Le fil d'Ariane, quelle foutaise !
- Le 30/05/2015
- Dans Généralités
Ariane, ce "merveilleux" service opérationnel depuis quelques années, est proposé par le Ministère des Affaires étrangères français. Annoncé à grand renfort de communication par notre cher ministre de l'époque David Douillet, eh bien, j'en suis revenu... Avant chaque voyage lointain, je fais l'effort de déclarer sur le site le programme du voyage (même si je suis obligé de faire concis car 240 caractères pour décrire un voyage de 2 mois ça fait un peu court...), les gens qui m'accompagnent, les personnes à prévenir en cas d'urgence, les numéros de téléphone auxquels on peut me joindre en cas de besoin urgent, téléphone GSM mais aussi téléphone satellite sur lequel on peut même déposer des messages en SMS. Par exemple "Tremblement de Terre de 7.9 au Népal, veuillez rassurer vos proches". C'est concis, clair, et comme je me connecte au moins une fois tous les deux jours, il n'y a aucun problème pour que je récupère à tout coup les messages. Il y a même une messagerie vocale, payante elle, d'où l'utilité du logiciel gratuit Satway qui permet d'envoyer gratuitement des SMS depuis un smartphone. Un autre moyen ? Le mail adressé au numéro de l'utilisateur numero@message.inmarsat.com.
Eh bien, Ariane, c'est de la foutaise ! Lors de la cellule de crise qui s'est montée au Ministère des Affaires étrangères lors du tremblement de Terre au Népal ce 25 avril dernier, les données rentrées dans le logiciel Ariane ont été analysées, certes, pour en extraire deux informations : le fait que j'étais au Népal à cette date et mon adresse mail. Ma femme, restée à la maison et que j'avais déclarée sur Ariane comme personne à prévenir en cas d'urgence n'a pas été appelée, et elle a dû spontanément faire la démarche de joindre la cellule de crise pour déclarer qu'elle n'avait pas de nouvelles de moi. "Mais dans quelle région était-il ?" "Ben, c'est écrit sur le serveur Ariane" "C'est quoi...?" "Ah ! Excusez-moi"... En fait, une alerte m'a bien été envoyée. Youpee ! Pas sur l'un des téléphones déclarés mais tout simplement par mail... Oui, oui, j'ai reçu un mail, vous avez bien lu un mail, évidemment dont j'ai pris connaissance lorsque j'ai pu de nouveau joindre mon serveur de messagerie (la seule condition était d'avoir accès à internet...), c'est à dire 28 jours après que l'évènement se soit produit...
C'est bien connu (au moins par les concepteurs du système Ariane et par ceux qui utilisent éventuellement les données...), le mail est VRAIMENT le meilleur vecteur pour toucher une population de personnes délocalisée dans un pays où les communications internet sont inexistantes en dehors des grandes villes, éventuellement ravagé par un séisme dévastateur des moyens de communication de données... Mais quelle idée ! A croire que ces gens du Ministère qui sont payés à construire ou utiliser des systèmes faits pour garantir notre sécurité ne se sont jamais retrouvés en pleine nature à l'autre bout du Monde. Ceci dit, sans aller jusqu'au Népal ou autres, il n'ont simplement qu'à se déplacer dans les zones blanches du territoire français pour tester leur produit d'alerte (il y en a forcément une pas loin de chez eux si on prend en compte le "programme de développement de la couverture en 3G" de ces zones blanches annoncé pour 2016 - 2017).
Envoyer un mail, quelle aberration... Quand on dit que le peuple est déconnecté de ses représentants (ou de ceux qui assurent le service de la Nation), je suis d'accord ! En fin de compte, ce serait plutôt l'inverse : nos représentants déconnectés de la réalité... Pour moi, Ariane, c'est fini ! Le fil est coupé.
Pierre MARTIN (de retour du Népal - fin mai 2015).