[GTL] - Circuit n°1 - De Yagang à Guru Do (Chilling)
Ce topo correspond à la première partie du « Grand Tour du Ladakh » proposé en 47 jours. Accessible depuis Leh en 4h30 de voiture (et ici agrémenté d’un détour optionnel par les lacs Tsokar et Tsomoriri en 2 jours), son but est de vous guider en une petite quinzaine de jours sur la route du nord du massif entre Yagang, un village situé à proximité de la route de Leh à Manali juste après le col du Tanglang La qui, à 5328m d’altitude, barre la route, et Chilling, un village situé dans la partie basse de la gorge de la Zangskar chu. Noter que le retour sur Leh est possible et assez aisé depuis Guru Do (à 5kms au S de Chilling) grâce à un service de bus proposé les mercredis et les dimanches depuis Leh. Une première partie en appelant d’autres, ce topo sera complété d’une deuxième partie décrivant la liaison entre Sumda Do, un village situé 12kms au nord de Chilling dans la gorge de la Zangskar chu, et Zangla à l’orée de la vallée enclavée de Padum au Zangskar, tandis que l’on clôturera la circumambulation d’une troisième partie avec la transversale de Zangla à Sangtha.
LE TREK JOUR PAR JOUR
Jour 1 : Paris - Delhi
7h30 d’avion.
Vol de nuit depuis Paris-CDG par Air India, le meilleur rapport qualité / prix sur cette destination.
Jour 2 : Delhi
Journée libre à Delhi. Diaporama Au petit matin, visite de la mégapole aux multiples quartiers à l'empreinte ethnique différenciée. Delhi est réellement un melting-pot de civilisations et de religions. Au gré de vos envies, allez donc visiter des monuments empreints d'histoire comme les forts (le nouveau, Lal Qila, appelé aussi Fort Rouge, et l’ancien, le Purana Qila), le palais d'Humayun ou le Qutub Minar, kitchissimes au possible comme le Lotus Temple, Laxmi Narayan ou le tout dernier né, le déjà célèbre Swaminarayan Akshkardham situé dans la banlieue NE au-delà du fleuve. Nuit en hôtel à proximité d’une station de métro, il vous permettra de vous déplacer rapidement vers les différents sites touristiques, les dernières centaines de mètres étant effectuées en tuk-tuk ou en rickshaw
Jour 3 : Delhi
Journée libre à Delhi. Nuit en hôtel dans le centre de Delhi ou possibilité de rejoindre un hôtel plus proche de l’aéroport pour ne pas avoir à se lever trop tôt afin de s’enregistrer sur le vol matinal du lendemain à destination de Leh, les horaires du métro étant incompatibles avec ceux des départs vers Leh.
Jour 4 : Delhi - Leh
1h15 d’avion.
Vol à l’aurore depuis l’un des deux terminaux de l’aéroport de Delhi (T1 domestique pour GoAir ou SpiceJet et T3 international pour Vistara ou Air India). A vérifier sur votre coupon électronique. Diaporama A l’arrivée, repos d’acclimatation le matin et dans l’après-midi, tentez une petite visite du Royal Palace et du fort mais mollo mollo… Nuit en guest-house à Leh à 3450m d’altitude (par exemple, Padma guest-house & hotel situé à 5mn au S du centre ville, tel : +91 1982252630 ou mobile : +91 9419178171).
Jour 5 : Leh
3 à 4h de voiture.
Journée d’acclimatation avec la visite de monastères (au choix Tiksey, Hemis, Stakna, Chemre, etc.). Diaporamas Quelques grimpettes d’escaliers vous rappelleront la faiblesse de l’être humain transposé en altitude. Retour à Leh pour les derniers achats avant le grand départ et une deuxième nuit en guest-house.
Jour 6 : Leh - Korzok
6 à 8h de voiture.
Du fait que le trek démarre des environs de Sangtha situé à 180kms de Leh, l’occasion est bonne de coupler ce déplacement avec l’excursion en voiture aux lacs Tsomo Riri et Tsokar, deux bijoux sertis de montagnes, un incontournable de la région si d’aventure vous ne vous êtes pas laissés tenter par le trek De Rumtse au Spiti décrit sur le site. Sur la route, profitez-en pour aller rendre une visite aux monastères de Chemre et Thag Thog (embranchement à gauche à Karu) Diaporama avant de revenir sur la route de Manali pour rejoindre Upchi. On laisse la route de Manali partir sur la droite et on poursuit en RD de l’Indus sur une centaine de kilomètres jusqu’à Chumatang (possibilité de restauration) puis Mahé. Diaporama Là, on s’enfile dans la vallée qui part sur la droite pour une quinzaine de kilomètres jusqu’à Puga sumdo où l’on trouve sur la gauche la « route » qui conduit jusqu’à Korzok. On franchit le Namchung La à 4840m puis on descend doucement vers le lac de Kyagar tso avant d’atteindre la pointe N du lac du Tsomo Riri (la « route » s’est maintenant transformée en piste…). Tout au long du parcours, on croise de nombreuses tentes de nomades. Nuit en guest-house (très) simple à Korzok avec vue imprenable sur le lac du Tsomo Riri. Visite du gonpa sans oublier de se rendre au belvédère juste derrière le mur de chörtens pour un très beau panorama d’ensemble sur le lac et les montagnes qui le bordent, à savoir les Chamser Kangri et le Lungser Kangri dépassant tous deux les 6500m. Diaporama
Jour 7 : Korzok - Tsokar - Camp sous Yagang
3h30 de voiture.
De Korzok, on revient sur l’itinéraire suivi la veille jusqu’à Puga sumdo. Puis on part sur la gauche dans une large vallée sédimentaire aux couleurs blanche (le sel), jaune (le soufre) et verte (l’herbe qui colonise le lit de la rivière). On traverse Puga et son geyser indiquant la présence de sources chaudes puis c’est une longue montée jusqu’au Polo Kongka La qui frôle les 5000m d’altitude. Descente en douceur vers le lac de Tsokar (vaste étendue d’eau salée) que l’on contourne par le N pour retrouver quelques kilomètres plus loin la route de Leh à Manali. Cap au NNW pour 5kms avant de trouver la bifurcation (mal indiquée) de la piste qui suit la vallée de la Zara chu, piste que l’on suit jusqu’à l’embranchement de la piste de Yagang (4520m). Bivouac sur les banquettes herbeuses en bord de la rivière. Recontre avec les muletiers et le staff assurant l’intendance. C’est le véritable départ du trek…
Jour 8 : Camp sous Yagang - Lungmoche
3h45 / +400m / -200m.
Diaporama On part sur la piste de D en légère montée. On découvre très rapidement le village de Yagang et on monte jusqu’au gonpa (20mn, 4600m, visite possible). On s’aperçoit que le village est scindé en deux parties : celle que l’on vient de traverser et plutôt orientée parc à bestiaux, et l’autre qui colonise un thalweg au pied des montagnes, où habitent les villageois. Yagang est un village où les nomades viennent s’établir en été avant de se déplacer à l’automne vers Lungmoche puis à l’arrivée de l’hiver vers Dad, la dure vie sur le plateau de Kharnag. Du gonpa, on descend vers le S traverser la rivière sur un pont de planches et on reste à niveau en RD pour s’en aller contourner une selle sableuse. On s’élève un peu jusqu’à un mur de manis (30mn, 4570m) duquel on dispose d’un large panorama sur le plateau. On poursuit vers l’W sur un chemin qui passe sur la droite d’une dépression sableuse. C’est l’endroit où aiment se promener les kiangs, ces ânes sauvages à la course très gracile. On continue à monter vers le SW jusqu’à croiser un mur de manis (40mn, 4670m). Puis c’est à flanc de colline que l’on va entrer dans une large vallée fluviale orientée au NW.
Le parcours se déroule à hauteur et joue à proposer une succession de up / down à chaque croisement de thalweg venant de la droite. La remontée de la vallée parait interminable jusqu’à ce que l’on rejoigne la piste (1h30, 4660m). Heureusement que quelques murs de manis placés le long du chemin offrent des points visés pour casser la monotonie… On suit maintenant la piste pendant 1km jusqu’à entrer dans le village de Lungmoche (15mn, 4690m). On dépasse les dernières maisons du village et on laisse la piste s’élever vers le Yar La pour s’engager à G sur une piste sableuse qui suit peu ou prou le lit de la rivière. Le bivouac est établi sur des banquettes herbeuses à 2kms au NW du village (30mn, 4720m) en bordure de la rivière sous les pentes du Yar La.
Jour 9 : Lungmoche - Dad
5h45 / +270m / -620m.
Diaporama Du camp au bord de la rivière, on poursuit dans la vallée fluviale. On traverse un large alpage qui est la terminaison du thalweg issu du col. On rejoint un mur de manis duquel on part sur la G rejoindre la base d’un drôle de mur (35mn, 4800m). Explications : ce mur, comme celui qui existe de l’autre côté du col, est en fin de compte un chemin qui a été construit par les villageois afin de permettre le passage du col en hiver lorsque les pentes du Yar La sont recouvertes de congères et de plaques à vent ; seul ce cheminement reste libre puisque le vent violent en chasse la neige. Hommes et bêtes peuvent marcher sur ce solide monticule au-dessus de la poudreuse. Ingénieux, non ? On va suivre côté gauche ce fil conducteur jusqu’au chörten qui marque le passage du Yar La (1h15, 4990m).
Descente côté N dans le thalweg en suivant plus ou moins le mur (moins bien conservé de ce côté) jusqu’à entrer dans une large vallée caillouteuse assez plate. On rejoint la piste au niveau d’un éperon rocheux en RD (55mn, 4675m). Puis c’est piste monotone pendant 12kms jusqu’au moment où elle traverse le lit de la Ramer chu (2h30, 4375m). On la laisse grimper sur des concrétions rocheuses alors que l’on s’enfile sur la D dans le lit caillouteux de la rivière pour passer auprès d’une source. On traverse en biseau le plateau lacustre colonisé par les pozzines et on rejoint la RD du vallon. Au loin, on laisse sur la gauche le camping officiel de Dadgo avant de retrouver un petit chemin sur la droite de la vallée, chemin qui conduit sous les concrétions sableuses jusqu’à la passerelle rouillée permettant de traverser la rivière sans acrobatie. Bivouac auprès de la rivière en amont du village de Dad (30mn, 4370m, téléphone satellite).
Jour 10 : Dad - Sorra
3h40 / +100m / -300m.
Diaporama Visite matinale du gonpa de Dad située dans le vallon sur la gauche (10mn, 4385m). Puis traversée de la rivière issue de ce vallon sur un pont pour remonter sur la butte et passer auprès d’un mur de manis (10mn, 4385m) en RG de la rivière. On franchit ensuite une vallée fluviale pour rejoindre un enchaînement de murs de manis (15mn, 4375m). Vers l’aval s’ouvre une gorge étonnamment verdoyante dans laquelle coule la Chang togpo. On restera RG toute la première partie de la journée et, après avoir traversé des longueurs de pozzines, la vallée s’élargit (45mn, 4310m). On peut admirer à cet endroit le remarquable monument bouddhiste qu’est le latho Kala Puchung, composé de plusieurs murs de manis, de chörtens et d’un latho, ce monument élevé par les villageois pour se protéger des esprits malfaisants qui errent à la surface de la terre, dans l’eau ou dans l’air.
Vers l’aval, une montagne acérée se propose au regard et clôt l’horizon. On passe deux ensembles de bergeries (15mn, 4250m) puis les parois se rapprochent alors que le lit de la rivière est colonisé par les saules. On passe au pied d’une aiguille rocheuse plantée au milieu du canyon au confluent d’une large vallée arrivant de la gauche. On louvoie entre les bosquets de saules et les rigoles. Si, lors de la première étape sur le plateau de Lungmoche, on avait marché sur des millions d’édelweiss, ce sont maintenant les orchis pourpres qui se distinguent. Les parois verticales de près de 500m sont veinées par des marques de cascades et sont creusées ça et là de grottes (45mn, 4185m). On poursuit en bord de rivière sur une lande avant de traverser de nouveau une « forêt » de saules jusqu’à trouver sur la D la bifurcation du sentier qui descend vers la rivière, un peu avant que ne s’ouvre la gorge de la Gunlus togpo en RD. Pas d’autre alternative que de traverser le cours d’eau à gué (35mn, 4145m, sandales bienvenues).
Contrairement à ce qui est indiqué sur la carte Olizane , il n’y a pas à grimper de 300m pour franchir un éperon rocheux (comment pourrait-on faire d’ailleurs quand sur le terrain on est confronté à des falaises détritiques d’une extrême verticalité…) mais, après avoir franchi une toute petite bosse, on redescend doucement jusqu’à la rivière avant de trouver 200m plus avant le départ d’un sentier tracé à une dizaine de mètres au-dessus du lit de la rivière en RG et qui ondule au gré des thalwegs que l’on traverse. Exceptionnelle randonnée pendant laquelle on ne sait plus où poser les yeux tant Mère Nature nous a gratifiés de beautés ! Encore faut-il garder un œil sur le chemin, une culbute étant si vite arrivée… Au loin devant, la minéralité cède le pas aux larges terrasses qui entourent le village de Sorra, ensemble de maisons disséminées sur le plateau sous la protection du Fort Noir (Khar Nag). Cet édifice trône sur l’éperon rocailleux qui se dresse sur la droite et dont on peut encore distinguer les ruines. On traverse le torrent qui arrive du vallon de droite et on établit le bivouac sur la terrasse juste au-dessus (45mn, 4215m). Tout autour, ce ne sont que montagnes ruiniformes sur lesquelles se jouent les rayons du soleil pour nous proposer un spectacle de qualité à l’approche du soir. Amis photographes, à vos engins !
Jour 11 : Sorra - Zalung Karpo La BC
4h05 / +650m / -50m.
Diaporama On part vers le fond de la vallée qui s’ouvre au N en traversant les terrasses. Au niveau des trois dernières maisons, on incline la marche légèrement sur la G pour s’en aller franchir la rivière sur un pont et poser le pied sur la RD (10mn, 4230m). On remonte une vallée fluviale de belle largeur et verdoyante qui a creusé un passage au milieu des montagnes calcaires aux pointes acérées. Lorsque les rayons du soleil jouent à cache-cache avec les nuages, les dégradés de couleurs qui ornent les roches sont du plus bel effet.
On traverse la rivière à gué (1h10, 4360m, sandales bienvenues) pour fouler à nouveau de vastes prairies sur la RG. On dépasse la bergerie de Pilingsa (10mn, 4400m, camp possible) juste avant de s’engouffrer dans un défilé de roches détritiques au-dessus duquel trônent de splendides pénitents sableux. On traverse une vaste étendue gazonnée (25mn, 4450m, source, camp possible) juste avant d’être confronté à la traversée à gué d’une rivière de belle importance qui vient d’un étroit vallon sur la droite (10mn, 4475m). En sortant du thalweg, le minéral se substitue à la verdure pour proposer la remontée d’une gorge schisteuse, elle aussi bordée de pénitents. On dépasse une aire gazonnée (45mn, 4560m, camp possible). Encore quelques centaines de mètres à marcher pour atteindre le site de la bergerie ruinée de Kyurik avec son carré de verdure en RG de la Gunlus togpo (15mn, 4600m). On poursuit vers le N où l’on doit traverser un vallon fluvial venant de la droite. Puis c’est toujours tout droit dans le lit du torrent jusqu’au moment où l’on s’échappe sur la D (30mn, 4700m) en s’engageant sur un petit chemin abrupt qui conduit sur le rebord d’une moraine (5mn, 4715m, camp possible). On poursuit à flanc jusqu’à rejoindre un large plateau herbeux sur lequel on établit le bivouac (25mn, 4815m).
Jour 12 : Zalung Karpo La BC - Zalung Karpo La - Langthang Chen
3h55 / +500m / -800m.
Diaporama On traverse le grand plateau herbeux vers le N et on franchit une moraine sableuse (10mn, 4830m). On suit maintenant un sentier en faux-plat montant jusqu’à l’entrée du thalweg qui s’enfonce entre des montagnes détritiques (15mn, 4880m). On s’enfile dans le thalweg et la pente se redresse. Toutefois, le sentier est très convenablement tracé en zigzag et on s’élève sans peine. On vient buter sur la muraille terminale du col (40mn, 5050m). On s’échappe vers la D sur un sentier en très forte déclivité qui conduit jusqu’au passage du Zalung Karpo La (35mn, 5197m). Belle vue sur la chaîne du Kang Yatse, ses multiples sommets qui dépassent les 6000m et une superbe pyramide glaciaire que les géographes n’ont pas même pris soin de baptiser. Et pourtant qu’elle est belle et aguicheuse pour nous les alpinistes…
Descente tranquille dans le thalweg aux pentes débonnaires qui se présente au N jusqu’à dépasser le site de Yakrupal (40mn, 4870m, camp possible pour ceux qui montent de ce côté-ci). Ensuite, on entre dans un défilé dont le sol est jonché de cailloux morainiques. Voici la confluence avec une profonde vallée qui vient de la droite (25mn, 4700m). On poursuit sur la G vers l’aval. Là où il était facile de passer d’une rive à l’autre de la rivière, ce n’est maintenant plus la même chose : la rivière, grosse de ses affluents, commence à gronder et les passages à gué deviennent de plus en plus délicats. Sur la RD, on passe à Tikyu (45mn, 4640m, source, camp possible). Au-delà, on doit franchir la rivière pour rejoindre un cône de déjection assez imposant qui précède une grande portion verdoyante. On dépasse le lieu-dit Male. On poursuit la marche en RG et on foule de nombreux espaces gazonnés dont un avec une source (45mn, 4470m). Puis on traverse la rivière au niveau de falaises qui obstruent le passage (15mn, 4440m). On quitte le lit de la rivière pour monter sur un alpage où sont dressés quelques murs de manis avant de plonger en direction de la rivière jusqu’à un bel emplacement de camping (10mn, 4415m, source).
Jour 13 : Langthang Chen - Kongka Nongpo La - Plateau de Nyimaling
5h / +800m / -480m.
Diaporama Du camp, on descend rejoindre le coude de la rivière où l’on trouve un croisement de chemins (10mn, 4400m). On laisse celui de gauche descendre vers la vallée de la Markha et le village de Hangkar alors que l’on s’engage sur celui de D. Non mentionné sur les cartes de la région , il présente deux avantages : d’abord un profil très élégant bien plus « roulant » que l’officiel et, pour le sens de marche décrit, il permet d’éviter un grand détour par la confluence des rivières (voir note en bas du topo de la journée). Il s’écarte du bord de la rivière d’abord en courbe de niveau puis commence une ascension à flanc vers une première selle (25mn, 4510m). Depuis ce belvédère, la vue arrière sur la vallée de la Langthang Chen est vraiment superbe tandis qu’à l’avant on commence à deviner le sillon de la Markha qui, venant de la gauche, coule au pied de montagnes noires. Noter aussi que le site regorge de ciboulette sauvage. Amis gastronomes, à vos ciseaux ! Le sentier se poursuit vers la D en direction d’un collet derrière lequel on commence à entrevoir le Kang Yatse I. La montée est progressive jusqu’à une deuxième selle (25mn, 4650m). Au-delà, le chemin explore le fond d’une combe où il y a une source (5mn, 4665m) et monte abruptement jusqu’à une troisième selle coiffée de cairns (15mn, 4750m). Ensuite, on traverse un grand plateau herbeux sous la face NW du Kang Yatse II dont le sommet se présente quand même 1500m plus haut. D’ici, il parait tellement accessible…
On atteint un tertre coiffé de plusieurs cairns (20mn, 4800m). On monte en zigzag sur la D pour rejoindre le sommet de la bosse et retrouver le sentier que l’on avait un peu oublié. On le suit à G pour s’en aller traverser un ruisseau (10mn, 4855m). On poursuit en direction d’une moraine sableuse ornée d’un cairn (5mn, 4870m) de laquelle on peut apprécier une partie du travail qu’il reste à effectuer, et encore on ne vous dit pas tout. Patience… ! D’abord, on explore le fond d’une combe avant de devoir remonter une pente terreuse assez relevée pour rejoindre le départ du sentier que l’on avait vu au préalable tracé dans de l’éboulis rouge (10mn, 4900m, jonction avec l’itinéraire direct venant de la Markha). Puis on entre dans la partie qui nous était restée cachée : le bon sentier ne dure pas longtemps. Dès le premier virage, on distingue maintenant nettement ce qu’il reste à parcourir jusqu’au col. Pfouh ! Ce n’est pas du gâteau… D’abord, on emprunte une trace à flanc plus ou moins viable dans du petit éboulis de schiste gris. A quelques endroits, il faut même un peu chercher où poser ses pieds (à parcourir avec attention par temps de pluie). Ensuite, c’est un peu mieux viabilisé mais sans excès. Enfin, la partie terminale sous le col est bien tracée mais vraiment pentue.
Après avoir accompli toutes ces épreuves, on peut goûter en récompense à nos efforts au panorama alors que l’on débouche au Konka Nongpo La (1h, 5080m). Que de contrastes ! A l’E, d’où l’on vient, c’était l’austérité et le schiste noir, là, on a posé le pied sur la lèvre supérieure du plateau du Nyimaling. A l’W, quelle immensité ! On domine un plateau gazonné de taille plus que respectable (on appréciera dès cet après-midi que l’on est loin d’avoir tout vu…) : on distingue parfaitement le Konmaru La (ça c’est pour demain…), on voit quelques troupeaux de nomades brouter la bonne herbe fraîche, et puis quel entrelacs de pics acérés… En se retournant, au S, on ne peut pas oublier ce géant, le Kang Yatse II, qui nous surplombe de son superbe dôme de neige. On s’arrache à ce panorama d’exception et, sans difficulté, on descend les pentes débonnaires herbeuses pour traverser le plateau en restant plutôt sur la D pour atteindre le départ d’un sentier tracé dans de l’éboulis. Sans perdre d’altitude, on contourne la base des Kang Yatse (le n°1 est enfin réapparu) et on atteint le sommet d’une moraine (40mn, 4980m). On descend dans une plaine fluviale au milieu de laquelle coule une large rivière issue des glaciers du groupe de montagnes du Kang Yatse. On descend la traverser (10mn, 4890m) avant de remonter (une dernière fois) en biseau vers la G pour rejoindre le fil d’une moraine.
Derrière la moraine, toujours pas de camp en vue mais la traversée d’un vaste plateau avec comme point visé le Konmaru La bien identifiable à son sentier en zigzag tracé dans la terre rouge. Interminable cette journée ! Tout à une fin quand même, on atteint la bordure N du plateau et une dernière désescalade conduit assez rapidement au campement de Nyimaling en louvoyant milieu des blocs de granit. A mi-pente, ne pas oublier de refaire le plein d’eau à l’une des sources que vous croiserez sur votre chemin, l’eau est de bien meilleure qualité que dans le campement (1h, 4720m, tente parachute, home stay en tente, ravitaillement basique).
Dans la vallée de la Langthang Chen, l’itinéraire « officiel » dessiné sur les cartes doit à mon avis n’être réservé qu’à la seule montée depuis la Markha (et encore…) car il est raide à l’extrême et que de sentier il n’en est pas… On peut conseiller à mi-parcours, alors que l’on vient de quitter le fond du thalweg, d’effectuer un grand lacet vers la droite pour rejoindre un groupe de bergeries et au-dessus la selle à 4465m décrite dans le topo pour éviter la directissime dans le couloir redressé qui débouche au niveau des éboulis rouges à 4900m. C’est le moins que l’on puisse faire…
Jour 14 : Plateau du Nyimaling - Konmaru La - Chogdo
5h / +680m / -1380m.
Diaporama On traverse la Markha chu pour monter vers la G au milieu des bergeries des nomades. Après une diagonale puis une série de zigzags, on prend pied sur le plateau supérieur et l’on s’en va par un faux-plat montant rejoindre la base du col (1h20, 5100m). On souffle un peu avant d’attaquer les derniers lacets. La prise de hauteur permet ainsi apprécier sur la D le groupe du Kang Yatse dans son ensemble avec quelques pics émissaires qui étaient jusqu’à présent cachés derrière les sommets principaux I et II. On peut ainsi voir émerger le n°III juste à la gauche du n°I et plus à gauche encore les arêtes Dzo Jongo et du Reponi Mallai Ri. Que de courses d’alpinisme faciles à envisager… Au loin, à l’arrière, ce sont une centaine de pics qui se dressent vers le ciel. Ce sont les montagnes du Zanskar. Plus proche, on peut noter l’importance du plateau que l’on domine maintenant ponctué ça et là de taches noires, les troupeaux de yacks qui, disséminés sur toute la largeur du plateau, paissent tranquillement. Allez, on attaque la dernière grimpette de la journée ? Le minéral se substitue à la verte prairie. La pente du sentier se redresse et un large lacet gomme une partie de la difficulté. On se trouve tout étonné de se retrouver en vue des lungtas qui marquent le passage du Konmaru La (30mn, 5260m).
Là encore, un superbe panorama « alpin » est offert avec le groupe du Kang Yatse et cette rivière Markha qui, contournant les proéminents sommets I et II, a creusé une large vallée depuis sa source, tout là-bas derrière, au pied de ces montagnes de plus de 6000m sans nom. Bien entendu, il y a toujours ce panorama vers l’W et l’immensité des montagnes du Zangskar. Côté N, le versant dans lequel la descente a été tracée, on distingue bien quelques montagnes lointaines mais c’est la gorge profonde qui nous interpelle : sera-t-elle à la hauteur pour conclure cette journée ? On commence sur un excellent sentier en larges lacets. On retrouve quelques maigres pâtures vers 4900m avant de se diriger vers le fond d’un thalweg sous de belles aiguilles rocheuses rouges. On passe une bergerie en ruines (45mn, 4650m) avant de s’engager à mi-hauteur en RG d’un torrent qui parcourt une gorge de couleur grenat de toute beauté. On rejoint brièvement le lit du torrent au milieu d’un paysage minéral composé de coulées de roches métamorphiques. On reprend un peu de hauteur lorsque l’on s’échappe vers la D sur un sentier balcon. Mais on redescend bien vite (au propre comme au figuré…) pour repartir dans le lit du torrent qui court entre des parois resserrées. Un ancien chemin tracé en RG à mi-hauteur ayant vu certaines portions disparaître corps et bien suite à quelques éboulements ne « semble » plus être une voie acceptable pour le randonneur. On reste donc en bas pour franchir un passage aménagé à proximité d’une cascade. Un départ de sentier se présente en RD (50mn, 4335m). On l’emprunte pour ne pas avoir à se mouiller les pieds quelques mètres plus avant. On remonte quelques zigzags serrés et nous voici déjà de retour dans le lit de la rivière.
Pour ne pas être en reste, la RG accueille désormais la suite de l’itinéraire en balcon. C’est juste au prix d’une remontée en zigzags bien casse-pattes… Une fois là-haut on chemine tranquillement à mi-hauteur au-dessus de la rivière. On croyait avoir tout vu question couleurs de roches : eh bien non, voici que se présente une muraille rocheuse de belle importance, jaune… On revient au niveau de la rivière pour franchir un goulet bordé de roches métamorphiques multicolores disposées en strates et tombant des arêtes sur plusieurs dizaines de mètres. Exceptionnel !
On remonte RD sur un sentier (25mn, 4175m) puis voici une Nième traversée du torrent et, il fallait bien que ça se produise un jour, on sort de la gorge de la Skurmo chu. On a quand même profité d’un parcours « total délire » de plus d’1h30 ! Quelques centaines de mètres plus loin, on peut se détendre sous l’une des deux tentes parachutes de Chukirmo (15mn, 4060m, possibilité de camp sur le plateau au-dessus à gauche, eau). Au-delà, le lit de la rivière s’élargit. On suit tout d’abord un bon sentier muletier en RG avant qu’il ne se délite au moment où l’on commence à passer sous des ensembles de cheminées de fées. Mais cela ne dure pas. On revient dans le lit de galets. Un peu plus bas encore une falaise sujette à la création future de cheminées de fées d’ici quelques années. On passe RD suivant bien précautionneusement les indications données par des marques de peinture blanche ou des cairns. Au confluent d’une rivière venant de la gauche (30mn, 3975m), on sort du lit de la rivière et, en remontant une sente qui démarre juste derrière le chörten blanc puis en suivant vers la D le canal d’irrigation, on rejoint la partie N du village de Chogdo perché au milieu de ses champs en terrasses sur le coteau RG (15mn, 4000m, home stay, camping).
Si on avait besoin de s’échapper du circuit de ce trek pour quelque raison que ce soit, il faudrait continuer à descendre la vallée de la Skurmo chu jusqu’à Shang sumdo (home stays, restaurants, camping, téléphone, taxis vers Leh sur commande). Compter 1h30 de marche ou depuis 2018 piste 4x4.
Jour 15 : Chogdo - Gyuncho La - Shang Phu
4h30 / +750m / -385m.
Diaporama On revient sur nos pas en suivant le canal d’irrigation mais au lieu de descendre vers le chörten blanc on continue tout droit à flanc. On passe au pied d’un lhato rouge (10mn, 4015m) avant d’entrer dans le vallon de D et suivre toujours, sur un petit sentier, le canal d’irrigation. Puis on remonte la vallée à flanc de coteau sans jamais trop s’éloigner du lit de la rivière. On passe quelques enclos à bestiaux puis le sentier se décide enfin à rejoindre le lit de la rivière. On commence à découvrir le fond de la vallée et les pentes terminales du Gyuncho La, l’épreuve de la journée. On avance jusqu’à une source (1h, 4210m) puis le sentier qui cheminait depuis l’origine en RG du vallon se dirige à présent vers une moraine fluviale centrale que l’on remonte jusqu’à atteindre un cairn proéminent érigé sur un rocher couvert de lichens rouges (25mn, 4330m).
Au-delà, on laisse une large vallée glaciaire partir vers la gauche en direction du groupe de montagnes du Matho Kangri alors que le chemin se poursuit tout droit vers le col à la teinte sableuse qui clôt le vallon. On avance sur la moraine en louvoyant entre les buissons d’épineux et en tâchant de ne pas perdre le fil conducteur. On arrive à un confluent de thalwegs (30mn, 4460m). On s’engage dans celui de D pour une directissime sans concession. On passe à proximité du Gyuncho La n°1 (20mn, 4590m, faire l’A/R en 30s pour la vue plongeante sur la vallée de la Shang chu et accessoirement sur le sentier de descente vertigineux que l’on aurait pu prendre si l’on avait suivi les indications des cartes topographiques…). De retour du col, on poursuit la montée dans le thalweg qui présente une pente un peu moins affirmée pour déboucher, 500m plus avant, au Gyuncho La n°2 (10mn, 4650m). Là, la vue est totalement différente de celle du n°1 avec un panorama qui s’ouvre sur de vastes alpages au relief adouci où paissent yacks et dimos. Sur la gauche, on surplombe un profond thalweg rouge orné de cheminées de fées qui ondule depuis la base d’une montagne enneigée. Vision idyllique alpestre… Tout au fond, on distingue le large passage du Shang La prolongé sur sa gauche par les contreforts du Matho Kangri, le sommet principal restant caché par un de ses satellites.
On descend à flanc sur un sentier bien tracé jusqu’à un groupe de bergeries (25mn, 4570m) puis on s’en va traverser le thalweg rouge au pied du pic strié qui domine la vallée. On remonte jusqu’au collet situé à la droite du pic strié (20mn, 4655m) pour trouver un sentier d’altitude en quasi courbe de niveau qui contourne une autre partie du vallon et rejoint un deuxième collet (10mn, 4675m). Le chemin cairné se poursuit en descente au travers d’un large plateau et rejoint la base du pic conique qui se trouve à l’opposé (10mn, 4635m). On y trouve alors une bonne trace qui part sur la D et descend franchement vers le fond de la vallée jusqu’à un groupe de cairns (35mn, 4430m). A partir de là, on incline la marche vers la G pour trouver le départ d’un sentier balcon qui conduit jusqu’à un confluent de rivières et, de manière plus intéressée pour le marcheur un peu fatigué par son escapade en altitude, jusqu’au village de nomades de Shang Phu, lieu de bivouac (15mn, 4365m, source, fromage et lait à disposition).
Jour 16 : Shang Phu - Shang La - Matho La BC
5h35 / +1000m / -800m.
Diaporama Du camp de Shang Phu situé au confluent de trois vallées, on se dirige vers celle la plus à droite, sens de la montée. Pour cela, on passe sous le lhato et on s’en va traverser le torrent. Une courte remontée et nous voici en RD d’un vallon où la dominante rouge est de mise. Très vite, on passe RG pour s’en aller franchir une rivière venant d’un vallon émissaire (30mn, 4465m). Le lit de la rivière que l’on remonte est à présent recouvert de gazon d’un vert fluo qui contraste avec le minéral rouge sombre qui le borde. On poursuit la montée jusqu’à dépasser une bergerie ruinée (35mn, 4620m, camp possible). Au-delà, la verte vallée monte progressivement en direction du large col qui s’inscrit là-bas tout au fond. On croise de nombreux yacks qui paissent sur les pentes de part et d’autre.
Par une dernière remontée un peu plus accentuée, on atteint le Shang La (40mn, 4940m). La vue dont on dispose vers l’W est tout simplement immense. Quand on identifie à l’horizon le passage du Matho La auquel on va se mesurer demain, on se demande comment on va bien faire pour atteindre le campement prévu ce soir lorsqu’on considère le chemin qu’il va falloir parcourir. Enfin ! La foi déplace les montagnes, dit-on, espérons qu’elle va les rapprocher… L’espace est bordé au S (donc à gauche) par la chaîne de montagnes qui s’inscrit entre le Matho Kangri (que l’on ne voit toujours pas…) et le Golem Kangri tout au fond là-bas, ce grand dôme de glace. Au pied de ces géants méconnus (mais qui mériteraient un autre sort que celui qui leur est réservé, c’est-à-dire l’anonymat…) à l’exception du Stok Kangri, un peu trop surexploité à mon avis, s’étale un plateau veiné de canyons creusés par les rivières issues des glaciers. Sur la droite, ces plateaux sont contenus par des montagnes relevées aux plissements qui annoncent la vallée de l’Indus (bien que cela puisse paraître incroyable, Leh ne se trouve qu’à 30kms à vol d’oiseau et pourtant bien peu de touristes parcourent ces espaces d’une qualité rare, va donc comprendre Charles… !). On s’arrache à ce spectacle pour entamer la descente du large vallon qui s’ouvre au pied du col en direction de l’W sur un excellent sentier (source 20m sous le col). Un vallon s’ouvre sur la gauche et enfin apparaît le seigneur des lieux, le Matho Kangri qui, malheureusement, avec ses « pauvres » 5860m, n’a pas les honneurs de son voisin le Stok Kangri car son altitude est inférieure aux mythiques 6000m. Et pourtant, que de beaux parcours d’arêtes on peut y envisager… On s’en va franchir une moraine (30mn, 4670m, bergerie) avant d’incliner la marche vers la D pour s’en aller passer un thalweg et rejoindre une deuxième bergerie. Plus bas, au niveau d’un cairn (15mn, 4560m, attention le sentier de descente tracé sur la carte Olizane est archi-faux…), on descend sur la G dans le lit de la rivière pour franchir les deux thalwegs et remonter en face jusqu’à une bergerie (10mn, 4510m).
Plus loin, on retrouve un espace herbeux au milieu duquel le sentier descend jusqu’à un cairn (10mn, 4430m), indication d’une fourche de chemins. On laisse partir vers la droite le sentier de descente vers le village de Matho (route vers Leh, gonpa très intéressant à visiter, compter 2h de chemin) qui s’en va traverser une superbe gorge et on poursuit à main gauche en légère descente à flanc de falaise pour rejoindre le fond d’un premier thalweg que l’on traverse (5mn, 4410m), puis après une petite remontée, un deuxième et enfin, après avoir traversé une moraine sur laquelle est construite une bergerie, un troisième, un peu plus creusé que les deux précédents. Au passage, lors de cette traversée du plateau, on aura pu apprécier de beaux paysages de montagne en regardant vers l’amont avec de superbes pics glaciaires élancés que les géographes n’ont même pas daigné baptiser (Bon ! C’est vrai, il y en a tant…). Le torrent qui a creusé le troisième thalweg a eu la bonne idée de se séparer en trois branches au niveau de l’étroit passage (15mn, 4435m) et c’est un plaisir de ne pas avoir à déchausser pour le franchir… La remontée en face dans du schiste rouge est un peu casse-pattes mais elle ne dure pas. Après le collet, on poursuit sur un sentier à flanc en quasi courbe de niveau dans sa plus grande partie avant de s’attaquer à une transversale vers la D qui conduit jusqu’à un col (35mn, 4545m), porte d’entrée du monde des hauts plateaux que l’on avait scruté du haut du Shang La.
De l’autre côté, le large sentier de descente part sur la G et explore une combe pentue jusqu’à franchir une épaule. Juste derrière, on est confronté à un passage délicat (15mn, 4500m) lors de la traversée à flanc et en descente d’une zone érodée de schiste pulvérulent d’une cinquantaine de mètres et un peu de « gaz ». Pas de panique : avec beaucoup d’attention et de calme, cet endroit se passe très correctement (la caravane de chevaux de bât qui nous a précédés est bien passée par là, alors…). Au-delà de ce passage « émotion », on retrouve un sentier viabilisé qui descend doucement chercher le fond d’un thalweg (25mn, 4425m). On traverse le torrent, on marche vers l’amont sur 50m en direction du superbe sommet pointu pour trouver le « sentier » de remontée vers le sommet de la moraine dans de l’éboulis friable. Le passage étant très emprunté par les bergers et leurs bêtes, on comprend que l’on ait l’impression de faire un pas en avant et deux en arrière. Heureusement, cela ne dure que quelques minutes…
On débouche sur le bord de la moraine (5mn, 4450m), on part légèrement sur la G traverser une exploitation agricole. On descend doucement franchir un petit creux du plateau avant de remonter légèrement en face pour atteindre une autre bergerie à proximité de laquelle a été installée une tente parachute (15mn, 4465m, camp possible). Remontée de la moraine herbeuse vers le NW pour s’en aller traverser la rivière issue des glaciers du Golem Kangri (10mn, 4500m, franchissement délicat dans l’après-midi avec la fonte des neiges, la couleur rose soutenu de l’eau atteste bien qu’elle râpe tout sur son passage avec la force du courant…).
Une fois sur l’autre rive, on remonte le plateau jusqu’à la cote 4600. Pendant l’excursion, on profitera d’un splendide panorama sur la chaîne de montagnes qui agrémente la randonnée depuis ce matin. On redescend derrière la bergerie jusqu’à une rivière, aussi rose que la précédente. Issue des glaciers de la Pyramide, très bouillonnante, il va également falloir la franchir à gué (45mn, 4565m). L’épreuve passée avec succès, on va pouvoir se remettre des émotions de la journée au camp. Celui-ci est établi à 100m en aval de la rivière sur un terrain gazonné au niveau du départ du sentier du Matho La (1mn, 4560m, eau de source à 200m de distance plus bas à l’entrée du vallon rouge).
Jour 17 : Matho La BC - Matho La - Stok La BC
4h35 / +800m / -730m.
Diaporama On part dans le vallon bordé de moraines de roches blanches directement à l’aplomb du camp. A 4610m, on sort du lit de la rivière à sec et on part sur la D grimper sur le rebord de la moraine. Puis on traverse en diagonale le plateau à l’herbe rase avec comme point visé la base du thalweg en RG issu des pitons rocheux (45mn, 4760m). On y trouve sur la G le départ du sentier en lacets serrés qui se transforme un peu plus haut en faux-plat montant cheminant à flanc et ceci jusqu’au Matho La (35mn, 4930m). Là encore, beau panorama d’ensemble de la chaîne de montagnes qui va du Matho Kangri au Stok Kangri. On devine même l’emplacement du camp de ce soir, tout là-bas, au pied des aiguilles dressées au NW.
On descend d’abord en zigzag puis, par la suite, on suit le vallon sur sa RD jusqu’à une bergerie (50mn, 4580m). Ensuite, le sentier tourne derrière une épaule rocheuse et on découvre une vallée rocailleuse teintée de rouge et de vert que l’on va suivre à mi-hauteur sur sa RD. Alors qu’apparaissent en RG les toilettes du camp de Mankarmo (voie normale d’accès au camp de base du Stok Kangri), on emprunte un petit sentier sur la G (25mn, 4430m) qui descend dans le lit de la rivière en lacets très serrés. On traverse à gué les deux rivières et on rejoint le camp (10mn, 4395m, tente parachute, camp possible). Au-delà du camp, on descend le long de la rivière en RG en direction des gorges . On laisse sur la gauche l’austère vallon au fond duquel on voit l’imposante moraine frontale du glacier du Stok Kangri pour continuer toujours en RG jusqu’au vallon suivant. On dépasse une source (15mn, 4280m) et, alors que le sentier principal suit la vallée vers la droite et entre dans les gorges rocheuses pour rejoindre le village de Stok, on pénètre dans le vallon verdoyant qui s’ouvre sur la G (10mn, 4230m). On suit un chemin d’abord en RD mais très vite on sort du lit de la rivière pour louvoyer en RG sur le rebord terreux. Puis le sentier s’écarte franchement du fond du vallon et par quelques lacets atteint une bergerie (35mn, 4420m). Ici devrait se situer la séparation des chemins entre celui du Namlung La et du Stok La mais du premier que nenni, il s’est perdu corps et bien avec le temps et surtout la préférence des locaux de passer par le Stok La. Donc on s’élève en lacets pentus dans une combe redressée qui part sur la D jusqu’au départ d’une grande diagonale qui marque la combe de son empreinte rectiligne.
A l’autre extrémité, on débouche dans un col sans nom (30mn, 4600m) avec une vue splendide sur la collection d’aiguilles rocheuses alignées et pointées vers le ciel. Beau spectacle composé par Mère Nature ! A l’arrière, les sommets de la Pyramide et du Golem Kangri proposent leurs glaciers à la contemplation. Là aussi, que de beaux itinéraires de haute montagne à concocter… On poursuit sur un sentier qui contourne une combe pentue pour atteindre un collet (10mn, 4600m). Il ne reste plus qu’à suivre le chemin qui descend paisiblement jusqu’au Stok La BC (10mn, 4500m, eau de source qui sort des rochers en RG).
Jour 18 : Stok La BC - Stok La - Rumbak - Ganda La BC1
5h10 / +750m / -1000m.
Diaporama On quitte le merveilleux endroit dans lequel on a passé la nuit pour rejoindre rapidement sur la G le sentier qui remonte sur la RD du thalweg. Il vient buter contre la pente rouge sur laquelle est tracée en diagonale la sente qui rejoint la crête juste à la gauche des aiguilles rocheuses (50mn, 4780m). Et là, « vision d’horreur », ce n’est pas le col attendu mais seulement un collet qui donne accès à une combe avec, bien visible sur l’autre versant, le Stok La identifiable à ses taluchos flottant au vent et qui nous nargue… On contourne la combe puis on négocie les derniers lacets et voici donc l’arrivée au Stok La (15mn, 4850m, C) pour une superbe vue plongeante sur la vallée aux roches colorées de vert et de rouge carmin au fond de laquelle s’inscrit le village de Rumbag entouré de ses champs de céréales. Au loin, sur la gauche, par-dessus les crêtes des « collines » environnantes, on distingue le Ganda La, l’épreuve de demain. Mais à présent il va falloir s’en approcher… Descente « osée » sur du petit éboulis sableux. On zigzague de-ci delà pour désescalader les premiers 50m avant de trouver un sentier stabilisé qui présente de larges lacets bien tracés.
On laisse par la suite l’éboulis pour prendre pied sur une moraine fluviale à la pente un peu moins affirmée qui propose un parcours tranquille et peu contraignant pour les genoux. On peut ainsi s’intéresser au paysage alentour qui se transforme peu à peu d’un relief d’aiguilles élancées à des suites de monticules désertiques. En se retournant, on peut voir que le Namlung La de ce côté peut être atteint par un large sentier et que l’on est loin de la verticalité qui prévaut sur le versant E comme on a pu le constater de visu hier…
On entre dans le village de Rumbak situé en RD de la vallée (1h50, 3960m, nombreux home stays). On continue à descendre vers le fond de la vallée pour passer auprès de l’infirmerie puis d’un dernier home stay. Après, on s’en va traverser la rivière et, en négligeant le sentier direct qui propose un raccourci vers la vallée qui conduit au Ganda La, on continue à descendre le long de la rivière pour atteindre au confluent des rivières Rumbag et Zinchen, un endroit convivial, une tente parachute tenue par une famille ladakhie très sympa (20mn, 3845m, buvette, fourniture d’eau traitée par un système de purification installé par l’association française Niyamdu Dro, destiné à éradiquer les bouteilles plastiques d’eau « minérale » qui pullulent et polluent l’espace).
Maintenant, il va bien falloir remonter : on part sur la G pour suivre un sentier tracé en RD du lit de galets avant de pouvoir en sortir sous la forme d’un petit sentier qui s’en va jusqu’à un jardin clos. De là, il faut traverser le lit de la rivière pour s’en aller trouver un petit pont de bois et prendre pied sur la RG. On contourne un jardin avant de revenir en bordure de la rivière en longeant un canal d’irrigation qui a subi les affres du temps. On quitte cette vallée fluviale pour s’engager dans un nouveau vallon qui s’ouvre sur la D (40mn, 3985m). On grimpe de quelques mètres pour suivre un sentier qui chemine à mi-hauteur au-dessus de la rivière. On s’élève progressivement jusqu’à une source (30mn, 4115m) qui précède l’arrivée à Yurutse (10mn, 4130m, home stay, possibilité de camping).
Au-delà des chörtens, on longe le mur d’un grand jardin en préalable à l’entrée dans un thalweg beaucoup plus étroit. La montée est plus affirmée jusqu’à déboucher sur un endroit plat, le Ganda La BC1 (35mn, 4320m, s’il n’y plus de place, un BC2 existe une trentaine de minutes au-dessus en continuant sur le chemin du col). En se retournant, sur la droite, vue imprenable sur la face NW du Stok Kangri tandis qu’à gauche se dessine, là-bas, tout au loin dans la crête, la baisse du Stok La franchie ce matin et à sa droite le large passage du Namlung La. Nuit sous tente avec eau dans le torrent (petit tuyau qui semble venir de beaucoup plus haut…).
Noter la possibilité d’une échappatoire au niveau du confluent des rivières Rumbag et Zinchen : on peut rejoindre le village de Zinchen en 2h puis route vers Leh via Spituk.
Jour 19 : Ganda La BC1 - Ganda La - Shingo
3h45 / +580m / -880m.
Diaporama Du Ganda La BC1 à 4320m où l’on a passé la nuit, on traverse la rivière avant de suivre le thalweg en RD vers l’amont. On passe au BC2 (30mn, 4490m) et on s’engage à G dans un nouveau thalweg. Après une montée soutenue on pose le pied sur un petit plateau fleuri (30mn, 4635m) pour faire un large virage vers la D et s’attaquer à une montée en diagonale qui conduit à un collet (20mn, 4725m) duquel on continue sur la G en direction du large col que l’on a maintenant en point de mire. A l’arrière, ne pas négliger le beau panorama sur la partie W de la chaîne du Stok Kangri qui expose de jolis glaciers bien pentus. La montée qui suit est assez soutenue et on débouche au Ganda La (40mn, 4900m, C sur le tertre à G), point de faiblesse d’une longue arête assez débonnaire.
Belle vue dégagée sur les montagnes du Zangskar et entre autres le groupe du Chomotang qui domine la vallée de Kanji, origine du trek La Grande traversée du Zangskar. Descente tout d’abord au travers de larges alpages suivie d’une partie beaucoup plus minérale quasi désertique. A l’approche du village de Shingo, la verdure se fait plus présente alors que l’on traverse quelques jardins (1h25mn, 4145m, tente parachute). Juste après, on descend directement dans le lit de la rivière que l’on suit quelque temps jusqu’au pied des maisons du village proprement dit (10mn, 4100m, 2 home stays). On passe définitivement RG du vallon pour longer plusieurs champs et arriver au niveau d’un emplacement de camping (10mn, 4015m, tente parachute) où est établi le bivouac.
Jour 20 : Shingo - Skyu - Guru Do (Chilling)
3h20 / +50m / -800m.
Diaporama Le chemin traverse la verte prairie du camping et louvoie peu après entre les buissons de saules qui encombrent les rives de la rivière. On franchit une zone d’éboulement en sable très pulvérulent en préalable à l’entrée dans une gorge au cœur de laquelle le sentier a dû être reconstruit suite aux coulées de boue de l’été 2010. Ces dernières ont raviné la vallée jusqu’à Chilling. Plus on avance, plus ce sont des visions d’apocalypse et de désolation. On entendrait presque le bruit assourdissant des flots de boue dévaler le couloir rocheux… A partir de 3800m, les roches qui bordent la gorge explosent de couleurs : tous les tons explorant les variations du rouge, de l’ocre, du jaune, du vert, du gris, du noir… Au-delà, on pénètre dans une gorge encore plus étroite dans laquelle il faut sans cesse changer de rive. Et toujours ces myriades de coloris ! Réellement fantastique de beauté…
Puis la vallée s’élargit à présent bordée de falaises dolomitiques verticales rouge et ocre. Un sacré terrain de jeu pour les amateurs d’escalade s’ils voulaient se pencher un peu sur le potentiel du coin… On avance et une indication permet d’attester que le prochain village approche : la présence du tuyau d’alimentation d’eau. On franchit le torrent pour passer en RG (1h30, 3460m) avant de revenir RD. Et voici les premières maisons de Skyu qui se dévoilent, enserrées de tout côté d’impressionnantes falaises rouges de plus de mille mètres de hauteur. On entre dans le « village » (15mn, 3400m, nombreux cafés, eau purifiée, home stays et campings, 9 familles quand même…). Noter dans le village la présence d’un dinandier qui façonne des ustensiles en cuivre ou en laiton. Celui-ci a dû « émigrer » depuis Chilling où sa famille d’origine newar (donc népalaise) était arrivée au XIXème siècle (d’autres dinandiers résident d’ailleurs actuellement dans la partie haute du village de Chilling).
On part vers la D passer sous le gonpa pour un parcours pas folichon et pour tout dire peu intéressant en suivant la RD de la Markha sur ses derniers kilomètres avant que ses eaux ne se mêlent à celles de la Zangskar Chu. On passe le village tout en longueur de Skaya (20mn, 3380m) et ses nombreux home stays. On suit la piste automobile, ce remake de « Massacre au Caterpillar » qui vous fait oublier le tracé porté sur la carte Olizane et qui sui(vai)t à belle hauteur les flots de la Markha chu jusqu’à atteindre un belvédère au-dessus de la confluence avec la Zangskar chu (50mn, 3390m), cette rivière qui vient de l’autre côté des montagnes du Ladakh et qui a creusé un impressionnant sillon au cœur du massif himalayen. Vraiment exceptionnel !
On descend en 25mn par une série de sentiers coupe-lacets jusqu’au pont (en construction…) à 3270m. Mais comment allons-nous faire pour traverser la large rivière aux flots tumultueux ? On distingue bien sur la RG le tracé goudronné de la route qui suit la rivière et qui, année après année, hectomètre après hectomètre, creuse elle aussi son chemin au cœur du minéral pour un jour connecter la région de Padum à celle de Leh… Eh bien, juste au pied du pont, on trouve un câble tendu entre les deux rives permettant à un trolley d’aller et de venir à longueur de journée et par lequel transitent hommes et paquets. On prend place dans la « cabine » qui file sans difficulté en descente une dizaine de mètres au-dessus de l’eau puis se stabilise au mitan en attendant que de bonnes âmes (souhaitant faire le trajet en sens inverse) ne vous tirent depuis la rive opposée avec quelque difficulté quand même. Et ainsi de suite : on passera de la même manière les paquetages qui étaient sur le dos des mules. Et on traverse la rivière Zanskar pour retrouver la route de Chiling en RG.
Justement les mules, parlons-en ! Le fait que le pont ne soit pas encore une réalité oblige la caravane de mules à pratiquer un grand détour pour rejoindre Sumda Do qui se trouve à 15kms plus au N en suivant la route (5kms pour Chilling, 6kms pour Manane et 4kms pour Sumda Do). Elle doit refaire à vide le chemin de la matinée à l’inverse jusqu’à Shingo, y passer la nuit et le lendemain franchir un col à 4850m pour descendre jusqu’à Chogsti où se trouve un pont pour passer en RG. Il ne restera juste qu’à terminer par 7kms de route vers le S le matin du surlendemain. Pour les touristes, noter qu’un service de car est disponible les mercredis et les dimanches entre Leh et Guru Do, le site du trolley (départ de Leh à la gare routière à 9h, retour de Guru Do vers 13h). Ce service de car permettra de transporter hommes et bagages entre Guro Do et le camping de Sumda Do en 45mn pendant que le muletier « fera le tour ». Il y aura donc une journée de repos forcée à Sumda Do pour attendre l’arrivée de la caravane muletière et poursuivre le périple pédestre autour du Ladakh.
Au tout début de l'année 2015, le pont a été inauguré. Voir l'article ici (en anglais). Donc fini le trolley...! Mais le corollaire immédiat c'est que le trek de la Markha va avoir de suite du "plomb dans l'aile" avec la promesse des autorités de faire arriver très bientôt la piste jusqu'à Hangkar...
Je m'étais réjoui un peu trop vite avec la création de ce pont... Le 7 mai 2015 au matin, le barrage qui retenait le lac de 15 kms qui s'était formé à l'automne 2014 bien amont des gorges de la Tsarap chu à cédé. Une vague de plus de 10 mètres de haut à déferlé jusqu'à Nyemo, le village qui se trouve tout au N au confluent avec l'Indus, détruisant toutes les infrastructures : ponts, portions de routes ou de chemins, habitations, etc. Bref, à cet endroit la traversée automobile n'est plus possible et le trolley a été remis en service... (voir le site ladak.free.fr pour toutes les informations).
Pour une fois les autorités indiennes ont réagi très vite et, le pont routier de 2015 à peine disparu dans les flots, un nouveau pont en dur a été construit dès 2017. Achevé dans des délais très courts, il permet aujourd'hui de traverser en toute quiétude la rivière permettant aux "touristes" et aux muletiers de poursuivre le Grand Tour du Ladakh sereinement...
Diaporama La première partie de ce périple du « Grand Tour du Ladakh » de Sangtha à Guru Do (Chilling) en 13 jours se termine ici dans la vallée minérale de la Zangskar chu. La suite de l’itinéraire en 19 jours jusqu’à Zangla au nord de la vallée de Padum au Zangskar est décrite dans la deuxième partie. Après Zangla, il faudra compter 11 jours de plus pour retourner à Yagang et clôturer ce tour d’exception.
Relevés de terrain août 2013 et ajout de précisions en juillet 2019
13 jours / 58h / +7330m / -8425m.
Lien vers la 2ème partie du Grand Tour du Ladakh
Lien vers la 3ème partie du Grand Tour du Ladakh
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