près de 3800m. Pour rejoindre Deurali et ses lodges, eux aussi sommaires à 2600m d'altitude, compter une heure de marche avec en ligne de mire l'emblématique Jannu baigné des derniers rayons du soleil.

 

Depuis Deurali, coucher de soleil sur le Jannu

Jour 3 : Deurali - Lali kharka - Sinbu - Kunjari

4h45 / +510m / -1310m.
Diaporama On suit la piste de D (celle de gauche conduit à Pathibhara, voir J3 et J4 du topo Du Lumbasumba au Makalu). Au détour d'un virage, apparition du Kangchenjunga. Un peu après on coupe les virages en retrouvant les traces du vieux sentier qui se fraie un passage au sein de la forêt de rhododendrons. On dépasse une chautara (25mn, 2480m) avant de retrouver la piste en contrebas. Après 300m sur la piste, re-sentier coupe-lacets et alternance avec des portions de piste. Belles vues sur l'enfilade des vallées brumeuses que les premiers rayons du soleil viennent caresser.
 

Les vallées du piémont du Kangchenjunga


A 2270m on retrouve la piste dans un virage et 50m plus loin, à la fourche de sentiers, il convient de poursuivre tout droit sur la piste plutôt que de laisser s'entraîner sur le large chemin de droite qui dessert un village. La piste monte doucement jusqu'à franchir une épaule de laquelle on descend sur Lali kharka (50mn, 2300m, bhattis, lodges). Après le village on poursuit sur la piste en direction du massif du Kangchenjunga qui pointe son nez par dessus les crêtes boisées.
 

Lali kharka et le massif du Kangchenjunga


On dépasse une bhatti située dans un virage et 200m plus loin on descend à main D dans un chemin (20mn, 2110m) pour aller traverser un hameau fleuri et retrouver juste après la piste. Dans le lacet suivant, il faut emprunter le vieux sentier qui part sur la G et qui dessert quelques maisons isolées jusqu'au-dessus du village de Hoktake où l'on rencontre notre première chautara "décorée", ici dans la région du Kangchenjunga, de plaques funéraires (25mn, 1960m). On poursuit en courbe de niveau sur le sentier-balcon avant de descendre franchement en direction d'un hameau (20mn, 1910m). Depuis le hameau, la descente est abrupte au milieu des terrasses plantées de millet.
 

Les chautaras du Kangchenjunga


On atteint la bhatti de Sinbu (30mn, 1700m). Au-delà, on continue la descente en suivant à D de la maison le raccourci bien pentu qui croise une piste désaffectée un peu plus bas. On poursuit tout droit à travers les terrasses. A chaque croisement de la piste c'est tout droit jusqu'à ne plus pouvoir (35mn, 1530m). Il faut partir sur la G sur 200m pour trouver un nouveau sentier coupe-lacets. Au-delà, les traces sont trop ravinées pour s'y engager sereinement... On suit tranquillement la piste jusqu'à s'en échapper sur la G et trouver au bout du chemin la passerelle métallique qui permet de franchir à pied sec la Phawa khola (10mn, 1430m).
 

Séance de pêche dans la Phawa khola


Sur l'autre rive, le sentier s'élève rudement sur le fil d'une crête en forêt jusqu'à une chautara (15mn, 1595m) puis évolue à découvert jusqu'à passer à proximité d'un temple hindou (25mn, 1715m, chautara). On croise une piste qui dessert une ferme et on poursuit toujours en forte montée sur le fil de la crête. On traverse le bazar de Kunjari (10mn, 1740m, commerces) et, en empruntant les escaliers qui desservent les échoppes, on atteint un hameau (10mn, 1785m, eau) où l'on pose le camp au pied d'une maison en tôle sur une terrasse idéalement gazonnée (c'était sûrement prévu pour...).
Pour disposer d'un lodge, il est nécessaire de se rendre jusqu'à Sinchewa soit 1h15 de plus de marche. La description suit en début de la journée suivante.
 

Khare bhanjyang

Jour 4 : Kunjari - Khare bhanjyang - Sinchewa - Yanthung - Phun Pung - Yangton

4h25 / +700m / -750m.
Diaporama On poursuit le "travail" de la veille en remontant vers le Khare bhanjyang. Le chemin longe les terrasses plantées de millet et croise ça et là des habitations. La pente reste toutefois aussi relevée que la veille... On dépasse plusieurs chautaras dont l'une d'entre elles surmontée d'un abri (35mn, 2000m). Encore un petit bout de grimpette et voici Khare danda (10mn, 2050m, eau, bhatti). A l'arrière, le regard plonge sur la vallée de la Phawa khola que l'on vient de traverser, dominée par la crête de Pathibhara. Un peu sur la gauche on distingue Lali kharka et juste derrière on devine le col de Deurali. On poursuit côté Kabeli khola en up / down pour rejoindre Sinchewa bhanjyang, un village gurung (30mn, 2130m, lodges, tous commerces, camping). Sur la G, on emprunte le chemin qui suit le fil de la crête à découvert permettant de disposer d'un superbe panorama sur le massif du Kangchenjunga. Le sentier-balcon, avec en point de mire la montagne convoitée, reste à hauteur avant d'initialiser une descente pour s'en aller traverser le village de Khesema (40mn, 1920m). Puis on descend en lacets serrés franchir un thalweg bien creusé. La traversée de la Nangden khola s'effectue sur un pont à l'ancienne construit en rondins de bois (20mn, 1745m). Un peu plus loin on passe au pied d'une cascade (5mn, 1700m) avant de partir en montée sur un sentier-balcon RG du thalweg. On traverse un torrent sur un pont devant une piscine quasi paradisiaque alimentée par une cascade. On dépasse une première chautara pour entamer une montée abrupte jusqu'à une deuxième chautara (35mn, 1780m) et découvrir le hameau de Yangthung (10mn, 1785m, bhatti).
 

De passage à la bhatti de Yangthung


Après avoir dépassé le village, le sentier est moins perturbé qu'avant et on atteint le village de Phun Pung posé sur la crête, un nid d'aigle au-dessus de la vallée de la Kabeli khola (20mn, 1840m). Là aussi, belle vue sur le Kangchenjunga et le Jannu. Le départ du sentier se trouve en face du chemin d'arrivée et longe la maison avec un balcon. On descend les escaliers et après avoir louvoyé en bordure de terrasses et traversé un hameau fleuri on retrouve un sentier un peu plus formel qui arrive du haut. On le suit pour descendre jusqu'à une chautara (10mn, 1780m). A G sur la terrasse puis on recommence à suivre un improbable chemin qui suit le rebord des terrasses et traverse la cour des habitations... On est, bien entendu, sur la "Great Himalaya Trail" ! A ce rythme-là on traverse à hauteur la combe au milieu de laquelle s'étale le village de Yangton. On passe auprès d'une belle cascade (25mn, 1700m). Après 200m, à la fourche de sentiers, à D en descente et un peu plus loin on retrouve un large sentier qui remonte vers le N. On établit le camp à la dernière maison sur le sentier qui relie Yangton à Mamankhe (25mn, 1735m, bhatti).
Pour disposer d'un lodge ou d'un terrain de camping "officiel", il convient de marcher 35mn de plus pour rejoindre Phomphe danda (voir description jour suivant).
 

Premiers rayons du soleil sur la bhatti de Yangton

Jour 5 : Yangton - Phomphe danda - Mamankhe - Thungim

5h25 / +900m / -900m.
Diaporama Histoire de s'échauffer un peu, on commence par un large sentier en courbe de niveau avant de se mesurer à une raide montée en escaliers à l'approche de Phomphe danda. On atteint un belvédère sur la Kabeli khola et la Khaksewa khola que descend directement du sommet du Neghung. Quelques centaines de mètres après on traverse le site de Phomphe danda (35mn, bhatti, lodge, camping).
 

Les lodges de Phomphe danda


On attaque la grosse descente vers la Khaksewa khola en passant devant une deuxième bhatti et en s'immergeant dans une végétation tropicale luxuriante mélangée avec des essences d'arbres communes des collines népalaises comme le rhododendron. A l'horizon le Jannu s'inscrit pile poil dans l'échancrure de la vallée bien creusée de la Kabeli khola. Après les quelques lacets qui suivent la deuxième bhatti, il convient, à la fourche de chemins, de partir sur la D (10mn, 1810m) en forte descente pour aller franchir la Khaksewa khola sur une passerelle métallique (30mn, 1560m). Au passage, on appréciera l'enfilade de la gorge en amont de la rivière. On remonte sur la RG en zigzags jusqu'à atteindre un abri où est indiqué explicitement de tourner à G (5mn, 1600m, pancarte). Après quelques marches d'escalier, on prend pied sur le plateau agraire de Pauwa pour louvoyer en bordure de terrasses et croiser quelques habitations plus colorées les unes que les autres.
 

Traversée de Pauwa


Après quelques nouvelles séries d'escaliers, on atteint l'école de Mamankhe (45mn, 1810m, bhatti). On poursuit sur un large chemin en courbe de niveau, on passe devant des lodges, avant de sortir des habitations et contourner une épaule pour rejoindre une deuxième partie cachée du village (20mn, 1855m). Au-delà, on va s'engager sur un itinéraire bien connu des locaux (en attestent les nombreux papiers de bonbons qui jonchent le sol et qui balisent l'itinéraire...) mais absent des cartes topographiques de la région. Et pourtant, est-il beau ! On évolue au milieu de paysages exceptionnels de campagne népalaise. Alors, plutôt que de suivre le tracé officiel qui consiste à descendre traverser la Kabeli khola pour aller franchir sur la RG le Ghattichine bhanjyang, il est bien préférable (et plus court..., d'ailleurs il est sûrement nécessaire de prévoir un camp intermédiaire si on passe par le sentier officiel en RG) d'emprunter le chemin étale qui part de la deuxième partie du village de Mamankhe, traverse un emplacement de camp avant de plonger vers la rivière qui arrive de la gauche. On la traverse sur un pont de bois (25mn, 1780m) avant de remonter en face jusqu'à un abri sommaire (20mn, 1900m). Par la suite, on chemine sur un splendide sentier-balcon à belle hauteur de la Kabeli khola. On traverse deux petits torrents sur des ponts en béton puis on remonte tout doucement jusqu'à laisser partir d'abord sur la gauche un escalier et un peu plus loin sur la droite un sentier étale.
 

Sur le sentier-balcon entre Mamankhe et Thungim


On passe une chautara (25mn, 1905m) pour rejoindre une habitation isolée (5mn, 1905m, eau). On descend ensuite franchir une cascade veinée de marbre puis on contourne une falaise bien pentue par sa base. On passe devant une bhatti (25mn, 1760m). Juste après, on monte sur la G avant d'initialiser une série de up / down avant de descendre en forêt alors que l'on se rapproche de la rivière. A la passerelle métallique (45mn, 1680m, point de convergence avec itinéraire officiel venant de Mamankhe par la RG de la Kabeki khola), on poursuit RD de la rivière pour passer à la base d'un effondrement et, après un parcours étale, traverser la Ghatte khola. Après, c'est une petite grimpette jusqu'à une chautara (20mn, 1745m). On continue tout droit sur un petit sentier qui ondule en forêt au-dessus de la rivière. On atteint l'école de Thungim et, juste après avoir traversé les "terrains de sport", on trouve à main G le terrain de camping (20mn, 1740m, bhatti, check-post de la police pour faire viser le permis de trek en restricted area, C).

Jour 6 : Thungim - Dhupi bhanjyang - Camp Omje khola

4h / +900m / -240m.
Pour le franchissement de la Deurali danda, il a été fait le choix d'emprunter le vieux sentier ne passant pas par Yamphudin (2080m, commerces, lodges), village depuis lequel il existe un sentier direct jusqu'au Lasiya bhanjyang, sentier que l'on rejoindra demain en première partie de journée. De facto, l'itinéraire choisi, plus sauvage car en immersion totale dans une forêt restée à l'état primaire, sous-entend, du fait du détour, un arrêt supplémentaire au camp forestier proche de l'Omje khola. Les trekkeurs ayant fait le choix de passer par Yamphudin devront obligatoirement faire étape dans ce village car la liaison Thungim - Yamphudin - Lasiya bhanjyang - Torontong a toutes les chances de dépasser l'amplitude horaire d'une journée népalaise... Et si vous êtes accompagnés de porteurs, un peu d'humanité, SVP !


Diaporama A la sortie NE du camp, on emprunte le chemin le long de la nouvelle école puis c'est tout droit pour traverser l'Omje khola et pénétrer dans une plantation de cardamome (on est en plein dans la région de production...) qui plus est très irriguée. De l'autre côté, on tombe sur le départ d'une sente à la pente bien prononcée heureusement atténuée par une série de zigzags serrés. On retrouve un peu plus haut un sentier plus large (20mn, 1805m). Au croisement qui suit on monte sur la D en direction de deux maisons en bambou. A D vers une troisième maison puis en lacets jusqu'à atteindre une chautara qui surplombe un ravin peu sympathique (15mn, 1875m). On poursuit sur la crête à hauteur du ravin en laissant la vallée de la Kabeli khola derrière soi. Le sentier est bien tracé en zigzags serrés jusqu'à atteindre une nouvelle chautara (15mn, 1985m). On laisse un sentier partir tout droit pour monter à main G et trouver une chautara se trouvant quasi à hauteur de Yamphudin (20mn, 2080m). En prenant de l'altitude, le paysage s'ouvre sur la verte vallée de la Kabeli khola. On poursuit la rude montée jusqu'à passer à proximité de maisons en bambou (30mn, 2225m) où il faut partir sur la D. La pente est moins affirmée qu'auparavant. On passe à côté des antennes GSM (10mn, 2280m) pour s'élever à travers les terrasses. A la prise d'eau, on se dirige légèrement sur la D jusqu'à une ruine (10mn, 2360m) de laquelle le sentier toujours bien viabilisé s'en va rejoindre la forêt puis traverse une zone de falaises. On contourne une épaule rocheuse pour entrer juste derrière dans un bosquet de rhododendrons à la fraîcheur revigorante (35mn, 2545m). Le sentier évolue à présent à découvert et devient quasiment étale.
 

Arrivée au Dhupi bhanjyang


On atteint le col de Dhupi bhanjyang (15mn, 2560m, le col du genévrier). De l'autre côté, vers le N, on descend dans le vallon gazonné pour de suite pénétrer en forêt primaire humide et désescalader des séries d'escaliers plus ou moins bien scellés jusqu'à la passerelle métallique permettant de franchir l'Omje khola à pied sec (35mn, 2355m). Une fois sur l'autre rive, une petite grimpette bien relevée conduit jusqu'à un faux-plat montant pour rejoindre une kharka sur laquelle se situe l'emplacement du camp de l'Omje khola (15mn, 2400m, eau de source sur le chemin d'arrivée, bhatti). Bien noter que c'est le dernier point d'eau avant le Lasiya bhanjyang !

Jour 7 : Camp Omje khola - Lasiya bhanjyang - Torontong

5h25 / +1230m / -630m.
Diaporama On part sur la G des terrasses en faisant face à la bhatti. On démarre brutalement sur un sentier à peine démaquisé avec de hautes marches à escalader. Un peu plus haut, la traversée d'un alpage permet de reprendre son souffle dans la fraîcheur humide matinale. A partir de 2650m le sentier pénètre en forêt de rhododendrons et de ce fait est beaucoup mieux viabilisé. L'humidité est moins prégnante. On retrouve le sentier direct qui vient de la gauche de Yamphudin (1h, 2715m). On le suit sur la D. A l'arrière, on peut contempler dans les brumes matinales le sillon verdoyant de la vallée de la Kabeli khola alors que l'on domine à présent le Dhupi bhanjyang franchi hier. On aborde un espace à découvert (30mn, 2920m) qui permet d'apprécier le paysage des "collines" népalaises alentours. On poursuit sur la crête en forêt sur un sentier bien pavé (Ah ! les marches...).
 

Entre le camp de l'Omje khola et le Lasiya bhanjyang


Certaines portions sont bien relevées mais alternent avec celles qui permettent de reprendre un peu de souffle. Mais ces dernières ne sont pas légion... On sort à découvert (50mn, 3180m) pour évoluer sur le fil d'une crête herbeuse où se dressent quelques rhododendrons fossiles au tronc décharné (les orages peuvent être violents par ici !). Le pente est modérée mais c'est encore une fois de courte durée ! Voici que réapparaissent les enfilades de marches... Comme pour annoncer la proximité du col, on dépasse un labtse orné de drapeaux de prières blancs (35mn, 3350m). Et comme par enchantement, un petit faux-plat montant permet d'atteindre le Lasiya bhanjyang (5mn, 3380m, eau, bhatti, camp possible) duquel le Jannu apparaît derrière la crête.
 

Au Lasiya bhanjyang


Les pentes N du col se sont effondrées il y a un bon quart de siècle (c'est impressionnant !) et les pluies successives ont accentué l'érosion. Il est évidemment impossible de s'y engager comme l'indiquent les merveilleuses cartes népalaises si précises... Les locaux ont donc construit un nouveau sentier qui contourne l'éboulement. Comme avant, on descend en forêt jusqu'au col géographique mais maintenant on remonte sur le fil de la crête vers l'E jusqu'à atteindre la partie haute de la zone effondrée. Ce qui est encore plus impressionnant, c'est que le sentier suit exactement la ligne de la future fracture... Enfin, avec un bon karma, on atteint la zone d'arbres qui maintient la terre en place (35mn, 3520m) et on commence à descendre, d'abord dans un couloir d'avalanches, puis, ce moment passé, en suivant un excellent chemin en zigzags tracé dans la forêt de rhododendrons.
 

Sur le chemin sécurisé... au départ du Lasiya bhanjyang


Plus bas, on traverse une clairière (35mn, 3200m) puis on rejoint une kharka (15mn, 3090m). Il s'ensuit une traversée de torrent et juste derrière on croise une source (10mn, 3000m). A partir de la source, il faut s'attendre à être confronté à une belle série de up / down à la népalaise, c'est-à-dire bien cassante, avant de retrouver une trace étale longeant la Sambuwa khola. On traverse la grosse rivière sur une passerelle métallique (50mn, 2960m) pour se retrouver RD de l'étroite vallée. On marche quelques centaines de mètres sur un tapis de mousse pour rejoindre le camp de Torontong (10mn, 3000m, lodges, bhattis, camping).

Jour 8 : Torontong - Tseram

4h / +1000m / -110m.
Diaporama Du camp, on remonte en RD de la Sambuwa khola, une vallée encaissée très austère (pour le moment tout du moins...). On passe à proximité d'une kharka (1h15, 3265m). Le chemin poursuit sa remontée de la gorge avec de nombreux up / down, des franchissements de torrents et des traversées de couloirs d'avalanches. On n'est jamais très loin de la rivière qui bouillonne entre les blocs de rochers de taille parfois gigantesque. L'humidité est partout présente mais quand donc le soleil va-t-il venir nous réchauffer de ses bienfaisants rayons ? Assurément, ce n'est pas pour tout de suite... Un peu plus loin, on sort momentanément de la forêt pour traverser une clairière au milieu de laquelle est construite une maison en bois (25mn, 3375m). A partir de 3400m, la vallée s'ouvre un peu, le soleil pointe le bout de son nez et, au détour d'un virage du sentier, on peut admirer la Sambuwa khola avec à l'horizon une montagne à la blancheur immaculée. On traverse un bel emplacement de camp (40mn, 3440m) puis on poursuit la montée en forêt jusqu'à atteindre Anda phedi (20mn, 3525m, bhatti, camping). Au-delà, le relief est beaucoup moins heurté que dans la première partie de la journée.
 

La haute vallée de la Sambuwa khola


On traverse pas mal d'espaces gazonnés où il pourrait faire bon s'y poser... Mais la haute montage nous appelle, ne la faisons pas attendre ! On franchit une épaule couverte de lungtas (30mn, 3650m) pour retrouver derrière de nouveaux espaces gazonnés en bordure de la Sambuwa khola. Le genévrier fait son apparition. Un petit coup de rein pour grimper sur le faîte d'une moraine détritique et on découvre sur le plateau le site de Tseram (50mn, 3890m, lodges, camping). En direction de l'E, belle vue sur le Yalung glacier avec au fond l'enfilade des pics glaciaires du massif des Kabru située sur la frontière indo-népalaise. On n'est pas loin d'être arrivé au bout du bout ! Demain sûrement...
 

Coucher de soleil et lever de lune à Tseram

Jour 9 : Tseram - A/R Ramchaur & Oktang (Kangchenjunga BC Sud)

7h30 / +1000m / -1000m.
Cette étape assez longue (c'est sa seule difficulté) peut s'effectuer en aller-retour sur la journée sans que l'on ait l'impression de devoir forcer la cadence de marche pour que l'excursion tienne dans l'amplitude horaire d'une journée népalaise... Toutefois, on peut envisager de se poser pour la nuit au lodge (hyper-simple...) de Ramchaur pour s'acclimater à l'altitude. Le lendemain, on pourra disposer de la journée entière pour visiter le site d'Oktang et descendre à Tseram dans l'après-midi.
 

Le mur de manis dans la montée depuis Tseram


Diaporama
On monte derrière les lodges de Tseram tranquillement en forêt jusqu'à s'engager à main G dans une série de zigzags en forêt pour trouver un peu plus haut un sentier-balcon qui conduit vers un thalweg détritique au fond duquel on traverse le torrent (25mn, 4000m). On remonte en face en zigzags serrés jusqu'à rencontrer un premier mur de manis (histoire de ne pas détraquer la météo, il serait de bon ton que vous passiez sur la gauche, non ?) puis un deuxième (15mn, 4060m). Peu après, on traverse une yersa alors qu'apparaît droit devant au fond de la vallée glaciaire que l'on va remonter ce matin l'élégant pic du Rathong qui vient border à leur droite les Kabru. On remonte de plateau morainique en plateau morainique jusqu'à atteindre une large yersa (1h05, 4300m) sur laquelle paissent des yacks (attention à bien contourner les mères et leurs petits...) alors que les bharals jouent dans les pentes supérieures.
 

Sur les moraines entre Tseram et Ramchaur (Kabru, Rathong & Kokthang)


On rejoint les ruines de Lapsang (25mn, 4380m) écrasées par les plus de 6000m des pics effilés du Boktoh. A l'horizon, au fond du cirque, voici qu'apparaît, à la droite du Rathong, la "crinière" du Kokthang. A l'extrémité E de la yersa, on aborde une cuvette qui a été colonisée par un lac qui, avec les montagnes du fond qui s'y reflètent, compose un bien bel ensemble pictural (15mn, 4400m). On avance jusqu'au site de Ramchaur (35mn, 4460m, bhatti, lodge simple, camping, eau). On poursuit vers le fond du cirque en remontant dans le vallon qui s'inscrit sur la G de la moraine du Yalung glacier. Après plusieurs virages à gauche tous aussi prometteurs les uns que les autres, voici qu'apparaît le sommet du Talung puis un par un chacun des sommets du Kangchenjunga (45mn, 4580m).
 

Le Kangchenjunga dans toute sa majesté à l'approche d'Oktang


En poursuivant vers le N, on franchit un collet (35mn, 4680m). Du plateau gazonné sur lequel on prend pied, on distingue sur la droite au bout de la moraine un labtse limbu autour duquel flottent les drapeaux de prières. On suit la trace qui permet de monter sur le fil de la moraine et, en continuant vers le N, on atteint le site d'Oktang duquel on dispose d'une exceptionnelle vue périphérique sur le cirque de montagnes et les glaciers qui en descendent (15mn, 4780m).
 

Le Kangchenjunga vu depuis Oktang, un lieu d'exception...


Certes le Kangchenjunga est loin, très loin, mais la proche vision du Talung, des Kabru et du Rathong offre un contentement à la hauteur de l'effort fourni pour atteindre ce lieu magique. Et puis, le Yalung glacier vu d'en haut est réellement impressionnant de grandiloquence. Au fond du cirque dans la continuité de l'arête W du Kangchenjunga, on distingue un pic glaciaire : le Khambachen, et, avec un peu de difficulté, l'arête NE du Jannu. Dernière précision : ce que les cartes appellent pompeusement le "Base Camp" ne l'est évidemment pas : le bien nommé se situe encore à une demi-journée de marche en RD du glacier à la base de pentes morainiques détritiques. Si l'on n'a rien d'important à y faire, il est préférable par sécurité de s'abstenir de s'y rendre à cause de la nécessité de traverser à leur base de deux glaciers suspendus instables... Retour sur Ramchaur en 45mn et sur Tseram en 2h de plus. Nuit à Tseram.
 

Au retour de Ramchaur, on ne se lasse pas (en se retournant...) de la vision des Kabru, du Rathong & du Kokthang

Jour 10 : Tseram - Mirgin La - Sinion La - Selele Camp (Mani Bhuk)

5h25 / +1050m / -730m.
Diaporama On part pleine pente à main G, vers le NW donc. Après quelques zigzags à découvert, on pénètre en forêt de genévriers. Lorsqu'on en sort, c'est pour grimper en zigzags très relevés et découvrir à l'arrière l'enfilade de la moraine du Yalung glacier, les Kabru et le Rathong. Un peu plus haut (1h05, 4200m), la pointe du Talung fait son apparition alors que le Kangchenjunga reste occulté par la paroi de la Phakte danda vers la crête de laquelle on est en train de remonter. Le regard plonge alors dans la vallée pour constater que le camp de Tseram que l'on vient de quitter est maintenant baigné par les premiers rayons du soleil. La montée se poursuit toujours dans une pente très relevée mais à présent sur un chemin chaotique. On atteint un replat (40mn, 4000m) sur lequel deux laquets se sont formés.
 

Kabru et Rathong depuis les laquets au-dessus de Tseram


Au-delà des laquets, on distingue parfaitement que le passage permettant de rejoindre l'arête se trouve sur la G. Un bon sentier, là encore en zigzags serrés, y conduit. On franchit une première épaule (45mn, 4630m, vue furtive sur la pointe S du Kangchenjunga) puis on poursuit en légère ascension vers une deuxième épaule en louvoyant entre les blocs de rochers. La vue s'étend sur le S du pays. On devine, bloquant les nuages, les collines d'Ilam que l'on a franchies pour arriver ici.
 

Kangchenjunga, Kabru et Rathong vus une dernière fois depuis le col sans nom


On dit adieu à la face SW du Kangchenjunga et aux Kabru. On efface la deuxième épaule (10mn, 4660m, C). On contourne l'arête par la D d'abord en s'engageant dans une descente suivie d'un parcours en courbe de niveau jusqu'au pied du Mirgin La où l'on retrouve le sentier qui arrive d'Anda Phedi. Noter que dans le creux du vallon un laquet peut être présent, même tard en saison, mais aucune certitude de disposer de l'eau en toute circonstance... Petite ascension pour franchir le Mirgin La (35mn, 4660m) duquel la vue sur la partie orientale de l'Himalaya népalais est grandiose.
 

Franchissement du Mirgin La


Excusez du peu : au N, pas mal de massifs glaciaires inconnus (c'est quand même une région assez confidentielle et dont on ne parle pas beaucoup...), en tournant les yeux vers la gauche on ne peut pas rater le proéminent Makalu, au-delà c'est l'immense massif du Chamlang et encore plus loin, presque ridicules, les deux pointes rocheuses de l'Everest et du Lhotse. On quitte le col pour descendre côté N en suivant un bon sentier d'abord en descente puis en incessants up / down afin de contourner par le haut une combe herbeuse. Le Sinion La se rapproche. En regardant vers le S, on distingue nettement le sillon de la Ghunsa khola qui file vers les plaines du Teraï dominé par le sommet sacré de Pathibhara (celui au pied duquel on est passé au premier jour de trek...).
 

Le monolithe entre Mirgin La et Sinion La


Enfin, nous voici dans les dernières pentes du col et on rejoint le Sinion La (1h05, 4650m) où au milieu de la flopée de guirlandes de lungtas on découvre le sommet du Jannu qui émerge des crêtes rocheuses comme dans un rêve. Quelle vision incroyable de ce sommet mythique ! On descend rejoindre la combe N du col. Après une descente en zigzags, on louvoie entre les blocs de rochers qui encombrent le fond de la combe. On franchit la rivière pour se retrouver RD sur un sentier encore pas mal chaotique qui désescalade quelques moraines herbeuses. Alors que l'on franchit une épaule rocheuse, voici qu'apparaît en contrebas le site de Mani Bhuk sur lequel est construit le camp du Selele et vers lequel il ne reste plus qu'à descendre (1h10, 4210m, lodge très simple, camping, eau).
 

Le Jannu impressionnant de beauté depuis le Sinion La

Jour 11 : Selele Camp - Ghunsa

3h / +200m / -980m.
Diaporama On descend RD du vallon de la Selele khola en up / down avec en point de mire l'élégant pic glaciaire du Tanga (ou Sarphu). On passe dans le fond d'une combe pour remonter franchir une épaule marquée d'un labtse couvert de lungtas (30mn, 4170m). Après avoir effacé une deuxième épaule, on croise une source (10mn, 4080m) puis on franchit deux ou trois épaules de plus et toujours en up / down ! On se retrouve face à la vallée de la Yangma Samba khola (c'est par ici que passe l'itinéraire qui permet de relier Ghunsa à Olangchung Gola sur l'itinéraire du col de Lumbasumba et au-delà jusqu'au pied du Makalu). Mais revenons à notre liaison de la journée : après toutes ces séries de up / down, on se met enfin franchement à descendre... En bas, sur la gauche, on distingue dans la vallée et posé sur sa banquette herbeuse le village de Phale que l'on traversera une fois que l'on aura accompli l'A/R au camp de base N. On descend donc jusqu'à passer au niveau d'un belvédère (50mn, 3950m) duquel on dispose d'une belle vue en enfilade de la vallée de la Ghunsa khola. Deux pics glaciaires apparaissent sur la droite. On descend sur un bon chemin empierré au cœur d'une forêt de rhododendrons aux troncs moussus avant de trouver vers 3700m des pins.
 

La traversée de la rivière à l'approche de Ghunsa


On sort à découvert (45mn, 3640m) et on incline la marche légèrement sur la G pour s'engager sur un sentier en zigzags qui descend en forêt de pins rejoindre une yersa (15mn, 3525m) à l'extrémité de laquelle on rejoint la Yamtari khola que l'on traverse sur un pont de bois. En face, on suit sur la G un chemin qui longe les tuyaux d'adduction d'eau du village de Ghunsa qui commence à apparaître entre les branches des arbres. Après quelques zigzags serrés qui permettent de rejoindre la micro-centrale hydro-électrique du village, on prend pied sur le large plateau gazonné sur lequel le village sherpa de Ghunsa a été édifié (25mn, 3435m, lodges, campings, boutiques, téléphone satellite).
 

Le village sherpa de Ghunsa

Jour 12 : Ghunsa - Khambachen

4h30 / +865m / -200m.
Diaporama Depuis le Kangchenjunga lodge, on se rend en haut du village pour ensuite remonter RG de la vallée. Après le dernier mur de manis, on traverse sur une passerelle de bois le thalweg creusé par la rivière et on poursuit sur un large chemin sablonneux. Puis on traverse une yersa (35mn, 3505m) avant de pénétrer dans une forêt de mélèzes. On franchit un nouveau thalweg bien creusé (25mn, 3565m) juste avant de descendre longer la rivière en foulant une banquette sableuse. On remonte en forêt sur un chemin pas mal chaotique. On dépasse une kharka sous le sommet du Ghabur peak (20mn, 3620m). On traverse le torrent émissaire sur une passerelle de rondins (15mn, 3685m). Une fois de l'autre côté, on trouve la suite du sentier légèrement en hauteur sur la D pour monter jusqu'à une chautara (10mn, 3745m). On se rapproche une nouvelle fois de la rivière pour aller traverser une zone d'éboulis très blanche et atteindre une maison en bois (35mn, 3790m).
 

La remontée de la vallée de la Ghunsa khola


Autrefois, sur le site de Rampuk kharka où l'on se trouve, il y avait une bhatti qui jouxtait une passerelle suspendue, mais celle-ci a été déposée après que le sentier RD ait été jugé trop dangereux à parcourir car traversant une zone d'éboulis sableux bien érodé. C'est pourquoi aujourd'hui le sentier se poursuit RG (ce que ne mentionnent pas les cartes népalaises qui indiquent toujours à cet endroit de passer RD de la Ghunsa khola...). On passe derrière la maison et, en laissant partir un sentier à main droite, on marche en bord de rivière sur le lit de galets. La portion qui suit est bien heurtée, tracée qu'elle est en bordure de moraine détritique en up / down de la plus belle obédience népalaise. Vers 3860m, on retrouve de bonnes conditions avec un large chemin qui serpente entre les troncs moussus. On dépasse une grotte ornée de drapeaux limbus (25mn, 3900m, source 50m plus loin). A présent, on remonte en zigzags la partie basse de la moraine frontale du Khumbakarna glacier pour franchir le torrent émissaire sur un pont de bois (15mn, 3960m). C'est alors qu'apparaît dans le vallon de D la face NW du Jannu (les anglais en 1930 avaient jugé insurmontable l'ascension de cette face rocheuse à quasi 90° et de près de 3200m de hauteur, ce n'est que 47 ans plus tard qu'une expédition népalo-japonaise a pu relever le défi et réussir cette première ! Entre temps, en 1962, Lionel Terray et Jean Franco étaient arrivés au sommet du Jannu en suivant l'arête S).
 

La face N dantesque du Khumbakarna (ou Jannu)


Décidément on n'avance pas vite dans cette montée de la moraine. Ce n'est pas tant que la pente soit relevée (un peu quand même...) mais le regard est constamment attiré sur la droite par les faces dantesques du Jannu qui dominent verticalement l'austère vallée encaissée du Khumbakarna glacier. On est comme tétanisé d'effroi... Et on va l'être davantage quand on va découvrir la traversée d'éboulis qui nous attend (40mn, 4100m) : 3 portions sableuses avec une pente latérale de 45°. Bon ! La trace est quand même pas mal large mais il ne faut pas se louper... Bien penser à passer les uns après les autres pour contrôler qu'il n'y a pas un ou deux parpaings qui se détachent. On bascule derrière l'arête ornée de lungtas sur une combe couverte de buissons de rhododendrons nains. On descend jusqu'à la rive de la Ghunsa khola et on traverse la rivière sur une passerelle en bois (20mn, 4070m).
 

L'arrivée à Khambachen


Il ne reste plus qu'à suivre le chemin RD qui remonte les monticules successifs pour passer sous la porte du village en découvrant le fond de la vallée de la Ghunsa khola (10mn, 4070m). On descend tout doucement sur le hameau de Khambachen (10mn, 4100m, lodges, campings, eau). Au NW du village s'ouvre la vallée glaciaire de la Nuchu khola qui descend du massif du Nupchu peak, du Tha Nagphu et des Tanga (ou Sarphu). Belle enfilade de sommets coiffés de glaciers suspendus.

Jour 13 : Khambachen - Lhonak

4h / +850m / -200m.
Diaporama On part vers le N du village pour franchir l'épaule morainique sous le gonpa. On évolue à flanc de moraine détritique en faux-plat montant jusqu'à une kharka (40mn, 4200m) située à l'aplomb du Mera peak (un autre que celui bien connu du Khumbu...) et ses parois N très relevées. La première partie de la montée est très tranquille. On poursuit sur la moraine RD de la vallée de la Ghunsa khola avec en point de mire le sommet encore lointain du Jhinsang peak qui marque la frontière entre Népal, Tibet (Chine...) et Sikkim (Inde). Puis on descend légèrement rejoindre la rivière pour contourner un premier éboulis sableux.
 

La remontée de la Ghunsa khola


Un peu plus loin, on doit choisir devant un deuxième éboulis sableux à la pente supérieure à 50° de passer (rapidement...) par en bas pour ne pas risquer de recevoir un parpaing qui se détache du haut lors des 200m de traversée ou alors contourner par le haut et jouer l'équilibriste sur une trace où il faut construire les marches à chaque passage. Rien de bien séduisant... Il va sans dire que les responsables du KCAP devront rapidement trouver une alternative en RG de la vallée sous peine d'être les responsables d'un accident d'ici peu !

 

La fameuse pente de sable...

 

Et ce n'est pas fini : après avoir traversé une zone peu commode de gros blocs effondrés au milieu duquel un sentier a été tracé tant bien que mal, nous voici au pied de l'impressionnante cascade du Chulima himal mi-eau mi-glace qui, dès que le soleil commence à chauffer, lâche par moments des tonnes de neige compacte du haut de sa centaine de mètres, neige qui vient s'amonceler au-dessus du torrent en pont de neige bien peu solide puisque constamment "rafraîchi". 50m de "pur bonheur" pour traverser, plutôt dans la partie basse, il va sans dire très rapidement avec un œil sur ce qui se passe en haut...
 

... et l'encore plus fameuse cascade !


Au-delà, sain et sauf..., on emprunte un chemin qui remonte sous un bloc rocheux en surplomb (reprise de souffle autorisée en toute sécurité...) pour découvrir sur la D au fond de la vallée creusée par le Ramdang glacier les 6700m du dôme du Ramdang peak (1h15, 4370m). On poursuit à flanc jusqu'à l'exutoire d'un torrent (5mn, 4390m) où l'on quitte momentanément la vallée de la Ghunsa khola et le Kangchenjunga glacier. On s'engage sur un sentier tracé dans les banquettes herbeuses ce qui facilite l'avancée. On traverse la kharka de Ramtang (45mn, 4560m) d'où l'on aperçoit dans l'échancrure du Ramdang glacier le pic du Khambachen et ses 7902m couvert de glaciers. Après avoir dépassé les ruines de la bergerie, un poteau planté entre deux rochers indique le positionnement du pont en bois permettant de traverser la rivière. On remonte la vallée qui s'ouvre au NW en faible pente.
 

A l'approche de Lhonak, Pathibhara (Pyramid peak)


Sur la droite on peut maintenant voir l'arête glaciaire qui relie le Khambachen au Mera peak alors que l'on devine à l'arrière celle beaucoup plus élevée qui le relie au Jannu, encore caché. A l'approche de Lhonak, on vient buter sur un thalweg détritique (15mn, 4725m), thalweg que l'on remonte en RD, dos au glacier du Kangchenjunga qui, vu d'ici, prend des proportions gigantesques. Au fond de la vallée profonde d'où le glacier est issu, on découvre plusieurs sommets couverts de glace : le Drohmo peak, le Pathibhara (Pyramid peak), le Kirant chuli (Tent peak) et le Nepal peak. On traverse sur un pont de bois le torrent qui sort du Lhonak glacier (20mn, 4730m) pour prendre pied sur une moraine grisâtre en RG. En longeant une étendue plane de cailloux (un ancien lac ?), on atteint le camp de Lhonak (10mn, 4750m, eau, lodges simples, camping). Le camp est dominé par le Wedge peak alors qu'au fond du cirque dans lequel on va se rendre demain on distingue encore nettement le Nepal peak avec derrière lui le Kirant chuli qui marque la frontière avec le Sikkim.
 

A Lhonak, la voie royale du Kangchenjunga glacier qui conduit aux Kirant et Nepal peaks

Jour 14 : Lhonak - A/R Pang Pema

5h35 / +650m / -650m.
Faire l'A/R au "camp de base" N du Kangchenjunga correspond vraiment au strict minimum de ce qu'il convient de faire pour apprécier en pleine sérénité les paysages proposés à Pang Pema et aux alentours. En effet, si l'on a décidé d'effectuer le trek sous tente accompagné d'un staff cuisine (ou en autonomie), il est vraiment conseillé de prendre une journée de plus et venir établir le camp à 5200m pour profiter de temps libre l'après-midi du premier jour en partant à la découverte de la confluence du Kangchenjunga glacier et du Jhinsang glacier (compter 2h30 A/R) où il est possible de contempler les cirques glaciaires qui s'ouvrent dans les quatre directions ainsi que les Pathibhara (Pyramid peak) et Langpo peak. Le deuxième jour sera entièrement consacré à l'ascension, totale ou partielle, d'un pic débonnaire mesurant 5936m (il domine à l'E le lac morainique situé dans la combe S du Drohmo). A son sommet, la vision du Kangchenjunga et de ses glaciers monumentaux est "délivrée" des crêtes qui l'occultent en partie lorsque l'on se trouve au camp de base (le Gimmigela et le Khambachen). L'après-midi sera consacré à la redescente sur Lhonak (compter en tout une journée de 7 à 9h de marche et +700m / -1350m tout de même...). Et si on a un peu de temps, rien n'empêche de profiter une nuit de plus de ce site enchanteur, la découverte de la montagne ne devant pas être synonyme de marche forcée...
 

Depuis le sommet du Pang Pema (photo Dominique Brun)


Diaporama
De Lhonak, on remonte en faible pente sur des alpages à l'herbe rase jusqu'à franchir un thalweg détritique (1h15, 4940m). Au-delà, on reprend une marche tranquille avec en point de mire le Nepal peak. C'est bien agréable d'évoluer du bon côté de la vallée, au soleil... Un poteau orné de lungtas indique de descendre en direction du glacier (15mn, 4975m). On se retrouve sur une banquette inférieure de la moraine de laquelle il faut remonter pour franchir une épaule couverte de blocs effondrés (20mn, 4970m). On poursuit en courbe de niveau en rebord de moraine détritique toujours en louvoyant entre les rochers. On remonte jusqu'à 4980m pour traverser plusieurs zones d'éboulis sur un sentier correctement tracé et assez large. On retrouve, avec bonheur, les alpages (15mn, 5000m) d'où l'on dispose d'une vue arrière vraiment splendide sur l'enfilade des Sarphu, du Tha Naghu et du Nupchu peak.
 

Dans la montée vers Pang Pema depuis Lhonak


Puis on est amené à franchir plusieurs petites épaules successives qui laissent au demeurant le souffle un peu court. On aborde une portion moins heurtée (35mn, 5085m) alors qu'apparaissent les pentes N du Gimmigela, le sommet qui borde le Kangchenjunga au N. Encore un effort pour contourner par le haut un éboulement puis on franchit une dernière épaule (30mn, 5145m) pour découvrir en contrebas la yersa de Pang Pema. On descend rejoindre les quelques maisons en pierre construites sur le site (5mn, 5130m, camping possible, pas de lodge). De cet emplacement, belle vue sur le cirque de montagnes (mais partielle...) : de la gauche vers la droite, Kirant chuli, Nepal peak, Taple shikar, Gimmigela, pic N du Kangchenjunga (le plus haut du massif à 8586m), Khambachen et Wedge peak (voir introduction de la journée pour disposer de vues beaucoup plus élargies sur les montagnes alentours). Retour en 2h20 par le même itinéraire sur Lhonak.
 

Panorama depuis les bergeries de Pang Pema avec le troupeau de bharals


Le topo présente un retour à Taplejung en 4 jours : 3 jours très « toniques » suivis d'une liaison par jeep entre Thiwa et Taplejung (1 jour). C'est vraiment le plus rapide que l'on puisse faire ! Il est également possible de se passer de la jeep du dernier jour et faire la dernière étape en une ou plutôt deux journées de marche supplémentaires. Si vous disposez de ces 5 jours, je vous propose la découpe suivante pour ne pas « terminer  sur les genoux » (ou plutôt sans les genoux tant ils seront douloureux..., à savoir 5000m de descente depuis Lhonak, avec des milliers de marches bien hautes à négocier !) :
1) Lhonak - Khambachen - Ghunsa (5h35 / +650m / -650m)
2) Ghunsa - Phale - Gyabla - Thyangyami (5h30 / + 450m / -1450m)
3) Thyangyami - Amjilosa - Sukethum - Phembu (5h30 / +550m / -1550m)
4) Phembu - Tapletok - Chiruwa - Mitlung (4h30 / +300m / -930m)
5) Mitlung - Taplejung (6h / +1300m / -100m)
 

Quelle déception de devoir quitter un endroit si merveilleux...

Jour 15 : Lhonak - Khambachen - Ghunsa

3h20 + 3h50 / +400m / -1715m.
Diaporama Retour par le même chemin qu'à l'aller. Ne surtout pas tarder à quitter Lhonak le matin pour franchir avec une certaine sérénité à la fois la cascade de glace et la pente d'éboulis sableux dont les conditions deviennent variables dès que le soleil commence à taper dessus... On rejoint ainsi Ghunsa en une longue journée via Khambachen où l'on peut faire halte le midi pour le lunch. Au départ de Khambachen, ne pas rater la vision fugitive de la face N dantesque du Jannu (eh oui, on est dans le bon sens de marche...) par dessus la crête du Wedge peak.
 

Dans les yeux de Christophe, Eric et les montagnes...

Jour 16 : Ghunsa - Gyabla - Amjilosa

7h10 / +935m / -1925m.
Diaporama On remonte vers le milieu du village à 3460m pour trouver à G juste après le magasin la ruelle qui conduit au pont sur la Ghunsa khola. On traverse pour se retrouver RD de la vallée et on monte de suite à main D pour passer devant les gonpas (un très vieux et l'autre plus récent) et continuer par le petit chemin à flanc vers le SW. Après une série de up / down et un franchissement de torrent sur des pierres gelées on descend plutôt abruptement pour rejoindre le sentier principal en aval (30mn, 3400m).
 

La vieille gompa de Ghunsa


On descend tranquillement en forêt de pins à hauteur de la rivière avant de se mesurer à une petite grimpette, histoire de chauffer les muscles... On poursuit en courbe de niveau jusqu'à la passerelle qui permet de franchir à pied sec la Yamba Samba khola (c'est en remontant ce vallon et franchissant le Nango La que l'on rejoint depuis Ghunsa l'itinéraire du Lumbasumba La). On s'engage ensuite dans une descente continuelle jusqu'à atteindre l'entrée du village de réfugiés tibétains de Phale (40mn, 3260m, lodge, camping, boutique) où les maisons sont toutes construites en bois.
 

Traversée du village de Phale


Ensuite, en descente, on passe au milieu des champs. A partir du lhato, fini le bonheur de déambuler tranquillement sous les rayons du soleil matinal : des alpages riants on va retourner dans la gorge austère juste après être passé sous la "porte" du village (30mn, 3145m). On traverse une zone de gros éboulis avant de retrouver la forêt de pins et descendre jusqu'au bord de la Ghunsa khola (25mn, 2960m). Ensuite, tout au long du parcours en up / down on croise pas mal de sources jusqu'à atteindre une chautara (25mn, 2840m). Pour changer, on attaque une belle portion de "plat" népalais de la plus belle facture avec quelques remontées de marches qui laissent le souffle bien court... Et toujours ce village qui ne se montre pas ! On explore pas mal de fonds de combes et on franchit même sur un pont métallique un thalweg creusé (55mn, 2750m). Une dernière (?) grimpette encore plus relevée et plus longue que les précédentes conduit sur un plateau agraire (10mn, 2800m) d'où l'on descend par un chemin méticuleusement dallé jusqu'au lodge de Gyabla (5mn, 2765m).
 

La vallée de la Ghunsa khola depuis le lodge de Gyabla


Après le lunch (c'est le seul emplacement possible de la journée...), on descend dans le petit thalweg qui s'ouvre au pied du lodge pour passer à proximité de 3 ou 4 habitations avant de s'engager dans une culbute de folie au cœur d'un thalweg humide jusqu'à presque rejoindre la rivière. A la fourche de chemins, on prend à D pour traverser sur une passerelle métallique la Riya Samba khola (30mn, 2625m). On poursuit en forêt tropicale jusqu'à une deuxième passerelle (15mn, 2555m). Puis c'est une bonne descente qui permet de rejoindre la troisième passerelle (40mn, 2500m). On retrouve brièvement la rivière (10mn, 2480m) mais c'est pour mieux repartir en grimpette jusqu'à une bhatti (5mn, 2465m, source, camping possible). Un peu plus loin on évite par le haut le hameau de Thyangyami et son beau lodge (en construction à l'automne 2016). Ensuite on remonte de 150m pour effacer un éperon rocheux et trouver un sentier balcon étale à découvert 3 à 400m au-dessus de la Ghunsa khola qui gronde au fond de la gorge boisée en contrebas. Puis on redescend un peu avant de repartir de plus belle jusqu'à 2680m. Là aussi, on prend pied sur un sentier-balcon assez étroit qui domine de belle façon le confluent de plusieurs rivières.
 

Au-dessus de la vallée de la Ghunsa khola à l'approche d'Amjilosa


Alentour, les collines sont très boisées et commencent à se parer de couleurs d'automne. Tiens une descente, elle annonce forcément en langage népalais une future remontée... Eh bien la voici, juste une centaine de mètres certes, montée qui se termine à nouveau sur un sentier-balcon plongeant sur la Ghunsa khola. On contourne une combe à 2550m avant de descendre franchir un thalweg et remonter en face jusqu'à atteindre la première maison du village d'Amjilosa (1h40, 2480m). On poursuit jusqu'à la seconde partie du village pour trouver le lodge et le terrain de camping (10mn, 2490m).

Jour 17 : Amjilosa - Sukethum - Phembu - Tapletok - Chiruwa

7h40 / +460m / -1660m.
Diaporama On descend derrière le lodge pour continuer sur un chemin à flanc pour un tout de début de journée facile. Mais cela ne peut pas durer... On négocie quelques zigzags en descente bien affirmée dans du sable avant de retrouver un bon sentier à l'étage du dessous. On traverse un thalweg sur un pont métallique (25mn, 2300m) avant de franchir une falaise sur un sangle en courbe de niveau (cartes fausses...). Puis c'est une désescalade d'un gros couloir d'avalanche jusqu'à la maison de bambou (25mn, 2060m) construite au-dessus de la Ghunsa khola. Ça a dû pas mal trembler dans l'habitation lorsque l'éboulement s'est produit ! On descend de quelques mètres pour aller traverser la rivière sur une passerelle métallique (5mn, 2020m) et trouver en face sur la RG un bon sentier pavé que l'on suit jusqu'à une plage de sable (15mn, 1940m) où la rivière semble s'être apaisée. Mais c'est pour repartir de plus belle en rapides... On poursuit le long de la rivière sur une portion bien chahutée entre les blocs de rochers éboulés. On traverse un thalweg d'une étonnante blancheur (un peu l'apocalypse...) avant de pénétrer dans un hameau (20mn, 1905m) et s'entendre dire de la part des habitants que le chemin de la rivière a été emporté en aval à l'été 2016... et qu'il va falloir se "payer" une déviation par le haut. Si fait ! On grimpe à main G à flanc de coteau en empruntant un sentier étroit un peu noyé dans la végétation tropicale. A 2060m, on poursuit par quelques zigzags de descente pour repartir de suite en grimpette à l'aide de marches et atteindre 2000m. Là, l'amusement est terminé : on descend franchement en zigzags dans la forêt puis de plus en plus abruptement au travers des plantations de cardamome accrochées sur les pentes pourtant relevées.
 

Le village de Janbari au fond des gorges de la Ghunsa khola


Enfin, on retrouve le sentier originel au cœur du village de Janbari (45mn, 1840m, bhatti). On poursuit plus calmement vers l'aval mais... le pont métallique suspendu a lui aussi été emporté à une autre occasion dans l'effondrement du thalweg de la cascade de Ghaiyabari (quelques 250m de hauteur) et les villageois ont reconstruit avec les moyens du bord et le plus rapidement possible une passerelle "à l'ancienne" afin de ne pas interrompre le "trafic" commercial sur l'unique itinéraire vers la haute vallée (10mn, 1800m). Alors, on y va... Il n'y a pas trop à réfléchir : des milliers de personnes sont passées avant nous sur ces branchages plus ou moins bien cloués sur les poutrelles (qui paraissent bien ténues...). En dessous, les eaux de la Ghunsa khola bouillonnent et grondent. Bistarai, bistarai, comme ils disent ici...
 

Après Janbari, la surprise de la journée...


Enfin voici la terre ferme, ou presque, puisqu'on se retrouve en équilibre sur un énorme bloc rocheux auquel les élingues sont accrochées. Mais "la cerise sur le gâteau", ce qui restait caché lorsqu'on se trouvait en RG, c'est le deuxième pont, plus simple, plus branlant, qu'il faut franchir sans pouvoir se servir d'une rampe solide. Les eaux en dessous sont moins bouillonnantes mais quand même ça doit mouiller ! Éviter de tomber et rejoindre la VRAIE terre ferme... On est arrivé en RD, ouf ! On part sur la G en up / down pour passer devant une maison isolée (1h, 1670m). On franchit quelques couloirs d'avalanches puis la gorge commence à s'ouvrir et un paysage de campagne népalaise se présente avec ses terrasses bien dessinées et qui modèlent les collines. On repasse RG (15mn, 1610m) pour cheminer tranquillement sur une banquette cultivée puis on retourne RD au niveau du lodge de Sukethum (20mn, 1575m, bhattis, boutique, eau). Le climat a vraiment changé des frimas nocturnes à la fraîcheur diurne dès que le soleil joue à cache-cache avec les montagnes, nous voici maintenant immergés dans des forêts de bambous, on retrouve les grappes de gombos, les lianes de chouchous, les fleurs tropicales épiphytes... Le contraste est vraiment saisissant car extrêmement brutal. Il a suffi d'un coude de la vallée, d'un élargissement de la gorge, un rien de soleil en plus... et hop ! on change de pays... On suit le chemin qui part derrière le lodge et à la fourche de chemins on suit celui de G qui longe la rivière (un raccourci...).
 

Dans le raccourci de Sukethum


Ce raccourci emprunte un sentier pas vraiment viabilisé mais utilisé par tous les gens du coin, jeunes et moins jeunes. On rejoint la passerelle de Sukethum sur la Tamur khola. On passe RD de cette rivière qui arrive des montagnes qui entourent le Lumbasumba La, à deux pas du Tibet. La jonction de ces des rivières charriant les eaux de fonte des glaciers qui couronnent les deux massifs du Lumbasumba himal et du Kangchenjunga, Tamur khola et Ghunsa khola, va à coup sûr donner naissance à un gros fleuve (c'est ce que l'on va pouvoir constater...). Une fois en RD (10mn, 1575m), on laisse poursuivre le chemin pavé qui remonte sur Lelep (itinéraire "officiel") pour s'engager à G au travers du terrain de volley sur le sentier (là encore un raccourci...) qui suit la rivière. Une pensée pour le Jannu qui se présente une dernière fois à nos yeux alors que son sommet à la forme bien caractéristique s'inscrit pile poil dans l'échancrure de la vallée de la Ghunsa khola derrière nous (on le retrouvera beaucoup plus tard, dans deux jours du côté de Suketar puis du côté d'Ilam, lorsque nous serons sur la route du retour...). On évolue sur un chemin bucolique en forêt à mi-hauteur de la Tamur khola. Ça change avec le sentier de ce matin, non ? On quitte les plantations de cardamome pour monter un peu à main D et on poursuit un peu plus haut sur un chemin étale. Encore à D sur des marches pour sortir à découvert et trouver à G un nouveau chemin (30mn, 1595m, nombreuses flèches au sol) pour atteindre l'embranchement du sentier principal qui arrive de Lelep (10mn, 1630m). On prend pied sur cet excellent sentier d'altitude en le suivant vers le S. On dépasse une bhatti (10mn, 1600m). Le sentier-balcon dispense de beaux panoramas sur les collines boisées alentours et, nouveauté pour cette dernière journée, de randonnée : le sentier est parfaitement régulier avec des dalles jointives au millimètre. Un travail d'orfèvre ! On traverse Phembu (20mn, 1550m, bhatti). Un peu plus bas, on retrouve en bordure de chemin les chautaras ornées de pierres tombales avant de découvrir en contrebas nos premiers champs irrigués avec du riz (les khet).
 

Les champs irrigués (ou khet)


Une petite descente toute en douceur et nous voici à les traverser pour rejoindre le bord de la Tamur khola (cartes fausses...). On retrouve ça et là quelques rizières mais le sentier, rigoureusement plat et plutôt bien agencé avec ses dizaines de milliers de dalles ajustées, traverse à présent des dizaines de plantations de cardamome (de la vraie qui sent bon, la noire ou alai ci,  et pas la blanche, sukumel) qui profitent de l'eau de chaque cascade qui descend de la montagne.
 

Les champs de cardamome en bord de la Tamur khola


On atteint Tapletok (50mn, 1385m, commerces, lodges, bhattis) où l'on traverse la Tamur khola sur une passerelle métallique. Sur la RG (5mn, 1385m, lodges, check-post de la police), on poursuit sur la D le long de la rivière sur un sentier bien moins viabilisé qu'auparavant. On traverse deux thalwegs sur des passerelles de bois avant d'atteindre une fourche de sentiers alors que le sentier commence à remonter (30mn, 1350m, source). Ici, il convient de suivre la trace de D très chaotique en up / down jusqu'à la passerelle métallique (construite à l'automne 2016, 25mn, 1315m). On n'emprunte pas la passerelle mais on poursuit tout droit en descente pour atteindre le terrain de football de Chiruwa (qui est également le terrain de camping, 5mn, 1290m, bhatti).
 

Le long de la Tamur khola juste avant d'arriver à Tapletok

Jour 18 : Chiruwa - Thiwa - Taplejung

1h / +160m / -80m et 4h30 de jeep.
Les 5000m de dénivelée négative de ces trois derniers jours et le plus souvent sur des marches ont sûrement mis à mal vos genoux... On peut décider de finir à pieds et rejoindre Taplejung par le sentier via Mitlung (compter 7 à 8h depuis Chiruwa et une remontée finale depuis la rivière de près de 1200m...). Les nécessités du commerce de proximité voulu par les chinois fait que l'avancée de la piste pour relier Taplejung à la frontière est une réalité. De Suketar, elle descend vers le Gadi bhanjyang puis évolue en up / down perpétuel jusqu'à Lingkhim. Au-delà, elle propose un tracé hyper chaotique pour descendre vers Thiwa où elle s'interrompt du fait des nombreux éboulements qui se sont produits le long de la Tamur khola. C'est sur cette "piste" que les opportunistes habitants du coin ont lancé un service de jeeps dont on peut profiter pour rejoindre Taplejung "sans effort" : 36kms de piste et 4h30 de cahots, cela aura au moins le mérite de reposer les genoux à défaut de ménager le séant... De Thiwa à Lingkhim, c'est très pentu et scabreux, au-delà, jusqu'à Suketar, c'est beaucoup plus "roulant", et pour finir on est sur le goudron... La réservation d'un véhicule complet (Rs12000) ou d'une place dans une jeep communautaire (Rs550) s'effectue l'avant-veille au numéro du pick-up counter +977 9742657067 de Thiwa. Le premier véhicule arrive entre 10 et 11h du matin.
 

Thiwa


Diaporama
Du camping on poursuit sur le chemin d'hier vers le S. La vallée fait une courbe et on entre dans le bourg commerçant de Chiruwa (10mn, 1270m, lodges, commerces, T, C, E). Après le village, à la fourche de sentiers, on descend sur la D pour rejoindre la piste désaffectée au niveau des rizières et en suivre le cheminement perturbé par les éboulements de terrain jusqu'à la quitter au moment où elle se met à descendre fortement (30mn, 1300m) pour s'engager à main G sur un petit sentier qui remonte les terrasses. On retrouve plus haut un sentier qui s'en va traverser un thalweg sur une passerelle métallique (10mn, 1325m) avant de revenir en RG au pied du village de Thiwa. Après le virage, on laisse filer tout droit le sentier de Mitlung (au cas où vous souhaiteriez rejoindre Taplejung à pieds par le bas) pour monter à main G encore une fois à travers les terrasses et les cours des maisons pour rejoindre directement le haut du village où se trouve la station des jeeps (10mn, 1350m, bhattis). Après les 4h30 de cahots en tout genre, nuit dans un hôtel simple de Taplejung (pas sûr qu'il y en ait de classe supérieure...).

Jour 19 : Taplejung - Birtamod

9 à 11h de bus (ou jeep).
La veille du départ vous avez réservé au niveau du pick-up counter de Taplejung qui se trouve au milieu du bourg une place (ou un bus entier si vous êtes en groupe avec le staff népalais, compter Rs35000) dans l'un des transports qui descend vers la plaine du Teraï (Rs1500). L'idée est de rejoindre Birtamod qui est le nœud routier de la région. Le staff pourra rentrer sur Kathmandou par le bus de nuit (départ de Birtamod à 16h30, arrivée à 6h00 le lendemain). Vous pouvez éventuellement les accompagner sur les routes un "peu" dangereuses du Népal, surtout de nuit (compter Rs1300 par personne) ou alors avoir choisi de rentrer par les airs le lendemain matin depuis l’aérodrome de Bhadrapur (Birtamod se trouve à 30mn en taxi). Vous passerez une "merveilleuse" soirée dans cette ville qui n'a d'autre attrait qu'être un important nœud de communications terrestres. Ville de passage (à fuir ?), elle n'est même pas capable de pouvoir offrir au voyageur des conditions d'hébergement décentes et que dire de la restauration ? Rien, et juste en guise d'excuse que l'Inde est si proche...
 

Descente vers le Teraï

Jour 20 : Birtamod - Aérodrome de Bhadrapur - Katmandou

30mn de taxi et 45mn d'avion.
De Birtamod on rejoint l’aérodrome de Bhadrapur en taxi pour attraper l'un des deux vols Yeti airlines (à Rs20000 quand même, il n'y a pas de concurrence...) de la matinée (après c'est fini, il n'y en a plus de la journée !) et revenir rapidement, sans encombres et sans cahots jusqu'à la polluée Katmandou et à ce moment regretter les paysages verdoyants et l'air pur de cette région reculée du Népal : le far-east où trône en maître incontesté le massif du Kangchenjunga.
 

On dit au revoir au Kangchenjunga et à la prochaine...!

Relevés de terrain novembre 2016.

17 jours de marche / 80h / +12000m / -12900m

Haut de page