[Inde] Jammu & Kashmir - De la Nubra à la Markha
Deux treks plus ou moins courus du Ladakh ont permis de composer un itinéraire allant du N au S et proposant sur deux semaines de marche au milieu de paysages variés. On démarre du « désert de sable » de la Nubra puis c’est l’enchaînement des villages qui sentent bon la campagne avec leurs champs en terrasse plantés d’orge et de moutarde donnant une touche flashy bien agréable à l’œil. Le franchissement dès le troisième jour du superbe col du Digger La à près de 5400m nous rappelle le caractère un peu engagé de la randonnée, avec le minéral omniprésent et une belle épreuve pour les chevaux et les horsemen en début de saison, on s’y met tous, solidarité montagnarde oblige… avant de retrouver les paisibles alpages de Sabu qui dominent la large vallée fertile de l’Indus. La deuxième partie enchaîne deux cols sauvages permettant de rejoindre la profonde vallée de la Markha, vert sillon creusé au milieu de pics ruiniformes. On remonte ainsi jusqu’au plateau du Nyimaling, large plaine d’altitude dominée par l’altier Kang Yatze, qui annonce déjà les grands plateaux de l’E du Ladakh comme celui de Khar Nag ou ceux des grands lacs Tsokar et Tsomo Riri. C’est l’occasion d’une rencontre avec les nomades qui viennent faire paître leurs troupeaux l’été (ici ce sont des yacks) et de goûter aux produits laitiers de la « ferme »… Le dernier jour verra le franchissement d’un col de plus de 5000m suivi d’une descente plongeant de 2000m pour retrouver la vallée de l’Indus du côté du monastère de Hémis (randonnée et culture…).
Ce trek est un résumé du Ladakh en quelque sorte… Pas trop de touristes dans la première partie, beaucoup plus dans la seconde mais on pourra compter sur de nombreuses rencontres avec les villageois et les Jullé qui fusent de partout, la contemplation de nombreux groupes de bharals, ces chèvres bleues de l’Himalaya qui, intrépides, dévalent les couloirs les plus raides et délités avec une rare agilité, et des paysages variés à couper le souffle (et pas seulement à cause de l’altitude…). C’est un trek initiatique, et bien plus authentique que la fameuse Grande traversée du Zanskar pourtant mieux connue car mise en valeur par les tour-opérateurs qui ne fait que survoler l’ambiance de ce pays et passe à côté de beaucoup de choses. Faites-vous accompagner d’un local qui saura vous ouvrir toutes les portes et franchir la barrière du langage pour que les rencontres soient les plus enrichissantes possibles, pour vous comme pour les ladakhis que vous croiserez sur les chemins, dans les champs ou dans leurs « villages » parfois constitués uniquement de deux maisons… Vous reviendrez enchantés de cette découverte de la culture ladakhie et n’hésiterez pas la fois prochaine de repartir sur les sentiers de cette région très riche et si envoûtante, sur des itinéraires avec une connotation encore plus marquée « hors des sentiers battus ». Il existe quelques agences dont le directeur ou les guides connaissent des sentiers praticables non répertoriés sur les cartes. Ils peuvent vous composer des itinéraires sur mesure et contenter pleinement votre désir de wilderness. Allez ! Suivez mes traces et à bientôt sur les sentiers méconnus du Ladakh ! Jullé…
N’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.
Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Carte De la Nubra à la Markha
LE TREK JOUR PAR JOUR
Jour 1 : Paris - Delhi
9h d’avion.
Vol de nuit depuis Paris-CDG par Air India, le meilleur rapport qualité / prix sur cette destination. Au petit matin, visite de la mégapole aux multiples quartiers à l'empreinte ethnique différenciée. Delhi est réellement un melting-pot de civilisations et de religions. Diaporama Au gré de vos envies, allez donc visiter des monuments empreints d'histoire comme le Fort Rouge, le palais d'Humayun ou le Qutub Minar, kitchissimes au possible comme le Lotus Temple, Laxmi Narayan ou le tout dernier né, le déjà célèbre Swaminarayan Akshkardham situé dans la banlieue NE au-delà du fleuve.
Jour 2 : Delhi - Leh
1h d’avion.
Vol à l’aurore depuis l’un des deux terminaux de l’aéroport de Delhi (T1 domestique ou T3 international). A vérifier sur votre coupon électronique. A l’arrivée, repos d’acclimatation le matin et dans l’après-midi, tentez une petite visite du Royal Palace et du fort mais mollo mollo… Diaporama Nuit en guest-house à Leh à 3450m d’altitude.
Jour 3 : Leh et la Vallée de l’Indus
3 à 4h de voiture.
Visite de monastères (au choix Diaporamas Tiksey, Chemre, Stakna, etc.). Deuxième nuit en guest-house à Leh.
Jour 4 : Leh et la Vallée de l’Indus
2h de voiture.
Diaporama Visite du monastère de Phyang (possibilité d’assister au festival bouddhiste Diaporama qui a lieu au mois de juillet), du vieux gonpa de Guru lakhang située un peu plus haut dans la même vallée et au retour de Spituk Diaporama. Derniers achats avant le trek (bien faire la check-list car après il n'y a plus grand' chose sur le chemin, voilà, c'est dit !). Troisième nuit en guest-house à Leh.
Jour 5 : Leh - Vallée de la Nubra - Agham
180km / 6h de voiture.
Pour pénétrer dans la vallée de la Nubra, il est obligatoire de disposer d’une autorisation qui sera visée deux fois à South et North Pullu, « villages » militaires de part et d’autre du Khardung La.
Diaporama Au-dessus de Leh, on remonte la vallée de la rivière Sanmo. On passe par Ganglas avant d’arriver à South Pullu (check-post). Le goudron cède la place à une piste poussiéreuse. On entre dans un paysage désolé. On remonte à flanc de vallée en RG en direction de la large arête qui ferme la vallée sur la droite. En face, vue imprenable sur la langue terminale du glacier qui descend du Sasnitse. Encore un petit effort (pour la voiture…) et nous voici au « plus haut col du Monde », le célébrissime Khardung La, annoncé à 5602m alors qu’il n’en mesure que 5340 (les 5602m correspondent au sommet élancé qui termine l’arête E, les coquins…). Ouvert toute l’année, zone militarisée oblige, il en impose quand même.
A lire les affiches élogieuses à la gloire « de la grandiose armée indienne qui repousse les méchants pakistanais » sur le glacier de Siachen. Au sommet une tea-house avec un excellent thé à la cannelle à Rs10 le verre qui réchauffe la « bête » lorsque le vent se met à souffler… Diaporama Descente côté N sur une piste à flanc qui subit en permanence les coulées de boue et les avalanches de neige qui dévalent les pentes plutôt redressées. Tout au long de la descente, belle vue sur la lointaine chaîne de montagnes du Karakoram. On passe North Pullu (4600m, check-post) avant de retrouver avec un plaisir non feint le goudron. Continuation jusqu’à Khardung, village-restaurants (3h depuis Leh, 3950m). Halte-déjeuner dans un jardin à la sortie du village (buffet à volonté pour Rs200). Suite de la descente un peu plus chaotique sur une route étroite taillée dans la falaise au-dessus de la Khardung rong. Puis on arrive au-dessus de la Shyog river qui a creusé une large vallée avec en point de mire le village quasi isolé (le croit-on…) de Tsati dominé par deux petites montagnes de plus de 6000m… Au croisement on prend sur la G pour descendre vers Khalsar et au-delà suivre la route tracée dans le lit de la rivière. On atteint l’entrée du village de Koyak. On prend à G en direction de Diskyet et Hunder (tout droit on remonterait la vallée de la Nubra vers le N).
Le village de Hunder (1h30 depuis Khardung, 3200m) est original car il est posé en plein milieu d’une zone de dunes de sable blanc très fin résultant non pas de la dépose d’alluvions par la Shyog river mais de l’érosion de la paroi qui le domine. Un mini désert de dunes au milieu d’une plaine alluviale verdoyante (peupliers, tamaris et roseaux) entourée de hautes montagnes recouvertes de neiges éternelles ! Et on y trouve même des chameaux de Bactriane en provenance directe d’Afghanistan (ils ne sont pas venus tout seuls…), ce qui fait de ce site un espace ludique pour les nombreuses familles indiennes qui viennent passer leurs vacances dans le coin.
Diaporama Retour vers l’E jusqu’à Diskyet pour la visite du gonpa accroché à flanc de falaise et devant lequel, on ne peut pas le louper, se dresse un monticule où est érigée la statue d’un monumental bouddha du futur (visite Rs100, beau panorama sur le confluent de la Nubra et de la Shyog). Diaporama Retour à la voiture et reprise de la « marche » vers l’E jusqu’au croisement qui suit la remontée après Khalsar. On laisse partir sur la droite la route du col, route par laquelle on est arrivé ce matin, pour s’engager à G sur une route goudronnée qui ondule entre le lit de la Shyog et des passages à flanc de falaise. On rejoint ainsi le village d’Agham (1h30 depuis Hunder, 3370m). Nuit sous tente dans le jardin du home stay Akgyam Khangbo.
Nous voici à pied d’œuvre pour démarrer ce trek « de la Nubra à la Markha ». Noter que la création de la route le long de la Shyog river est assez récente et que nombre de guides indiquent encore un départ de ce trek depuis le village de Rong, soit 12kms avant. Ce seront 3h de marche peu passionnante en faux-plat montant dans le lit de la Shyog river que l’on économisera le lendemain lors de l’étape qui nous conduira jusqu’à Digger…
Jour 6 : Agham - Digger
2h40 / +610m / -20m.
Diaporama Du home stay poursuivre à pieds sur la route goudronnée qui remonte la vallée de la Lazun togpo, passer le pont métallique et tourner sur la D. Toujours sur le goudron (le sentier historique en RG est en majeure partie détruit et dangereux car sous la constante menace des éboulements de blocs rocheux), on rejoint une maison isolée (45mn, 3500m). 200m plus loin, au niveau du mât qui supporte un darchok, on quitte le goudron pour descendre vers la rivière et la traverser sur une passerelle de planches. On retrouve en RG le sentier historique que l’on suit sur la G en bordure des terrasses cultivées. Insensiblement on quitte la vallée de la Lazun togpo pour s’engager dans une nouvelle vallée qui s’ouvre vers la D, celle de la Kyema chu (20mn, 3565m, mur de manis, on passe à gauche !).
Le sentier se transforme en une piste jusqu’à l’entrée du village de Khyungru (25mn, 3650m). Là aussi le sentier historique a subi les affres du temps, c’est pourquoi il faut emprunter pendant quelque temps la nouvelle piste qui part sur la D. 5 lacets plus haut se présente sur la G un sentier coupe-lacets qui s’élève en bordure de la moraine détritique surplombant un profond canyon. Beau panorama à gauche sur la profonde vallée de la Kyema chu. La pente s’adoucit au moment où l’on découvre au loin les maisons alignées du village de Digger. On traverse tout d’abord le hameau de Larap (55mn, 3890m, home stay) que l’on a rejoint en suivant un petit sentier qui serpente entre les champs de moutarde et d’orge. Puis on suit sur la G le canal d’irrigation pour rejoindre le centre du village de Digger (15mn, 3960m). Nuit sous tente dans la cour de l’école en contrebas du petit gonpa posé sur un rocher.
Jour 7 : Digger - Camp au-dessus de Chumik yogma
3h20 / +800m / -30m.
Diaporama Du petit gonpa perché sur un rocher, on part sur la G rejoindre les maisons du village de Digger qui s’étalent à flanc de coteau. On contourne l’étang par la G puis on remonte une petite ruelle dans laquelle se trouve le home stay jusqu’au mur de manis. On part sur la G pour aller traverser une « forêt » de chörtens. Au-delà, le chemin devient plus évident. A l’arrière, belle vue sur le village entouré de ses cultures dont la couleur tranche avec le paysage ruiniforme qui l’entoure. On s’élève sur un large sentier caillouteux jusqu’à atteindre le bassin de captation d’eau de la vallée (45mn, 4100m). On poursuit en bordure des champs en terrasse.
Alors que le sentier s’en va sur la gauche longer la base d’un canal d’irrigation à gros débit, on monte sur la D pour franchir le canal et atteindre une bâtisse de pierres (15mn, 4150m). Le sentier monte à flanc sur la D en direction d’un gros chörten puis longe un ruisseau qui coule au milieu d’un pré. On atteint le faîte de la moraine marqué d’un cairn (40mn, 4350m). Après 300m de marche étale, on laisse l’évident sentier partir sur la droite alors que l'on est amené à descendre un peu sur la G pour traverser le ruisseau et retrouver un sentier bien marqué qui pénètre sur une grande prairie. Le parcours est un faux-plat montant qui se termine au niveau d’un collet marqué de 2 cairns (40mn, 4520m).
Après une courte période de rémission, voici de nouveau le sentier qui se met de nouveau à monter en louvoyant entre les bosses herbeuses, de collet en collet. A hauteur d’un campement nomade en RD de la vallée (30mn, 4645m, Chumik yogma), on peut apprécier en se retournant un beau panorama sur la partie E de la chaîne du Karakoram qui présente une multitude de pics aux cimes glacées alors que devant, le cirque de montagnes dans lequel se trouve le passage altier du Digger La commence à se découvrir. On finit la journée en franchissant de nouvelles bosses et on arrive sur un plateau sableux où fleurissent quelques edelweiss chétifs. Le camp est installé dans un coude de la rivière au pied du verrou morainique qui donne accès au cirque de montagnes (30mn, 4730m, eau de source sur la D). Nuit sous tente.
Jour 8 : Camp au-dessus de Chumik yogma - Digger La - Digger La BC sud
4h50 / +650m / -600m.
Diaporama On part en RG de la vallée sur un sentier très bien tracé qui monte de banquette en banquette à distance de la rivière. On atteint un plateau humide bien vert au pied d’une aiguille rocheuse déchiquetée (35mn, 4845m). On incline la marche légèrement sur la G pour traverser le plateau tout en se rapprochant du lit de la rivière. On franchit le cours d’eau pour se retrouver sur la RD (30mn, 4900m) et reprendre une marche ascendante sur un large sentier cairné.
On franchit une épaule morainique pour prendre pied sur un plateau herbeux (15mn, 4965m) avec comme horizon le col convoité. Vers 5000m on repasse en RG du torrent pour s’élever à flanc en direction des pentes enneigées du col. A l’approche du col le minéral se fait omniprésent alors que la pente du sentier commence à s’affirmer. On se dirige maintenant vers la petite échancrure à la D du col (on en comprendra cet après-midi la raison…) et on termine par une traversée longitudinale des névés qui gardent l’accès à ce point de faiblesse dans l’arête (prévoir dans ce dernier raidillon quelques difficultés pour les chevaux de bât en début de saison, disons jusqu’à fin juillet).
Arrivée au Digger La (2h15, 5390m, C) et bien entendu dépose rituelle des drapeaux à prières en même temps que l’on scande le désormais célèbre « Ki ki So so Lha Ghyalo ». La descente s’initialise sur un petit sentier en zigzag qui dévale un couloir rocheux puis après se présente sous la forme de larges lacets qui permettent de désescalader aisément un pierrier pentu de belle importance. On rejoint le lit de la rivière dans lequel on évolue de droite et de gauche pour trouver le meilleur passage jusqu’à un alpage au pied du Digger La (1h15, 4800m, eau de source en RD du vallon). Nuit sous tente ici ou un tout petit peu plus bas sur les banquettes herbeuses le long de la rivière.
Jour 9 : Digger La BC sud - Alpages de Sabu - Stok
1h40 / +20m / -910m + 1h de voiture de Sabu à Stok.
Diaporama On part en RG de la vallée à travers de grands alpages. Un peu plus bas, la traversée du torrent permet de se retrouver en RD (15mn, 4680m). On passe auprès d’une bergerie (10mn, 4600m, camp possible, eau dans le petit torrent) avant de descendre sur la gauche de la bâtisse jusqu’à une zone humide au milieu de laquelle le sentier se perd un peu. Pas de panique, il faut simplement longer la base de la moraine pour retrouver une bonne trace un peu plus bas. Ensuite c’est une descente tranquille sur un sentier sableux présentant de belles portions herbeuses bien reposantes pour les genoux.
On arrive à l’emplacement de l’embranchement d’un canal d’irrigation (35mn, 4265m, Pullu Digger ?). Le sentier reste en RD et descend les terrasses derrière la bâtisse en pierres pour aller longer la rivière. On traverse deux zones d’éboulis avant de retrouver un bon chemin. Un peu plus avant, on croise la trace d’une des coulées de boue qui se sont produites en août 2010 et qui ont pas mal raviné dans le coin faisant quelques centaines de morts ou disparus et de nombreuses familles sans abri. Au-delà on suit une verte vallée. Là aussi quel étonnant contraste avec les pentes désertiques des montagnes environnantes. On débouche aux alpages de Sabu, terme de notre marche du jour (40mn, 3890m, C).
Traversée en voiture de la peu passionnante vallée de l’Indus qui passe par les villages dévastés de Sabu et Choglamsar puis en remontant jusqu’en haut de Stok au camping situé à l’entrée de la vallée de la Jingchan par où passe notre itinéraire de demain. Nuit sous tente (3560m, boutique à 100m, eau dans le torrent, il est préférable d’acheter de l’eau en bouteille à la boutique ou d’attendre le lendemain où il y a de nombreuses sources le long du chemin, T, C BSNL, E).
Jour 10 : Stok - Stok La BC est
3h / +1000m / -50m.
Diaporama Départ du haut du village Stok à 3560m en direction de la gorge dans laquelle s’inscrivent de belles montagnes enneigées appartenant à la chaîne du Stok Kangri. Après quelques imprécisions dans le tracé, on retrouve un excellent chemin qui court en RG du torrent. On vient buter au pied d’une grimpette sans concession qui escalade en zigzags serrés un couloir sableux (évitable en période de basses eaux) qui permet de franchir un collet (45mn, 3780m).
On redescend rapidement retrouver le lit de la rivière que l’on suit jusqu’à une bergerie. Le bâtiment est dominé par une falaise ruiniforme au sommet de laquelle on distingue les ruines d’un antique château érigé pour protéger les villages de la vallée des colonnes d’envahisseurs qui suivaient la vallée de l’Indus. On franchit l’épaule rocheuse en grimpant jusqu’à un chörten. On retrouve la rivière pour un long parcours dans une gorge assez large entourée d’aiguilles élancées alors que le fond est colonisé par une végétation arbustive. Sur le chemin on croise de nombreuses sources. Tout autour, ce sont des enfilades de parois verticales rouges qui s’élèvent en plissements de lames parallèles depuis le lit de la rivière vers le ciel. On passe un emplacement de camping au moment où l’on quitte le lit de la Tingchan chu en préalable à l’arrivée à Changma (55mn, 3955m, tente-parachute buvette). A la séparation de chemins 50m plus loin, on laisse partir sur la gauche l’itinéraire du camp de base du Stok Kangri qui s’en va rejoindre derrière un petit collet la vallée de la Tingchan chu (vous pouvez décider à ce moment-là, si vous disposez de tout le matériel et de l'accompagnement idoine..., de compléter votre trek d'une ascension du Stok Kangri, le 6000 très couru du coin), pour continuer tout droit le long d’une nouvelle rivière dans le même décor ruiniforme.
On s’engage à présent dans une montée plus affirmée au cœur d’une gorge étroite bordée de pénitents. Au confluent des deux vallées (30mn, 4285m, eau ponctuelle dans le torrent), le sentier part sur la D pour remonter une gorge encore plus étroite que la précédente sur un excellent sentier en zigzags serrés. A la cote 4400, la gorge se termine et se transforme en un large thalweg verdoyant avec à l’horizon une crête étale. On retrouve de l’eau juste avant d’atteindre une bergerie (35mn, 4480m, possibilité d’hébergement basique). A l’arrière se présente une splendide muraille de granit et toujours cet ensemble de lames rocheuses qui strient les pentes herbeuses. Le paysage est réellement unique ! On traverse le vallon vers la D pour aller se poser au pied d’une muraille où quelques emplacements de camp ont été creusés juste au pied (on le croit...) du col du Stok La, l’épreuve matinale du lendemain. Nuit sous tente dans cet endroit idyllique où les colonies de bharals ne cessent de passer d’un vallon à l’autre (5mn, 4520m, eau de source 20m sur la D).
Jour 11 : Stok La BC est - Rumbag - Ganda La BC1
4h20 / +750m / -1000m.
Diaporama On quitte le merveilleux endroit dans lequel on a passé la nuit pour rejoindre rapidement sur la G le sentier qui remonte sur la RD du thalweg. Il vient buter contre la pente rouge sur laquelle est tracée en diagonale la sente qui rejoint la crête juste à la gauche des aiguilles rocheuses (40mn, 4780m). Et là, « vision d’horreur », ce n’est pas le col attendu mais seulement un collet qui donne accès à une combe avec sur l’autre versant le Stok La, ses lungtas flottant au vent, qui nous nargue…
On contourne la combe puis on négocie les derniers lacets et nous voici au Stok La (10mn, 4850m, C BSNL) pour une superbe vue plongeante sur la vallée aux roches colorées de vert et de rouge carmin au fond de laquelle s’inscrit le village de Rumbag entouré de ses champs de céréales. Au loin, sur la gauche, par-dessus les crêtes des « collines » environnantes, on distingue le Ganda La, l’épreuve du lendemain.
Mais à présent il va falloir nous en approcher… Descente « osée » sur du petit éboulis sableux. On zigzague de-ci delà pour désescalader les premiers 50m avant de trouver un sentier stabilisé qui présente de larges lacets bien tracés. On laisse par la suite l’éboulis pour prendre pied sur une moraine fluviale à la pente peu affirmée qui propose un parcours tranquille et peu contraignant pour les genoux. On peut ainsi s’intéresser au paysage alentour qui se transforme peu à peu d’un relief d’aiguilles élancées à des suites de monticules désertiques. On entre dans Rumbag en RD de la vallée (1h40, 3960m, nombreux home stays).
On continue de descendre pour passer auprès de l’infirmerie puis d’un dernier home stay. Après, on s’en va traverser la rivière et, en négligeant le sentier direct qui propose un raccourci vers la vallée qui conduit au Ganda La, on continue à descendre le long de la rivière pour atteindre au confluent des rivières Rumbag et Zinchen, un endroit convivial, une tente-parachute tenue par une famille ladakhie très sympa (20mn, 3845m, buvette, fourniture gracieuse d’eau traitée par un système de purification installé par l’association française Niyamdu.Dro, destiné à éradiquer les bouteilles plastiques d’eau « minérale » qui pullulent et polluent l’espace). Maintenant, il va bien falloir remonter : on part sur la G pour suivre un sentier tracé sur le lit de galets avant de pouvoir en sortir sous la forme d’un petit sentier qui s’en va jusqu’à un jardin clos. De là, il faut traverser le lit de la rivière pour s’en aller trouver un petit pont de bois et prendre pied sur la RG. Contourner le jardin et revenir en bordure de la rivière en longeant un canal d’irrigation qui a subi les affres du temps.
On quitte cette vallée fluviale pour s’engager dans un nouveau vallon qui s’ouvre sur la D (30mn, 3985m). On grimpe sur un sentier qui suit la rivière à mi-hauteur. On s’élève progressivement jusqu’à une source (20mn, 4115m) qui précède l’arrivée à Yurutse (5mn, 4130m, home stay, possibilité de camping). Au-delà des chörtens, on longe le mur d’un grand jardin en préalable à l’entrée dans un thalweg beaucoup plus étroit. La montée est plus affirmée jusqu’au moment où l'on débouche sur un endroit plat, le Ganda La BC1 (35mn, 4320m, s’il n’y plus de place, un BC2 existe une trentaine de minutes au-dessus en continuant sur le chemin du col).
A droite, vue imprenable sur la face NW du Stok Kangri tandis qu’à gauche se dessine, là-bas, tout au loin dans la crête, la baisse du Stok La franchie ce matin. Nuit sous tente avec eau dans le torrent (petit tuyau qui semble venir de beaucoup plus haut…).
Noter la possibilité d’un échappatoire au niveau du confluent des rivières Rumbag et Zinchen : on peut rejoindre le village de Zinchen en 2h puis route vers Leh via Spituk.
Jour 12 : Ganda La BC1 - Ganda La - Skyiu
5h20 / +630m / -1500m.
Diaporama Du Ganda La CB1 à 4320m où l’on a passé la nuit, traverser la rivière et suivre le thalweg en RD vers l’amont. On passe au CB2 (30mn, 4490m) avant de s’engager à G dans un nouveau thalweg. Après une montée soutenue on pose le pied sur un petit plateau fleuri (20mn, 4635m) pour faire un large virage avant de s’attaquer à une montée en diagonale qui conduit à un collet (10mn, 4725m) duquel on continue sur la G en direction du large col que l’on a maintenant en point de mire. A l’arrière, ne pas négliger le beau panorama sur la partie W de la chaîne du Stok Kangri qui expose de jolis glaciers bien pentus. La montée qui suit est assez soutenue et on débouche au Ganda La (40mn, 4900m, C BSNL sur le tertre à gauche), point de faiblesse d’une longue arête assez débonnaire.
Belle vue dégagée sur les montagnes du Zanskar et entre autres le groupe du Chomotang qui domine la vallée de Kanji, origine du trek La Grande traversée du Zanskar. Descente tout d’abord au travers de larges alpages suivie d’une partie beaucoup plus minérale quasi désertique. A l’approche du village de Shingo, la verdure se fait plus présente sous la forme de quelques jardins (1h25mn, 4145m, tente-parachute). Juste après, on descend directement dans le lit de la rivière que l’on suit quelque temps jusqu’au pied des maisons du village proprement dit (10mn, 4100m, 2 home stays). On passe définitivement RG du vallon pour longer plusieurs champs et arriver au niveau d’un emplacement de camping (10mn, 4015m, tente-parachute). Le chemin traverse la verte prairie du camping et louvoie peu après entre les buissons de saules qui encombrent les rives de la rivière. On franchit une zone d’éboulement en sable très pulvérulent en préalable à l’entrée dans une gorge au cœur de laquelle le sentier a dû être reconstruit suite aux coulées de boue de l’été 2010. Ces dernières ont raviné la vallée jusqu’à Chilling.
Plus on avance, plus ce sont des visions d’apocalypse et de désolation. On entendrait presque le bruit assourdissant des flots de boue dévaler le couloir rocheux… A partir de 3800m, les roches qui bordent la gorge explosent de couleurs : on y admire toutes les variations de rouge, d’ocre, de jaune, de vert, de gris, de noir… Au-delà on pénètre dans une gorge encore plus étroite dans laquelle il faut sans cesse changer de rive. Et toujours ces myriades de coloris ! Réellement fantastique de beauté… Puis la vallée s’élargit à présent bordée de falaises dolomitiques verticales rouge et ocre. Un sacré terrain de jeu pour les amateurs d’escalade s’il voulaient se pencher un peu sur le potentiel du coin…
Le temps commence à se faire longuet. Une seule indication permet d’attester que le village désiré approche : la présence du tuyau d’alimentation d’eau. On franchit le torrent pour passer en RG (1h30, 3460m) avant de revenir RD. Et voici les premières maisons de Skyiu qui se dévoilent, enserrées de tout côté d’impressionnantes falaises rouges de plus de mille mètres de hauteur. On entre dans le « village » (15mn, 3400m, nombreux cafés, home stays et campings, 9 familles quand même…).
Nuit sous tente dans le village ou à 10mn de là « plus au calme » au Tsarik camping site and home stay à l’ombre des saules qui colonisent le lit de la rivière en remontant la vallée de la Markha (3405m, douche, E).
Noter la possibilité d’un échappatoire au niveau de Skyiu : on peut rejoindre le village de Chilling en 3h puis route vers Leh le long de la rivière Zanskar chu.
Jour 13 : Skyiu - Markha village
4h35 / +420m / -100m.
Attention ! Pendant les journées de grand ensoleillement, il faut impérativement franchir la rivière Markha avant 14h car la fonte des neiges du Kang Yatze déclenche systématiquement une montée subite des eaux. La traversée sans équipement spécial (assurage par double corde, mousquetons et sangle) est fortement déconseillée, et même… Pareillement, lors des journées de pluie battante qui font grossir les flots et cela sans créneau horaire prévisible, mieux vaut rester au chaud à l’étape…
Diaporama Une longue journée assez peu passionnante nous attend avec cette remontée de la vallée de la Markha jusqu’au niveau du village éponyme. Enfin comme il n’y a pas d’autre alternative pour accéder à la haute vallée et au plateau du Nyimaling, allons-y donc… Du camping on suit le chemin en bordure des champs. Le fond de la vallée est verdoyant contrastant avec les parois où le minéral règne sans concession. De véritables petites forêts se sont créées faisant en sorte que l’on marche à l’ombre bien protégé sous le couvert végétal. On passe devant quelques habitations troglodytes aujourd’hui délaissées. Alors que l’on croit que la journée va se dérouler sur un bon chemin étale pour une remontée de la vallée « pépère », eh bien pas du tout : voici que l’on n’arrête pas de monter et de descendre pour éviter quelques rochers qui encombrent la ligne droite théorique, ou alors en louvoyant d’une rive à l’autre des canaux d’irrigation… Rien de tout repos ! Puis la vallée s’élargit au croisement d’un vallon pentu venant de la droite marqué d’une belle aiguille bifide (55mn, 3465m). Au niveau d’un alignement de chörtens posé sur un petit monticule, on dispose d’une belle vue arrière sur les aiguilles rocheuses qui dominent Skyiu.
On poursuit à mi-hauteur de la rivière avant de descendre traverser une rivière auprès de laquelle est construit une halte buvette (10mn, 3475m). On poursuit au pied d’une falaise ruiniforme dont on se demande comment l’empilage de cailloux, un véritable Mikado, fait pour tenir tant il semble bien précaire et que l’on passe juste au-dessous… La suite de la marche se déroule au milieu d’un vaste espace creusé par un méandre de la rivière Markha qui se referme assez vite au niveau d’un goulet resserré. On passe à proximité d’un enclos à bestiaux juste avant de franchir la rivière sur un pont de bois lancé par-dessus les flots tumultueux (40mn, 3550m). On évolue maintenant RG de la Markha. On passe Hamourja (15mn, 3570m, tente-parachute, home stay et camping) puis le « village » de Nagdi (15mn, 3570m, home stay et camping) avec des maisons troglodytes creusées dans la falaise sur la rive opposée. Il s’ensuit la traversée d’une portion que l’on peut trouver longuette dirons-nous (pour ne pas dire ch…) jusqu’aux 2 tentes-parachutes, home stay et camping de Sara (25mn, 3590m). Encore 1km et l’on repasse RD sur un pont de bois. Après, on est amené à grimper jusqu’à atteindre un groupe de maisons avant de longer des champs cultivés. Au niveau d’un second groupe de maisons, on suit sous les frondaisons le canal d’irrigation quelque temps avant de revenir à découvert pour entrer dans le village de Chaluk aux maisons plus que rustiques et sommaires.
Au-delà, on poursuit à flanc de falaise sur un bon sentier en direction du groupe de chörtens posé sur une épaule morainique. Une fois sur le site (35mn, 3700m) ce qui surprend ne sont pas les chörtens blancs érigés mais l’importance des murs de manis recouverts de pierres gravées. Au bout de l’alignement religieux, on distingue à l’avant que la vallée dans laquelle on va pénétrer semble moins rébarbative que la précédente, plus resserrée avec la Markha qui s’y amuse à passer d’une rive à l’autre selon son humeur. On descend au milieu d’un ensemble de chörtens colorés en blanc et en rouge sang pour aller traverser une rivière qui sort d’un profond canyon. Nous sommes à Thinlespa (10mn, 3685m, tente-parachute). La suite se déroule en RD de la vallée. On arrive au confluent de la Markha et d’une rivière très chargée en sel et en salpêtre, comme en attestent les traces laissées sur les bancs de sable gris (30mn, 3730m, 2 darchoks).
On poursuit dans la vallée qui part légèrement sur la G dans la vague direction d’une maison blanche adossée à la falaise. Au-delà, voilà la surprise de la journée : la traversée à gué de la Markha, tonique et revigorante (15mn, 3725m, port des sandales souhaité). Au-delà de cette revigorante traversée, nous voici de retour en RG pour un dernière petite demi-heure de marche le long de la rivière avec au loin le village de Markha qui s’annonce, d’abord par un premier home stay puis un deuxième (camping et c’est celui où il y a le téléphone satellite T) juste avant de franchir le pont de bois (15mn, 3780m).
Diaporama Il ne reste plus que quelques minutes de marche pour atteindre le pied du vieux village construit sur une falaise (10mn, 3790m, 2 campings). Une fois le camp établi, possibilité d’aller visiter le gonpa de Shamunatha « perché » sur la gauche du collet qui se présente à l'E. Nuit sous tente.
Jour 14 : Markha village - Hangkar
2h45 / +200m / -50m.
Diaporama Du camping, on monte passer le collet dans lequel trône un mur de chörtens, représentation de la Trinité bouddhiste Rigzum Gönpo. On domine le village de Markha faisant face au soleil matinal. Le jaune vif de la moutarde en fleur apporte une touche photogénique bien particulière.
Au-delà, on remonte la large vallée fluviale de la Markha et l’on peut, là aussi, voir les stigmates des inondations de l’été 2010 qui ont touché plusieurs vallées du Ladakh. Ici, au milieu du lit sableux de la rivière, ce sont des centaines d’arbrisseaux courbés ou arrachés de leurs racines qui présentent un spectacle de désolation. Quel est le fautif ? On peut sans peine désigner le coupable en constatant que notre horizon est bouché par une « montagne » d’agglomérats de tout genre venant du fond du canyon débouchant de la gauche. On franchit l’obstacle (35mn, 3800m) avant de se confronter à notre première épreuve de la journée : la traversée de la Markha aux flots bien tumultueux dont l’eau glacée mouille le randonneur jusqu’à mi-cuisse (des fois un peu plus...). On garde les sandales pour traverser un plateau d’alluvions et atteindre un ensemble de mâts auxquels sont accrochés des darchoks. Au pied de l’aiguille élancée s’ouvre le profond canyon de la Chacham togpo. C’est le départ de l’itinéraire qui permet de rejoindre le plateau de Khar Nag et au-delà Zangla à deux pas de Padum (une idée future de trek ?).
400m plus avant, voici la deuxième traversée de la rivière à l’aplomb d’une falaise qui donnerait pas mal d’envie à des escaladeurs d’ABO. L’eau ? Alors pas du tout apaisée ni réchauffée… On poursuit en RD au milieu d’une superbe gorge. On passe une série de chörtens et de murs de manis annonçant le monastère de Tetsa perché sur une épaule une cinquantaine de mètres au-dessus de la Markha (35mn, 3830m). On reste en bas et on suit la rive jusqu’à contourner à l’aide de quelques pierres l’épaulement que vient lécher la rivière. Maintenant, on peut enlever les sandales.
On s’en va chercher au travers des buissons nombreux en cet endroit le départ d’un petit chemin tracé au pied de la pente d’éboulis, sentier qui nous emmène jusqu’à Umblung (30mn, 3860m, 2 tentes-parachutes). On peut admirer le charmant « village » de 2 familles surplombant la vallée couverte ici bas de champs d’orge et de moutarde. On s’en va passer à proximité des murs de manis. Un savant droite-gauche nous amène à suivre la bordure du canal d’irrigation taillé à flanc de la moraine fluviale. Le suivre permet d’aisément franchir un rognon rocheux. On entre à présent dans une large vallée couverte d’arbustes avec à l’horizon les formes adoucies du plateau du Nyimaling qui s’annoncent. On passe devant le home stay d’Umblung (15mn, 3860m). Juste après, la vallée de la Markha s’infléchit vers la droite et permet de découvrir l’altier sommet du Kang Yatze II et ses 6175m qui occulte totalement le sommet principal n°I (en fin de compte, on verra plus tard que les deux sommets sont séparés par une arête orientée NW-SE).
On poursuit par une grimpette pour rejoindre un mur de manis (30mn, 3950m). On franchit le lit d’une rivière issue du Matho Kangri faisant partie de la grande chaîne montagneuse du Stok Kangri avant de passer une deuxième série de murs de manis. Sur l’autre rive de la rivière Markha, on peut apprécier la profondeur d’un canyon qui a dû ramener pas mal de pierraille dans la vallée. Un instant occulté par les hautes falaises, voici que réapparait à l’horizon le Kang Yatze II avec l’arête sommitale du I qui commence à émerger. On est en train de traverser une plaine herbeuse (15mn, 3970m, tente-parachute). On poursuit jusqu’aux quelques maisons qui font partie du village de Hangkar (15mn, 4000m, tente-parachute, home stay, camping, téléphone satellite T). Puis, hors du chemin qui suit le lit de la rivière, on traverse les champs de céréales pour poser le camp dans un endroit paradisiaque à proximité d’un groupe de maisons (5mn, 4015m, grande prairie, eau dans la rigole, calme puisque tous les autres groupes vont s’entasser à Tachutse…). Nuit sous tente.
Jour 15 : Hangkar - Plateau du Nyimaling
3h40 / +830m / -100m.
Diaporama A peine sorti du terrain de camping au bord de la Markha, on dépasse le bâtiment qui contient un moulin à prières et voici la première épreuve de la journée : la grimpette jusqu’à un collet qui domine le village de Hangkar (10mn, 4060m). On descend tranquillement vers le village que l’on contourne par le haut en suivant le chemin marqué de murs de manis et de chörtens. On traverse une petite rivière avant de longer les champs en terrasse plantés d’orge avec une touche de couleur bien sympathique, le violet, distillé par les fleurs de géranium sauvage qui pousse ici comme du chiendent.
Le Kang Yatze II a réapparu et c’est dans sa direction que l’on poursuit pour retrouver la rive de la Markha. On laisse partir sur la droite la « route » de Khar Nag qui emprunte le pont de bois (30mn, 4050m) et suit le lit de la Langthang chen. On continue RD en bordure du torrent. On s’engage sur la G dans un défilé où le rognon rocheux en RG présente de belles orgues et, au-delà, la falaise de grandes dalles verticales.
On poursuit sur le chemin du bas jusqu’à une petite grimpette qui permet de contourner une zone d’éboulis friable qui tombe directement dans la rivière. Puis c’est un long faux-plat montant qui est proposé avec de belles vues sur la falaise de la RG découpée en strates du plus bel effet. On arrive au pont de bois sur la Markha (45mn, 4100m) et l’on passe en RG pour atteindre le lieu-dit Tachutse (10mn, 4140m, tentes parachutes, campings, où il est conseillé de faire étape pour respecter les règles d'acclimatation, mais si ça va bien on peut poursuivre quitte à revenir en arrière si la suite de la journée s'avérait problématique...). On poursuit en RG en s’élevant un peu en direction d’un enclos à bestiaux. Au préalable, on traverse une large rivière en provenance directe des glaciers du Kang Yatze. On imagine sans peine que c’est elle qui est à l’origine des crues de la Markha tous les après-midis ensoleillés. La rivière traversée, on incline légèrement la marche vers la D pour suivre un excellent sentier qui remonte un thalweg en RG. Belle vue à l’arrière sur l’ensemble de pics décharnés qui caractérisent cette région du Ladakh.
On profite d’un replat pour passer RD et on repart en montée progressive assez pentue jusqu’à atteindre un collet dans la moraine de gauche (50mn, 4450m). On a pris suffisamment d’altitude et de recul pour apprécier l’enfilade de la vallée de la Markha jusqu’aux lointains pics du Chomotang reconnaissables à leur face E striée de couloirs de neige. En poursuivant le regard vers la droite, on tombe sur un bel ensemble de pénitents rouge carmin qui ne dépareillerait pas au cœur d’un paysage du Mustang au Népal.
On repart en suivant le fil de la moraine en direction d’une butte sur laquelle a été érigée une multitude de cairns. On marche à flanc pour atteindre un collet derrière lequel, oh surprise, un charmant laquet a trouvé sa place dans un creux de la moraine (20mn, 4550m). Et en montant de quelques mètres sur la D, on accède à son « grand frère », parfait miroir des Kang Yatze I et II. Sympa, sympa !
Quittant cet endroit enchanteur, on poursuit la montée en direction du plateau du Nyimaling. D’abord en direction d’un large collet d’où l’on distingue nettement pour la première fois le Konmaru La, porte de sortie vers la vallée de l’Indus, puis d’un deuxième. Derrière, on suit un sentier étale à flanc de moraine herbeuse puis on prend pied dans le large vallon dans lequel on retrouve la Markha pour atteindre le « village » de Nyimaling (1h, 4740m, tente parachute, plusieurs emplacements de campings, eau sortant de la moraine de droite 2mn avant d’arriver au camp). Nuit sous tente face aux habitations sommaires des nomades éleveurs de yacks.
Jour 16 : Plateau du Nyimaling - Konmaru La - Chogdo - Shang sumdo
5h30 / +650m / -1730m.
Diaporama On traverse la Markha pour monter vers la G au milieu des bergeries des nomades. Si l'on continuait vers l'E le long de la Markha, on pourrait suivre une variante qui permet, en suivant l'itinéraire décrit dans le topo De Chogdo au Tsokar, de rejoindre en 2 journées de marche le village de Lato situé sur la NH-3. Mais comme la descente de la vallée de la Skurmo chu nous attend pour terminer en beauté ce trek, on suit le chemin principal qui monte au NW en diagonale avant d'entamer une série de zigzags pour prendre pied sur le plateau supérieur et l’on s’en va par un faux-plat montant rejoindre la base du col (1h, 5100m). On souffle un peu avant d’attaquer les derniers lacets. La prise de hauteur permet ainsi apprécier sur la D le groupe du Kang Yatse dans son ensemble avec quelques pics émissaires qui étaient jusqu’à présent cachés derrière les sommets principaux I et II. On peut ainsi voir émerger le n°III juste à la gauche du n°I et, plus à gauche encore, les arêtes Dzo Jongo et du Reponi Malai Ri. Que de courses d’alpinisme à envisager pour le futur… Au loin, à l’arrière, c'est une bonne centaine de pics qui se dresse vers le ciel, les montagnes du Zangskar. Plus proche, on peut noter l’importance du plateau que l’on domine maintenant ponctué ça et là de taches noires, les troupeaux de yacks qui, disséminés sur toute la largeur du plateau, paissent tranquillement. Allez, on attaque la dernière grimpette du trek ? Le minéral se substitue à la verte prairie. La pente du sentier se redresse et un large lacet gomme une partie de la difficulté. On se trouve tout étonné de se retrouver en vue des lungtas qui marquent le passage du Konmaru La (20mn, 5260m, C BSNL -profitez-en pour passer un coup de fil à l'agence pour annoncer votre arrivée à Chogdo d'ici 3 heures de temps...).
Là encore, un superbe panorama « alpin » est offert avec le groupe du Kang Yatse et cette rivière Markha qui, contournant les proéminents sommets I et II, a creusé une large vallée depuis sa source, tout là-bas derrière, au pied de montagnes de plus de 6000m que le géographe n’a pas daigné baptiser. Bien entendu, il y a toujours ce panorama vers l’W et l’immensité des montagnes du Zangskar. Côté N, le versant dans lequel la descente a été tracée, on distingue bien quelques montagnes lointaines mais c’est la gorge profonde qui nous interpelle : sera-t-elle à la hauteur pour conclure ce trek initiatique au Ladakh ? On commence sur un excellent sentier en larges lacets. On retrouve quelques maigres pâtures vers 4900m avant de se diriger vers le fond d’un thalweg sous de belles aiguilles rocheuses rouges.
On passe une bergerie en ruines (45mn, 4650m) avant de s’engager à mi-hauteur en RG d’un torrent qui parcourt une gorge de couleur grenat de toute beauté. On rejoint brièvement le lit du torrent au milieu d’un paysage minéral composé de coulées de roches métamorphiques. On reprend un peu de hauteur lorsque l’on s’échappe vers la D sur un sentier balcon. Mais on redescend bien vite (au propre comme au figuré…) pour repartir dans le lit du torrent qui court entre des parois resserrées. Un ancien chemin tracé en RG à mi-hauteur ayant vu certaines portions disparaître corps et bien suite à quelques éboulements ne « semble » plus être une voie acceptable pour le randonneur. On reste donc en bas pour franchir un passage aménagé à proximité d’une cascade. Un départ de sentier se présente en RD (50mn, 4335m). On l’emprunte pour ne pas avoir à se mouiller les pieds quelques mètres plus avant. On remonte quelques zigzags serrés et nous voici déjà de retour dans le lit de la rivière. Pour ne pas être en reste, la RG accueille désormais la suite de l’itinéraire en balcon. C’est juste au prix d’une remontée en zigzags bien casse-pattes… Une fois là-haut on chemine tranquillement à mi-hauteur au-dessus de la rivière.
On croyait avoir tout vu en matière de couleurs de roches : eh bien non, voici que se présente une muraille rocheuse de belle importance, jaune… On revient au niveau de la rivière pour franchir un goulet bordé de roches métamorphiques multicolores disposées en strates et tombant des arêtes sur plusieurs dizaines de mètres. Exceptionnel ! On remonte RD sur un sentier (25mn, 4175m) puis voici une Nième traversée du torrent et, il fallait bien que ça se produise un jour, on sort de la gorge de la Skurmo chu. On a quand même profité d’un parcours « total délire » de plus d’1h30 ! Quelques centaines de mètres plus loin, on peut se détendre sous l’une des deux tentes-parachutes de Chukirmo (15mn, 4060m, possibilité de camp sur le plateau à gauche juste au-dessus des tentes, eau). Au-delà, le lit de la rivière s’élargit. On suit tout d’abord un bon sentier muletier en RG avant qu’il ne se délite au moment où l’on commence à passer sous des ensembles de cheminées de fées. Mais cela ne dure pas. On revient dans le lit de galets. Un peu plus bas encore une falaise sujette à la création future de cheminées de fées d’ici quelques années. On passe RD suivant bien précautionneusement les indications données par des marques de peinture blanche ou des cairns. On laisse le village de Chogdo perché au milieu de ses champs en terrasses sur le coteau de la RG et l’on sort du lit de la rivière.
Noter que depuis le village de Chogdo vous pouvez décider de ne pas terminer à Shang sumdo mais de poursuivre le plaisir en vous engageant sur la mini traversée vers l'E et rejoindre le village de Stok où vous avez démarré la deuxième partie de ce parcours au J10. Cette traversée complémentaire se déroule sur 3 jours et est décrite aux jours 15, 16 et 17 du topo du circuit n°1 du Grand Tour du Ladakh.
Noter aussi que depuis 2018, une piste 4x4 dessert Chogdo et permet d'éviter le parcours d'1h30 de marche inintéressante jusqu'à Shang sumdo qui est décrite ci-dessous. Les paysages délirants de roches peuvent s'apprécier de la même manière à l'intérieur d'un véhicule dans lequel on pourra se protéger de la poussière...
On trouve le départ du sentier d’accès au village depuis le fond de la vallée (35mn, 3900m) qui propose un parcours bien agréable au-dessus des champs, le vert des cultures contrastant avec la couleur rouge des parois qui bordent la vallée. Mais cela ne dure qu’un temps… Revoici le minéral ! On retrouve un peu plus loin le lit de la rivière pour bientôt repartir à flanc et reprendre un peu de hauteur (25mn, 3780m). Ici, la dominante est le rouge sombre, le grenat, avec des reflets métalliques qui scintillent sous les rayons du soleil de midi. Au loin, on commence à distinguer les maisons de Shang sumdo mais le village est encore loin… Heureusement que le paysage que l’on traverse reste de toute beauté. Les vallons descendent de toute part et présentent des aiguilles rocheuses acérées qui montent vers le ciel. Enfin, c’est la « délivrance ». On passe les maisons du village qui se trouve sur la RD pour retrouver un morceau de piste en latérite qui conduit jusqu’au « centre » touristique de Shang sumdo (45mn, 3650m, 2 tentes parachutes, plusieurs home stays, deux grands campings, depuis 2017 plus de service de bus, C BSNL).
Jour 17 : Shang Sumdo - Hemis - Matho - Leh
1h30 de voiture et 2h de visites.
Pour retourner sur Leh, on peut emprunter un taxi (le commander la veille ou alors compter sur la chance que quelqu'un soit monté de Leh pour entamer un trek et qu'il soit libre pour le retour...). Mais si l’on peut disposer d’une voiture privative (cela peut être le taxi à qui l'on demande de suivre l'itinéraire présenté ci-après), il est conseillé de s’arrêter à deux monastères bouddhistes d’importance. Le premier, Hemis, est le plus connu du coin et voit passer beaucoup de touristes tout au long de la saison estivale Diaporama. Mais il est un tant soit peu incontournable car il est le plus important (et le plus riche…) de la région. Ensuite, on emprunte la route qui suit la rive S de l’Indus. Elle vous permet de rejoindre en quelques dizaines de minutes le monastère de Matho et là, vous serez tout seul ! Quasiment personne ne s’y rend, et pourtant c’est l’un des plus beaux ! Diaporama. Quelle richesse et un satisfecit pour l’agencement du musée dont les merveilles (des masques d’oracles entre autres…) sont présentées avec intelligence et rigueur. Et puis, en cette année 2012, Nelly Rieuf, une jeune française qui a travaillé aux côtés de Luigi Fieni dans le cadre de la restauration de peintures de nombreux monastères du Mustang, conduit un atelier de restauration des thangkas. Allez lui rendre visite, le travail produit par elle et son équipe de ladakhis et de stagiaires occidentaux est en tout point exemplaire… Retour sur Leh en passant par Stok (vous pouvez faire un détour par le vieux Stok palace si vous n’avez pas eu le temps ou le courage d’y passer lors du transfert en voiture du J9 Diaporama). Nuit en guest-house.
Jour 18 : Leh - Delhi
1h d’avion.
Transfert aérien matinal vers la capitale indienne. Il n’est toutefois pas conseillé de prévoir le retour vers l’Europe le jour-même car les vols de Leh font souvent l’objet de retards dûs aux conditions météo conduisant parfois à des annulations et report du vol sur la journée suivante. Donc, journée de transit à Delhi (un peu...) obligatoire qui vous permettra peut-être d’aller compléter vos visites. Nuit en hôtel dans Old Delhi (quartier de Pahar Ganj par exemple à côté de la gare centrale et de Connaught Place) pour être à proximité des sites touristiques. Mais aujourd'hui, avec le métro, on n'est jamais loin car on est à l'abri des désagréments dus aux embouteillages...
Jour 19 : Delhi - Paris
9h d’avion.
Avec Air India départ quasi quotidien vers Roissy à 13h10 et une arrivée, décalage horaire intéressant dans cette direction, en tout début de soirée. Sinon, beaucoup d’autres possibilités de vols mais toutes avec escale (Emirats du Golfe, Helsinski, Munich, Moscou, etc.).
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Commentaires
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- 1. chrystelle Le 12/08/2012
djule
encore un beau récit de trek. J'ai tellement envie d'y retourner dans cette partie de L'Himalaya .....
merci à vous de nous faire voyager encore , encore et encore
avec votre cite c'est toujours super de vous lire et regarder les photos. c'est une manière de voyager.
merci à vous pour ce super cite . Je suis une super fan
chrystelle -
- 2. guillaume Le 23/06/2013
jule
merci beaucoup pour les conseils d'itinéraires et la carte ! j'y vais dans quelques semaines, et ne n'est pas le premier trek pour lequel je bénéficie de vos conseils
merci !
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