[Maroc] Cols et sommets du Toubkal
Après les différents treks créés dans la région du Toubkal, il me semblait nécessaire de construire un itinéraire alternatif aux Cols secrets du Toubkal qui profiterait aussi des explorations menées au moment de la création des Alpi-Toubkal 1, 2 et 3 aux parcours plutôt engagés techniquement. J'ai nommé cette mouture "Cols et sommets du Toubkal" car elle se focalise sur des passages hors des sentiers battus et rebattus mais restant du domaine de la randonnée sur trace ou sentier d'altitude sans difficulté technique notoire. J'ai ainsi repris le jour par jour des itinéraires gravitant dans cette région et en ai adapté les textes pour qu'ils correspondent à une description d'itinéraire bien réelle. Je vous livre cet opus au parcours original et un peu plus engagé que la moyenne de ce qui se pratique dans cette région où nombre de "tour opérators" manquent cruellement d'ambition. Ne négligeons pas non plus le "touriste" qui se complait dans le "politiquement correct" et qui ne recherche rien de plus que ce que lui propose le "tour operator"... Alors pour tous les autres qui souhaitent sortir des sentiers battus et partir à la recherche d'autres émotions que celles de tout le monde, suivez les pas que je vous indique et bien entendu, bonne randonnée !
Et n'oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d'autres choses encore.
Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Carte Cols et Sommets du Toubkal
LE TREK JOUR PAR JOUR
Jour 1 : Paris - Marrakech - Imsker - Oukaimeden
4h30 / +1200m / -100m
Il faut 45mn de voiture de Marrakech à Asni (voiture privée ou grand taxi 30Dh). Juste après la place du souk, prendre la route goudronnée sur la G qui va traverser la rivière et remonte sur le coteau d’en face. 2 kms après avoir traversé la rivière, laisser partir tout droit la piste qui mène à l’Oukaïmeden et descendre sur la D. La piste devient un peu plus chaotique (si vous êtes en voiture, il est préférable d’user d’un 4x4) jusqu’à Imsker, le premier village rencontré dans la vallée de l’Imenane sur la RG. Compter 20mn en voiture ou 1h30 à pieds depuis Asni, à ajouter au temps de la journée. Rendez-vous avec le muletier.
Diaporama Départ du centre d’Imsker à 1500m d’altitude. Après 500m sur la piste direction SE, descendre traverser la rivière. Remonter en face sur un large sentier bordé de figuiers de barbarie. Retrouver l’ancien sentier (1540m, 30mn) qui part à D et rejoint la piste un peu plus haut (1695m, 15mn). On suit la piste jusqu’à ce que l’on distingue, perchées au loin, les antennes de l’Oukaïmeden (1770m, 15mn). Partir sur un sentier de village sur la D pour rejoindre Timoughar. Continuer de descendre jusqu’à la rivière à sec puis remonter dans la caillasse. On laisse (momentanément…) partir un sentier à D pour aller se poser immédiatement après à l’ombre des noyers pour la pause repas (1735m, 25mn, source 200m plus haut dans le lit de la rivière). Après cette halte roborative, revenir un peu sur ses pas pour prendre le chemin de tout à l’heure (maintenant il monte sur la G…). Il grimpe au travers des terrasses. On sort vraiment du lit de la rivière, qui plus est, en forte pente. On passe un collet (1845m, 15mn). On se dirige à présent vers Tidli que l’on évite par la droite en suivant un moment le lit de la rivière. Aux dernières maisons du village, on remonte sur la G tout en poursuivant vers le fond de la vallée. Arrivé à un replat dans le torrent retrouvé (1920m, 25mn), partir sur la D sous les noyers. Suivre un sentier en lacets qui escalade les terrasses avant de devenir rectiligne. On passe sous le village d’Imzourem (2000m, 20mn). A la grosse pierre noire, tourner franchement à G pour monter, le mot n’est pas trop fort, vers Agadir n’Ouzdoul, le village le plus haut perché de la vallée de l’asif Oussertek. 5mn plus loin, tourner franchement à G au niveau d’un curieux monolithe (résistera-t-il encore longtemps aux affres du temps ?) et poursuivre l’ascension. 20m avant une pancarte blanche (2120m, 15mn), tourner encore à G pour atteindre les dernières maisons du village. Ouf !
Continuer vers le haut mais pas en direction de l’évident col de couleur rouge vif que l’on a devant soi. Certes on ne va pas en passer très loin mais le sentier fait un large détour par la droite pour atténuer la pente et passer par la piste. A G maintenant pour 200m et à D à l’embranchement dans lequel se situe un poteau électrique. 300m après avoir bifurqué, on retrouve le sentier historique de montée au plateau de l’Oukaïmeden qui part sur la G et qui coupe quelques virages. Reprendre la piste vers la D (2300m, 20mn) au niveau d’un grand champ cultivé. Dans le lacet suivant, prendre le sentier qui part à D. On retrouve la piste que l’on suit sur la D avant de reprendre le sentier 300m plus avant. La pente s’adoucit et le sentier traverse plusieurs fois la piste avant de se mettre à suivre peu ou prou la ligne électrique. Le col tant désiré, le tizi n’Oukaïmeden, est maintenant atteint (2680m, 1h). Il ne reste plus qu’à descendre par la piste jusqu’au « centre » de la station de l’Oukaïmeden, entre les azibs séculaires sur la droite et les maisons « modernes » largement décaties et qui font pale mine en période d’été. Déprimant ! On passe devant le restaurant historique « Chez Juju » avant d’arriver au refuge du CAF dans lequel on passe la nuit (2600m, 15mn, 30/60Dh la nuit, repas sur demande, douches chaudes, accueil sympa de Michèle la gérante, C MEDITEL, boutiques).
Jour 2 : Oukaimeden - Traversée de l’Angour - Tizi n’Tachedirt
6h30 / +1200m / -950m
Diaporama Du refuge CAF, traverser la prairie pour venir longer la rivière qui prend sa source sous le Tizi n’Ouadi. On traverse quelques ensembles d’azibs qui présentent un contraste déroutant avec la « modernité » de la station de ski de l’Oukaimeden (1h). Arrivés sous les lacets de la piste, partir sur la G hors sentier pour remonter le vallon empierré qui conduit au tizi n’Oudad (3090m, 45mn). Au col, poursuivre sur la G en suivant les quelques cairns disposés çà et là et qui nous guident dans le franchissement de la crête rocheuse qui nous domine. De ce point, suivre une trace de sentier en direction des sommets rocheux que l’on distingue maintenant nettement. Il passe un peu en-dessous du fil de l’arête à G pour se terminer dans un col butant sur une austère paroi rocheuse (3350m, 1h). Cette paroi parait plus plus difficile qu’elle ne l’est réellement : monter légèrement sur la G avec comme point visé le sommet de l’éminence rocheuse puis, en évitant le sommet par une vire sur la D, prendre pied sur une arête rocheuse effilée (mais sans « gaz »). Celle-ci se négocie parfaitement en évitant les rognons de D ou de G (1h). Il ne reste plus qu’à franchir une dernière crête pour prendre pied sur le plateau sommital. Après cette « escalade » rocheuse, quel dépaysement que de pouvoir fouler des espaces gazonnés. Le sommet S s’atteint sans difficulté (30mn). Le sommet N nécessite de descendre dans un petit goulet avant une remontée sur une paroi rocheuse débonnaire (3616m, 15mn). La vue s’étend de toute part et compose un splendide belvédère sur les montagnes du Haut-Atlas occidental. La descente s’effectue en traversant le plateau herbeux que l’on rejoint après avoir désescaladé dans le goulet entre sommets N et S. Rejoindre l’éminence rocheuse visible de l’autre côté de la prairie direction SE (20mn du sommet N) puis descendre une alternance de banquettes rocheuses et herbeuses en bord de falaise côté vallée de l’Imenane. Un étroit goulet à passer (un peu d’attention dans la traversée de la partie supérieure d’un couloir d’avalanches pentu), quelques pas de désescalade facile au milieu de gros rochers et l’on arrive au passage clef (cairn) qui donne accès au sentier de descente sur le tizi n’Tachedirt (3350m, 40mn). Descendre pleine pente jusqu’au col. Le camp est un peu plus avant vers la G sous les parois de l’Annrhemer.
La traversée de l’Angour n’étant pas praticable par les mules, le muletier repasse le tizi n’Ouadi, le village de Tachedirt et rejoint le groupe au tizi n’Tachedirt.
Jour 3 : Tizi n’Tachedirt - Annrhemer - Bou Iguenouane - Tachedirt
6h30 / +1000m / -1900m
Diaporama Départ du camp à côté du tizi n’Tachedirt pleine pente en direction d’une roche située entre un monolithe rocheux à droite et l’austère paroi de l’Annrhemer. Ne surtout pas s’engager dans le couloir duquel coule le torrent car plus haut le passage est impossible. Au bout de 15mn, on retrouve une trace de sentier qui vient du col et qui chemine en lacets sur des parties rocheuses planes, bien plus aisé que le petit éboulis alentours. On incline légèrement sur la G pour passer dans un collet (3525m, 35mn). Belle vue plongeante sur la vallée de l’Ourika fermée par le massif de l’adrar Meltsène, figure emblématique du plateau du Yagour. En s’élevant, l’Angour se dégage et reprend une stature imposante. Au-delà, sur la droite, on commence à deviner les larges espaces du plateau de Timiskar. En suivant le chemin, monter sur le fil de la crête en direction d’une brèche bien marquée dans l’arête W de l’Annrhemer. Cette brèche est gardée par un ensemble de rochers noirs qu’il va falloir escalader (blocs faciles). On prend pied dans la brèche (3690m, 45mn) qui se trouve à la G d’un large col, le tizi n’Tigourzatine. Belle vue sur le Bou Iguenouane et l’Iferouane. Derrière nous, la vue s’étend bien entendu sur l’Angour mais également jusqu’au Jbel Oukaïmeden. A l’horizon, dans sa brume de chaleur, on devine la plaine du Haouz au milieu de laquelle se trouve Marrakech. Partir sur la G et contourner une première série de rochers par la droite. Viser une nouvelle brèche dans l’arête sommitale défendue par un beau couloir d’éboulis. On a le plaisir de pouvoir avancer dans du gros éboulis ce qui est bien agréable… Une fois la brèche atteinte (3845m, 35mn), il ne reste plus qu’à grimper sur la D sur des banquettes rocheuses faciles pour atteindre le sommet W de l’Annrhemer (3880m, 5mn).
Variante sommet E (aérienne) : Le sommet E se trouve à 1h A/R (non compté dans l’horaire de la journée) en suivant le fil de la crête rocheuse sur laquelle il n’y a pas de problèmes à l’exception d’un col assez profond qui garde le bastion E du massif. A aborder avec prudence… Retour sur le sommet W.
On redescend jusqu’à la brèche (3690m, 15mn) puis on contourne le rognon rocheux par une vire sur la G avant d’atteindre le tizi n’Tigourzatine (3610m, 10mn). Monter en face en écharpe sur le sommet qui se présente un peu à G de l’arête jusqu’à atteindre le sommet. Nous sommes sur l’épaule N du Bou Iguenouane (3785m, 35mn). On descend vers le large col où subsistent quelques névés pour attaquer la montée du principal sommet du Bou Iguenouane. Celle-ci passe d’abord par la crête que l’on atteint bien à G, puis on la suit vers la D. On évite le premier sommet en passant sur des vagues traces de sentier à G (côté S). On évite aussi le deuxième sommet pour terminer sur le troisième, point culminant du massif (3882m, 25mn). Pause repas bien méritée avec un panorama de génie quelque soit le côté duquel on tourne la tête. On revient en arrière jusqu’au large col à 3600m (25mn) puis à G jusqu’à un autre col à 3200m au milieu du petit éboulis aisé à désescalader. Pour suivre, continuer sur la trace qui se présente de l’autre côté du col. Elle longe à distance respectable les parois noires du Tamda pour cheminer plein W sur le fil de la crête. On arrive ainsi auprès des cascades au pied du Tamda (2600m, 1h). Suivre le torrent jusqu’à la piste supérieure, la traverser puis à travers champs, rejoindre la piste inférieure avant de rentrer au village (45mn). Nuit en gîte d’étape.
Les muletiers ne nous accompagnent pas sur les sommets. Du tizi n’Tachedirt, ils gagnent directement en 1h30 l’emplacement du camp à Tachedirt.
Jour 4 : Tachedirt - Tizi Likemt - Azibs Adouz supérieurs
7h / +1700m / -1400m
Diaporama En face du village, emprunter l’évident sentier idéalement tracé qui s’élève en lacets bien larges au creux du vallon. Il nous conduit en moins de 4h à 3550m sur le point de faiblesse entre Aksoual à droite et Bou Iguenouane à gauche : nous sommes au tizi Likemt. Panorama étendu au sud augurant des futures grimpettes de la semaine. Descente abrupte sur les azibs Likemt pour la halte déjeuner (2350m, 1h30) avant de reprendre la marche au milieu de l’après-midi. Juste au-dessus du campement (très sale, il faut le noter…), prendre le sentier muletier légèrement ascendant qui contourne la masse rocheuse qui nous surplombe. Il donne accès, d’abord de manière étale puis par une dernière petite remontée suivie d’une descente expresse, au site des azibs Adouz (2600m) au pied de l’imposante face nord de l’Iferouane. Nous traversons le groupe d’azibs et remontons le vallon qui se présente à droite. Nous établissons le camp vers 2800m auprès d’autres azibs à proximité de la rivière, à l’endroit où notre trace rejoint le sentier principal qui relie les azibs Taroutoult au tizi n’Tougroudadène (ou un tout petit peu plus haut dans le vallon). Nuit sous tente.
Jour 5 : Azibs Adouz supérieurs - Adrar Iferouane - Tizi n’Ourai
7 à 8h / +1400m / -1100m
Diaporama Départ matinal car la journée va être longue : il s’agit de monter sur l’Iferouane à presque 4000m. Le chemin est évident : d’abord le tizi n’ Tougroudadène à 3300m que l’on atteint en 1h30. Isolement total si ce ne sont les croassements des corbeaux et des choucas. La vue s’étend à l’ensemble du massif du Toubkal. Quittant le chemin qui redescend vers le tizi n’Ouraï rejoindre le sentier habituel qui draîne le flot des excursionnistes qui montent des azibs Likemt par les gorges de l’asif Tinzar, on s’engage à gauche sur la crête facile et on s’élève progressivement jusqu’à un sommet à 3900m qui correspond au point de convergence des crêtes de l’Iférouane à gauche (dont on distingue nettement le sommet à présent) et de l’Adrar n’Dern à droite (2h30). Au-delà de ce sommet, suivre un cheminement parfois cahotique sur la crête, alternance de rochers à éviter par la droite et de portions « roulantes », descendre dans un collet et attaquer la dernière montée jusqu’au sommet à 3996m sur lequel trône un imposant cairn (1h depuis le sommet à la cote 3900). Le petit nombre de personnes qui passe sur le sommet ne présage pas que nous atteindrons la barrière des 4000m avant longtemps si chacun s’en tient seulement à poser un seul caillou sur le monticule… La vue est étendue sur toute la partie sud de l’Atlas qui s’étale en pente douce jusqu’à tutoyer le désert. Noter un peu sur la droite la forme caractéristique du Jbel Siroua. Redescendre au collet, négliger la remontée mais passer sur la gauche où bientôt on se retrouve sur une vague trace qui nous conduit en courbe de niveau jusqu’à une éminence rocheuse à la forme caractéristique qui donne accès par un vrai chemin à présent à un col débonnaire paré de pierres rouges (1h depuis le sommet). On est au pied de l’Adrar n’Dern à 3700m. Deux possibilités selon la forme du groupe :
- suivre la crête de l’Adrar n’Dern jusqu’au Tizi n’Ourai (parcours en montagnes russes) et redescente du col pour atteindre le camp (2h30 de marche).
- descendre dans un premier temps abruptement dans une pente d’éboulis friables dans le vallon où l’asif n’Ouraï prend sa source et suivre le sentier jusqu’au confluent des asifs n’Ourai et Iferouane à 2930m (1h30).
Nuit sous tente au milieu d’un îlot de verdure bien sympathique au pied du Tizi n’Ouraï.
Les muletiers ne nous accompagnent pas sur les sommets. Du tizi n’Tougroudadène que nous avons franchi ensemble, ils gagnent directement en 1h30 l’emplacement du camp du soir sous le Tizi n’Ourai.
Jour 6 : Tizi n’Ouraï - Amsouzart
3h / +100m / -1400m
Après la bambée d’hier sur les crêtes de l’Iferouane, petite matinée de marche pour descendre à Amsouzart. Courte remontée d’une centaine de mètres jusqu’au col puis traversée étale avant la plongée sur le sentier de droite, très parcouru, qui conduit dans la vallée d’Amsouzart que l’on devine verdoyante, 1400m plus bas. Heureusement, peu de cailloux mais un sentier sablonneux qui déroule un tapis de douceur sous nos pieds endoloris par les outrages rocailleux des jours précédents. A 2150m, tourner à droite pour emprunter le sentier qui rejoint directement le village de Tagounit et plus loin la piste. La suivre pendant deux kilomètres avant de basculer sur la droite sur une sente qui rejoint le réservoir qui alimente en eau potable le village d’Amsouzart. Sous les noyers, on trouve une ruelle dépotoir que l’on emprunte pour achever la descente du vallon. Le gîte d’étape se trouve à gauche juste avant d’arriver à la rivière : chambres simples mais proprettes, sanitaires très convenables, douches chaudes, repas de qualité (Ah ! l’inénarrable tagine aux œufs de la dame de la maison…). Quelle belle après-midi de détente. Après-midi et nuit au gîte.
Si vous avez des fourmis dans les jambes, le site enchanteur du lac d’Ifni à 2300m vous offre, moyennant un A/R de 4h (non compris dans l’horaire de la journée), ses couleurs émeraude au centre d’un écrin de montagnes. Traverser l’asif Tisgui et remonter le vallon par la piste jusqu’au déversoir.
Jour 7 : Amsouzart - Azibs Irhil n’Tarbaloute
4h / +900m / -0m
Diaporama Traverser l’asif Tisgui, remonter la piste sur quelques virages (au passage commerces, café, camping), laisser partir sur la gauche la piste du lac d’Ifni pour se diriger vers le fond de la vallée en direction de Tissaldai, village que l’on atteint en 2h30 suite à un parcours de toute beauté au milieu des cultures en terrasse avec la barre rocheuse du Tichki comme horizon. Au passage nous traversons les hameaux de Timzakine et Tagadirt. Après Tissaldai, un sentier prend le relais pour nous conduire dans des gorges d’un rouge sombre avant de nous permettre de nous échapper sur la droite en franchissant un collet dans lequel se situent les azibs Irhil n’Tarbaloute à 2630m (littéralement : « les bergeries de la crête de la source »… et il y a même deux sources aménagées) au cœur d’un cirque de montagnes présentant des parois dantesques : Pic d’Ifni, Toubkal, Afekhoï et Tichki, excusez du peu ! Nuit en tente.
Jour 8 : Azibs Irhil n’Tarbaloute - Sommet du Tichki - Sidi Chamarouch
5 à 6h / +1400m / -1600m
Diaporama On s’élève aisément jusqu’au col (3320m, 1h10, C IAM). La vue est étendue sur la face SE du Toubkal et le Dôme d’Ifni est rouge orangé. Au loin, vers le S, le plateau volcanique du Djbel Siroua est aisément reconnaissable par la demi-sphère qui semble posée sur un large plateau. On prend à D un sentier de même facture, à savoir superbement tracé, pour escalader un coteau jusqu’à un collet (3505m, 35mn) qui nous permet de jeter un regard sur la verte vallée d’Amsouzart et apprécier une suberbe vue de près de la muraille Toubkal – Afekhoi – Tichki. Passé ce point de vue, le sentier se redresse pour franchir une épaule rocheuse. On atteint un large col (3655m, 25mn), a priori le plus haut passage muletier de l’Atlas marocain. Nous sommes à Ikhfe n’Tfilt. La vue est encore plus large qu’au précédent col avec, sur la gauche, le massif de l’Aksoual qui prend de l’importance. On voit parfaitement bien l’itinéraire de descente que nous avons suivi hier. Du col, on part en écharpe vers la G pour immédiatement faire face au sommet du jour : le Tichki. Un peu en retrait de l’arête souvent venteuse, on chemine jusqu’à une brèche (3660m, 20mn) avant de monter facilement sur des gros blocs noirs pour atteindre, derrière l’antécime, le sommet coiffé d’un élégant cairn, si, si… (3751m, 10mn).
Vision extraordinaire de l’enfilade rocheuse qui relie notre sommet à celui du Toubkal dont on distingue bien le tripode en haut à gauche. Du sommet, continuer sur l’arête pour rejoindre un col rocailleux (3720m, 5mn) permettant de jeter un coup d’œil sur les faces NW du groupe du Tichki jusqu’au tizi n’Tichki, la dépression qui se creuse juste avant le sommet de l’Afekhoi. Se diriger maintenant vers la large dépression où paissent les troupeaux, le tizi n’Tagharat (3456m, 25mn). Descente sur la G. Très vite, on entre dans le vif du sujet, ce que les berbères appellent Ahnboub (très étroit). C’est un couloir extrêmement resserré avec une pente importante. Le sentier dessine ses lacets entre les parois. C’est réellement dantesque, le mot n’est pas trop fort ! Quand on pense que les mules chargées sont rompues à cet exercice de descente, alors là, chapeau ! Les virages sont bien étayés, les lacets bien dessinés, mais on est quand même impressionné… Alors, qu’en penser sous la pluie et éventuellement l’orage ? Tout au fond de la gorge, le sentier de l’autoroute du Toubkal nous nargue… On passe une source confidentielle (3200m, 30mn) puis une autre plus fournie (2945m, 30mn). Le sentier à présent devient moins pentu et l’on peut profiter du merveilleux paysage proposé, sans oublier de jeter un coup d’œil derrière pour se rendre compte du trajet accompli… On franchit un ruisseau (eau fraîche agréable en ce milieu d’après-midi) avant de traverser un superbe emplacement de bivouac au pied d’un gros rocher (2810m, 15mn) disposant de nombreux aménagements pour dresser les tentes. On repasse le ruisseau pour se retrouver RD et suivre en courbe de niveau une gorge qui se creuse pour se terminer à Sidi Chamarouch, petit hameau de commerçants qui s’est construit autour du marabout et que l’on distingue au fond. On passe à belle hauteur au-dessus du marabout et on part chercher le sentier de descente quelques 500m plus avant (ne pas s’inquiéter…), là où les parois rocheuses seront moins proéminentes et permettront une désescalade aisée pour hommes et bêtes. Quelques lacets nous ramènent à la jonction avec l’autoroute du Toubkal : à D, Aroumd puis Imlil, à G, Sidi Chamarouch où nous allons établir le camp dans la cour de la dernière bicoque (chez Lahçen) en haut du hameau en direction du refuge du Toubkal (2415m, 25mn, C IAM au niveau du premier poteau et uniquement là…).
Jour 9 : Sidi Chamarouch - Tizi n’Aguelzim - Refuge de la Tazaghart
6h / +1300m / -700m
Diaporama Monter sur « l’autoroute du Toubkal » pendant 1h30 jusqu’à une grande étendue verte qui précède le site où sont construits les refuges du Toubkal. Quitter le sentier principal et trouver sur la gauche le départ du nouveau chemin muletier qui permet de franchir la chaîne de l’Aguelzim. Nous nous élevons rapidement, passons auprès d’une jolie cascade et en nous retournant nous pouvons apprécier l’immensité qui nous entoure : le cirque de montagnes composé d’un florilège de 4000 s’agrandit jusqu’à pouvoir les embrasser d’un seul regard. C’est assurément l’un des plus beaux panoramas de la montagne marocaine. 1h30 après le début de ce sentier, le col à 3500m se présente devant nous et ouvre un large horizon sur la vallée préservée des Azzaden. A notre gauche, l’imposant plateau de la Tazaghart avec ses presque 4000m (il s’en faut de 20m…). Depuis le col, une descente vertigineuse dans un pierrier sur sentier extrêmement bien tracé (on a compté 93 lacets… pour 500m de dénivelée) nous conduit, hommes et bêtes, jusqu’à une source (emplacement de pique-nique). Il s’ensuit un parcours étale puis une nouvelle descente de 100m avant de donner le dernier coup de collier et atteindre le refuge de la Tazaghart (anciennement Lepiney à 3000m) au pied d’une impressionnante cascade sous les austères parois du plateau de la Tazaghart (3980m). Nuit sous tente ou encore mieux dans l’historique refuge construit et géré par le CAF de Casablanca.
Jour 10 : Refuge de la Tazaghart - Tazaghart - Refuges du Toubkal
6h30 / +1200m / -1000m
Diaporama Du refuge, monter par un bon sentier et passer en haut de la cascade. Traverser la rivière, monter sur la moraine au sommet de laquelle avait été construit le tout premier refuge Lepiney immédiatement détruit par une avalanche... (vestiges). Poursuivre sur le sentier puis incliner sur la D en direction de la muraille en suivant le fil d’une moraine (voir l'itinéraire). Elle vient buter sur de gros blocs de rochers jaunes. Les contourner par la G et revenir, en passant derrière le pic rocheux, vers la D au pied du couloir d’ascension sur le plateau de la Tazaghart. Monter tout d’abord sur une vague trace puis au feeling en suivant plutôt la RG orographique. On débouche au sommet du couloir à 3870m (2h30 depuis le refuge). On prend pied sur l’étonnant plateau, univers minéral absolu. Prendre à G pour suivre le bord oriental (vues intéressantes sur le massif du Toubkal) et par un faux-plat montant atteindre le sommet coiffé d’un cairn (30mn, 3980m). Le sentier de descente sur le tizi Melloul démarre directement à l’aplomb du sommet et après moins de 20mn de sentier en zig-zag on foule la croupe du col.
Variante Afella : Le sommet de l’Afella est en face de nous (1h15 A/R sur la selle d’éboulis pour un splendide panorama sur la vallée de l’asif Mizane et le Toubkal, à ajouter au temps de parcours). Du tizi Melloul, on part en face pour suivre une trace de sentier qui parcourt la large selle de l’Afella. Passage sur le sommet à 4043m (celui de D) pour une splendide vue plongeante sur la vallée de l’Ait Mizane dominée par le Toubkal (compter 30mn depuis le col) avant de rejoindre le deuxième qui présente un panorama un peu plus étendu sur le groupe des Clochetons (4040m, 15mn). Retour au tizi Melloul en 25mn.
La suite de la journée consiste à rejoindre un col confidentiel caché derrière l’Afella, le tizi Amrharas n’Iglioua (voir l'itinéraire). Pour l’atteindre il faudra tout d’abord descendre une centaine de mètres pleine pente versant S du tizi Melloul dans un pierrier bien commode avant de bifurquer sur la G et rejoindre la base du pilier S de l’Afella. En suivant la paroi et par une courte remontée, on atteint un premier collet (attention à ne pas perdre d’altitude) puis un deuxième qui donne enfin accès au col espéré (3815m, 1h15) au pied de l’Akioud (pour info 1h A/R d’escalade facile en I+). On franchit la chaîne de montagnes d’abord par une descente dans un pierrier puis en suivant les névés qui encombrent le fond de la combe. Vers 3450m, ne pas omettre de bifurquer vers la D pour sortir de ce vallon fermé par de hautes falaises infranchissables. On rejoint ainsi le sentier qui arrive du tizi n’Ouanoums (3300m, 1h), sentier que l’on suit sur la G pour atteindre le site où sont construits les refuges du Toubkal (3207m, 20mn).
La traversée du plateau de la Tazaghart et du tizi Amrharas n’Iglioua n’étant pas praticable par les mules, le muletier repasse le tizi n’Aguelzim et rejoint le groupe aux refuges du Toubkal.
Jour 11 : Refuges du Toubkal - A/R Ouanoukrim - Refuges du Toubkal
7h / +1000m / -1000m
Diaporama Du refuge, on se dirige plein S avec comme point visé l’évident col du tizi n’Ouagane en empruntant au-delà de la bifurcation vers le tizi n’Ouanoums un sentier qui a subi les outrages du temps (autrefois, cet itinéraire était très emprunté mais aujourd’hui toutes les caravanes de touristes passent par le tizi n’Ouanoums et le camion s’est peu à peu imposé pour convoyer des marchandises du S au N…). La combe est tardivement encombrée de névés. On passe sous les sommets du Tadaft et de l’Akioud, et toujours sur la D, on jette au passage un coup d’œil sur le tizi n’Bou Imrhaz et sa petite aiguille rocheuse caractéristique duquel il existe une belle voie rocheuse d’ascension sur le Ras Ouanoukrim (passages de II et II+). Continuant toujours plein S, on franchit le verrou morainique et, par de courts lacets RG, on s’élève rapidement jusqu’à prendre pied dans le tizi n’Ouagane (3800m, 2h15). On remonte sur la D en direction de l’arête rocheuse. Les 30mn qui suivent doivent être abordées avec prudence lors du contournement de quelques gendarmes suivi d’une éminence rocheuse (toujours éviter les obstacles par la D). La difficulté est très modérée (I+) sans vide. On retrouve parfois des marques de sentier ainsi que quelques cairns judicieusement disposés et qui nous rassurent dans notre progression. On prend pied sur la selle des Ouanoukrim juste à l’aplomb du Ras (sommet N coté 4083m), le Timesguida, point culminant de ce massif à 4088m restant hors de notre vision. Attention ! Bien noter le positionnement du point de sortie lorsqu’il s’agira de retrouver ce passage lors de votre descente : c’est le seul itinéraire facile. Se diriger SW vers un premier col en suivant la trace cairnée qui parcourt en écharpe la base du Ras. Le sommet du Timesguida est à présent droit devant nous. Continuer en direction du large col qui lie les deux sommets et remonter la pente vers la G pour atteindre le Timesguida Ouanoukrim (4088m, 1h30), 2ème sommet de l’Atlas Marocain dépassant de 20m le M’Goun, mais rendant presque 100m au Toubkal, impérial et dominateur juste derrière vous…
La vue est remarquable : du Jbel Siroua reconnaissable à la petite « boule » qui habille le sommet de la montagne tabulaire à l’horizon jusqu’à l’Anti-Atlas. Vers l’E, on distingue les larges crêtes de l’Iferouane, l’adrar Meltsène et tout au fond dans la brume le M’Goun. Le Timesguida Ouanoukrim est la dernière éminence rocheuse d’importance du massif du Toubkal au sud. A ce titre, on peut admirer vers le N dans l’enfilade du Ras, les sommets de l’Akioud et de l’Afella et, au-delà du tizi Melloul, le large plateau de la Tazaghart. Descente sur le dernier col et remontée directe sur le Ras, sommet bifide que l’on atteint en 20mn. On peut faire un A/R sur la 2ème pointe mais c’est du premier sommet du Ras que l’on amorcera la descente plein E pour rejoindre le sentier de montée avant d’obliquer à G et atteindre le point de sortie donnant accès à l’arête rocheuse. Soyez précautionneux jusqu’au tizi n’Ouagane (45mn) avant d’enchaîner le retour aux refuges du Toubkal par l’itinéraire de montée.
Jour 12 : Refuges du Toubkal - A/R Djbel Toubkal - Imlil
9h / +960m / -2600m.
Diaporama Ascension du Jbel Toubkal, point culminant d’Afrique du Nord (4167m) en A/R par la voie normale dite de l’Ikhibi sud. Cette course ne présente pas de difficulté technique et permet de jouir d’une vue extraordinaire sur le massif ainsi que sur la plaine du Haouz. Retour à notre camp de base ou mieux encore : plutôt que de redescendre par le même itinéraire, du sommet partir vers le N sur la crête (il y a une trace) et basculer à G dans la deuxième voie de descente de l’Ikhibi nord. Arrivée dans le vallon de l’Ait Mizane à 30mn en aval du site où sont construits les refuges. Vous retrouvez votre équipe de muletiers pour enchaîner la descente vers Imlil, terme de la randonnée. On passe par le marabout Sidi Chamarouch. On poursuit vers Aremd et pour cette dernière soirée, nuit en gîte d’étape dans le village d'Ait Souka que l’on rejoint par un itinéraire très particulier en suivant sous les noyers le petit canal d’irrigation qui contourne la vallée (beaux panoramas sur Imlil).
Jour 13 : Imlil - Marrakech
1h30 de voiture.
Possibilité de poursuivre le séjour sur la ville rose dans un des petits hôtels autour de la place Djema el Fna (Foucauld ou Ali). Quelques monuments historiques à visiter entre les palais El Badi, La Bahia, les tombeaux saadiens, le tour de remparts, les jardins de la Ménara et enfin, tout particulièrement, au nord de Bab Doukala, les jardins Majorelle.
Relevés de terrain juin 2008 et mises à jour en 2009 et 2010
12 jours de marche / 73h / +13400m / - 13300m.
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Commentaires
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- 1. Mathieu Le 26/02/2013
Magnifique . . .
Un grand merci pour ce site !!!
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