[GTL] - Circuit n°2 - De Sumda Do à Zangla (Padum)
Ce topo correspond à la deuxième partie du « Grand Tour du Ladakh » proposé en 43 jours. Accessible depuis Leh en 1h de voiture ou 2h d’autocar (mercredi et dimanche), son but est de vous guider en une vingtaine de jours jusqu’au cœur du massif à l’orée de la vallée enclavée de Padum. Le retour en deux jours sur Leh ne peut s’effectuer qu’en taxi, malheureusement à un tarif assez dissuasif (de l’ordre de 250 à 350€) ; on ne saurait que conseiller de poursuivre jusqu’à Yagang, une douzaine de jours supplémentaires…, ou alors remonter en une dizaine de jours jusqu’à Lamayuru en suivant à contre-courant le topo de la Grande Traversée du Zangskar, composant ainsi une superbe mini boucle de la partie ouest du massif. Et depuis 2020, il se pourrait bien que des services de taxis soient disponibles depuis Lingshed avec le déploiement de la piste en lieu et place du sentier mythique (voir les billets de blog de 2013 et 2018). Pour mémoire, la première partie présentait le jour par jour de cette circumambulation initialisée à Yagang, un village situé à proximité de la route de Leh à Manali au S du col du Tanglang La, rejoignant le sillon creusé par la Zangskar chu du côté de Chilling. Une troisième partie clôturera le périple par une transversale de Zangla à Yagang (ou Sangtha), point de départ de la portion initiale.
LE TREK JOUR PAR JOUR
Jour 1 : Sumda Do - Sumda Chungun - Camp dans la Sumda Chu
4h05 / +800m / -465m.
Depuis Leh on atteint le village en taxi ou par l’autocar (mercredi et dimanche). Sinon, pour les personnes ayant accompli la première partie du « Grand Tour du Ladakh » et venant de Guru Do à 5kms au S de Chilling, ils rejoignent Sumda Do en autocar (mercredi et dimanche) ou 16kms à pied en suivant la route le long de la Zangskar chu. Diaporama
Diaporama Du petit village (4 familles) construit au-dessus d’un confluent de rivières à 3250m dans la vallée minérale de la Zangskar chu, on descend jusqu’au pont puis on emprunte la piste (route goudronnée en 2014) qui part sur la D et suit la Sumda chu en RD (le sentier originel dont on voit quelques traces en RG a connu les affres des coulées de boue de l’été 2010 et n’est plus utilisable). Un peu plus loin on pénètre dans un défilé rocheux de couleur jaune pâle au milieu duquel coule une eau cristalline. On monte doucement jusqu’à dépasser le village d’Ezang (50mn, 3380m) construit en RG et duquel part le sentier en larges lacets qui conduit jusqu’au lhakhang d’Achirik, là-haut, tout là-haut dans la montagne… Après le pont en béton, on passe en RG et on remonte jusqu’à un embranchement de chemins marqué de chörtens et de lungtas (35mn, 3530m) : à gauche, en franchissant le pont de bois, on suit la Sumda chu (ça c’est pour tout à l’heure…), à droite, c’est la montée pour rendre une petite visite en A/R au gonpa de Sumda Chungun. On s’engage sur la D dans un thalweg assez étroit en direction de l’W. On progresse par de petites montées bien sévères entrecoupées de faux-plats pas si innocents que ça…
On découvre le gonpa perché à flanc de piton rocheux au détour d’un virage, et, par un dernier coup de rein sur un sentier qui se redresse méchamment, on atteint le bâtiment qui domine les champs cultivés d’orge (1h25, 3960m). La visite du site est intéressante car le gonpa de Sumda Chungun (Diaporama) a été construit au XIème siècle par le fondateur d’Alchi (Diaporama 1, Diaporama 2 et Diaporama 3) et de Mang Gyu (Diaporama), et sur le même modèle. Certes un peu moins étoffée que les deux joyaux qui trônent sur la RG de la vallée de l’Indus, elle présente aussi de belles stalles ornées en relief et, de part et d’autre de la salle principale, deux mini-salles avec des bouddhas géants dressés. Et puis, au dehors, le cadre paysager n’est pas si moche que cela…
On redescend par le chemin d’arrivée jusqu’à l’embranchement aux drapeaux (45mn, 3530m) et on traverse le pont de bois pour passer au pied d’un monolithe fait de bric et de broc. Diaporama Le sentier est taillé à même la falaise détritique, 30m au-dessus de l’eau. Après avoir contourné quelques fonds de combes, le sentier devient étale et rejoint le lit de la rivière (20mn, 3570m). Les coulées de boue de l’été 2010 ont là aussi détruit tout ou partie du sentier originel qui courait à flanc en RG. Maintenant il faut traverser à gué la rivière et longer parfois acrobatiquement la base des moraines sableuses de la RD. Un peu plus loin, on retraverse la rivière au niveau d’un large espace arboré (10mn, 3585m, pas grand-chose à manger pour les mules). On établit le bivouac sur les banquettes de galets un peu en retrait du courant, on ne sait jamais…
Jour 2 : Camp dans la Sumda Chu - Konzke La BC
5h10 / +1100m / -385m.
Attention ! Cette journée de randonnée est exceptionnelle en tout point, pour la qualité et la diversité des paysages traversés certes, mais assurément par l’engagement physique qu’il va falloir déployer avec de nombreux up / down et d’incessantes traversées de rivières. Mais, si vous avez le bonheur que la météo soit de la partie, alors vous pourrez penser à la fin de la journée que cette étape rentre dans le Top 10 de vos plus belles étapes de trekking…
Diaporama Du camp au bord de la rivière, on part sur la RG mais très vite les séquelles de l’été 2010 se rappellent à nous car l’antique sentier a disparu corps et biens. On traverse à gué au niveau d’une maison isolée puis quelques mètres après on repasse RG avant de s’élever en zigzags à flanc de falaise détritique.
Après un parcours en courbe de niveau, on retrouve le lit de la rivière (25mn, 3635m) avant de repartir en pente affirmée jusqu’à croiser une source au fond d’un vallon verdoyant (20mn, 3700m). On poursuit à hauteur de la rivière jusqu’à un chörten (5mn, 3715m). Le sentier originel étant cassé, la variante passe par la rivière et on descend. On s’engage dans un étroit défilé, on traverse deux fois la rivière avant de remonter sur le coteau RG pour trouver un sentier étale qui conduit jusqu’à un pont de bois (30mn, 3745m).
Une fois en RD, on peut apprécier la vue de ces rochers jaune vif dressés vers le ciel au pied desquels la rivière propose de profondes vasques propices à une baignade improvisée. Intermède ou pas, on poursuit en direction de la muraille qui ferme l’horizon. Le canyon que l’on suit présente de superbes couleurs rouge et jaune. On passe une bergerie (10mn, 3790m) d’où arrive l’un des deux sentiers qui viennent de Chilling par le Dundunchen La. On poursuit au cœur du défilé, mais avant, il va une fois de plus falloir traverser la rivière à gué…
Au-delà, la vallée s’incurve vers la D en direction de pics rocheux très élancés (le groupe fait d’ailleurs penser, toutes proportions gardées, aux Aiguilles de Chamonix). On poursuit en up / down RG de la vallée qui s’ouvre maintenant au moment où un vallon étroit vient y mêler ses eaux (noter au fond de ce vallon un ensemble de pics acérés que l’on peut identifier comme les sommets du Photaksur). Dans le fond de la vallée, on passe les deux maisons de Lasgo (20mn, 3825m, départ du deuxième sentier de liaison vers Chilling via le Pagal La et le Dundunchen La). On poursuit sur le chemin qui monte en biseau sur la D en direction de l’W maintenant. On s’élève progressivement sur la RG de la vallée qui s’élargit mais, même en prenant du recul, on est écrasé, le mot n’est pas trop fort, par la muraille rocheuse d’une extrême verticalité et d’une ampleur assez exceptionnelle qui nous fait face.
On dépasse un lhato (25mn, 3900m) pour découvrir au loin la cuvette verdoyante au milieu de laquelle le village de Sumda Chenmo est posé. Tout au fond, on devine que la baisse qui termine cette profonde vallée est sûrement le Konzke La, le col que l’on franchira demain. Mais en premier il va falloir rejoindre le village. La montée se fait sans effort car le sentier est excellemment bien tracé. Un seul inconvénient quand même, c’est qu’il explore tous les fonds de combes, et il y en a pléthore… On croit être presque arrivé au moment où l’on franchit la porte d’entrée du domaine de Sumda Chenmo symbolisé par deux darchoks (35mn, 4020m) mais que nenni, l’exploration se poursuit avec force chörtens et murs de manis croisés sur le chemin. On pénètre (enfin…) dans la première partie du village (20mn, 4035m) et on poursuit tout droit pour en atteindre la seconde (10mn, 4040m, tente parachute, home stay, téléphone satellite).
Au-delà, on poursuit une centaine de mètres le long du canal d’irrigation pour s’en échapper vers le haut et passer par une bosse sur laquelle est érigé un mur de manis. Derrière, on retrouve le canal d’irrigation que l’on suit jusqu’à son origine dans le lit de la rivière. On poursuit 300m sur le lit de galets avant de trouver sur la G le départ d’un sentier qui grimpe sur la moraine et propose un parcours à flanc jusqu’à un chörten (55mn, 4125m, belle vue à l’arrière). Le sentier reste en hauteur pour atteindre un alpage au milieu duquel il y a une bergerie ruinée (30mn, 4220m, source). De l’autre côté de la vallée, une gorge à dominante de couleur rouge s’ouvre : un sentier la remonte et conduit jusqu’au Spangting La qui à plus de 5400m permet de rejoindre la vallée de l’Indus du côté d’Alchi.
On continue sur le plateau herbagé pour traverser le site de Manechan (camp possible) au pied des pics dolomitiques du groupe du Photoksar (5mn, 4230m). Après avoir traversé un torrent émissaire, un petit coup de rein permet de grimper sur un bout de moraine en préalable à une descente en douceur jusqu’à la rivière (10mn, 4220m). Maintenant, on est au régime galets. On néglige la montée sur la droite qui passe sur l’alpage de Changlung Do (camp possible) pour marcher dans le lit de la rivière. A l’arrière, apparition bien sympathique du Stok Kangri attestant par son éloignement que l’on a fait un bon bout de chemin depuis le Ganda La (voir le topo du Grand Tour du Ladakh n°1). On traverse plusieurs fois la rivière avant d’atteindre la confluence de deux vallons : celui de gauche en provenance directe des glaciers du Photoksur, celui de droite issu du Konzke La (c’est le vallon qu’il faudra remonter demain). On établit le bivouac RG où il y a un emplacement de camping prévu (35mn, 4300m, herbe à volonté pour les mules).
Jour 3 : Konzke La BC - Konzke La - Hinju
4h25 / +650m / -1140m.
Diaporama Du camp établi au confluent des deux vallons, on part traverser les deux rivières pour rejoindre le sentier tracé RG dans le vallon le plus à droite des deux. On passe une première bergerie et on poursuit un peu n’importe comment pendant 500m avant de revenir sur la RG pour suivre un sentier tracé à mi-hauteur. On traverse un lit de galets à la sortie d’un vallon venant de la droite juste avant d’atteindre une deuxième bergerie (30mn, 4420m). Au-delà, on poursuit en RG jusqu’à dépasser un nouveau vallon venant de la droite (30mn, 4545m). Le thalweg tourne maintenant sur la G et on passe RD pendant 300m. A la séparation des deux thalwegs (et contrairement à ce qui est indiqué sur la carte Olizane ), il ne faut surtout pas continuer tout droit en direction de la montagne enneigée mais on doit s’engager sur la D dans le thalweg fermé par une montagne pointue de couleur jaune (5mn, 4580m) comme le sentier bien tracé nous invite à le faire.
On dépasse une source qui sort de sous un gros rocher (10mn, 4635m) et on part dans le thalweg de G. Peu après, on s’élève sur une pente en zigzag dans de l’éboulis de schiste pour atteindre une épaule sableuse (35mn, 4775m). Lorsque l’on se retourne, la vue sur l’enfilade de la vallée de la Sumda chu que l’on vient de remonter est assez fantastique, portant jusqu’au sommet glaciaire du Stok Kangri. A droite, la vallée est bordée par une ribambelle de pics acérés qui se dressent vers l’azur, terminée par cette imposante montagne glaciaire proéminente que l’on ne peut pas rater puisque située à l’aplomb du col vers lequel on se dirige. Et à gauche, commence à émerger le pic du Spangting bordé à sa droite du col altier éponyme. On poursuit vers l’W en suivant le fil de la large crête comme un nid d’aigle central offert pour contempler ces montagnes imbriquées multicolores. On atteint, sans effort et par une pente un peu moins relevée, le passage du Konzke La (15mn, 4950m, emplacement erroné sur la carte Olizane ).
Panorama d’exception depuis le col avant une descente poussiéreuse sur un sentier sableux bien tracé en larges lacets jusqu’à atteindre la rivière (35mn, 4500m, eau). Par la suite, on descend sur le lit de schistes de la rivière et, à la sortie du défilé, on atteint une bergerie (10mn, 4400m, eau, camp possible). Puis on descend tranquillement dans une vallée qui s’élargit permettant de disposer de nombreux panoramas de montagne tous aussi beaux les uns que les autres. Et, à l’arrière, toujours cette montagne glaciaire omniprésente (non baptisée, qu’est-ce que c’est énervant, surtout quand elle est aussi belle…) qui se redresse de plus en plus au fur et à mesure que l’on se dirige vers l’aval ! Vous êtes sûrs qu’elle ne fait pas plus de 5600m ? Etonnant… On traverse un large cône de déjection à proximité d’un ensemble de bergeries (20mn, 4280m). A l’arrière le Konzke La se rappelle à nous en présentant l’intégralité du sentier d’ascension (Pfouh… !).
On chemine maintenant en RD sur la moraine en laissant la rivière couler plus bas dans la gorge. On passe un grand enclos avec en fond quelques spécimens de falaises colorées de belle facture (35mn, 4045m) et on descend vers le village d’Angshang (20mn, 3940m, camping, tente parachute). A l’extrémité W du village, on descend de quelques mètres à proximité de l’aire de battage pour s’en aller suivre un sentier à travers champs qui passe successivement un chörten coiffé d’un darchok et un petit peu plus loin une bergerie (5mn, 3920m). Au loin, on distingue à présent le village de Hinju accroché à la falaise en RD. On établit le camp 500m avant Hinju sur un terrain de camping au pied des terrasses (15mn, 3800m).
Jour 4 : Hinju - Wanla
3h55 / +50m / -650m ou 1h de voiture pour les 18kms.
Diaporama Du camping sous les terrasses, on poursuit la descente de la Ripchar togpo. On suit le canal d’irrigation qui court à flanc de vallée et on rejoint la piste à l’entrée de Hinju (10mn, 3780m, home stays, tente parachute). Le village est accroché à la falaise en RD. A ses pieds s’étalent les larges champs plantés de céréales qui descendent en pente douce jusqu’à la rivière. On suit la piste en descente jusqu’à passer un premier village de quelques maisons (35mn, 3615m).
Quelques 35mn après, on traverse Ursi Dho où la piste fait quelques lacets. Ensuite, on continue de descendre dans la vallée à main G jusqu’à un virage dans lequel il y a un chörten (1h, 3340m). Juste derrière démarre un sentier coupe lacets qui descend abruptement le coteau, traverse sur la G le hameau de Garop et rejoint la piste à l’entrée de Phanjila une fois que l’on aura suivi le canal d’irrigation vers la D au niveau des chörtens. Phanjila (10mn, 3300m, home stays, cafés, boutique) se trouve sur la piste principale qui pénètre au cœur du Ladakh, support (malheureusement…) de l’itinéraire conventionnel de la Grande Traversée du Zangskar ayant pour origine le monastère de Lamayuru. On se trouve à 7kms de Wanla, village étape de la journée, et même si la large vallée dans laquelle on évolue ne manque pas d’intérêt, il n’en reste pas moins qu’enchaîner des kilomètres de pistes est un exercice qui n’a jamais réjoui le randonneur. Alors si un transport automobile se présente, ne le négligez pas ! A l’entrée de Wanla (1h30, 3200m), on peut continuer de descendre pour rejoindre le village directement mais il est conseillé de s’engager sur la route goudronnée qui monte légèrement sur la D et aller rendre une visite au gonpa perché sur son épaule rocheuse (en cours de restauration en 2013 par une équipe venue d’Allemagne Diaporama) avant de redescendre par le sentier en zigzag taillé dans l’éboulis au-dessus du village. Petit détour sans dénivelée notable mais d’un grand intérêt culturel. Nuit au camping de Wanla qui se trouve 100m après avoir traversé la rivière Yapola (3170m, plusieurs épiceries, C).
Si besoin de s’échapper du circuit pour rejoindre Leh, un service de bus est proposé plusieurs fois par semaine depuis le village de Wanla.
Jour 5 : Wanla - Camp dans la Shillakong Togpo
4h25 / +570m / -50m.
Emprunter la piste qui remonte la vallée orientée au SW. On passe devant les chörtens indiquant le sentier de montée vers le Printiki La (en direction du monastère de Lamayuru Diaporama 1 et Diaporama 2) et au bout des 4,5kms la piste se termine brutalement à l’entrée d’une gorge étroite (1h05, 3280m, possibilité de faire le parcours en véhicule, sources chaudes, présence de bâtiments désaffectés pouvant servir de lieu de bivouac).
Diaporama On pénètre dans les gorges en suivant la canalisation qui amène l’eau chaude jusqu’à proximité des bâtiments. Au niveau de la captation, on est déjà confronté au premier passage à gué de la rivière (10mn, 3300m). Il va sans dire que les sandales de marche en rivière sont les bienvenues. On va les garder aux pieds toute la journée tant il va falloir de fois traverser la rivière (plus d’une cinquantaine sans exagérer…). Le défilé est étroit, les parois sont verticales à l’extrême, bref, le cadre dans lequel on évolue est somptueux ! Un peu plus loin, on dépasse un abri de pierres sèches perché en RD (40mn, 3350m) à la sortie d’un vallon étroit creusé là aussi entre deux falaises quasi verticales. Dans la gorge principale, tout rappelle l’été 2010 et ses coulées de boues qui ont dévasté nombre de chemins historiques tracés le long des rivières alors que l’on marche sur des banquettes de gravats charriés à l’époque de manière si violente. Pour preuve, on peut apprécier les stigmates des coulées de boue jusqu’à cinq mètres au-dessus du lit habituel de la rivière, boue qui, dans son déchaînement, a tout arasé sur son passage.
La liaison entre Wanla et Shillakong s’effectuait il y a peu de temps sur un excellent sentier tracé au fond de la gorge. Aujourd’hui, plus rien n’existe ! Tout a été détruit… Avançons quand même : sortant du dessous d’un rocher en RG, on peut noter la présence d’une source (15mn, 3365m). On poursuit sur le lit de galets au creux de la gorge. Celle-ci s’élargit quelque peu mais sans excès avec cette permanente oppression qu’exercent les falaises. On est bien petit… On atteint un confluent de vallées (20mn, 3420m). On incline la marche dans celle de D au milieu de laquelle coule la rivière la plus importante. Un peu plus loin, un vallon débouche de la droite avec ses roches colorées de grenat (15mn, 3465m). Même si la gorge s’est élargie, on est quand même confronté à devoir traverser la rivière, tant celle-ci prend ses aises allant de gauche à droite et de droite à gauche, venant affleurer les falaises.
La gorge se rétrécit à présent et propose un charmant intermède : une belle cascade d’eau tout juste à température pour s’octroyer un moment de bonheur, une douche pourquoi pas ? (55mn, 3570m, possibilité de camp en RD 500m plus avant sur une banquette colonisée par les arbustes). On poursuit dans la gorge et les quelques échappées dont on peut disposer de part et d’autre du canyon nous font découvrir des pics élancés qui s’élèvent vers l’azur et l’effet de perspective amplifie la vision et les rend encore plus saillants. On imagine sans peine qu’au moment des pluies les vallons étroits et redressés issus des cols infranchissables doivent gronder avec l’eau qui s’engouffre entre les parois rapprochées. Et tout là-haut, tournent les aigles à la recherche d’une éventuelle proie, si minime soit-elle… L’après-midi, la Shillakong togpo grossit du fait de la fonte des neiges en amont et il faut redoubler de prudence lors des traversées à gué. C’est la raison pour laquelle il est déconseillé de poursuivre jusqu’au village de Shillakong à cause du danger potentiel et avéré. Cela tombe bien : à la sortie d’un vallon verdoyant en RG, une banquette de gravillons peut accueillir le bivouac (30mn, 3685m, eau fraîche en provenance du torrent émissaire, herbe à volonté pour les mules en remontant le vallon).
Jour 6 : Camp dans la Shillakong Togpo - Camp sous le Yogma La
2h30 / +450m / -50m.
Diaporama On poursuit le travail initialisé la veille. Même si la rivière a dégonflé depuis la veille au soir, il n’en reste pas moins que dès le départ du camp, on s’aperçoit qu’il n’est toujours pas si aisé que ça de la traverser à gué… La pente se fait sensiblement plus accentuée alors que l’on continue de se frayer un chemin dans son lit dévasté entre des falaises qui n’ont pas perdu de leur verticalité. On passe une source qui sort d’un tout petit vallon en RD (45mn, 3775m). Un peu plus loin, on passe au pied d’un vallon qui vient de la gauche et au fond duquel on a l’apparition fugitive de pics acérés comme des lames de couteaux. Juste après, un gros rocher coincé dans la rivière permet, une fois n’est pas coutume, de passer sur l’autre rive sans se mouiller les pieds (15mn, 3805m).
Plus on avance, plus on constate que les falaises se font moins hautes et que le lit de la Shillakong togpo a tendance à s’étaler sur toute la largeur du défilé (et incidemment oblige à de fréquents passages à gué…). En tout cas, pas de rupture dans la qualité des beautés géologiques : anticlinaux et synclinaux rivalisent d’audace pour habiller les falaises couleur ocre. Un peu plus loin, un goulet d’étranglement propose une jolie cascade au pied de deux aiguilles rocheuses élancées, quasi dolomitiques (1h, 4000m).
Et juste derrière, le moment qui se faisait un peu attendre arrive : la fin du « calvaire » approche à la vue encore lointaine des alpages de Shillakong, un peu de verdure, quoi, dans cet univers rendu ultra-minéral par les coulées de boue. Au confluent de la Shillakong togpo et de la rivière issue des vallons du Nigutse La (passage vers le S de la Grande Traversée du Zangskar), on traverse le torrent puis on s’élève sur la moraine fluviale qui sépare les deux vallons pour trouver le camp proposé sur un replat (30mn, 4085m, source à 500m du camp en RG en remontant la Shillakong togpo derrière une bergerie sinon eau dans le torrent à prélever avant midi…).
Nota : Avant, quand le sentier existait, l’étape de Wanla à Shillakong ne prenait que 5h. Aujourd’hui le parcours peut difficilement s’effectuer en moins de 7h soit 1,5 jour : d’abord du fait des conditions difficiles de la progression dans un univers dénué de tout sentier, et surtout la nécessité de nombreuses traversées de rivière. Ce dernier point est particulièrement à prendre en compte dans l’après-midi où il y a un réel danger pour les hommes et les bêtes à traverser une rivière boueuse et devenue grosse. Maintenant, on arrive vers midi au pied du Yogma La, que faut-il faire ? Monter en sachant que le camp suivant est à 5h de marche (avec une grosse rivière boueuse à traverser dans l’après-midi du côté de Dumbur, la Chomotang togpo) ou bien s’octroyer une demi-journée de repos à Shillakong ? Vous, je ne sais pas, mais nous, nous avons fait le choix de la demi-journée de repos avant la bambée des jours qui suivent.
Jour 7 : Camp sous le Yogma La - Dumbur - Kanji
4h55 / +650m / -850m.
Diaporama Du camp au confluent des deux vallons, on part sur la G face au Yogma La pour descendre traverser la Shillakong togpo. Une fois en RG, on remonte sur la moraine sableuse et on se dirige en biseau vers la D. On trouve une trace qui remonte le lit de graviers du thalweg qui s’échappe bien vite vers la G pour passer une bosse herbeuse (30mn, 4250m). La vue arrière commence à se dégager en direction du Nigutse La et on domine les alpages de Shillakong bordés sur la gauche par des pics bien pointus. Quelques montagnes recouvertes de glaciers apparaissent également sur la droite du col. On poursuit en montée sur une moraine à la pente bien relevée jusqu’à rejoindre le thalweg (20mn, 4360m).
On longe la RD du thalweg quelque temps et on retrouve des traces de sentier un peu avant de croiser le chemin (20mn, 4450m) qui relie le Yogma La aux bergeries de Shillakong et qui s’en va croiser la Shillakong togpo bien plus en amont vers l’W (on peut d’ailleurs distinguer le chemin qui court à flanc de montagne, voir le topo de la Grande Traversée du Zangskar). On retrouve un moment le thalweg dans sa partie terminale avant de s’échapper sur la G alors que le passage est obstrué par de gros blocs de rochers. Sur la selle herbeuse, on retrouve une trace de sentier qui conduit jusqu’au col par une traversée dans du petit schiste gris. Le Yogma La (45mn, 4700m) est un belvédère de premier ordre pour ce qui est de proposer des panoramas d’exception : à l’arrière, on a déjà décrit la beauté du vallon que l’on domine mais on peut ajouter que tout à droite apparaît pour la première fois un des sommets du Chomotang, un groupe de montagnes glaciaires qui tutoie les 6000m et apprécié pour ses belles courses de neige et glace, à l’avant, on domine le vallon de la Chomotang togpo jusqu’à deviner, au-delà d’une gorge minérale resserrée, les terrasses qui ceignent le village de Kanji.
Après avoir accroché des lungtas et scandé les « Ki ki so so La Gyalo », on descend sur une trace à flanc qui, une fois n’est pas coutume, présente une pente très douce. Puis, au niveau d’un cairn (25mn, 4450m), on incline vers la D pour suivre le fil d’une moraine jusqu’à son extrémité et rejoindre par un petit zigzag sur la G les alpages de Dumbur (25mn, 4185m). Durant toute la première partie de la descente on aura pu apprécier sur la droite du vallon la beauté des falaises et des pics érodés qui exposent leurs strates multicolores dans les tons rouge, jaune, rose et ocre.
En longeant le lit de galets sur la RG, juste avant de traverser des pozzines, on passe auprès d’une source (10mn, 4145m). Puis de multiples sentiers se proposent et il convient de choisir celui qui se dirige sur la G en direction du groupe de bergeries construit au-dessus des terrasses à l’entrée du vallon de la Chomotang togpo (visite intéressante du micro-village). On revient un peu sur ses pas pour contourner un champ d’orge et passer auprès d’une bergerie habitée en été (20mn, 4080m, possibilité de se fournir en fromage frais).
Le site de Dumbur est un havre de quiétude et on pourrait y rester des heures à se prélasser et contempler les merveilles de la nature (les pics multicolores) mis en valeur par la présence des champs de céréales dont le vert fluo s’accorde si bien avec les tons rougeoyants de la roche. Mais… car il y a un mais, il ne faut pas trop tarder pour s’en aller traverser, 400m plus avant, la Chomotang togpo qui s’en vient du vallon de gauche et propose ses bains de boue avec remous violents dès le mitan de la journée… Le plus tôt on traverse la rivière à gué, le mieux c’est ! Après cette épreuve, c’est une descente très cool, en RG, alternant banquettes herbeuses et petits ressauts morainiques jusqu’à une bergerie posée au pied d’une aiguille élancée (1h, 3930m).
Ensuite, la dernière partie de la journée se déroule au milieu d’un défilé rocheux aux falaises encore une fois très impressionnantes avec des plaques de schiste d’une hauteur assez incroyable alors qu’à l’avant on commence à distinguer les terrasses du bassin agraire de Kanji. Et puis, tout au fond, on peut déjà se régaler avec la vision de la succession de parois de couleurs chamarrées qui ferme l’horizon et que l’on pourra contempler tranquillement lorsqu’on sera arrivé à l’étape. Une dernière petite montée sableuse et on pénètre dans la vallée de Kanji. On suit le chemin qui joue avec le canal d’irrigation pour rejoindre le village (30mn, 3880m, visite intéressante, home stays, piste vers la NH-1, Leh ou Kargil). Le bivouac s’effectue sur le camping situé le long de la rivière (5mn, 3860m, ravitaillement à la boutique du camping).
Si besoin de s’échapper du circuit pour rejoindre Leh, possibilité de demander à un villageois de vous conduire en voiture jusqu'à Heniskut sur la NH-1 où vous trouverez facilement un transport automobile pour Leh (tout ça moyennant finances, bien sûr...).
Jour 8 : Kanji - Kanji La BC
4h45 / +700m / -100m.
Diaporama Depuis le camping au bord de la rivière on remonte jusqu’à la route s’en aller traverser le village pour effectuer une visite matinale alors que le site resplendit sous les premiers rayons du soleil. On s’engage dans le vallon qui s’ouvre au SSW, à droite de celui par lequel on est arrivé à Kanji hier après-midi. On passe un mur de manis et les champs disparaissent de suite au niveau d’un rétrécissement de la vallée fluviale (20mn, 3895m). Le rétrécissement dépassé, on remonte à présent une vallée assez plate et bien large qui présente de grands espaces cultivés. Les paysages au milieu desquels on évolue sont réellement magnifiques entre pitons rocheux, falaises multicolores et vallons verdoyants. On laisse un large vallon venir de la droite pour continuer tout droit en direction d’un piton rocheux derrière lequel on devine la présence de pentes herbeuses…
On franchit un cône de déjection et voici que le méandre de la rivière nous gratifie d’un ensemble harmonieux de roches irisées et de terrasses cultivées. Quel tableau idyllique ! On poursuit en RG pour passer au pied de la bergerie de Kelcha (40mn, 3965m, source) située à la sortie d’un étroit vallon. On s’engage dans la vallée principale qui fait un coude vers la G. Puis la vallée se rétrécit au niveau d’un défilé rocheux assez court en préalable au passage sous la paroi rocheuse vue tout à l’heure, composante principale du tableau harmonieux. Puis la vallée s’élargit de nouveau pour proposer un cheminement toujours en RG sur des banquettes sableuses peuplées d’arbustes avant de longer sur 300m la base d’une falaise à 90° présentant, qui plus est, des surplombs, si des fois la difficulté n’avait pas été assez importante pour nos amis escaladeurs…
On dépasse une bergerie construite un peu en hauteur sur la RD (40mn, 3990m) et on poursuit le long de la rivière toujours sur la RG sur des banquettes sableuses où les orchis pourpres et les edelweiss géants se partagent l’espace. Un peu plus loin, on passe auprès de la source de la bergerie de Kichu (20mn, 4020m). A présent, l’espace entre la moraine et la rivière se réduit à néant et le sentier se complait dans quelques up / down facétieux à flanc de moraine pour éviter un méandre de la rivière, up / down parfois osés sur du petit éboulis pulvérulent… On retrouve une banquette sableuse (30mn, 4050m, source sortant de la moraine). Puis on monte un peu sur la D pour franchir un cône de déjection (15mn, 4075m) au faîte duquel on domine la confluence de trois vallées fluviales, la plus à gauche issue du massif du Chomotang, celle du centre des contreforts glaciaires E du Kanji La, tandis que celle de droite, la vallée de la Kong togpo, aura notre visite dès que l’on sera descendu de cette f… moraine en désescaladant la pente par un « sentier » de chèvre. On traverse la petite rivière bordée d’arbustes pour prendre pied sur le terre-plein central où est érigée une bergerie (10mn, 4080m). Comme annoncé, on s’engage dans la vallée de D au fond de laquelle on distingue un pic glaciaire pointu. Pour l’instant le chemin est tracé en RD mais cela ne va pas durer… C’est la première traversée de rivière à l’entrée de la gorge (25mn, 4160m). Le défilé étant assez étroit et la rivière fougueuse surtout à partir de midi, on doit s’attendre ultérieurement à d’autres traversées à gué. On ne sera pas déçu…
Au sortir de la gorge, de taille réduite il faut en convenir, on découvre une assez large vallée verdoyante que dominent les montagnes enneigées (30mn, 4240m). On remonte la moraine fluviale et, à la cote 4250, on monte en biseau sur la D pour rejoindre un cairn (15mn, 4300m). On descend doucement dans le vallon de D pour prendre pied sur la moraine fluviale et remonter la vallée sur la RD jusqu’au niveau du camp… situé en RG. Pour l’atteindre ? Rien de plus simple, il faudra une fois de plus traverser la rivière… Le bivouac est installé sur une banquette herbeuse (25mn, 4380m, source, emplacement pour plusieurs tentes, herbe à volonté pour les mules).
Jour 9 : Kanji La BC - Kanji La - Camp dans la Kanji La Togpo
5h40 / +900m / -975m.
Diaporama Depuis le camp, on poursuit en montée sur la RG de la rivière jusqu’à rencontrer une série de cairns qui invitent à passer en RD. On traverse la rivière et voici le départ confidentiel du sentier du Kanji La (10mn, 4430m, attention aux tracés totalement erronés sur la carte Olizane ! ). L’attaque est plutôt abrupte sur un sentier en zigzags serrés au creux d’un thalweg avant que l’on ne s’échappe sur la G pour fouler des pentes un peu moins redressées à partir de 4550m. On s’en va franchir une épaule (40mn, 4630m) de laquelle on dispose d’une vue directe sur le lointain… Kanji La avec à sa gauche un imposant glacier qui descend jusque dans la vallée. Le chemin est assez évident : il court à flanc en RG à hauteur de la vallée de la Kong togpo et s’en va rejoindre la base d’une bosse morainique quasiment en courbe de niveau, puis de bosse en bosse, il rejoint la base du col. Evident non ? La haute vallée de la Kong togpo est intégralement minérale, on comprend maintenant pourquoi aucune caravane n’emprunterait ce passage (s’il existait…) car il n’y a pas d’alpage pour les mules à un éventuel camp de base.
Donc, c’est parti ! La marche en courbe de niveau est une réalité dans la première partie de la traversée à flanc puis cela se transforme en up / down pour franchir quelques couloirs d’avalanches jusqu’à un replat à la base de la 1ère bosse morainique d’importance (35mn, 4700m). Le minéral est omniprésent mises à part çà et là quelques touches de violet que proposent les maigrelettes touffes de campanules. Sinon rien… On attaque l’ascension de la bosse sur un excellent sentier très bien tracé. Au sommet (20mn, 4805m) on s’aperçoit avec bonheur que l’on va disposer d’un moment de répit jusqu’à la bosse suivante puisque le sentier court à flanc sans présenter de montées significatives.
On traverse un gros éboulis avant de partir sur la G rejoindre le fil d’une moraine latérale (20mn, 4890m). Au centre de la vallée, on domine le 1er glacier, ici recouvert de roches arrachées par frottement aux pentes détritiques de la RD. On louvoie entre les blocs jusqu’à l’extrémité de cette moraine (20mn, 4950m) puis le sentier devient un peu plus chaotique en évoluant à flanc d’un pierrier et où ont dû être réalisées quelques déviations peu stabilisées pour pallier des éboulements de terrain.
On atteint un replat à proximité du 2ème glacier (45mn, 5120m). Quelques résidus de névés glacés entravent la bonne marche jusqu’au pied du col proprement dit (20mn, 5200m, difficultés possibles pour le passage des mules).
Une fois les névés glacés dépassés, il ne reste plus qu’à s’élever vers la D sur un bon sentier en lacets tracé dans une pente d’éboulis stable pour atteindre le Kanji La (10mn, 5250m). Vers le S, on dispose d’un large panorama sur la chaîne de montagnes qui bordent au sud la Kanji La togpo. Si on veut voir le massif du Kun et du Nun, des sommets de plus de 7000m, il faut monter sur la petite bosse de droite (30mn A/R sur sentier).
Le sentier de descente est étonnamment peu pentu au départ et contraste avec celui de la face N comme on peut en attester… Le versant S est très sec et le large sentier est excellemment tracé sur des pentes d’éboulis de rochers plats de couleur jaune. Agréable sous le pied au début, cela devient un peu usant quand on s’aperçoit que cela dure pratiquement jusqu’en bas… Au détour d’un virage de la vallée, on découvre au pied des montagnes glaciaires à l’horizon une colline de couleur grenat qui tranche au milieu des strates multicolores qui ondulent juste au-dessus. On poursuit la descente en larges lacets peu fatigants. La rivière qui devait courir sous le lit de roches depuis la base du col apparaît enfin (1h25, 4470m). On la traverse un peu plus bas pour changer de rive (10mn, 4415m). On remonte légèrement sur une moraine détritique pour un parcours à flanc un peu touchy au-dessus de la gorge avant de définitivement y plonger. On suit alors le lit du torrent obligeant à fréquemment changer de rive au gré du resserrement des falaises (le sentier indiqué sur la carte Olizane a disparu corps et biens dans la dernière partie de la descente).
On finit par la « cerise sur le gâteau » avec un défilé de 3m de largeur, les pieds dans une eau à tout juste 4°C avant d’atteindre le confluent avec la Kanji La togpo qui descend du Pudzong La (25mn, 4305m). Le camp se trouve juste là, sur une banquette étroite à gauche, sûrement le plus incroyable bivouac qu’il soit donné de faire au Ladakh, qu’on se le dise !
Description de la liaison Rangdum - Camp dans la Kanji La Togpo et un peu au-delà...
Possibilité de commencer le trek à Rangdum, un « village » situé sur l'axe Kargil-Padum à 4020m que l'on atteint depuis Kargil après 5h de cahots sur une piste défoncée par les multiples éboulements et un manque criant d'entretien (compter 1,5j de route depuis Leh). Par rapport au démarrage du trek à Kanji, en plus des 5h de voiture au départ de Kargil, il faut compter depuis Rangdum 5h30 / +600m / -250m de marche pour se trouver en face et rive opposée au camp dans la Kanji La Togpo. C'est pourquoi il convient de prévoir une étape à la bergerie à l'altitude 4340, 30mn de marche après le camp dans la Kanji La Togpo que l'on a pu voir en passant en RG de la rivière.
Descriptif de l'étape de liaison depuis Rangdum : du terrain de camping (4020m, eau de source) situé à 1,5km au SE du village, on suit la route vers le SE en direction du gonpa perchée sur son mamelon Diaporama. On suit la route pour franchir sur un pont une rivière venant d'un vallon sur la gauche et 500m plus loin on la quitte pour s'engager à G sur le gazon passer un petit collet donnant accès à la large vallée caillouteuse de la Kanji La togpo. Diaporama Histoire de se débarrasser rapidement de la traversée à gué, on se dirige plein S franchir avec les sandales les trois ou quatre bras d'eau très froide (1h, 4060m). Après c'en sera fini pour le restant de la journée. On remonte la vallée sur les galets en RG jusqu'à trouver un bout de sentier qui part à flanc (35mn, 4085m). Un peu plus loin, il redescend dans le lit de la rivière passer un couloir d'avalanches avant de repartir de suite vers le haut. Les up / down se succèdent. Au pied d'un large éboulis (45mn, 4120m) on trouve un nouveau départ de sentier qui va courir à flanc un bon moment jusqu'à passer auprès d'une doksa (30mn, 4170m). Derrière la doksa, le sentier remonte une moraine plutôt abrupte avant de poursuivre en faux-plat montant et franchit un thalweg (35mn, 4280m, doksa). On repart sur un sentier balcon qui se termine à l'aplomb d'un nouveau thalweg (30mn, 4280m, doksa). Après une petite montée, on repart à flanc en up / down avant de traverser une ancienne vallée glaciaire bien creusée (45mn, 4250m). La remontée sur le coteau d'en face est plutôt pentue et laisse le souffle (très) court. Une dizaine de lacets plus tard (10mn, 4315m), on reprend la marche en quasi courbe de niveau jusqu'au point de jonction du sentier qui vient du Kanji La BC que l'on domine, reconnaissable à sa guirlande de drapeaux qui enjambe la gorge d'où sort la rivière (20mn, 4340m). Derrière il suffit de suivre le sentier à flanc qui conduit en 30mn à la bergerie située au confluent des rivières venant du Lima Lursa La et du Pudzong La (4340m).
Jour 10 : Camp dans la Kanji La Togpo - Pudzong La - Camp dans la Borong Togpo
6h / +800m / -900m.
Avertissement ! Le fait de s’engager sur cet itinéraire jusqu’à Lingshed sous-entend la prise en compte d’un facteur important, à savoir celui de la descente sur la matinée du jour 12 d’une portion très sauvage de la vallée de l’Oma chu. La rivière s’engouffre dans une gorge étroite dans laquelle n’existent que deux façons de progresser pour atteindre Lingshed sumdo : la première alternant des passages au sec sur les deux rives entrecoupés de nombreuses traversées à gué (entre 6 et 10 fois selon le moment de l’année) d’une rivière présentant, même en début de matinée, un débit très important avec de l’eau jusqu’à la taille, la seconde qui garde les pieds au sec mais au prix d’un parcours d’altitude parfois vertigineux sur un sentier très érodé (et, il va sans dire, non équipé…) digne d’un bharal. Il faut avoir le pied sûr ! C’est l’itinéraire qui est décrit dans le topo. Si l’une ou l’autre des alternatives ne satisfont pas, il faudra rejoindre Rangdum et sortir de cet itinéraire dès maintenant (4h de marche depuis le bivouac).
Diaporama Du camp perché sur un promontoire au-dessus de la rivière et entouré de falaises, il ne faut pas être très perspicace pour imaginer quel va être le départ… Donc, traversée à gué de la Kanji La togpo en apéritif de cette journée… Une fois en RG on marche 100m vers l’aval avant de partir sur un sentier en zigzag qui escalade le coteau jusqu’à rejoindre le sentier d’altitude qui longe à belle hauteur de la rivière la vallée de la Kanji La togpo (15mn, 4390m). A droite, c’est Rangdum en 4h de temps et la route pour Padum ou Kargil, à gauche, la direction du Pudzong La. Donc, à G, sur un sentier en quasi courbe de niveau qu’il est bien agréable de fouler car on croise de nombreux spécimens de fleurs. On passe au-dessus d’une bergerie (30mn, 4415m, camp possible, source) située sur un terre-plein en retrait du confluent de deux vallées : celle de gauche permet de franchir le Lima Lursa La (selon la carte Olizane il y aurait un sentier jusqu’à Dibling mais cette donnée n’est pas attestée par les locaux…), celle de D remonte jusqu’au Pudzong La. On poursuit sur le chemin en hauteur avec au fond de superbes pics glaciaires. On chemine tranquillement sur le large sentier avec peu de dénivelée positive. On passe un petit thalweg au creux duquel on franchit un torrent pas méchant avant de rentrer plus profondément dans un nouveau vallon assez encaissé avec traversée d’une rivière un peu plus conséquente à la clef (35mn, 4480m). On ressort du thalweg par une pente d’éboulis relevée et on peut reprendre le parcours champêtre en courbe de niveau à la cote 4520. On croise une source (20mn, 4520m) puis on descend en biseau jusqu’au creux d’un large vallon où l’on traverse la rivière sur un pont de rondins (si, si, ça existe…) certes assez sommaire (15mn, 4510m).
On sort de ce vallon par un sentier en zigzag (départ 100m en aval du pont) et on remonte par la suite un alpage bien fourni. Sur la droite, on peut apprécier au fond du vallon que l’on vient de traverser une superbe vallée glaciaire avec une montagne bien blanche de laquelle dégouline un glacier fleuve avec une moraine centrale.
On franchit une bosse (20mn, 4610m, cairn), on laisse derrière la vision du beau vallon glaciaire pour descendre rejoindre le lit de la rivière (5mn, 4575m). A présent le parcours va devenir un peu plus chaotique et moins bucolique. On essaie bien de jouer les équilibristes en RG pour ne pas avoir à traverser le torrent mais peine perdue, il faut s’y résigner… Une fois en RD, on peut avancer assez facilement sur le lit de galets sans être importuné par un méandre du torrent jusqu’à atteindre un torrent qui vient de la gauche. Là, il faut traverser ! Juste derrière, on rejoint une bergerie (10mn, 4600m, abri possible). On remonte l’étroite gorge avec de constants va-et-vient entre les rives jusqu’à atteindre un replat au pied d’une grosse aiguille pointue (35mn, 4700m).
Le sentier retrouvé part sur la D dans du petit éboulis noir. On revient un peu plus loin dans le lit de galets pour 300m avant de partir définitivement sur la D pour un long périple à flanc de moraine dans des pentes terreuses recouvertes de cailloux plats de couleur jaune. Tout au long de la marche à hauteur de la rivière, ambiance montagne avec passage en revue de nombreux pics glaciaires que l’on découvre au fur et à mesure de l’ouverture des vallons émissaires sur la gauche. On passe une source (35mn, 4870m) alors que l’on commence à deviner le passage du col sur la gauche entre les deux pics rocheux.
On franchit une bosse avant de découvrir qu’il va falloir descendre un peu et traverser le vallon (et la rivière…) pour suivre le sentier qui part en écharpe RD sur une moraine latérale. On s’aperçoit aussi que le thalweg que l’on suit depuis ce matin ne se termine pas au Pudzong La mais qu’il poursuit sa course bien plus loin sur la droite et qu’il est issu de montagnes d’un rouge grenat très surprenant (il s'agit de la chaîne de montagnes aperçue lors de la descente du Kanji La). On traverse donc le torrent au creux du thalweg (5mn, 4870m) avant de remonter en larges lacets sur des pentes morainiques (assez relevées quand même) et on atteint le Pudzong La (40mn, 5020m).
De l’autre côté du col, on « domine » des dizaines de chaînes de montagnes quasi à l’infini. On note au premier plan trois beaux spécimens de pics glaciaires non répertoriés sur les cartes mais dont les formes élancées sont agréables à l’œil. Minéral dîtes-vous ? Minéral intégral pour la descente… L’itinéraire qui va nous ramener dans la vallée commence par des pentes douces de cailloux jaunes.
On croise une source (15mn, 4860m) puis c’est la dégringolade : sur la gauche d’un verrou morainique qui a résisté vaillamment aux attaques des deux glaciers qui le bordaient (il y a bien longtemps…) a été tracé un sentier en larges lacets dans une pente de terre meuble. Le sentier est mis à mal (et surtout quand il pleut) à chaque passage des caravanes de yacks (nombreuses…) qui officient entre Rangdum et Dibling, assurant le ravitaillement du village en produits de première nécessité. Après avoir joué à « l’essuie-glace » entre les parois, on tient le bon bout lorsque l’on va traverser un couloir d’avalanche issu de la base des aiguilles rocheuses en RG puis, un peu plus bas, au moment où l’on traverse à gué le torrent qui arrive du groupe de montagnes sur la droite (45mn, 4420m).
On marche ensuite à flanc de moraine en RD du thalweg qui se creuse puis, après des heures de moraines, qu’il est bon de fouler un moment une herbe grasse qui pousse sur un vaste pré. On a rejoint la vallée fluviale de la Borong togpo, réunion de plusieurs vallons qui descendent des montagnes (20mn, 4235m). La journée ayant été assez dense comme cela, il est temps de poser le camp. Au niveau de la grosse pierre surmontée d’un cairn, on oblique légèrement sur la G pour rejoindre le bosquet de saules, traverser la rivière et trouver juste derrière un emplacement de camp très sympa à deux pas d’une bergerie (10mn, 4210m, source).
Jour 11 : Camp dans la Borong Togpo - Dibling - Camp dans l’Oma Chu
4h15 / +270m / -600m.
Diaporama Du camp près de la bergerie, on passe la petite butte en RG et on suit le sentier qui court à flanc. On traverse de larges alpages qui s’étalent au pied de superbes aiguilles rocheuses aux formes élancées. La vallée est très étendue et c’est un réel bonheur de déambuler dans ces lieux de bon matin. De nombreuses marmottes sortent le bout de leur nez pour accrocher les premiers rayons du soleil. Ici, elles ne sifflent pas, elles émettent comme un cri d’oiseau. Pourtant, ce sont les copies conformes des nôtres…
Le panorama sur la vallée de la Borong togpo est vraiment enchanteur avec toutes ces falaises ruiniformes qui la bordent. On franchit une épaule (20mn, 4200m) et on découvre tout au loin le plateau incliné sur lequel est construit le village de Dibling. Au-delà de l’épaule, on poursuit encore de manière étale puis on bascule franchement vers le creux de la vallée en visant tout d’abord une bergerie isolée (10mn, 4130m) puis, après avoir traversé un canal d’irrigation désaffecté, un groupe de bergeries en contrebas. On retrouve un sentier qui se dirige vers la confluence de la vallée de l’Oma Chu (c’est maintenant le nom que prend la rivière) avec un vallon arrivant de la gauche, celui qui est issu côté S du Lima Lursa La. La verdure semble exubérante pour celui qui se complaît à franchir jour après jour des cols taillés dans le minéral intégral… En se retournant, les montagnes glaciaires qui ferment la vallée vers l’W et que l’on a côtoyées hier au Pudzong La, avec l’éloignement, reprennent de l’importance. Le paysage est tout simplement beau !
On traverse un espace de pozzines (20mn, 4050m) puis on fait un détour par le flanc d’une moraine sableuse pour la bonne cause : celle de rejoindre un pont pour passer RD en toute sécurité (10mn, 4040m). On traverse à présent un immense cône de déjection recouvert d’herbe bien grasse et où paissent de nombreux troupeaux de yacks. Sur la droite, les falaises ruiniformes proposent des dégradés de couleurs qui vont du rouge, au vert, au jaune, et même à l’orange vif…
On laisse sur la gauche l’embouchure du vallon du Lima Lursa La et on poursuit jusqu’au pont qui permet de rejoindre Dibling sans se mouiller les pieds (40mn, 3975m), quelle opulence ! Par un sentier en faible pente qui louvoie entre les champs cultivés, on entre dans le superbe village de Dibling, très très ladakhi il faut en convenir… (15mn, 4020m, home stay).
On quitte ce bel espace d’habitations en suivant le canal d’irrigation puis, après avoir dépassé le chörten et le mur de manis, on descend à travers les anciens champs cultivés aujourd’hui laissés en jachère pour rejoindre un sentier qui court à mi-pente au-dessus de l’Oma chu. Le sentier est viabilisé mais a subi de nombreux éboulements de terrain.
On le suit jusqu’à contourner une arête rocheuse et, derrière, on rejoint le lit de la rivière (35mn, 3920m) avant de remonter un peu avant d’être confronté à un sentier détruit impossible à franchir pour les mules (elles descendent jusqu’à la rivière et effectuent un parcours de 200m dans l’eau…). Les bipèdes, eux, continuent sur le sentier balcon, effectivement bien dégradé en deux endroits où les passages sont bien érodés, et propose par la suite un parcours décoiffant : la falaise, le (petit) sentier et le trou… Pendant 400m on va évoluer 50m au-dessus de la bouillonnante rivière sans garde-fou. Puis on sort du passage délicat pour marcher à flanc sur un pierrier en suivant une trace qui, si elle s’élargit au fur et à mesure que l’on avance, n’est pas bien rassurante au début… Malgré tout, c’est une bien belle gorge, n’est-ce pas ? On descend du sentier balcon pour s’en aller traverser à gué la rivière qui débouche d’un vallon sur la gauche du côté du Marpo La (50mn, 3895m, le sentier n’est désormais plus viable, dixit les habitants de Dibling, et, autre information, le Marpo La ne se trouve pas où il est indiqué sur la carte Olizane mais directement à l’ENE à l’aplomb du village de Dibling, accessible par un vallon très redressé…). Le sentier continue le long de l’Oma chu et remonte franchir un béquet rocheux. Derrière, la vallée change d’aspect avec une connotation beaucoup plus verdoyante bien que les roches de la RD soient devenues d’un rouge très très sombre. On évolue à flanc sur un pierrier de petit schiste (pas mieux qu’avant…) pour rejoindre un vaste espace où les saules ont proliféré au confluent d’un vallon venant de la droite. Il faut un peu chercher son chemin au milieu des bosquets avant de repartir à G sur le fameux petit schiste local proposant un parcours parfois osé jusqu’à franchir un passage en schiste noir cendre un peu plus exposé que d’habitude (40mn, 3875m). Puis on pose le pied sur un espace recouvert d’herbe bien grasse au niveau d’un méandre de la rivière. Le vallon apparaît moins minéral avec des montagnes qui sont recouvertes d’une herbe bien rase.
Du fait qu’il va falloir traverser plusieurs fois l’Oma chu pour atteindre Lingshed sumdo (au moins les mules, voir le descriptif du jour suivant) et que cette rivière est, dans l’après-midi, caractérisée par un fort courant rendant périlleuses les traversées, il est plus sage d’écourter la journée de marche et de poser le camp sur une petit plateau en retrait de l’Oma chu à la sortie d’un petit vallon enchanteur disposant d’un torrent propice à la baignade (5mn, 3880m, eau dans le torrent).
Jour 12 : Camp dans l’Oma Chu - Lingshed sumdo - Barmi La BC
4h / +680m / -370m.
On poursuit la descente initialisée hier sur la RG. Après un virage sur la gauche, la vallée descend plus franchement. On alterne passages de pierriers et espaces de taïga sur lesquels poussent des épilobes au milieu des buissons ras (20mn, 3855m). Le sentier qui franchissait auparavant un éperon rocheux par le haut étant détruit, les bergers de la vallée ont construit un sentier d’évitement par le bas taillé à même la falaise (10mn, 3845m) qui fait remonter seulement d’une dizaine de mètres avant de dégringoler fissa juste derrière et retrouver le bord de la rivière. On traverse un petit torrent en face d’un bras mort de la rivière (10mn, 3845m). Ici débute la description du sentier d’altitude (pour ceux qui ne se sentent pas de jouer les équilibristes, et on peut les comprendre, commencent les traversées de la rivière (entre 4 et 10…) qui permettront de suivre des morceaux de sentiers alternativement RG et RD et dont ils verront la fin à peu près 1000m avant Lingshed sumdo).
Diaporama Le sentier d’altitude s’initialise donc par une remontée en écharpe une pente d’éboulis pour franchir un nouveau béquet rocheux délité (à effectuer avec précaution en prenant bien soin de marcher sur la tranche des lamelles de schiste plantées dans la pente). Puis c’est un pierrier sableux que l’on parcourt à flanc pour atteindre une nouvelle épaule rocheuse bien relevée.
Au sommet (25mn, 3920m), redescente directe pour franchir un étroit thalweg au fond duquel coule un petit torrent. On remonte en face, d’abord sur les pierres inclinées, avant de retrouver au bout de 30m la trace du sentier pour une rude remontée, une ambiance bien dans la lignée des « hors des sentiers battus »… Au sommet de la deuxième bosse (15mn, 3945m), on retrouve un sentier très bien tracé qui évolue en quasi courbe de niveau à flanc d’éboulis quelques 100m au-dessus de la rivière bouillonnante.
Puis c’est une grosse dégringolade en larges lacets dans une pente de terre meuble avant de se diriger légèrement sur la G pour emprunter un sentier en encorbellement qui passe au pied d’une cascade. On descend en zigzag dans le torrent d’écoulement avant de suivre vers la G, une vingtaine de mètres avant d’atteindre le bord de la rivière, un sentier aménagé sur un sangle à flanc de falaise. Au-delà, retour à flanc de pierrier jusqu’à, enfin, rejoindre la rive de l’Oma chu (30mn, 3830m). Quand on y pense, on peut dire que l’on a vécu, l’espace d’un instant, un truc ENORME !
C’est ici que l’itinéraire qui passe par la rivière rejoint celui d’altitude (c’est bien sûr par la rivière qu’est passée la caravane de mules). A présent, on suit sagement la RG de la rivière et, alors que l’on n’a pas mis un pied dans l’eau, voici que s’annonce l’espace planté d’arbustes de Lingshed sumdo (15mn, 3830m, camp possible). On s’engage dans la gorge sur la G. Le sentier commence en RG du petit torrent. Bien que la gorge soit assez étroite, le sentier présente une bonne viabilité. Un petit inconvénient toutefois : celui de devoir constamment traverser le torrent parfois au milieu des bosquets d’arbustes ce qui n’est pas évident pour ne pas se mouiller les pieds… Enfin la délivrance arrive ! Le sentier part en écharpe sur la RD du thalweg et s’élève progressivement. On traverse par sa base un large vallon sur la gauche (35mn, 3900m, cairn) et on poursuit à flanc. La gorge fait un coude vers la G et on atteint un replat (15mn, 3970m, cairn, grotte). On traverse cet espace plan pour arriver à un confluent. On part dans le thalweg de D et, au bout de 500m, on traverse la rivière pour prendre pied en RD et suivre un chemin tracé à flanc de moraine.
On atteint une bergerie (20mn, 4030m). Au-delà, le sentier poursuit sa longue ascension à flanc et propose une montée douce jusqu’à obliquer vers la G en direction d’un vallon verdoyant. La pente se fait plus affirmée et on atteint une bergerie ruinée (40mn, 4150m, cairn). Il ne reste plus que quelques mètres de dénivelée pour rejoindre le camp de base du Barmi La sur une bosse où l’on peut poser quelques tentes (5mn, 4180m, eau dans le torrent en contrebas).
Jour 13 : Barmi La BC - Barmi La - Lingshed gonpa
3h30 / +600m / -830m.
Petite journée aujourd’hui mais le gonpa de Lingshed mérite vraiment que l’on s’y arrête un moment. Profitons-en pour s’octroyer une demi-journée de repos dans ce haut lieu touristique.
Diaporama Depuis le camp posé sur une bosse, on descend traverser le thalweg avant de remonter une moraine sur laquelle le sentier évolue à flanc en RG de la vallée fluviale. On s’élève jusqu’à un replat (30mn, 4335m, cairn en RG) puis, après avoir traversé le ruisseau, on le longe pendant une centaine de mètres avant de partir franchement à D et quitter le vallon. On remonte le long d’une moraine de gros rochers rouges en direction d’un col perché tout là-haut et dont on espère que ce n’est pas le Barmi La… Bien heureusement, le sentier fait un coude sur la G et, toujours avec une pente relevée, s’en va franchir une épaule. Il s’ensuit un parcours à flanc où l’inclinaison ne faiblit pas jusqu’à atteindre le large col du Barmi La (50mn, 4640m).
Sur la gauche, on devine le passage altier du Kyerse La qui propose à plus de 5000m une échappatoire à la remontée des gorges de l’Oma chu pour aller jusqu’à Dibling. Envisager cette route sous-entend un strict respect des horaires de marche car il n’y a ni endroit où poser le camp ni source pendant les 7h du parcours… Côté E, on plonge sur la verte vallée de Lingshed avec le village que l’on entraperçoit tapi au pied d’une imposante falaise et au-dessus, sur la gauche, le replat sur lequel est édifiée du gonpa. On descend en larges lacets dans la pente de terre meuble en inclinant légèrement la marche vers la G pour aller retrouver le bon sentier qui fait le tour de la combe par la RG, le vallon central étant celui qui, au pied du Chapsang La, propose beaucoup plus bas, au niveau du lieu-dit Lanak, le camp de base de l’Hanuma La, le célèbre passage sur l’itinéraire de la Grande Traversée du Zangskar. On poursuit sur ce sentier de contournement avec, pour l’instant, comme point visé, les impressionnantes falaises qui bordent le cirque de Lingshed côté N. On domine les champs cultivés, principalement d’orge, ceux-ci étant positionnés de part et d’autre du cours d’eau qui a creusé la profonde vallée et qui s’en va rejoindre la Zangskar chu beaucoup plus bas. Au moment où le sentier semble disparaître en direction des falaises (35mn, 4270m), on part légèrement sur la D pour rejoindre une source au milieu de la vallée (10mn, 4160m). Puis on suit le lit du ruisseau émissaire pour repartir vers la G et s’en aller traverser un thalweg en schiste noir bien creusé au pied d’une impressionnante gorge dans laquelle rugit un torrent (10mn, 4025m). On remonte légèrement pour dépasser un piège à loups (5mn, 4000m). C’est à partir d’ici que l’on converge avec « l’autoroute » de la GTZ que l’on va suivre à contre-courant jusqu’à la fin de cette étape et encore un petit bout demain matin. On descend abruptement jusqu’à traverser un torrent sur un pont de bois et on poursuit sur un sentier balcon en légère remontée franchir une selle sableuse sur laquelle trône un chörten (30mn, 3960m). C’est un superbe belvédère duquel on domine la cuvette de Lingshed avec sur le coteau opposé le bel ordonnancement du domaine monastique avec le gonpa tout en haut et les habitations des moines construites juste en dessous, à l’image d’un village provençal (… !).
On descend légèrement sur la D pour suivre un sentier qui louvoie entre les champs et de belles habitations paysannes isolées. On traverse la rivière (15mn, 3855m) et on remonte en écharpe en direction du gonpa. Le sentier, un peu plus haut, suit le canal d’irrigation et passe sous les habitations des moines avant de s’élever en zigzags sur le côté droit des bâtiments. Le terrain de camping de Lingshed se trouve 200m à droite du gonpa sur un petit plateau sableux (20mn, 3950m, boutique, home stay, téléphone satellite). Visite très intéressante du gonpa à envisager dans l’après-midi Diaporama.
Jour 14 : Lingshed gonpa - Mungum La - Kyupa La - Yulchung
4h30 / +900m / -900m.
Diaporama Du terrain de camping situé à la droite du gonpa, on part sur la D sur un large sentier en zigzag pour aller chercher dans un premier temps un collet (25mn, 4085m, chörten) avec vue plongeante sur le domaine monastique qui commence à recevoir les premiers rayons du soleil.
Puis le sentier devient étale jusqu’à traverser un thalweg de schiste noir derrière lequel on part dans des zigzags à la pente affirmée. Puis, après un court replat, on suit un sentier à flanc pour atteindre un col inscrit dans la crête sommitale de la falaise qui borde le cirque de Lingshed à l’E (40mn, 4375m, chörten).
Au-delà du col, on laisse partir sur la gauche le sentier direct qui conduit par les hauts au terrain de camping de Kyumpata gongma (compter 40mn de marche, bientôt le support de la piste qui viendra de Kyumpata gongma…) et on poursuit sur une trace sans grosse dénivelée qui contourne une large épaule. Par une montée aussi brève que relevée, on prend pied sur le Mungum La (20mn, 4375m). On descend dans la large combe pour trouver une source (5mn, 4315m) puis, tranquillement, on marche à flanc sur la RG d’un thalweg qui s’élargit au fur et à mesure que l’on avance.
On incline légèrement la marche sur la G alors que l’on dépasse un belvédère d’où la vue plonge sur le fond du vallon et au-delà explore (des yeux seulement…) une gorge étroite et peu engageante pour le bipède que l’on est. On comprend dès lors la nécessité de devoir remonter au Kyupa La situé sur le coteau d’en face pour trouver une vallée un peu plus « adéquate » et redescendre vers le S traverser la gorge de la Zangskar chu… Le sentier court à flanc et rejoint le village épars de Kyumpata yogma.
On peut s’arrêter à la tea-house, « intentionnellement » positionnée au bord du chemin (35mn, 4060m), avant de poursuivre la descente jusqu’à la rivière au milieu d’une moraine de gros cailloux bien sombres. Attention à bien laisser partir sur la gauche un autre sentier qui rejoint Kyumpata gongma et continuer la descente sur le sentier de D (5mn, 4020m). On traverse la rivière sur un pont de bois (5mn, 4010m) et tout de suite « on est dans le bain » avec le commencement de la litanie des zigzags que propose le sentier, ceci dit très bien tracé sur la forte pente, jusqu’à atteindre un des lacets de la piste en construction (50mn, 4390m, été 2013).
On part ensuite sur la D pendant 200m puis, toujours sur une piste, à G et enfin à D jusqu’à trouver le départ du sentier historique qui franchit le véritable col, la piste s’en allant vers le Sengge La, et au-delà Photoksar, ayant été tracée dans un passage plus aisé par la gauche (5mn, 4420m). Depuis la piste, il ne reste plus qu’à monter directement sur la G sur un sentier pour atteindre le Kyupa La (5mn, 4450m).
L’itinéraire « habituel » descendant vers Yulchung suit la piste puis, alors que celle-ci tourne franchement vers la gauche pour s’en aller escalader les pentes S du Sengge La, on trouve un sentier (ou maintenant les lacets de la piste de desserte du village…) qui descend directement sur la D rejoindre Yulchung. Il est bien plus élégant (et rapide…) de filer depuis le col directement dans le vallon retrouver un sentier qui dépasse un mur de manis (15mn, 4325m) puis s’engage dans un défilé rocheux.
On aboutit à l’imposant mur de pierres qu’ont édifié les habitants de Yulchung pour marquer les limites de leurs dépendances et dans lequel ils ont laissé un passage libre. Juste derrière, on peut faire un détour par le sommet de la crête qui propose une vue plongeante sur le village de Yulchung entouré de ses champs d’orge (25mn, 4065m, 2 chörtens). Du sommet, on redescend en biseau franchement vers la D pour retrouver dans un creux du vallon un bout de sentier. Une fois arrivé sur le sentier, on part sur la G au travers d’un chaos rocheux pour rejoindre un abri de berger (10mn, 4000m, source). On descend à flanc de coteau en retrouvant une trace qui conduit jusqu’au sommet des terrasses cultivées au niveau du canal d’irrigation. Il y a des emplacements plats pour monter le bivouac (10mn, 3950m, eau dans le canal). Le terrain est idéalement situé en hauteur face à la barrière de falaises massives qui occupent la RG du vallon de Yulchung depuis le Sengge La jusqu’à la Zangskar chu. Une merveille à contempler alors que les rayons du soleil se jouent de tous les recoins de la roche pour magnifier les reliefs. Encore un petit morceau du Grand Canyon du Colorado exporté au Ladakh…
Jour 15 : Yulchung - Nyerak
3h20 / +600m / -700m.
Diaporama Du camping au-dessus de Yulchung, on contourne le vallon par la D en suivant le canal d’irrigation puis on passe au-dessus de la ferme pour rejoindre un collet dans lequel se trouve un khani, un chörten porte (10mn, 3950m). On dit adieu à ce superbe vallon de Yulchung fermé en haut par le Sengge La. On tourne sur la D pour suivre un sentier balcon qui surplombe la gorge et dans laquelle coule la rivière qui descend du Sengge La.
On franchit un collet qui donne accès à un large vallon. On descend vers la D traverser un thalweg près d’une bergerie (35mn, 3865m, camp possible, source). On remonte à flanc sur le coteau d’en face puis directement au creux d’un petit thalweg jusqu’au passage du Chuchokhuri La (25mn, 3970m). A l’arrière, on déguste une fois encore l’immensité et la beauté du vallon de Yulchung dominé en haut à gauche par le proéminent Sengge peak. La piste qui vient d’être tracée et qui relie Photoksar au Kyupa La (à l’été 2013) strie de manière peu heureuse les alpages supérieurs, mais bah ! il faut bien que le progrès se fasse… La qualité du panorama n’en est heureusement que partiellement entachée.
Côté S, on surplombe la gorge de la Zangskar chu (que l’on devine seulement…) et le village de Nyerak entouré de ses champs en terrasse. Maintenant, on descend assez directement en larges lacets tracés dans la pente de petit schiste gris pour rejoindre dans un premier temps un thalweg qui arrive de la droite (30mn, 3645m, source) puis dans un deuxième temps filer en quasi ligne droite sur une trace à flanc à la pente moins affirmée jusqu’au franchissement d’une petite épaule de laquelle on domine le sillon creusé au milieu de la chaîne himalayenne par la Zangskar chu.
A partir de là, on désescalade plus rapidement la pente jusqu’à atteindre la rive N de la Zangskar chu (25mn, 3395m). On traverse le fleuve sur un pont. Autrefois composé de rondins solidifiés par deux câbles d’acier, assez basique quand même vous en conviendrez…, il avait été réparé dans un premier temps à l’été 2012 puis il a été changé en totalité à l'automne 2014, recassé le 7 mai 2015 au matin par la vague de plus de 10 mètres de haut qui a déferlé jusqu'à Nyemo. Aujourd'hui en 2019 il est totalement réparé et les premières voitures pourront bientôt franchir le fleuve Zanskar...
C'est quand même la seule possibilité de traversée du massif entre Guru Do et Pidmo ! Pensons à l’énorme service qu’il nous rend, à nous les randonneurs, mais bien entendu encore plus aux villageois de Nyerak qui, sans sa présence, seraient davantage enclavés qu’ils ne le sont aujourd’hui… L’eau est de couleur marron et le débit est important. Le spectacle se situe de part et d’autre de la gorge où l’on peut admirer des falaises ruiniformes parées de couleurs grenat, rouge, marron, jaune et bistre… Impressionnant ! Sur la D, un sentier suit la rive N, il rejoint Kyumpata gongma par la gorge mais sa viabilité est plus qu’incertaine, les locaux l’attestent…
Une fois sur la rive S, on remonte en zigzags serrés jusqu’à une plateforme sur laquelle sont érigés des murs de manis et un chörten (10mn, 3450m). Puis le sentier part en larges lacets escalader le coteau. On contourne un mur de manis juste avant de franchir un collet pour prendre pied sur un « replat » et trouver juste après un bosquet d’arbustes à l’ombre salvatrice (30mn, 3640m). On part dans le thalweg de G en bordure des champs d’orge et très vite on aperçoit quelques maisons de Nyerak perchées sur le coteau.
On atteint les premières maisons en suivant un sentier qui part légèrement sur la D puis on pénètre dans le village où l’on peut voir de superbes constructions ladakhies lesquelles sont ornées de tsendos, de midangs et de raldris, signes de peinture rouge destinés à les protéger des esprits malfaisants. On rejoint le haut du village au pied du gonpa (20mn, 3760m). On poursuit en forte pente en suivant un sentier qui dépasse plusieurs murs de manis et rejoint un ensemble de chörtens perchés sur un tertre.
Derrière, on s’en va traverser le canal d’irrigation et on le suit vers la G jusqu’à atteindre le terrain de camping du village situé au milieu d’un bosquet de genévriers millénaires (15mn, 3840m, eau dans le canal puisée à la source un peu plus haut). C’est là aussi un endroit magique où la vue est réellement exceptionnelle sur la chaîne de montagnes située au N de la Zangskar chu.
L’étape est courte mais il n’y a pas de point d’eau avant d’atteindre les derniers mètres sous le col du Tarti La situés à 4900m soit 1100m de dénivelée à grimper sous le chaud soleil de l’après-midi… Il est nettement plus raisonnable de s’arrêter dans ce lieu enchanteur et de tenter de passer le col à la fraîche, n’est-ce pas ?
Jour 16 : Nyerak - Tarti La - Lankat
5h35 / +1250m / -1080m.
Etape assez longue avec grosse dénivelée et avec très peu de possibilités de se ravitailler en eau surtout dans la première partie : il est conseillé de partir tôt pour ne pas souffrir du soleil qui tape fort dès le milieu de la matinée au niveau des plateaux supérieurs et de penser à avoir suffisamment d’eau pour toute la montée, la première source se trouvant 50m en dessous du Tarti La…
Diaporama Depuis le terrain de camping de Nyerak, on monte pleine pente rejoindre vers la G les alpages supérieurs situés au pied d’une petite aiguille pointue caractéristique. On passe sur un tertre où est posé un chörten (10mn, 3920m) puis, en direction du S, on arrive sur une bosse (15mn, 3990m). Le panorama sur la chaîne de montagnes au N du sillon creusé par la Zangskar chu est somptueux et cela ne va pas s’arranger côté superlatifs plus on va s’élever…
On poursuit la montée en inclinant un peu sur la D pour aller chercher un sentier oblique à la pente redressée qui escalade un mamelon. En haut, on part sur la G sur une trace à la forte inclinaison. On s’élève toujours en gardant comme point visé la petite aiguille pointue dans l’arête qui domine les alpages de Nyerak (35mn, 4210m). On dépasse un abri de berger (10mn, 4270m) et on grimpe fortement pour venir passer au-dessus d’un éboulis de basalte (25mn, 4360m). Comme attendu, le plateau que l’on traverse est totalement sec ; pas la plus petite source à se mettre sous la dent ! Le sentier devient très très pentu alors que l’on part légèrement sur la D rejoindre les alpages supérieurs situés derrière une aiguille détritique. On franchit un collet (35mn, 4590m, cairn) pour une vue plongeante sur une gorge ornée de falaises ruiniformes. Splendide ! Devant, à l’autre extrémité des alpages, on distingue un col. Serait-ce le bon ?
On traverse un plateau assez ondulé sur lequel on retrouve un peu de verdure mais toujours pas de source… On domine le cirque au milieu duquel on peut encore voir les maisons du village de Nyerak. Et derrière, à l’horizon, la chaîne de montagnes dévoile ses extrémités du Kyerse La sur la gauche au Sengge La au centre, et à droite, malheureusement pas de référence car c’est un no man’s land pour ce qui est de la randonnée… Et en maints endroits, toujours ces délires géologiques habillés de strates multicolores ou alors ces alignements de pénitents ruiniformes qui font penser à des fractales. On retrouve une pente un peu plus maîtrisée en avançant de mamelon en mamelon. On découvre que les villageois de Nyerak qui sont en manque d’eau perpétuel ont construit un étonnant canal d’irrigation pour capter au printemps toutes les eaux de fonte des neiges et les acheminer 800m plus bas pour irriguer leurs champs. Quel travail de titan !
On suit quelque temps le muret du canal qui a le mérite de contourner la combe et proposer un parcours en quasi courbe de niveau… On quitte le canal pour franchir une bosse (20mn, 4660m, cairn). On poursuit l’avancée vers le col en louvoyant entre les mamelons. On dépasse un bassin de rétention (eau non potable) puis le sentier s’éloigne du canal d’irrigation. On passe à proximité d’un deuxième bassin de rétention (10mn, 4685m). Le sentier monte encore un peu sur du petit schiste et s’en va passer le col que l’on convoitait (25mn, 4775m).
Le compte n’est pas bon ! Ce col n’est pas le Tarti La : on constate que le sentier se poursuit à flanc et rejoint une épaule (5mn, 4780m) qui domine une combe creusée de plusieurs canyons. Derrière, on part sur la D en légère descente dans du gros éboulis en direction du sommet glaciaire du Suskiand (5590m).
On pénètre dans un vallon assez vert que l’on suit en RG sur des pentes d’éboulis avant de poser le pied à quelques centaines de mètres du col sur du gazon (25mn, 4830m). Tiens, tiens ! Il y a de l’eau… Et des emplacements plats pour un éventuel bivouac à près de 5000m, si le besoin s’en faisait sentir… Par des pentes de gazon et de résidus morainiques, on effectue les derniers mètres qui séparent cet emplacement du passage du Tarti La (10mn, 4920m), et oui, c’est bien lui ! Et il y a une source au col même…
La descente s’initialise sur la G du col par une marche à flanc de pierrier pas trop contraignante pour les genoux. Mais ça se corse un peu après avoir traversé une « prairie », on plonge littéralement sur un sentier en zigzag serrés sur du petit caillou bien roulant sous les chaussures et donc casse-gu… (bâtons recommandés). On désescalade une selle sableuse assez inclinée jusqu’au fond d’un thalweg dans lequel coule un ruisseau (35mn, 4435m). Non ! Le sentier ne descend pas dans le vallon de droite comme l’indique la carte Olizane…
On repart en RG sur un sentier à flanc qui remonte un peu pour franchir un collet taillé dans une arête rocheuse (15mn, 4500m). On évite ainsi par ce passage une descente assurément problématique au fond d’une gorge très étroite que l’on domine de plus de 100m de hauteur sur la droite. Avec le recul, on peut apprécier la majesté du cirque de falaises que l’on vient de parcourir, nos genoux s’en souviennent… Et c’est loin d’être terminé ! On poursuit par une descente en larges lacets dans une terre meuble face à des aiguilles sur lesquelles sont dessinées des arabesques.
Un moment de répit avec la traversée d’un replat (10mn, 4400m) et c’est reparti en zigzags dans un second thalweg dont on rejoint le fond. Ensuite, le sentier suit le lit du torrent avant de s’échapper sur la D alors que l’on approche de la confluence avec le torrent que l’on a laissé tout à l’heure. Ambiance montagne sauvage s’il en est ! La vallée que l’on va suivre est surplombée de nombreux pics plus redressés les uns que les autres, c’est un enchantement pour les yeux…
On traverse le torrent pour prendre pied en RG et évoluer quelques mètres au-dessus (25mn, 4185m). Du minéral à la végétation arbustive il faut très peu de temps… Le lit de la rivière a disparu totalement sous les arbustes. On traverse la rivière pour retrouver la RD (10mn, 4085m) et suivre une trace à flanc qui passe juste au-dessous d’une « forêt » de cheminées de fées puis de pénitents. On arrive à un emplacement de camp au bord de la rivière au lieu-dit Lankat (15mn, 4010m, eau dans le petit vallon qui vient de derrière les pénitents).
Jour 17 : Lankat - Pharkunsa
3h20 / +150m / -450m mais 5 à 6h de trajet pour les mules.
Diaporama On descend le vallon en longeant la « forêt » de cheminées de fées. On passe RG et tout de suite on revient RD sur un sentier hors des bosquets. Au niveau d’un espace plat sous la dernière cheminée de fée, on s’en va sur la G traverser la rivière et marcher sur la RG (20mn, 3925m).
La large vallée se termine et on rentre à présent dans un défilé très très étroit dans lequel il faut marcher sur les pierres sur le bord de l’eau pour ne pas se mouiller les pieds. Ce sont 200m de rigolade et d’étonnements dont on s’échappe par un sentier qui monte sur la G (40mn, 3800m) puis redescend traverser la rivière.
En face, démarre un nouveau sentier à flanc de moraine qui court à mi-hauteur en RG d’une vallée qui s’est élargie. On marche maintenant sur des banquettes sableuses recouvertes d’arbustes en RD. Puis, après avoir traversé une nouvelle fois la rivière, on évolue sous des falaises en forme de lames (20mn, 3760m). Le long de la rivière on peut voir en maints endroits des chantiers de coupe de bois, les branches taillées servant à la fabrication des plafonds dans les maisons.
La fin de la vallée approche et voici sur la G le départ du sentier (25mn, 3700m) sensé rejoindre le Pangat La , évitant par là-même la confluence avec la Bangche togpo qui doit couler dans une gorge impraticable. La pente du sentier est très redressée, celui-ci, taillé à flanc de falaise détritique s’en va franchir une épaule.
Derrière, c’est une trace en courbe de niveau qui paraît bien étroite pour qui évolue à flanc de pierrier 50m au-dessus de la gorge. Le sentier reste étale, et même, se dirige vers le lit de la rivière. Il semblerait que le sentier qui passait par le haut et le Pangat La soit tombé aux oubliettes depuis belle lurette dans des éboulements de pierriers et le manque de passage de caravanes… Il faut s’y résigner : c’est la gorge ou rien ! On traverse à gué la rivière peu profonde (30mn, 3700m) pour s’engager sur un sentier en RG qui monte un peu pour éviter un méandre et redescend immédiatement au bord de la rivière par un escalier aménagé. On laisse la trace qui se dirige vers la gorge pour monter pleine pente sur la D d’une cinquantaine de mètres et trouver un passage au-dessus des effondrements.
Ce passage à la viabilité plus qu’incertaine évite une remontée de type canyoning sur 300m dans l’eau (ceci dit si vous voulez vous amuser un peu et au passage un tantinet vous rafraîchir, ce n’est que du bonheur avec la remontée de quelques cascades pour un parcours qui, de plus, se terminera par la traversée d’un tunnel…).
Par contre, les mules ne sont pas à la fête depuis la sortie de la vallée qui descend du Tarti La, et les muletiers non plus ! Après l’escalier, les mules peuvent emprunter le sentier du haut mais sans les charges, car le passage est trop étroit là-haut. Juste avant le passage étroit en haut, il faut tout débâter puis convoyer les charges à dos d’hommes sur une centaine de mètres. Ensuite, on remet les charges sur le dos des mules et on poursuit l’itinéraire qui, sans être idéalement facile, redevient moins problématique. Cette opération est chronophage et justifie que la journée soit aussi brève en heures de marche mais très laborieuse pour les mules et les muletiers… Hommes et bêtes franchissent un collet dans la continuation de la trace du haut (25mn, 3750m) et tout le monde se retrouve à la sortie de la gorge sur une plage à l’orée d’une vallée verdoyante dont l’aspect contraste énormément le précédent environnement… (5mn, 3685m).
On poursuit sur un sentier beaucoup moins chahuté et on remonte tranquillement une large vallée où l’on croise de nombreux emplacements de camp. La vallée est « infestée » de buissons de seabuck thorn, cet épineux qui produit les baies de kogi vendues à prix d’or dans les magasins bio, ici il n’y a qu’à se baisser… Au lieu-dit Pharkunsa, on franchit un vallon d’où sort une eau pure (30mn, 3730m) avant de traverser un plateau sableux au bout duquel on établit le bivouac (5mn, 3730m, herbe pour les mules en RD de la rivière).
Jour 18 : Pharkunsa - Namtse La - Hoina (Honara)
4h40 / +740m / -900m.
Diaporama Du camp de Pharkunsa, on poursuit en RG de la vallée verdoyante. On dépasse une source qui sourd de dessous une roche (5mn, 3735m) puis on s’élève un moment pour éviter un passage fastidieux le long de la Bangche togpo et arriver devant un petit thalweg dans lequel on descend traverser la rivière. On remonte sur la banquette sableuse en face (10mn, 3755m, camp possible) et on remonte à main droite en direction d’un collet où on note la présence assez inhabituelle d’un lhato fait de bois et de branchages et, contrairement à l’habitude, sans l’apport d’aucune pierre (5mn, 3810m).
On descend légèrement dans le fond du vallon boisé et on progresse parfois difficilement à cause des buissons qui encombrent le chemin sous une « forêt » de pénitents. Le chemin est très peu utilisé sauf par les travailleurs du bois et d’une année sur l’autre le végétal regagne le terrain perdu… On évolue la plupart du temps en RG à la limite des arbustes et de la moraine caillouteuse. Un moment de répit alors que l’on monte sur une moraine sableuse à hauteur du lit de la rivière face aux pénitents (30mn, 3910m). Mais on redescend de suite longer la rivière pour s’en échapper de nouveau un peu plus loin sur la G en remontant sur une moraine latérale. On laisse une bergerie ruinée en contrebas située à la confluence de deux vallons (20mn, 3980m).
Il existe un autre chemin qui suit le fond du vallon mais toujours aussi encombré, d’où le choix… On évolue dans le vallon de G et on remonte sur la moraine latérale RD (5mn, 4015m). Par un sentier à flanc bien visible qui s’élève sur la G au-dessus d’un série de pénitents, on pose le pied sur un plateau herbeux (10mn, 4070m) que l’on traverse légèrement en biseau vers la G pour trouver une trace de descente dans un thalweg qui coupe ce plateau en deux. Une fois au fond du thalweg très caillouteux (15mn, 4085m) on remonte en face pour continuer la traversée du plateau toujours en biseau vers la G et rejoindre la confluence de plusieurs petits thalwegs qu’il sera aisé de traverser.
On remonte sur une vaste prairie (15mn, 4130m) et par une marche orientée au SSW on rejoint un mur de manis, à la confluence des deux sentiers, celui de la moraine et celui du fond de vallon (10mn, 4165m). On suit une large vallée fluviale puis on laisse sur la gauche une vallée (10mn, 4200m) pour poursuivre tout droit vers le fond du vallon que l’on suit depuis le début de la matinée. On rejoint le lit à sec de la rivière (5mn, 4220m) et, à la confluence de deux nouveaux vallons, on part dans celui de G (10mn, 4250m). Le sentier est tracé dans le fond du vallon et on s’élève toujours aussi tranquillement en direction du col (que l’on ne voit toujours pas…). Une dernière confluence au niveau de laquelle on poursuit vers la D sur un sentier en zigzag aménagé et, toujours en suivant le fond d’un thalweg, on atteint le Namtse La (30mn, 4430m).
Rien de transcendant côté paysages puisqu’au N on ne distingue qu’une infime partie de la chaîne du Sengge La alors qu’au S on se trouve enfermé au milieu de crêtes sans conteste beaucoup plus hautes que le col. Juste sur la gauche, noter un pic rocheux aux aspects de mini Mont Aiguille… La descente est tracée à flanc sur la G et rejoint le fond d’une combe fluviale qui démarre au pied du sommet rocheux cubique. Pas de quoi se faire mal aux genoux car la descente est vraiment progressive (pour l’instant…). On trouve de l’eau dès que l’on commence à prendre pied dans le lit de la rivière (10mn, 4330m). Un peu plus bas, on retrouve de la verdure vers 4200m avant d’entamer une dégringolade qui va nous conduire 700m plus bas en assez peu de temps. Un conseil, sortez les bâtons ! On évolue pratiquement dans le lit du torrent à sec jusqu’à ce qu’un cairn indique de bien vouloir se déporter un peu sur la RD (45mn, 3890m). On ne reste pas très loin du lit du torrent pour effectuer quelques zigzags dans des pentes caillouteuses et venir traverser le torrent au pied d’une aiguille élancée (5mn, 3820m, source en RD). On longe des parois rocheuses de fort belle hauteur et, soudain, c’est une désescalade en zigzags casse-gu… sur des cailloux bien roulants sous les semelles des chaussures alors qu’apparaît pour la première fois la large plaine de la Zangskar chu.
On n’est pas au bout de nos soucis car le mauvais moment va durer jusqu’au niveau d’un piège à loups (20mn, 3640m). Ensuite, on évolue sur un sangle en balcon qui conduit sur un belvédère duquel on domine la plaine de la Zangskar chu avant de descendre en larges lacets jusqu’au « village » de Hoina (ou Honara comme écrit sur la carte Olizane...). Une seule maison habitée l’été, on pose le bivouac à côté de la source un peu au-dessus de la route de Padum en face du village de Pidmo (20mn, 3510m).
Jour 19 : Hoina - (Padum) - Camping de Zangla
3h de voiture A/R + 9kms / 2h / +100m / -130m pour le staff.
Diaporama Au moment du passage à Lingshed, dernier village où il y avait un téléphone satellite, il aura été prudent de réserver un taxi et convenir d’un rendez-vous pour que cette journée de repos soit la plus profitable : descente le matin à la « ville » du coin, Padum, située à 40kms d’Hoina et, dans l’après-midi, remontée vers le camping de Zangla (31kms de Padum) avec le ravitaillement pour les 12 derniers jours du trek qui vont permettre de relier Zangla, fin de la 2eme partie de ce « Grand Tour du Ladakh », à Sangtha, point de départ de la 1ère partie, histoire de boucler la boucle…
Le camping de Zangla se situe 3kms après le village quand on vient de Hoina (donc au S...) et le trajet s’effectue principalement sur la route. Lorsque l’on remonte la vallée (c’est-à-dire que l’on se dirige vers Padum) et que l’on est passé au pied du village de Zangla, juste après l’antenne télécom, on descend passer un pont et, 500m après, au niveau des sources chaudes (2 bâtiments pour les "douches" à flanc de falaise), il y a une grande prairie humide qui sert de camping au bord de la Zangskar chu (3485m, source, herbe bien drue pour les mules).
Bien entendu, la 3ème partie annoncée n’est pas obligatoire et vous pouvez très bien décider d’en terminer à Padum Diaporama où vous trouverez des taxis pour retourner sur Leh via Kargil (1,5 jour et de l’ordre de 250 à 350€, tarif été 2013, à partager entre les personnes convoyées).
Relevés de terrain août 2013
19 jours / 72h / +12060m / - 11725m.
Retour vers la 1ère partie du Grand Tour du Ladakh
Lien vers la 3ème partie du Grand Tour du Ladakh
Lien vers la page principale du Grand Tour du Ladakh
Ajouter un commentaire